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Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien : Le fédéralisme numérique et les politiques d'ouverture du gouvernement (TRN5-V41)

Description

Cet enregistrement d'événement permet d'examiner comment les différents ordres de gouvernement peuvent collaborer et apprendre les uns des autres, ainsi que les avantages et les désavantages de la structure fédérale dans la transition qu'opère le Canada pour assurer la numérisation et l'ouverture de son gouvernement.

(Consultez la transcription pour le contenu en français.)

Durée : 01:30:37
Publié : 4 août 2023
Type :Vidéo

Événement : Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien : Le fédéralisme numérique et les politiques d'ouverture du gouvernement


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Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien : Le fédéralisme numérique et les politiques d'ouverture du gouvernement

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Transcription : Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien : Le fédéralisme numérique et les politiques d'ouverture du gouvernement

[Le logo de l'EFPC apparaît à l'écran, accompagné d'un texte indiquant « Webdiffusion »].

[Transition de l'image vers Éric Champagne, dans une fenêtre de clavardage vidéo.]

Éric Champagne : Hello, everyone. Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue à ce webinaire. Bienvenue à ce webinaire organisé par l'École de la fonction publique du Canada. Je m'appelle Éric Champagne. Je suis professeur agrégé en administration publique à l'École d'études politiques et directeur du Centre d'études en gouvernance de l'Université d'Ottawa. Aujourd'hui, j'ai le grand privilège d'agir à titre de modérateur pour cet événement. En fait, il s'agit du septième événement d'une série continue, offerte dans le cadre d'un partenariat entre l'École de la fonction publique du Canada et le Centre d'études en gouvernance de l'Université d'Ottawa. Avant de commencer, permettez-moi de mentionner que le territoire d'où je vous parle aujourd'hui est le territoire traditionnel non cédé de la communauté Kanien'keha:ka. Comme nous travaillons tous à des endroits différents, vous travaillez nécessairement sur un autre territoire autochtone traditionnel. Veuillez prendre seulement cinq secondes pour penser au territoire sur lequel vous vous trouvez et à ses premiers habitants.

J'ai maintenant le plaisir de présenter l'événement d'aujourd'hui, qui est organisé dans le cadre de la Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien. Aujourd'hui, nous nous concentrerons sur le fédéralisme numérique et les politiques de gouvernement ouvert. L'École de la fonction publique du Canada a transformé tous les événements passés de la série en balados plus courts. Donc, si cela vous intéresse, vous pouvez trouver ces enregistrements sur la page des événements de l'EFPC. Je vous encourage, bien sûr, à les écouter si ce n'est déjà fait, y compris celui-ci que nous allons enregistrer aujourd'hui.

Au cours de cette série, plusieurs enjeux contemporains du fédéralisme ont été soulevés, et l'un d'eux concerne le gouvernement numérique. L'une des principales dynamiques de la numérisation est qu'elle touche tous les ordres de gouvernement. De plus, elle se trouve à l'intersection de nombreux domaines critiques tels que la prestation de services, les communications, la cybersécurité, la protection des renseignements personnels, l'utilisation des nouvelles technologies dans les activités gouvernementales, la transparence et l'engagement des parties prenantes et, bien sûr, le gouvernement ouvert et les données ouvertes. Donc, aujourd'hui, nous allons parler d'un domaine qui est peut-être parfois négligé au Canada, soit l'interaction entre la numérisation, le gouvernement ouvert et le système fédéral canadien.

À ce moment-ci, j'aimerais juste dire quelques mots sur l'un des projets de recherche en cours que je dirige avec des collègues, entre autres le professeur André Lecours, notre candidate au doctorat Silvana Gomes de l'Université d'Ottawa, et Felix Knüpling de l'organisation Forum of Federations. Ensemble, nous écrivons actuellement un ouvrage collectif sur la numérisation de l'administration publique dans les pays fédéraux. Nous comparons dix fédérations, parmi lesquelles bien sûr le Canada, mais aussi l'Allemagne, l'Espagne, l'Australie, l'Inde, le Mexique, les États-Unis, l'Autriche et bien d'autres. Et la semaine prochaine, le Centre d'études en gouvernance organisera un atelier international et un événement public sur le sujet, en collaboration avec l'École de la fonction publique du Canada, et bien sûr, le Conseil de recherches en sciences humaines.

