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Série Café virtuel de l'EFPC : Le changement climatique – que faire maintenant? (TRN5-V08)

Description

Cet enregistrement d'événement présente une conversation sur les risques et la résilience liés aux changements climatiques, notamment sur la manière dont notre société pourrait s'engager sur une voie durable et sur la question de savoir si la pandémie de COVID-19 a aidé ou nui à la lutte contre les changements climatiques.

Durée : 01:00:50
Publié : 13 janvier 2022
Type : Vidéo

Événement : Série Café virtuel de l'EFPC : Le changement climatique – que faire maintenant?


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Série Café virtuel de l'EFPC : Le changement climatique – que faire maintenant?

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Transcription

Transcription : Série Café virtuel de l'EFPC : Le changement climatique – que faire maintenant?

[Le logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada se dessine sur un fond violet. Les pages tournent, et le logo s'ouvre comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble aussi à un drapeau, sous lequel se dessinent des lignes ondulées. Le texte « Webcast | Webdiffusion » s'affiche à côté du logo. Le texte s'efface et est remplacé par un appel vidéo. Une femme avec des lunettes et les cheveux tirés en arrière, Nathalie Laviades-Jodouin, porte un chandail orange. Elle est assise devant une cheminée en pierre sur laquelle sont posées des photos de famille. De petites fenêtres de clavardage vidéo se trouvent dans le coin inférieur droit.]

Natalie Laviades-Jodoin : Bon matin, tout le monde! Bonjour et bienvenue à l'École de la fonction publique du Canada pour ce 5e évènement de la série Café virtuel, dans le cadre de laquelle des experts issus d'une vaste gamme de disciplines partagent et explorent avec nous différentes idées et perspectives sur des sujets importants.

Mon nom est Natalie Laviades-Jodoin. Je suis directrice générale, ici, à l'École de la fonction publique, et il me fait très plaisir de vous souhaiter la bienvenue aujourd'hui. Je serai votre guide pendant la prochaine heure.

[Une notification Gmail apparaît à l'écran pendant quelques instants dans le coin inférieur droit.]

Avant de commencer, j'aimerais reconnaître le territoire sur lequel je me retrouve, qui est le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinabe. Je vous encourage à prendre un moment justement pour reconnaître le territoire sur lequel vous trouvez, car je présume que certains d'entre vous se joignent à nous de différents coins du pays. Je voudrais également reconnaître qu'aujourd'hui est la journée du chandail orange, journée rendant hommage aux expériences des anciens élèves et survivants des pensionnats afin de nous sensibiliser tous et toutes aux torts causés par ceux-ci aux communautés autochtones.

[La barre des tâches de l'ordinateur s'affiche. Une fenêtre Chrome dans laquelle Microsoft Teams est ouvert s'affiche pendant un moment. La fenêtre se referme, révélant à nouveau Nathalie.]

Aujourd'hui, nous accueillons trois conférenciers émérites sur le sujet du changement climatique et des défis et possibilités stratégiques qu'il engendre. Alors tout d'abord, Jocelyne Bourgon, présidente de Gouvernance publique internationale et anciennement greffière du Conseil privé. Et si je peux me permettre, ce que madame Bourgon ne sait pas, c'est que j'ai débuté en fait ma carrière au Centre canadien de gestion lorsqu'elle en était la présidente. Donc, toutes ces années plus tard—et je ne dirai pas combien d'années—c'est vraiment un privilège pour moi de partager cette plateforme avec elle. Donc merci, Madame Bourgon, d'être avec nous aujourd'hui.

Madame Catherine Potvin, professeure à la faculté de biologie de l'Université McGill et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l'atténuation des changements climatiques et la forêt tropicale. Bienvenue, Madame Potvin.

Et finalement Nick Xenos, le directeur général du Centre pour le gouvernement vert au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Bonjour, Nick.

Donc, avant de céder la parole à nos invités pour leurs remarques d'ouverture, j'aimerais aborder quelques éléments d'ordre plus logistique. Donc, tout d'abord, la séance d'aujourd'hui sera interactive. Nous allons poser les questions qui seront soumises par vous, le public, durant la dernière partie de la séance. Un rappel que pour soumettre vos questions, veuillez s'il vous plaît utiliser l'icône qui se trouve sur le coin supérieur droit de votre écran. C'est l'image avec la main levée et nous tenterons de passer à travers le plus de questions possible. Également, l'interprétation simultanée est disponible, et si vous en avez fait la demande, je vous invite à consulter les instructions qui vous auraient été envoyées plus tôt. Donc sur ça, on va se lancer et sans plus tarder, j'aimerais céder la parole à nos conférenciers, en commençant par madame Bourgon, allez-y.

[Un curseur sélectionne l'une des petites fenêtres vidéo au bas de l'appel et l'épingle, agrandissant ainsi la vidéo de Jocelyne Bourgon, qui occupe maintenant la moitié de l'écran à côté de Nathalie. Jocelyne est assise dans une chambre à coucher blanche. Elle porte de grosses lunettes, une chemise à col rose sous un pull noir et une montre intelligente. Le curseur clique sur la vidéo de Nathalie et en annule l'épinglage, laissant ainsi la fenêtre vidéo de Jocelyne remplir l'écran.]

Jocelyne Bourgon : Bonjour tout le monde et merci à l'École de la fonction publique de nous réunir et de nous donner l'occasion de parler de ce sujet. Pour dresser la scène, pour commencer la conversation, j'aimerais faire un parallèle entre les évènements que nous sommes en train de vivre, qui est une pandémie virale, et les changements climatiques, parce qu'il y a des similitudes importantes auxquelles on pourrait réfléchir. Idéalement, on pourrait en tirer des leçons. Idéalement également, ça pourrait nous aider à accélérer l'élan des changements nécessaires pour faire face aux enjeux, tels que les changements climatiques. Il y a, effectivement, des similitudes intéressantes entre une pandémie virale de coronavirus et le potentiel d'une pandémie climatique, qui est l'enjeu le plus important auquel les gouvernements vont faire face dans cette première partie du 21e siècle. Alors, je mentionne quelques similitudes.

La première, c'est qu'il s'agit d'enjeux globaux qui se déclinent à l'échelle planétaire et qui émergent du monde physique. Pourquoi je mentionne qu'ils émergent du monde physique? Parce que les gouvernements ont beaucoup d'expérience pour d'autres types d'enjeux : les enjeux de déséquilibre, les enjeux de déséquilibre de marché, les enjeux de perte de confiance, les crises monétaires, les crises fiscales, les crises d'inflation, d'emploi, etc. Les crises physiques sont d'une tout autre nature et d'une tout autre envergure. Et, en fait, les gouvernements à travers le monde ont tendance à négliger ces enjeux parce que, bien qu'on sache qu'ils existent, il est à peu près impossible de déterminer le moment précis où ils vont prendre une ampleur démesurée. Le problème, c'est qu'au moment où ils prennent une ampleur démesurée, il est un peu trop tard pour initier les mesures préventives qui auraient pu en réduire les risques ou à tout le moins en réduire l'impact. Alors c'est une des similitudes entre une pandémie et une catastrophe climatique qui pourrait nous frapper tous.

[Une notification de Microsoft Teams s'affiche dans le coin inférieur droit. Elle reste à l'écran quelques instants pendant que Jocelyne parle, puis elle disparaît.]

