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Les mémoires de Russell Moses, survivant des pensionnats (IRA1-V30)

Description

Cette vidéo présente John Moses, qui discute de l'expérience de son père, Russell Moses, comme enfant autochtone dans un pensionnat.

Durée : 00:04:02
Publié : 17 novembre 2017
Type : Vidéo


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Les mémoires de Russell Moses, survivant des pensionnats

Transcription

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Transcription : Les mémoires de Russell Moses, survivant des pensionnats

Les années que passe un enfant autochtone dans un pensionnat indien ont des répercussions énormes sur sa perspective de la vie. Dans mon cas, j'y ai appris que les Indiens sont « différents » simplement parce que vous en avez décidé ainsi.

Mon père a écrit ses mémoires en 1965, l'année où il a quitté l'armée canadienne. Il y décrit son enfance à l'Institut Mohawk, également surnommé le « trou » (Mush Hole), où il était pensionnaire de 1942 à 1947. Il y a passé cinq ans, de l'âge de 8 ans à 13 ou 14 ans. Sa sœur Thelma avait un an de moins que lui. Même si le pensionnat était situé sur 350 acres de terres agricoles fertiles du sud de l'Ontario, plantées de vergers, et où se pratiquaient la culture et l'élevage, les enfants eux-mêmes ne retiraient aucun bénéfice de leur labeur et devaient parfois mendier dans les rues de Brantford pour arriver à se nourrir.

Jusqu'en cinquième année, les enfants travaillaient dans le jardin maraîcher, où tous les types de légumes étaient cultivés. Les seuls légumes qui étaient conservés pour nos repas étaient les pommes de terre, les haricots et une sorte de navet qui servait normalement à nourrir les animaux. Le travail était supervisé par des Blancs engagés par l'Institut, qui battaient les enfants au moindre prétexte. Nous n'étions pas traités comme des êtres humains. Nous représentions l'Indien voué à devenir un exemple du succès du christianisme anglican.

Lorsque mon arrière-grand-père Nelson Moses était pensionnaire à l'Institut Mohawk, dans les années 1880, l'établissement était un centre d'enseignement religieux, où des jeunes hommes et des jeunes femmes prometteurs de la réserve des Six-Nations étaient formés comme enseignants autochtones et missionnaires, puis envoyés dans les collectivités autochtones de l'Ouest. Lorsque le père de Russ (mon grand-père Ted Moses) était à l'Institut Mohawk, dans les années 1910, l'établissement était essentiellement utilisé comme pensionnat voué à l'enseignement militaire en raison de la militarisation, à l'époque de la Grande Guerre. L'école s'est détériorée entre les années 1920 et 1930, et au moment de la Grande Dépression. Malheureusement, quand mon père et ses frères et sœurs sont arrivés à l'Institut dans les années 1940, au plus fort de la Deuxième Guerre mondiale, le pensionnat avait abandonné sa vocation de lieu d'enseignement pour les enfants. Les enfants étaient réduits aux travaux forcés pour faire fonctionner la ferme, qui, en guise de contribution à l'effort de guerre, produisait de la nourriture destinée aux Canadiens.

Les filles et les garçons passaient la moitié de la journée en classe et l'autre moitié dans les champs, et ce, du lundi au vendredi inclusivement. Il n'y avait pas d'école le samedi mais, en général, nous travaillions ce jour-là. Les garçons les plus âgés travaillaient à la ferme, et ici le mot « travail » est loin d'être un euphémisme. Nous étions sous-alimentés, mal vêtus et travaillions beau temps, mauvais temps.

Il a refusé de se laisser définir par son expérience au pensionnat indien, à part l'éducation qu'il y a reçue. Il ne nous l'a jamais cachée, mais il ne ruminait pas le passé. Il a vécu une vie très active; il a fait partie de la Marine royale canadienne et de l'Armée de l'air, il a fait la guerre de Corée, puis a pris part à de nombreux projets différents et très intéressants tout au long de sa carrière dans la fonction publique. Ce n'est pas l'histoire de Russ Moses. C'est l'histoire du Canada, et c'est particulièrement pertinent en ce moment. Nous sommes en 2017. Nous accordons beaucoup d'attention à la notion de Canada 150 et à la façon dont nous intégrons les points de vue, les perspectives et les expériences autochtones. Mais, assurément, en ce qui concerne le chapitre des pensionnats indiens, ses mémoires demeurent importants et continuent d'être pertinents aujourd'hui.

Je dois raconter les choses telles qu'elles étaient; ce n'est pas mon histoire, c'est la vôtre.

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