Je profite donc de l'occasion pour vous inviter tous à cet événement public. C'est le 27 avril à 16h30 sur le campus de l'Université d'Ottawa. Mais ce sera aussi sur Zoom, alors également en ligne. Ce sera un événement hybride. Ainsi, vous pouvez également vous joindre à nous à distance. Nous aurons une table ronde internationale d'experts qui apporteront différentes perspectives sur le gouvernement numérique et les fédérations, le sujet que nous examinons aujourd'hui. Vous pouvez trouver tous les renseignements en consultant le site Web du Centre d'études en gouvernance à l'Université d'Ottawa. De plus, les personnes qui se sont inscrites à ce webinaire recevront une invitation. Donc, ceci est une invitation. Ainsi, si vous désirez poursuivre la conversation que nous aurons aujourd'hui, je serai heureux de vous voir la semaine prochaine.

Maintenant, revenons à l'événement d'aujourd'hui. Nous avons organisé une excellente discussion pour vous aujourd'hui et je tiens à ce que vous viviez la meilleure expérience possible. J'ai quelques précisions à apporter auparavant. L'événement d'aujourd'hui se déroulera en anglais, mais nous offrons un service d'interprétation simultanée ainsi qu'un service de sous-titrage en temps réel si vous en avez besoin. Je veux que vous puissiez suivre dans la langue de votre choix, alors vous pouvez opter pour ce service. Pour accéder à ces fonctionnalités, vous devez cliquer sur leurs icônes respectives directement à partir de l'interface de webdiffusion que vous voyez en ce moment, et vous pouvez consulter le courriel de rappel que l'École vous a envoyé et qui fournit des instructions, si vous en avez besoin.

Donc, pour optimiser votre expérience de visionnement, nous vous recommandons de déconnecter votre RPV si vous en utilisez un. Vous pouvez également utiliser un appareil personnel pour regarder la session si vous en avez la possibilité. Si vous éprouvez des problèmes techniques, nous vous recommandons de relancer le lien de webdiffusion qui vous a été envoyé. Votre problème se réglera probablement. Pendant l'événement, vous pouvez transmettre en tout temps des questions. Vous pouvez commencer dès maintenant. Si vous avez une question, veuillez utiliser l'icône de bulle de texte dans le coin supérieur droit de votre écran. Donc, si vous utilisez cette bulle, vous transmettez vos questions. Nous n'accepterons que des questions par écrit aujourd'hui. Nous avons donc prévu certaines choses pour vous pour la période de questions et réponses à la fin de la séance. Je vous encourage à envoyer vos questions à tout moment, et nous pourrons répondre à vos questions transmises en français ou en anglais.

Nous nous vous encourageons à acheminer vos questions soit en français ou en anglais, selon votre préférence.

Passons maintenant à nos fantastiques conférenciers. Tout d'abord, j'aimerais souhaiter la bienvenue à Mark Levene.

[Mark Levene apparaît dans une fenêtre de clavardage vidéo distincte.]

Il est directeur de l'innovation et de l'intégration au Bureau du dirigeant principal de l'information du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada.

[Maria Gintova apparaît dans une fenêtre de clavardage vidéo distincte.]

Nous accueillons également Maria Gintova, professeure adjointe, Sciences politiques et programme de maîtrise en politique publique dans la société numérique de l'Université McMaster. Voici comment nous allons procéder aujourd'hui. Nous poserons à nos conférenciers trois premières questions au sujet de la numérisation, du gouvernement ouvert et du fédéralisme. Ensuite, nous passerons à la séance de questions et réponses. N'attendez donc pas; envoyez vos questions aux panélistes à tout moment.

Alors, Mark et Maria, voici les premières questions que je vous pose à tous les deux. Dans les dernières années, comme vous le savez, le gouvernement numérique, le gouvernement ouvert, les données gouvernementales ouvertes ont pris énormément d'ampleur, mais leurs liens avec la structure fédérale canadienne ne font pas toujours partie de la conversation. Selon vous, quels sont les principaux enjeux pour comprendre ce que nous appelons le fédéralisme numérique et les politiques de gouvernement ouvert? J'aimerais commencer par vous, Mark.