Deuxième similitude c'est, une pandémie ou une crise climatique c'est un enjeu complexe de grande portée. Il n'y a pas si longtemps, on avait de la difficulté à expliquer aux gens c'est quoi un enjeu complexe et là, maintenant, on va apprendre qu'est-ce que c'est un enjeu complexe de grande portée ayant un potentiel catastrophique. Ils sont le résultat de plusieurs facteurs qui interagissent dynamiquement. Ils ont une vélocité exponentielle lorsque certains points, certains points de basculement sont atteints, certains seuils sont atteints. Ils sont systémiques. Ils affectent tous les systèmes et ils se propagent à travers une multitude de systèmes. Ils provoquent des réactions en chaîne, des réactions en cascades, ils ont un effet dévastateur.

[Deux autres notifications s'affichent. Le curseur les fait rapidement disparaître.]

Une troisième similitude que je mentionnerais c'est qu'ils sont régressifs. Ils affectent de façon disproportionnée les individus les plus faibles, les régions les plus vulnérables, les systèmes les plus vulnérables et leur effet multiplicateur, conséquemment, est extraordinaire. Alors, ces similitudes ne devraient pas obscurcir le fait que néanmoins, la crise qu'on gère en ce moment est d'une ampleur moindre que ce qu'aurait une crise climatique à grande échelle. Et donc, il est important non seulement d'étudier ce qui se passe maintenant, d'en tirer des leçons, mais vraiment le point fondamental, c'est d'accélérer la capacité d'adaptation.

[Une autre notification Teams s'affiche et est rejetée.]

Soyons honnêtes, la pandémie qui frappe le monde au cours des derniers mois n'était pas un évènement imprévu. Ce n'est pas un Black Swan. C'est un évènement connu, pour lequel la société scientifique avait, de façon systématique, pendant plusieurs années, alerté les gouvernements au potentiel dévastateur qu'un événement de cette nature.. Et c'est la même chose pour une crise climatique. C'est un évènement connu. On en sait assez pour savoir l'urgence d'agir et il faut espérer que les derniers mois nous donnent suffisamment à réfléchir pour être capable d'initier les actions qui sont nécessaires et inévitables pour prévenir—du moins, dans une certaine mesure—les risques inhérents à une pandémie climatique.

Le premier principe en sécurité publique, c'est de prévenir ce qui peut être prévenu, prévenir l'évitable. C'est un principe de précaution. C'est un principe fondamental de responsabilité gouvernementale. Et une crise climatique est un événement prévu, prévisible et dont on peut prévenir dans une certaine mesure—parce qu'on est déjà tard dans la démarche—prévenir dans une certaine mesure, certains des effets les plus dévastateurs. Les enjeux de cette nature requièrent un leadership que je décrirais comme distributif. Et ça, ça veut dire que tout le monde doit agir. La pire stratégie, c'est d'attendre que quelqu'un d'autre prenne action. La pire stratégie, c'est qu'un gouvernement à un niveau dise « bien, moi je ne bouge pas tant que l'autre niveau n'a pas bougé » et l'autre niveau dit « moi, je ne bouge pas tant qu'il n'y a pas une entente mondiale, universelle qui unit tout le monde ». Tant mieux si on en a une, mais cette approche sert de prétexte à l'inaction, et c'est la pire stratégie.

Et donc, la question pour les gens qui sont en ligne avec nous aujourd'hui est la suivante : que peuvent-ils faire, individuellement, dans le poste qu'ils occupent avec les moyens à leur disposition, et que doivent-ils faire collectivement pour accélérer le rythme d'adaptation de la société canadienne à des évènements inévitables, s'ils résultent de... s'il y a inaction, mais dont on peut réduire, changer le parcours, changer l'impact, si, collectivement, on agit. Mais je répète, l'intervention, que pouvons-nous faire individuellement dans le poste qu'on occupe aujourd'hui et que devons-nous faire collectivement pour accélérer le rythme d'adaptation? Le plaisir de travailler avec plusieurs pays—et il y a plusieurs pays en ce moment qui sont à pied d'œuvre pour se doter d'une stratégie de relance post pandémie, qui essaient d'équilibrer différemment des principes écologiques, économiques et sociétaux, et, ils essayent ce faisant, d'utiliser le contexte actuel de grands investissements publics pour accélérer des changements nécessaires et inévitables. C'est certainement un défi à la mesure de la fonction publique du Canada et le grand défi de l'heure en ce qui me concerne.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup, Mme Bourgon. Alors, Mme Potvin, à vous la parole.

[L'épinglage de la fenêtre vidéo de Jocelyne est annulé, et les cinq fenêtres vidéo remplissent l'écran. Le curseur épingle la vidéo de Catherine Potvin, une femme avec des cheveux gris bouclés lui arrivant aux épaules. Elle porte des lunettes bleues et un chandail bourgogne avec une broche imitant un feu d'artifice. Sa fenêtre vidéo remplit l'écran.]

Catherine Potvin : Bonjour. Alors merci beaucoup pour cette invitation. Madame Bourgon vient de terminer en parlant du défi à la hauteur de la fonction publique du Canada et c'est un privilège, parler avec vous aujourd'hui, parce que j'avais été très frappée par le rapport sur les paies Phénix, qui avait analysé que la catastrophe, si on peut dire, des paies Phénix, ça avait été un gouvernement où les fonctionnaires, où la fonction publique n'avaient pas été capables d'assurer, finalement, une connaissance, puis un leadership intellectuel qui avait laissé les enjeux politiques mêler les cartes. Donc, oui, on peut parler aux politiciens, mais le Canada, le gouvernement canadien, c'est beaucoup plus que des politiciens. C'est surtout sa fonction publique, qui reste gouvernement après gouvernement, en tout cas en partie et on l'espère, et qui donc peut vraiment donner les coups de barre nécessaires.

Alors moi, je suis biologiste. Je vais évidemment renchérir sur certains points que madame Bourgon a amenés, mais avec un petit peu mon petit grain de sel. Évidemment, on ne peut pas parler de changements climatiques sans évidemment parler de pandémie. Et quand la pandémie a commencé, j'avais été consulter les chiffres sur les morts causées par les changements climatiques pour nous donner une idée de quel genre de catastrophe on fait affaire. Et, à l'époque, l'Organisation mondiale de la santé disait 200 000 morts par an dus au changement climatique. Mais sur 10 ans, ça nous fait bien deux millions. Des évènements de chaleur extrême en 2003 ont tué 70 000 personnes en Europe. Et à Moscou, en 2010, il y a eu 10 860 personnes tuées par une chaleur extrême. Donc, effectivement, on parle non seulement de perturbations d'une très grande magnitude, mais contrairement, du moins, à ce qu'on espère de la pandémie, celle-ci devrait être de plus courte durée que les changements climatiques, qui vont avoir un impact sur nos sociétés pendant plusieurs décennies. Parce que ce qu'on sait, c'est que le système climatique a une grande inertie. Et si même maintenant, on donne le coup de barre nécessaire pour éviter ce que nous on appelle les limites invivables de la planète, ça va prendre jusqu'au siècle prochain pour commencer à voir des réductions de températures.

Donc, c'est une durée, auquel on va devoir faire face à des catastrophes, qui est très grande. Je pense que la catastrophe climatique peut-être la plus proche de nous dans notre imaginaire parce qu'elle est extrêmement cruelle, ce sont les feux de forêt en Californie. Alors les feux de forêt en Californie, il y a un feu en particulier qui s'appelait le August Complex – le complexe du mois d'août—et ce feu-là, c'est le plus grand feu de forêt jamais mesuré dans l'historique, qui a commencé en 1932, de l'estimation des superficies de forêts brûlées. Évidemment, avec ces feux de forêt on a des immenses pertes économiques et des pertes de vies humaines et des douleurs affolantes. Et c'est important de regarder le feu de forêt de Californie, d'Oregon, de l'état de Washington et de se rappeler de celui de Fort McMurray, de se rappeler des feux de forêt de l'Amazonie, qui d'ailleurs ont recommencé cette année, et des immenses feux de forêt qu'il y a eu en Australie.

Donc ce n'est pas juste « la Californie gère mal ses forêts », non, c'est n'est pas ça. Et pour moi, comme biologiste, ces feux de forêt, c'est quelque chose de terrifiant, et je pèse mon mot parce que nous comprenons les systèmes climatiques comme un équilibre. Les humains, on émet du gaz carbonique dans l'atmosphère et nos meilleurs alliés, ce sont les systèmes naturels : les océans et les forêts. Or, tous nos modèles démontrent que si on pousse la limite de température, les forêts vont perdre leur capacité d'être des puits de carbone, donc d'être notre allié, et vont devenir, au contraire, des ennemis. Parce que si toute la quantité de carbone qui est emmagasinée dans nos forêts est émise suite à des dépérissements ou à des feux de forêt, on sait qu'on n'a pas les technologies, jamais, pour contrebalancer ça et donc on va perdre le contrôle du climat. On estime à moins de 10 ans cet horizon-là. Donc, vous allez sans doute tous, messieurs et mesdames, ou beaucoup d'entre vous, encore être des membres essentiels du gouvernement du Canada pour prendre, conseiller et mettre en mesure ce qu'il faut pour éviter cette catastrophe-là, qui, oui, elle aussi est une catastrophe évitée.

Si la pandémie, c'est quelque chose auquel vous n'aviez pas porté attention, peut-être que vous vous rappellerez l'écroulement des stocks de morue. C'est quelque chose que les scientifiques voyaient venir, les gens du département Pêches et Océans le savent mieux que moi, et il n'y a pas eu d'action et ça a mené à toutes les douleurs de ce secteur des pêcheries en Atlantique. Puis, pour terminer, je voudrais abonder dans le sens de l'intervention de Mme Bourgon. L'action individuelle, elle est importante, mais elle n'est pas suffisante. Comme employé de la fonction publique du gouvernement du Canada, vous pouvez agir comme individu, vous pouvez agir comme fonctionnaire du gouvernement et collectivement, vous pouvez pousser le gouvernement dans la direction nécessaire.

Il y a deux articles qui ont été publiés depuis le mois d'août dans une revue très prestigieuse, qui est Nature Climate Change, qui a mesuré l'impact sur les gaz atmosphériques du grand confinement. Bon, pendant le grand confinement, la mobilité a diminué au niveau planétaire d'à peu près 50 % ou plus. L'effet sur le climat est négligeable. L'effet sur le climat prévu va être négligeable parce qu'évidemment, les institutions continuaient à se chauffer, parce que certaines industries continuaient à fonctionner. Donc, l'action individuelle, elle a des limites. L'action individuelle doit être facilitée et doit être amplifiée par l'action des gouvernements, par les politiques. Et ça, ça doit être fait dans un grand esprit d'équité, parce qu'on a vu que la pandémie se répandait dans les quartiers les plus pauvres et dans les zones de la population les plus vulnérables. C'est la même chose qui va se passer avec les changements climatiques.

Si le Canada doit être un pays duquel on peut être fier—et on n'a pas à regarder très loin quand on est positionné au Canada pour voir des pays où la solidarité est en train de tomber en morceaux—donc, si le Canada est un pays d'accueil, est un pays juste, il faut que les politiques climatiques s'adressent à tous, pas aux riches personnes qui peuvent s'acheter des Tesla ou aux propriétaires qui peuvent faire des rénovations écoénergétiques, mais vraiment regarder le mieux-être des Canadiens face à cet extrêmement grave danger qui nous menace. Merci.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup, Mme Potvin. Nick, over to you.

[Le curseur sélectionne et épingle la fenêtre vidéo de Nick, qui rejoint brièvement Catherine à l'écran avant que l'épinglage de la vidéo de celle ci soit annulé. Nick Xenos est un homme aux cheveux bruns et courts qui porte des lunettes carrées et une chemise boutonnée de couleur bleu clair. Il est assis devant un fond d'écran représentant un champ de tournesols sous un ciel bleu nuageux. Il parle.]

Nick, vous êtes sur mute.

Nick Xenos : Excusez. Voilà, okay. Merci beaucoup. Un des buts du Centre pour un gouvernement vert est de diminuer les gaz à effet de serre des opérations du gouvernement. Alors, pour faire ça, un de nos engagements est de travailler avec l'École, entre autres, pour encourager et enrichir la discussion parmi les fonctionnaires et la fonction publique. Alors merci beaucoup de cet événement, de la participation nombreuse. Ce que je veux aborder, bien, une chose que je veux aussi mentionner, c'est que si on demande aux Canadiens de prendre l'action, il faut prendre l'action nous aussi, comme gouvernement. Et nous, comme gouvernement, on peut prendre l'action de plusieurs façons : dans nos politiques, nos lois, règlements. Et aussi nous comme acteur. Nous, le gouvernement du Canada, on est une des plus grandes organisations du pays. On a plus que 30 000 édifices, on est le plus grand propriétaire d'immobilier du pays. On a 25 000 véhicules, on achète 20 milliards de dollars de biens et services par année aussi. Alors, il faut agir.

Alors, nous, comme fonctionnaire, il faut agir. Je vais faire quelques points sur la science, les impacts et l'action. Côté science, je vais nous rappeler que le monde s'est déjà réchauffé de 1° et avec l'accord de Paris, on veut rester en dessous de 2, viser 1,5 degré de réchauffement global. On est déjà à un degré. Le Canada est presque double et se réchauffe à un niveau presque double, à 1,7 degré. On est déjà à 1,7 degré de réchauffement. Et l'Arctique est presque le triple de la moyenne globale. Alors, il faut s'adapter à cette nouvelle réalité et il faut viser net zéro émission pour éviter que ça soit pire. Et net zéro, comme Mme Bourgon a dit, ça veut dire tout le monde, dans tous les domaines. On n'attend pas quelqu'un, c'est net zéro, il faut viser zéro. En termes des impacts des changements climatiques, on connaît assez bien nos impacts domestiques au Canada, on a vu ça. Mais j'aimerais aussi mettre un peu d'emphase sur comment les impacts des changements climatiques à l'international vont nous affecter au Canada.

Alors, que ça soit au commerce, d'un point de vue commercial, si nos compagnies ne s'adaptent pas, en premier ou plus vite, elles vont perdre la compétitivité, comparées aux autres compagnies globales qui vont s'adapter plus vite que nous, que ça soit en foresterie, en ressources naturelles, en manufactures, etc. Chaîne d'approvisionnement, on voit que la résilience de nos chaînes d'approvisionnement c'est important, parce que beaucoup de nos biens et services sont interreliés. D'autres impacts internationaux : sécurité alimentaire, l'eau potable, les conflits—les changements climatiques, c'est un amplificateur de conflits—la migration, etc. Il faut garder en tête aussi que même si nous, on s'adapte, globalement, il y a beaucoup de choses qui vont arriver et on devrait regarder cela.

En termes d'action, j'aimerais aussi faire quelques points dans les actions parce que ça peut sembler grand, « les changements climatiques, qu'est-ce qu'on peut faire? », etc. Il faut prendre l'action. Les gouvernements ont beaucoup de leviers : on a des lois, réglementations, programmes de recherche et développement, etc. Et tout le monde qui écoute travaille sur un domaine ou un autre qui est impacté par les changements climatiques et on peut regarder dans notre domaine comment est-ce qu'on peut agir. Il faut agir aussi comme leader nous-mêmes parce qu'on est une des plus grandes organisations du pays. Et comme individu, nos choix peuvent faire une différence. Alors, collectivement, tous nos petits choix ensemble vont faire une différence et peuvent pousser le gouvernement, la société dans une direction.