Mark Levene : Merci beaucoup, Éric. C'est un plaisir d'être ici, et je me joins à vous aujourd'hui depuis le territoire non cédé des W̱SÁNEĆ dans la mer des Salish, au large des côtes de l'île de Vancouver. Tout d'abord, je vais formuler ma réponse en offrant quelques réflexions sur le contexte. L'ère numérique n'est que le plus récent point d'inflexion de l'histoire du gouvernement canadien, qu'il soit provincial, fédéral ou territorial. Des erreurs de transformation antérieures remettent également en question les rôles et les responsabilités au sein de la fédération. Cela inclut, parmi tant d'autres, la Grande Dépression, où nous avons eu une crise constitutionnelle majeure concernant la répartition des recettes entre le gouvernement fédéral et les provinces et les territoires. Nous avons eu la Seconde Guerre mondiale, qui a donné lieu à une expansion massive du gouvernement et de la bureaucratie. Dans les années 1960, nous avons eu la Commission Glassco qui a réécrit les règles du gouvernement et sa structure. Dans les années 1980, nous avons assisté à l'introduction de régimes d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Dans les années 2000, nous vivons encore avec les répercussions de la Commission Gomery et des problèmes de responsabilité. Puis, nous venons de sortir d'une pandémie mondiale et de ses conséquences, qui a radicalement réécrit le paysage de la prestation de services.

Ainsi, le gouvernement et nos idées sur ce que le gouvernement devrait faire sont toujours en évolution. Ce n'est pas statique et ce n'est pas linéaire. Ces changements sont entraînés par des forces internes et externes, et ils font aussi généralement l'objet de contestations. Il n'y a pas de consensus universel par rapport au gouvernement. À l'instar d'autres domaines marqués par de profonds changements, l'ère numérique traverse les frontières, nationales et interprovinciales, et modifie nos conceptions du fonctionnement de la nation. Ainsi, la vaste portée des technologies aujourd'hui dans les moyens numériques et des choses comme l'intelligence artificielle, la cryptomonnaie et les identités numériques nous montrent à quelle vitesse les domaines traditionnels de la gouvernance de l'État peuvent être perturbés. La clé sera de changer les mentalités et les compétences des décideurs politiques pour s'adapter aux exigences de l'ère numérique.

Nous devons également garder à l'esprit que la numérisation ne sera pas une solution miracle à tous les problèmes. La transformation numérique peut donner lieu à de nouveaux problèmes, comme nous l'avons déjà vu, et elle peut également en amplifier. Ainsi, l'exemple qui est le plus d'actualité est l'essor de l'intelligence artificielle dans le processus décisionnel, où les données utilisées pour entraîner ces modèles complexes peuvent contenir des biais existants qui sont perpétués par l'utilisation de la technologie artificielle et de l'apprentissage automatique. D'autre part, l'automatisation de certains processus au sein du gouvernement a le potentiel d'améliorer réellement les services publics pour tout le monde en rendant le système plus efficace. Donc, l'art du possible est le comment, et il y a beaucoup de place pour la collaboration entre les gouvernements à cet égard. Pour moi, la question centrale dans l'évolution du fédéralisme numérique est l'idée que la prestation de services doit s'adapter pour donner la priorité à l'utilisateur, de sorte qu'il importe beaucoup moins à l'utilisateur ou au citoyen de savoir quel ordre de gouvernement offre le service, le produit ou l'information.

Nous avons eu tendance à vraiment nous concentrer à faire connaître l'ordre de gouvernement ou le ministère gouvernemental qui s'en charge. Mais pour l'utilisateur, c'est en grande partie non pertinent. Les approches concernant le fédéralisme à l'ère numérique devraient d'abord tenir compte des besoins des utilisateurs, avec des services clés qui traversent les frontières et qui sont organisés autour, par exemple, d'événements de la vie tels que les naissances, les mariages et les décès. Lorsque l'un de ces événements se produit au sein de votre famille, vous devez interagir avec plusieurs ordres de gouvernement, et souvent, au sein de ces gouvernements, avec de nombreux ministères et organismes. Bien sûr, la question sous-jacente pour nous tous est la suivante : où le gouvernement fédéral est-il le mieux placé pour établir l'orientation et travailler avec les provinces, les territoires et les municipalités? Et où une collaboration étroite est-elle nécessaire avec nos homologues?