Je vais simplifier les actions un peu. Il y a cinq domaines d'action qu'on peut prendre. Un, c'est les édifices, l'immobilier. C'est vraiment le chauffage et l'électricité. Et ce qu'on ne sait peut-être pas, c'est qu'au Canada, 80 % de notre électricité est zéro carbone. Alors, la plupart du temps, c'est le chauffage de nos édifices commerciaux, résidentiels, institutionnels, etc. Mais il y a des solutions qui existent déjà; l'efficacité énergétique, thermopompe à air et géothermie, etc. Transport; comment on bouge? Et ça peut-être, vraiment électrifier notre système de transport. Et pour nos navires et avions, aller à un carburant à faible teneur en carbone, qui, encore là, ça existe. C'est un peu plus cher, mais ça existe. Le troisième, après édifices et transport, c'est ce qu'on achète. Alors ce qui est important, c'est prendre des bonnes décisions. Ce qu'on achète, si on achète des pêches locales, c'est beaucoup moins en carbone que si on achète des pêches de loin. Alors notre nourriture, nos produits industriels, alors la construction : ciment, acier, carburants, plastiques, l'énergie pour nos TI etc. Il faut vraiment viser une économie circulaire et penser un peu différemment. Quatrième domaine, l'aménagement de notre territoire. Il faut vraiment verdir, encourager plus de verdure pour absorber le carbone, gérer les inondations, etc. Et ne pas paver tout. Et cinquièmement, l'adaptation. Il faut vraiment s'adapter. Si le monde est à 2 degrés, ça veut dire que le Canada va être à 4 et plus, et il faut s'adapter à cette nouvelle réalité.

En conclusion, je suis optimiste. Je suis en avant d'un champ de tournesols, alors il faut que je sois optimiste. Les solutions existent. Ce qu'on a vu avec le parallèle de COVID c'est que, du mauvais côté, on voit qu'une crise globale affecte nos économies, notre santé. On est vulnérable à des chocs globaux. Du bon côté, ce que je vois, c'est qu'on peut s'adapter, on peut innover. On voit ce qui se passe et je vois des petites entreprises qui font des choses qui sont incroyables. Alors dans les changements climatiques, comme ça a été dit, on sait ce qui va se passer. La science est claire et c'est de la physique, de la chimie, on ne peut pas argumenter avec, c'est clair. Alors, on sait qu'est-ce qui va arriver. On peut s'adapter. On sait c'est quoi les solutions. Mais, on peut se demander « okay, bien, c'est quoi les défis, les barrières, pourquoi on n'agit pas? ».

Premièrement, toujours l'incertitude, le changement, la transition, il y a de l'inertie dans notre système, toujours. Il faut combattre cela. Solutions. Côté technique, est-ce qu'on a les solutions et les connaissances? Dans beaucoup de cas, oui. Alors souvent, ce n'est pas cela et on a définitivement assez pour commencer puis avancer. Le troisième, c'est toujours : est-ce que ça va coûter plus cher? C'est le coût. Dans n'importe quelle transition il y a des coûts, mais souvent, dans ce cas-ci, c'est du coût capital qui coûte plus au début, mais point de vue d'opérations, ça va coûter moins. J'ai conduit une auto électrique à Montréal. J'ai chargé l'auto à Montréal. Ça m'a coûté 3 dollars et 17 cents pour retourner. C'est moins cher que prendre l'autobus de la banlieue au centre-ville. Alors, c'est juste qu'il faut penser différemment. Si on sauve 2000 par année en gaz d'une auto électrique, même si ça coûte un peu plus ce début, ça vaut la peine. Il y a aussi les coûts qu'on peut sauver liés aux impacts des changements climatiques qui sont dans les milliards et il y a les bénéfices des emplois dans les nouveaux domaines d'énergies. Alors finalement, le monde change. Souvent, on ne peut pas imaginer un nouveau monde, alors on est dans notre domaine et on pense que tout va être le même, mais le monde change, il faut changer avec. Merci.

[Le curseur sélectionne la vidéo de Nathalie, l'épingle pour qu'elle rejoigne celle de Nick, remplissant ainsi l'écran, puis il annule l'épinglage de la fenêtre vidéo de Nick. La vidéo de celui ci retourne dans la petite barre de fenêtres vidéo dans le coin inférieur droit.]

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup, Nick, tous les panélistes. Donc, juste un petit rappel pour les participants qui nous écoutent, n'attendez pas nécessairement à la toute fin pour soumettre vos questions. Si vous en avez déjà qui vous viennent à l'esprit, envoyez-les. Et nous allons maintenant, pour cette portion de l'événement, passer un peu à un dialogue, justement, avec nos panélistes. Personnellement, j'aimerais faire un coup de pouce sur certains des propos que vous avez apportés, mais bien sûr, n'hésitez à renchérir, panélistes, sur ce que vous avez entendu, justement, des autres invités.

[Pendant que Nathalie parle, une icône de main levée portant la mention « Catherine Potvin, Prof. » apparaît momentanément au-dessus de sa tête et dans la fenêtre vidéo de Catherine.]

Donc, si je peux me permettre comme premier point de discussion, on parle de comportements individuels, collectifs à modifier. Il faut constater que ça ne se passe pas très rapidement ou pas aussi rapidement que ça devrait se faire et donc d'après vous, et puis je vous invite chacun, chacune à donner votre perspective, que diriez-vous est un des plus grands obstacles à ce changement? C'est une grande question. Mais d'après vous, où est-ce que le bât blesse en particulier? Donc, je ne sais pas, Mme Potvin, vous avez levé votre main, vous pouvez commencer? Merci.

Catherine Potvin : Oui, j'écoutais Nick, et puis je tenais à peu près le même discours, il y a cinq ans. En fait, en 2015, j'avais été très active avec le gouvernement, avec des collègues scientifiques, pour essayer d'encourager le Canada à faire bonne figure à Paris. Ce qui s'est passé, on en est content. Cinq ans plus tard, je ne suis plus aussi optimiste. Parce que je ne vois pas un déploiement de solutions à la vitesse qui est nécessaire. Et ça m'inquiète parce que, oui, les solutions sont là, mais non, on ne les met pas en pratique. Alors je voudrais parler de deux choses.

Bon, d'une part, je pense qu'il y a un manque de vision d'État, au Canada, sur les changements climatiques. On s'est doté d'une vision d'État par rapport aux soins de santé. Au Canada, tout le monde a accès à des soins de santé. C'est une vision d'État et peu importe le gouvernement ou les politiciens qui sont élus, ils ne peuvent pas déroger de cette vision d'État. Ils vont jouer avec, ils vont la mettre en œuvre un petit peu à leur façon, mais c'est quelque chose de structurant. On n'a pas ça sur les changements climatiques. Les changements climatiques, c'est quelque chose qui est politisé et c'est donc tributaire de qui est le premier ministre.

Moi, je pense que c'est nécessaire que le Canada se dote d'une vision et je pense que la fonction publique, c'est vous qui avez les données pour aider à ce que ça, ça arrive. Je vais parler de l'analogie avec la cigarette. À un moment donné, il y a eu un grand débat de société sur la cigarette et sur les coûts sociaux de la cigarette. La cigarette était aussi un lobby économique, les compagnies de tabac étaient très puissantes puis il y avait un grand secteur de l'agriculture qui produisaient du tabac, dont mon grand-père. Mais il y a eu une espèce de consensus qui a décidé qu'on allait limiter ça. Et les actions ont pris, à la fois des actions individuelles—« tu arrêtes de fumer, mais on t'aide. On peut t'aider, tu as des programmes pour t'appuyer, tu as des ressources ». Et puis, il y a eu des décisions qui ont été prises, par exemple, on bannit les publicités des compagnies de cigarettes. Comment ça se fait qu'à chaque fois que j'ouvre la télévision pour regarder les nouvelles je suis baratinée de publicités de SUV, de gros véhicules? Voyons donc, ça n'a aucun sens. En plus, ils présentent ces véhicules-là comme la liberté dans la nature. Mais non, c'est la liberté pour la tuer. Donc, il y a des réglementations qui doivent être faites. Et pour que les citoyens embarquent, je pense qu'il faut qu'il y ait des restrictions et des encouragements publicitaires. On pourrait très bien dire « ne faites de la publicité que pour vos autos électriques ou hybrides rechargeables ». Point final à la ligne, c'est tout.

Donc, on présente au consommateur ça et puis on fait des publicités de transports en commun, on fait des publicités de bicyclettes, non? Parce que c'est important. On crée des trottoirs dans les zones rurales pour que les gens puissent se déplacer en transports actifs alors qu'actuellement c'est impossible. Donc, il faut faciliter la vie des gens, le rendre accessible, le rendre plaisant, le rendre pas dangereux. Et en plus, il faut les convaincre avec des publicités. Aucune de ces choses-là ne sont faites actuellement. Donc je pense qu'il y a beaucoup de travail pour qu'on aille vers où on doit aller et ça va commencer par une vision, puis ensuite l'appui du gouvernement beaucoup plus important.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci, Mme Potvin. Mme Bourgon, allez-y.

[Le curseur se déplace, épinglant la fenêtre vidéo de Jocelyne à l'écran et annulant l'épinglage de celle de Catherine. La fenêtre vidéo de Jocelyne remplit l'écran, et celle de Catherine se déplace vers la petite barre de fenêtres vidéo en bas à droite.]

Jocelyne Bourgon : Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas de progrès? Moi, je me dis toujours que si les résultats qu'on observe sont de la nature qu'on décrit c'est parce que les incitatifs qui sont en place amènent à ces résultats. Alors quels sont les incitatifs qui font en sorte que ce n'est pas dans « l'intérêt » de plusieurs groupes, personnes, compagnies, entreprises, preneurs de décision d'agir?

Il y a toutes sortes de raisons à ça. La prise de décisions économiques est séparée de l'évaluation d'impact social et environnemental. Tous les mécanismes de prise de décision qui sont sur des analyses coûts/bénéfices sont bâtis de cette nature-là. Ils viennent de l'aire industrielle. On travaille et on vit à une autre époque. On n'a pas intériorisé dans les systèmes de prise de décision le coût total d'une décision : son coût, évidemment, l'usage d'intrants, mais également les extrants, l'impact sur la société, l'impact sur l'environnement, l'impact sur l'écologie.

[Jocelyne compte sur ses doigts pendant qu'elle énumère.]

Tant qu'on va évacuer les coûts réels, bien évidemment, le preneur de décision prend une décision sur une dimension qui est tellement étroite qu'elle évacue la vraie problématique.

Madame Potvin en a parlé, il y a des vélocités de changement qui sont difficiles à intégrer à court terme. On récompense le rendement à court terme, les résultats à court terme. Mais le genre d'actions dont on a besoin, c'est des actions dont les bénéfices se feront sentir pour mes petits-enfants. Et donc, il faut accepter et reconnaître que les actions qui sont demandées à une génération, faire en sorte qu'elle aura et le coût et qu'elle n'en aura pas le bénéfice. Et donc on est vraiment dans un contexte de bien public.

D'où l'importance du rôle du gouvernement. Essayons de résumer le rôle du gouvernement dans la société. À quoi ça sert des gouvernements et des institutions dans une société? Il y a un petit nombre de personnes—ce sont gens qui sont des fonctionnaires ou des élus—qui ont le droit d'utiliser les leviers de l'État pour obtenir des résultats qu'on ne pourrait pas obtenir sans l'usage des leviers de l'État et de trouver des solutions à des problèmes qui n'auraient pas de solution, à moins d'utiliser les leviers de l'État. C'est ça qu'on fait, les fonctionnaires c'est ça qu'ils font pour gagner leur vie. Ils inventent des solutions à des problèmes insolubles, à défaut d'utiliser les leviers de l'État. D'où l'importance que les gouvernements mettent en place une série d'incitatifs qui accélèrent les transformations nécessaires. Nick a dit « on sait quoi faire », et il a totalement raison. Et il a mis l'accent sur « voici ce qu'on peut faire à l'interne » et honnêtement, à moins que le gouvernement fasse à l'interne ce qu'il va prêcher à l'externe, il n'a pas la crédibilité de supporter les demandes importantes qu'il devra faire à la société. Mais on sait quoi faire.

On est dans une situation où on sait que le secteur énergétique est en transformation et, en plus, on doit relancer l'économie après une pandémie. Utilisons les fonds publics qu'on donne en aide à ce secteur pour accélérer sa transformation et la diversification des régions qui en dépendent profondément. On sait que le secteur automobile est d'une certaine nature au Canada. Ce n'est pas évident qu'on produit les véhicules qui vont nous donner un avantage concurrentiel pour l'avenir, et ça s'adonne que c'est des véhicules électriques et qui dépensent, qui produisent moins de CO2. Alors, on a comme une période extraordinaire où peut accélérer des transformations à cause des circonstances de transfère comme ça, alors si on garde un œil sur le long terme et qu'on regarde les circonstances à court terme, la question devient : comment on aligne une série de mesures, des fois normatives, des fois législatives, des fois incitatives, et des fois de persuasion, etc., pour accélérer l'élan? Il faut vraiment accélérer. Et il ne s'agit pas de considérer des changements progressifs—ça ne nous rend pas là.

Alors devons-nous être optimistes? Je pense qu'il faut être réalistes. Et pour être réalistes, il faut accélérer l'élan considérablement, et on a la période pour le faire, et on a des gouvernements, partout à travers le monde, qui dépensent massivement. Ces dépenses massives peuvent être associées à certains éléments de conditionnalité pour accélérer les transformations nécessaires et donc qu'on soit un peu mieux dans dix ans d'ici, l'échéancier dont Mme Potvin parlait, qui permettrait de faire un virage. On ne peut pas tout éliminer, l'impact qu'on a eu pendant 150 ans, mais on peut faire un virage qui permet d'amener une société dans un meilleur espace que là où on se dirige actuellement.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup. Nick, avez-vous quelque chose à ajouter? Oui? Allez-y.

[Le curseur épingle la fenêtre de Nick et annule l'épinglage de celle de Jocelyne, laissant la première remplir l'écran et la seconde retourner dans la rangée du bas.]

Nick Xenos : La vitesse est importante dans ce cas-ci. Ce qui a changé dans cinq ans c'est qu'il faut vraiment accélérer. Mais ce que je vois dans cinq ans, c'est une plus grande conscientisation de la société, des fonctionnaires qui est importante, des solutions techniques qui se sont avancées. Mais la vitesse est importante et l'adaptation des nouvelles technologies, ça va être important. Et ramener le gros dossier des changements climatiques à quelque chose de plus petit, plus immédiat, que le monde peut prendre l'action. C'est ça que je vois, la déconnexion, si on veut. Si quelqu'un gère 20 ou disons 100 édifices immobiliers, il y a un temps en changement climatique, ils disent qu'ils veulent faire quelque chose, mais là, ils ne pensent pas que c'est le chauffage des 100 édifices qu'il faut changer.