Voici donc quelques réflexions rapides de notre point de vue. Premièrement, la réponse à la pandémie de COVID-19 a fait clairement ressortir cette dynamique. Les politiques en matière de santé et la prestation des services de santé sont principalement une responsabilité provinciale, mais la politique fédérale sur des questions telles que les voyages et les frontières a montré des points névralgiques qui ont entraîné beaucoup d'inconfort pour les citoyens et créé beaucoup d'inconnus. Ensuite, les soins de santé sont un domaine où le fédéralisme et la numérisation interagissent de façon de plus en plus complexe par le biais de questions de gouvernance comme les paiements de transfert, l'échange de données, qui est très contesté, et la prise de décisions fondées sur des données probantes pour les résultats en matière de santé. Ainsi, dans les domaines de la transformation, les acteurs de la fédération, qu'il s'agisse des gouvernements fédéral, provinciaux, territoriaux, municipaux ou autochtones, ont la possibilité d'aborder ces défis de manière coopérative ou compétitive. Nous devons le faire de manière coopérative, évidemment, et le faire avec ouverture et transparence, et en utilisant les outils numériques à notre disposition.

Cette approche est également façonnée par les disparités des milieux urbains, ruraux et éloignés au sein de notre pays, ainsi que par notre relation de nation à nation avec les collectivités autochtones. Ce sont là des caractéristiques uniques de la fédération canadienne. Nous nous sommes souvent tournés vers des pairs internationaux pour trouver des exemples, mais le contexte, l'histoire, la tradition et la culture du Canada sont très différents de ceux de ces autres pays. Et nous déterminons nos éléments fondamentaux pour le numérique et nos priorités actuelles. Voilà donc ma première réponse à cette question, Éric.

Éric Champagne : Merci, Mark. C'est un très bon début. Maintenant, je m'adresse à vous, Maria. J'aimerais connaître votre point de vue sur la question du fédéralisme numérique et des politiques de gouvernement ouvert.

Maria Gintova : Merci beaucoup, Éric, et merci beaucoup de m'avoir invitée. Je me joins à vous aujourd'hui depuis le territoire de Dish With One Spoon à Toronto. C'est une question très intéressante et, tout comme Mark, je pense qu'il est bien de prendre un peu de recul et de réfléchir aux différents moyens ayant mené à notre situation actuelle avec un gouvernement numérique et la mise en œuvre d'un gouvernement ouvert, et de découvrir en quelque sorte comment les technologies de l'information et les initiatives liées aux données ont fait l'objet d'une réflexion et ont été mises en œuvre au sein du gouvernement canadien.

Pour commencer, je pense qu'il est bien de réfléchir aux initiatives gouvernementales. Elles datent des années 1990, mais elles se poursuivent encore dans une certaine mesure avec la large bande, le manque de service à large bande dans certaines collectivités et les fossés numériques entre différentes régions du pays, en particulier entre les collectivités rurales et urbaines, ainsi que les collectivités autochtones et les collectivités urbaines. Ainsi, même si ces initiatives étaient axées sur les processus administratifs, la prestation de services publics et l'utilisation de la propriété intellectuelle qui s'y rattache, si vous pensez aux sites Web gouvernementaux, c'est probablement l'exemple classique de ces initiatives des années 1990 qui se poursuivent encore dans une certaine mesure aujourd'hui. Même si vous vous penchez sur différents indices internationaux, par exemple, l'indice des gouvernements des Nations Unies utilise toujours pour celui-ci le gouvernement électronique, le gouvernement ouvert et le gouvernement numérique.

Cela dit, et en réfléchissant à ce qui se passait pendant cette période, je pense qu'il est également important de noter que ces initiatives se situaient pas mal au sein de nos propres ordres de gouvernement, en plus d'être axées sur un service ou un programme particulier, plutôt que sur la recherche d'un programme pangouvernemental, d'une collaboration intergouvernementale, qui était probablement une orientation très juste, à l'époque où on venait d'entamer de telles initiatives et que cela nécessitait des considérations et des mises en œuvre, etc. Le gouvernement ouvert est un concept qui a fait son apparition vers 2010, je dirais. C'est probablement la date la plus précise pour ses débuts dans le monde. Je dirais que ce qui était différent, et Mark l'a déjà mentionné, avec le gouvernement ouvert, c'est que les citoyens étaient au centre de ces initiatives et que l'accent était mis sur les droits des citoyens, pas seulement sur l'information gouvernementale. Ainsi, bien que nous puissions certainement soutenir que le gouvernement ouvert n'est pas quelque chose qui nécessite la mise en œuvre de technologies de l'information ou une exécution d'une différente manière, il est tout de même important de comprendre que la technologie qui existait et qui était disponible à l'époque, et qui est actuellement utilisée pour les initiatives de données ouvertes et dans une certaine mesure pour les initiatives de mobilisation du public, n'était tout simplement pas offerte auparavant.