[Pendant que Nick parle, une icône de main levée portant la mention « Catherine Potvin, Prof. » apparaît au-dessus de sa tête et dans la fenêtre vidéo de Catherine.]

Alors c'est là que ça va prendre tous les outils du gouvernement : réglementation, loi, technologie, recherche, développement, etc. pour l'amener à de l'action individuelle. Est-ce que ça va être un prix sur la pollution qu'on a déjà? Est-ce que c'est un prix plus haut? Est-ce que c'est des lois, réglementations, programmes, etc. De changer les systèmes de chauffage dans les édifices, etc. Il faut tout utiliser. Il faut regarder tous les secteurs. Il faut mettre de la vitesse dans l'adoption de tout ça. Mais on sait c'est quoi. Mais c'est intéressant que le monde ne le voie pas immédiatement à leur dossier ou leur quotidien, si on veut. Je pense qu'il y a un peu de communication à faire, un peu de conscientisation, encore beaucoup de conscientisation à faire, et utiliser tous nos outils et le faire assez vite.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci. Mme Potvin, je pense que vous vouliez ajouter? Puis, juste avant que vous le fassiez, je vais peut-être vous mentionner qu'il y a des questions qui commencent à rentrer de l'auditoire. Donc, suite à vos propos, je vais peut-être poser une des questions qui viennent de rentrer. Donc, allez-y, Mme Potvin, à vous.

[Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Catherine et annule l'épinglage de celle de Nick. L'icône de main levée disparaît.]

Catherine Potvin : Je voudrais peut-être renchérir sur le danger aussi de personnaliser trop les efforts. C'est-à-dire qu'on parle beaucoup de l'adoption par les citoyennes et les citoyens de gestes. Et il ne faudrait pas oublier qu'au Canada, ce sont de grandes corporations qui sont quand même responsables de la plupart des émissions. Donc, le secteur industriel, soyons francs et disons-le, le secteur des sables bitumineux, c'est quand même presque la moitié des émissions du pays. On ne peut pas non plus avoir une vision et atteindre des objectifs en laissant ce secteur-là faire ce qu'il veut, parce qu'on ne peut pas faire porter le poids aux citoyens individuels des décisions.

Il y a un autre—vous êtes le gouvernement fédéral—il y a quelque chose qui est absolument fascinant au Canada actuellement. C'est un pays qui s'est construit autour d'un chemin de fer. Partout dans le monde, le train est le meilleur ami du changement et de la révolution de la mobilité, mais au Canada, c'est non seulement un frein, c'est une indécence.

À Montréal, on ne peut pas traverser des voies de chemin de fer, les pistes cyclables arrêtent et il y a une clôture, et c'est de juridiction fédérale. Comment ça se fait qu'il n'y a rien qui se passe? J'espère qu'il y a quelques fonctionnaires ici du ministère des Transports. Je vous encourage fortement à essayer de faire bouger ce dossier-là, où, non seulement ce qui, dans d'autres pays, est le moteur d'un changement ici est un frein à notre évolution. Donc, il y a vraiment... Oui, il y a les individus, c'est important de réfléchir dans les politiques, mais il ne faut pas non plus oublier les grandes corporations qui sont très puissantes et qui, contrairement à vous et moi comme individus—nous, on n'a pas accès au gouvernement, comme citoyens—mais les compagnies ont accès au gouvernement et vous parlent sans arrêt. Et il faut aussi reconnaître le rôle primordial qu'elles jouent dans la mise en œuvre d'une stratégie de changement climatique.

[Jocelyne sourit alors que Nathalie mentionne les employés de Transports Canada. Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Nathalie et annule l'épinglage de celle de Catherine.]

Natalie Laviades-Jodoin : Donc appel aux employés de Transports Canada, si vous êtes ici avec nous, envoyez-nous vos questions, vos commentaires. Alors je vais passer peut-être à une des questions qui vient de rentrer. Donc elle se lit comme suit : tous ces points de vue sont fantastiques et je suis d'accord, mais le Canada est confronté à un défi politique complexe, avec des provinces et des industries qui résistent à la transition que nous devons poursuivre et une dette et un déficit liés à la COVID, qui pourrait maintenant limiter la marge de manœuvre budgétaire dont nous disposons pour investir dans une transition verte. Que pouvons-nous faire si nous n'obtenons pas de directives claires du Cabinet avec un soutien financier approprié? Qui aimerait s'y lancer? Mme Bourgon, allez-y.

[Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Jocelyne et annule l'épinglage de celle de Nathalie.]

Jocelyne Bourgon : J'écoutais la question et je me disais le mot qui va être le mot charnière dans la question va être « mais ». Je suis d'accord, mais. Je comprends l'importance, mais. Et ce « mais » nous paralyse. Parce que la question, c'est—je la reformule de tantôt—qu'est-ce que je peux faire, dans le poste que j'occupe aujourd'hui, qui m'amènerait à poser des gestes qui contribuent à un effort collectif, qui est de faire en sorte que cette planète va être capable de supporter la vie, et en particulier les humains, à l'avenir?

Ce n'est pas une question banale, non. Alors on part avec qu'est-ce que je peux faire où je suis, avec les leviers qui me sont disponibles? Là, je suis au niveau de la responsabilité individuelle. L'autre niveau de question, c'est qu'est-ce que je peux faire avec d'autres? Mon collègue, un autre ministère, un partenaire à l'interne, un partenaire externe. Là, je suis en effet multiplicateur. Comment je gagne l'élan? Et le troisième niveau de responsabilité, c'est de la responsabilité collective. Les gens qui sont des leaders du secteur public ont, et je le répète, accès à des leviers auxquels personne d'autre n'a accès. Alors, il ne s'agit pas tant de dire « je vais attendre que le premier ministre donne une directive du cabinet qui va cascader à travers 300 000 positions et un jour on va me dire quoi faire », c'est le contraire. Qu'est-ce que je peux faire? Et je présume que chaque personne, à chaque niveau, doit se demander « qu'est-ce que je peux faire? »

Le premier ministre a des choix qui lui appartiennent que d'autres n'ont pas. Le Cabinet a des opportunités qui leur appartiennent que d'autres n'ont pas. Et c'est vrai tout le long de la chaîne de responsabilités du secteur public. Pour donner un exemple simple, la fonction publique du Canada dépose au Parlement un rapport annuel sur l'état de la fonction publique. Bon, bien bâtissons sur l'idée de Nick qui est de déposer un rapport annuel qui nous dit comment vous vous rendez à net zéro année par année. Voilà. Est-ce qu'on est capable de décider que notre rapport va être là-dessus? Absolument. Est-ce qu'on est capable d'utiliser les moyens existants? Voyez, on sous-estime les moyens existants, les leviers existants.

Je vais donner l'exemple du financement aux entreprises sur le COVID comme un levier qui ne nécessite pas—je n'ai pas dit « demandez des fonds additionnels pour le faire », j'ai dit « utilisez donc les fonds qu'on dépense maintenant » pour voir comment des éléments de conditionnalité pourraient accélérer les changements qui sont nécessaires de toute façon. On a des lois, par exemple, sur les entreprises. On demande au conseil d'administration de toutes les compagnies au Canada de revoir un plan pour les grandes compagnies pour favoriser la progression sur l'égalité de représentation des hommes et des femmes. Bien on pourrait, sans coût additionnel, leur demander : vous devez avoir un plan vert pour votre entreprise. On peut demander aux associations canadiennes, sans coût additionnel, vous devez avoir une stratégie de réduction de votre empreinte écologique et vous avez un an pour le faire. Parce que ce n'est pas la fin du monde non plus. On peut demander à chaque pays de se doter d'une stratégie qui est plus que juste « voici ce que je vais faire à l'interne », qui est « voici où ce qu'on va être », qui comprend des leviers. On sous-estime les moyens existants. Et quand on aura épuisé tout cela, bien là on sera justifiés de dire « ça me prend des moyens additionnels ». Mais je ne suis pas sûre que la logique commence par « il me faut des moyens additionnels ». Je pense que la logique commence par l'action, individuelle, partagée, collective, qui justifie à chaque niveau, de demander à l'autre niveau de faire plus. Et je pense que les grands succès du secteur public canadien ont été de cette nature assez souvent.