Enfin, le dernier point, mais non le moindre, ce sont les initiatives de gouvernement numérique, qui est l'initiative la plus récente, bien qu'à mon avis, elles se chevauchent toutes et continuent de coexister parce que, de toute évidence, différents secteurs du gouvernement, à différents ordres de gouvernement, en sont à différentes étapes de mise en œuvre. Ainsi, avec le gouvernement numérique, l'accent est dorénavant mis sur l'amélioration de la prestation de services pour la technologie, avec certes, l'utilisation des mégadonnées et de l'analyse prédictive. Ainsi, l'utilisation de l'IA, dans une certaine mesure, devient encore plus profonde maintenant que ChatGPT existe, par exemple, et ses répercussions sur le gouvernement restent à déterminer. Je pense que le plus gros problème, c'est que ces initiatives ont été développées au sein du même ordre de gouvernement, et tous les gouvernements avaient leur propre mandat. Par exemple, ce mandat viserait la mise en œuvre de prestations sociales par les gouvernements fédéraux, par les systèmes socialistes aux niveaux provincial et municipal. Il y a donc certainement de la place pour la collaboration et une sorte de compréhension des technologies potentielles pouvant être utilisées. Ce sont certainement les mêmes utilisateurs, ce sont donc les mêmes familles. Dans une certaine mesure, disons qu'il y a ce chevauchement dans la base d'utilisateurs. Donc, la compréhension de cela peut certainement aider les différents ordres de gouvernement à réfléchir à la meilleure façon de faire une conception appropriée centrée sur l'utilisateur.

Enfin et surtout, je dirais que, dans mes recherches et mon expérience de travail au gouvernement, les équipes numériques et de gouvernement ouvert ont leur propre champ de travail, et parfois il y a des défis à relever pour faire approuver cette initiative au sein du même ordre de gouvernement. Il est donc très, très difficile pour ces équipes d'obtenir l'attention dont elles ont vraiment besoin de la part de l'ensemble du même ordre de gouvernement. Donc, la question, Mark, de savoir comment le faire de façon optimale aux différents ordres de gouvernement est une vraie question. Je pense qu'il y a certainement beaucoup de possibilités de collaboration et d'échange de connaissances. Merci beaucoup pour cette question.

Éric Champagne : Oui, merci, Maria. Non, c'est très intéressant. Cela prépare le terrain. Je dois vous remercier tous les deux d'avoir fait part de vos réflexions. Merci, Maria, d'avoir parlé de certains de vos travaux de recherche, surtout le concept de la façon dont vous formulez le concept de gouvernement ouvert à l'ère numérique, qui est un peu différent du gouvernement ouvert global qui existait auparavant. Mais il y a certainement quelque chose dans la numérisation qui crée quelque chose de plus important pour ce concept, tellement fantastique. Étant donné toutes les questions que vous avez soulevées, vous deux, j'aimerais vous demander si vous avez des exemples concrets que vous aimeriez utiliser pour illustrer cette relation entre la numérisation ou le fédéralisme du gouvernement ouvert. Avez-vous un exemple concret que vous aimeriez nous communiquer? Cette fois, je vais demander à Maria de répondre en premier.

Maria Gintova : Merci beaucoup, Éric. Je commencerais probablement à répondre à cette question en donnant un exemple qui permet de tirer de nombreuses leçons et auquel le Canada devrait continuer de réfléchir. Je vais donc parler brièvement d'un système de surveillance de la santé publique existant, qui s'appelle Panorama. Ce système de surveillance de la santé publique a été conçu comme un système intégré d'information sur la santé publique visant à aider les professionnels de la santé publique à gérer les vaccins, les programmes d'immunisation et les éclosions partout au Canada. Il a été développé à la suite du SRAS. Toutefois, à ce jour, certaines provinces et certains territoires et, à ma connaissance, l'Agence de la santé publique du Canada, ne l'utilisent pas ou ne l'utilisaient pas avant la COVID-19, bien qu'il soit opérationnel depuis 2005 ou 2006, je crois.