[L'icône de main levée de Catherine s'affiche pendant un moment. Alors que Nathalie parle, le curseur épingle la fenêtre vidéo de Catherine et annule l'épinglage de celle de Jocelyne.]

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup. Mme Potvin, vous vouliez ajouter.

Catherine Potvin : Oui, parce que, plus tôt, Mme Bourgon, dans son allocution de début, a mentionné la façon dont on regarde les impacts à court terme et l'économie à court terme. Donc de dire « Oh mon Dieu, la pandémie va coûter cher. On est endettés. Comment est-ce qu'on peut devenir vert? » Ça, d'abord, ça relève probablement d'une vision économique à court terme, parce qu'on sait très bien que les coûts de ne pas agir face aux changements climatiques vont être extrêmement élevés. Donc, dans une situation où on est financièrement en dette. La façon la plus sage d'investir c'est d'éviter les dettes futures, et ça, c'est un message extrêmement important que vous pouvez porter au gouvernement, aux élus, de leur faire comprendre ça. Ce n'est pas, quand tu es très riche, tu te préoccupes peut-être moins des coûts futurs, mais quand tu vas te trouver dans une situation financièrement difficile, c'est là où les coûts futurs, tu veux vraiment t'assurer—je le sais, moi, j'approche la retraite puis ce n'est pas maintenant que je vais être extravagante, comprenez-vous—donc c'est la même logique. Donc ça, c'est très important.

La deuxième chose que le « mais » sous-entend, c'est que ça va être plus cher ou moins efficace d'investir massivement dans la transition. Or toute la littérature nous montre que c'est au moment où il y a des grands investissements que la transition verte est la moins coûteuse. Le gouvernement fédéral actuellement dit—et là, je suis Québécoise, donc je ne prends pas position dans le débat, mais j'observe ce que vous pouvez faire comme gouvernement—le gouvernement fédéral est en train de dire « je vais vous donner de l'argent supplémentaire en santé, mais vous allez faire ça, ça et ça.».

Je veux dire, il y a des projets extrêmement intéressants au ministère des Infrastructures. Le programme Infrastructures vertes avec son optique climatique : on te donne l'argent, mais il faut qu'il y ait une optique climatique. Il n'y a aucun problème de conditionnalité là-dedans. Ça se fait sans arrêt au niveau fédéral et c'est un moment pour le faire si on a une vision d'où on s'en va. Et moi, je dirais qu'au contraire, actuellement, c'est sûr qu'il va y avoir des investissements pour relancer l'économie. Et c'est le moment où on peut s'assurer non pas de faire des investissements supplémentaires, mais que les investissements qu'on doit faire servent, un, à relancer immédiatement l'économie et deux, à nous protéger contre les chocs à venir, terribles pour le pays, les changements climatiques. Alors je vois une opportunité et je vois que vous, vous avez un devoir, comme fonction publique du Canada, d'éducation par rapport à ça.

[L'icône de main levée apparaît, d'abord avec le nom de Catherine, puis avec celui de Nick. Catherine prend une gorgée d'eau.]

Natalie Laviades-Jodoin : Merci bien! Nick? Vous êtes sur sourdine.

Nick Xenos : Le temps s'écoule alors je vais ajouter rapidement que moi aussi je renforce l'idée que ça va ensemble. L'économie verte, si on ne produit pas de véhicules électriques, comme exemple, on ne va pas produire de véhicules dans le futur. Alors, il faut prendre la crise et aligner notre économie avec qu'est-ce que ça va avoir l'air post-COVID, qu'est-ce que ça va avoir l'air, s'adapter aux changements climatiques, et prendre cette opportunité ou cette crise pour réorienter notre économie dans les domaines qu'on peut être compétitifs, qui vont croître.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci bien. Puis, en effet, le temps passe très, très vite, mais j'aimerais faire le pouce sur quelque chose que vous avez, dans chacun de vos commentaires, mentionné.

[Pendant que Nathalie parle, le curseur épingle la fenêtre vidéo de Catherine et annule l'épinglage de celle de Nick. Le curseur épingle également la fenêtre vidéo de Nathalie.]

Il s'agit des impacts disproportionnés, justement. Et ça abonde, en fait, dans le même sens d'une question qui vient de rentrer. Donc, il existe plusieurs données qui démontrent que des pandémies ou des situations comme le changement climatique peuvent avoir des répercussions disproportionnées pour certains membres plus vulnérables ou des communautés marginalisées de notre société. Dans cette optique, comment s'assurer que les efforts pour atténuer justement ce changement climatique et le fait de devoir s'y adapter, si vous voulez, n'imposent pas à certains groupes un fardeau additionnel? Ou si c'est le cas, comment y remédier? Donc, si on peut vous entendre là-dessus. Encore une fois, je vous laisse le choix. Qui veut commencer? Mme Potvin?

[Catherine parle, mais il n'y a pas de son.]

Vous êtes sur sourdine.

[Un petit menu s'affiche, et le curseur sélectionne l'option permettant d'activer le son d'un participant. Il annule l'épinglage de la fenêtre vidéo de Nathalie, laissant celle de Catherine remplir l'écran.]

Catherine Potvin : On a des exemples par rapport, par exemple, à la participation des femmes puis à l'égalité salariale. Il y a eu des quotas, il y a eu des mesures pour obliger certaines participations. Donc, des critères d'investissement. Et je pense que, de la même façon que j'encourage les ministères à adopter des mesures comme l'optique climatique d'Infrastructures Canada, je pense qu'il faut qu'il y ait aussi des critères qui visent à assurer l'équité des mesures dont on fait la promotion. Moi, ce qui me frappe beaucoup, c'est que—et là je vais parler d'un cas très local à Montréal, mais je m'imagine qui illustre une certaine réalité à travers le pays—dans ce confinement qu'on a vécu, si on vivait dans un quartier riche, bourgeois, on avait des parcs, des arbres, c'était assez plaisant. C'est un peu ironique parce qu'aussi les gens qui vivaient dans ces quartiers-là tendaient à avoir des chalets et donc à être partis de la ville et pouvoir vivre la pandémie ailleurs.

Les quartiers pauvres, densément peuplés, n'ont pas de parcs, n'ont pas d'arbres. À Montréal, ils ont peu ou pas de pistes cyclables. Ils n'ont actuellement aucune zone de partage de rue où on peut être à distance. Donc il y a une inégalité énorme à l'intérieur de la ville. Or, avec les changements climatiques, on sait qu'on va avoir des vagues de chaleur plus fréquentes et donc, devinez où ces vagues de chaleur vont être le plus dangereuses? Dans les quartiers pauvres. Alors, comment ça se fait qu'on a des villes qui ont des quartiers très verts, très jolis, très pleins de parcs dans les parties riches et des villes très bétonnées, très denses et très peu agréables dans les quartiers pauvres? Voilà un endroit où il faut commencer à investir. Il faut verdir les quartiers pauvres parce que ça va être un élément important de la lutte aux changements climatiques au niveau des îlots de chaleur. Et puis évidemment, en même temps, les plantes, c'est une pompe à gaz carbonique. Donc, on a un double bénéfice.

Donc je pense qu'il faut regarder les choses comme ça, les rénovations—Nick parlait des rénovations dans les édifices du gouvernement, mais les rénovations écoénergétiques dans les édifices, il faut s'assurer qu'elles n'augmentent pas les loyers dans les quartiers pauvres. Donc, il faut encourager les propriétaires de blocs dans les quartiers pauvres à faire des rénovations écoénergétiques qui rendent l'édifice plus agréable—parce que c'est plus le fun, car il n'y a pas trop de courants d'air –, mais il ne faut pas que la facture soit refilée aux locataires pauvres parce qu'eux, ils ne peuvent pas. Donc il faut qu'on ait cette optique-là de s'assurer que les mesures, ce n'est pas encore une fois mettre des Tesla sur la rue parce que ça, c'est comme une fraction d'abord du problème, et puis c'est juste quelques citoyens qui vont pouvoir les acheter.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci beaucoup. Autre commentaire là-dessus? Nick?

[Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Nick et annule l'épinglage de celle de Catherine.]

Nick Xenos : Oui, je peux ajouter aussi dans chaque domaine d'impact, il y a des impacts différents—des inondations comme exemple, on le voit à l'international en particulier, mais au Canada aussi—c'est que c'est souvent les pauvres, les plus vulnérables, qui souffrent plus. Alors je dirais que quand on développe des politiques dans ces domaines, il faut vraiment faire un effort. Il faut vraiment regarder pour chaque domaine, chaque impact, chaque politique qu'on développe de cibler « okay, c'est quoi? C'est qui les plus vulnérables? C'est quoi l'impact dans différents segments de la société, etc.? » Alors, ça va prendre un effort, je pense, et c'est important.

[L'icône de main levée de Catherine s'affiche pendant quelques instants. Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Nathalie et annule l'épinglage de celle de Nick.]

Natalie Laviades-Jodoin : Merci. Alors, il reste cinq minutes. Moi, je vais faire mes allocutions de clôture en l'espace de moins d'une minute pour vous donner à chacun peut-être 30 secondes, une minute, c'est le défi. Pour peut-être la toute dernière question, et elle s'adresse à vous, ce serait un conseil. Alors, il y a quelqu'un qui demande : « Auriez-vous un conseil aux jeunes fonctionnaires qui souhaitent eux-mêmes créer un élan et attirer l'attention, justement, des hauts fonctionnaires et des leaders pour passer à l'action? » En une minute ou moins, chacun. Votre dernier mot sur le sujet, Mme Potvin, allez-y.

Catherine Potvin : Moi, j'aime beaucoup ce que Che Guevara avait dit : « Soyez réalistes, demandez l'impossible. » Et je dirais que, soyez réaliste, demandez l'impossible et travaillez fort et cherchez-vous des alliés—il y en a beaucoup dans la société québécoise—et ne prenez jamais un non pour un non. Parce que quand on sait où on veut aller, on trouve les façons d'y arriver.

Natalie Laviades-Jodoin : Merci.

[Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Nick et annule l'épinglage de celle de Catherine.]

Nick Xenos : Oui, je dirais, renseignez-vous. Il faut approfondir nos connaissances sur les changements climatiques pour voir c'est quoi qu'on peut faire dans notre domaine, dans votre domaine, dans chaque domaine de chaque personne qui travaille, ça va être impacté par les changements climatiques. Renseignez-vous plus. Faites partie du changement au lieu d'être partie de ceux qui disent : « Ah, je ne sais pas comment ça nous affecte. Je ne sais pas qu'est-ce qu'on devrait faire. » Et il y a beaucoup de ressources, beaucoup d'expertise et on est là pour vous.

Natalie Laviades-Jodoin : Mme Bourgon, le dernier mot à vous?

[L'icône de main levée de Catherine s'affiche pendant quelques instants. Le curseur épingle la fenêtre vidéo de Jocelyne et annule l'épinglage de celle de Nick.]

Jocelyne Bourgon : Bien moi, je vous dirais tester les limites des changements que vous pouvez initier. Je ne dis pas aller à la limite, je dis tester les limites, parce que les limites sont généralement plus loin que ce qu'on pense. Et donc quand on dit aux gens « aller à la limite de ce que vous pouvez faire », on a une vision de ces limites-là qui est généralement beaucoup plus petite que ce qu'elles peuvent être en réalité.

Alors moi, je vous dis : allez tester les limites de votre autorité, de votre capacité d'initier des changements. Et vous allez découvrir que vous pouvez faire beaucoup plus, aller beaucoup plus loin. Et quand vous serez rendu à avoir testé ces limites, vous allez être à la jonction des limites de quelqu'un d'autre. Prenez le temps de travailler avec eux. Parce que c'est le début d'un effort collectif. C'est l'arrimage de toutes ces capacités d'intervention qui, connectées ensemble, créent un élan. Alors un jeune fonctionnaire qui rentre dans la fonction publique du Canada, moi je lui dis « mais que vous êtes chanceux, vous rentrez à une époque phénoménale de changements, de transformations qui sont importantes ». Et vous ne pourrez pas—on ne pourra pas—faire du Canada un grand pays si on fait juste répéter ce qu'on a fait dans le passé. Alors vous ne pouvez pas emprunter trop de pages de vos brillants prédécesseurs parce that was there and that was then. Vous gérez maintenant, dans une période unique, unique de changement et de transformation. Alors, ne soyez pas indûment influencés par vos aînés et allez donc tester vous-mêmes la limite extrême—c'est un sport extrême. Aller tester les limites extrêmes de votre capacité d'initier des changements. Ça serait un bon départ, peut-être.

[Pendant que Nathalie parle, le curseur épingle sa fenêtre vidéo et annule l'épinglage de celle de Jocelyne.]

Natalie Laviades-Jodoin : Excellent. Alors merci beaucoup. Sur ce, ceci conclut notre évènement d'aujourd'hui. Je pense qu'il va falloir vous réinviter tous les trois parce que j'ai l'impression qu'on ne faisait que démarrer. Donc j'aimerais vraiment, au nom de l'École, vous remercier. Mme Bourgon, Mme Potvin, Nick, de vous être joints à nous aujourd'hui. J'aimerais également remercier tous les participants qui se sont joints à nous en grand nombre pour cet évènement-là et je profite justement de cette occasion pour vous rappeler que le prochain café virtuel aura lieu le 22 octobre prochain.

[L'icône de main levée de Catherine s'affiche à nouveau pendant quelques instants.]

Et il s'agira de l'avenir du travail en compagnie de Gary Bolles de Singularity University ainsi que d'Armine Yalnizyan de la Fondation Atkinson, et vous pouvez vous inscrire dès maintenant à cette session. Également, si vous avez manqué le café virtuel sur la sécurité nationale, sachez qu'il sera rediffusé le 7 octobre prochain. Donc, bien sûr, suivez le compte Twitter de l'École et abonnez-vous à notre liste de distribution si vous voulez en connaître davantage et vous renseigner également sur d'autres événements de l'École. Donc sur ce, merci à tous et à toutes. Et puis, bonne fin de journée, soyez prudents. Merci, au revoir.

[L'appel vidéo disparaît progressivement pour laisser place au logo blanc animé de l'École de la fonction publique du Canada, qui se dessine sur un fond violet. Les pages tournent, et le logo se ferme comme un livre. Une feuille d'érable apparaît au milieu du livre qui ressemble aussi à un drapeau, sous lequel se dessinent des lignes ondulées. Le mot-symbole « Gouvernement du Canada » apparaît : le mot « Canada » a un petit drapeau canadien qui flotte au-dessus du dernier « a ». L'écran devient noir.]

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