Donc, je pense que c'est une question très intéressante qui regroupe le fédéralisme numérique, le gouvernement ouvert, dans une certaine mesure, parce que c'est l'échange d'information et de données, et je dirais que cela revient en quelque sorte à ce que sont les enjeux. L'un des problèmes qui découle des balbutiements d'initiatives de gouvernement en ligne est qu'à l'heure actuelle, de 2020 à 2023, c'est l'endroit où nous vivons , il y a encore un manque d'infrastructure de PI développée dans certains endroits, et il y a certainement beaucoup de systèmes hérités qui ne communiquent pas entre eux. Il y avait des problèmes techniques avec le système lui-même, alors après quelques essais, certaines provinces ont décidé que ce n'était pas la voie qu'elles voulaient suivre. De toute évidence, il y a certainement des priorités concurrentes dans les différents ordres de gouvernement, et certains d'entre vous se souviendront peut-être qu'avant la pandémie de COVID-19, du moins en Ontario, on envisageait de réduire le financement de la santé publique. Et il y avait certainement, évidemment, différentes priorités émergentes pour différents gouvernements.

Mais en même temps, ce cas spécifique est super intéressant parce que la santé publique est la responsabilité des trois ordres de gouvernement, et si le système avait été en place et opérationnel avant la pandémie de COVID-19, peut-être que le déploiement des vaccins aurait un peu plus facile à mettre en œuvre parce que tous les ordres de gouvernement auraient été au courant du nombre de personnes à vacciner. Il s'agit d'un exemple très simple. Je pense qu'il y a beaucoup de leçons apprises de ce cas particulier. À l'heure actuelle, il y a aussi l'élaboration d'une stratégie pancanadienne de données sur la santé. Il est très important de garder à l'esprit que ces problèmes existent et les leçons tirées de ces tentatives antérieures. Je dirais également qu'avec l'approche pancanadienne pour la stratégie de données, il est vraiment, vraiment important d'inclure les principes de souveraineté des données autochtones et de comprendre comment les collectivités autochtones s'intègrent dans les initiatives globales qui sont menées par les trois ordres de gouvernement, en ce qui concerne les considérations de mise en œuvre, mais aussi la capacité, et bien sûr de revenir aux principes de souveraineté des données.

Enfin et surtout, je dirais que la mise en œuvre est évidemment la clé, et que les trois ordres de gouvernement doivent réfléchir soigneusement à la mise en œuvre de quelque chose comme cela. Merci beaucoup pour cette question.

Éric Champagne : Merci, Maria. Et maintenant, je vais m'adresser à Mark. J'aimerais avoir votre perspective, Mark. Avez-vous un exemple concret, une expérience, que vous aimeriez partager avec nous aujourd'hui?

Mark Levene : Bien sûr, je vais vous donner quelques exemples, Éric. Je travaille au Bureau du dirigeant principal de l'information au sein du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Je fais partie de la partie stratégie de l'organisation. Nous avons en quelque sorte une perspective unique sur la façon dont nous travaillons parce qu'en tant qu'organisme central au gouvernement fédéral, nous établissons les règles régissant le fonctionnement des ministères et des organismes du gouvernement fédéral, et nous le faisons d'un point de vue numérique dans mon cas particulier. J'aimerais souligner que l'ère numérique au gouvernement implique une sorte de changement radical, d'une mentalité analogique à une mentalité numérique à partir de zéro. Il ne s'agit pas seulement de donner un visage numérique aux anciens produits et processus, il s'agit en quelque sorte de concevoir et de bâtir des produits et des services numériques par défaut. Et c'est un changement assez important. À l'heure actuelle, au gouvernement fédéral, il y a peut-être seulement 40 % des services gouvernementaux qui peuvent être fournis entièrement en ligne, c'est-à-dire que vous commencez et achevez par la voie numérique sans avoir recours à un processus papier ou manuel entre les deux. Il s'agit d'un pourcentage étonnamment petit, mais il augmente légèrement de plus en plus. Notre objectif ne devrait donc pas nécessairement être de recourir aux plus récents et aux meilleurs produits technologiques. Il devrait plutôt être axé sur une conception centrée sur le citoyen qui englobe les possibilités et l'efficacité de l'ère numérique.

Donc, j'aimerais vous fournir quelques exemples, comme je l'ai dit. L'un d'eux concerne le passage de la gestion de projet à la gestion de produit. Ainsi, dans le passé, nous avons traditionnellement consacré beaucoup de temps à de très, très grands projets pluriannuels de TI de plusieurs millions de dollars qui n'ont pas eu un taux de réussite formidable, qui ont connu des ratés publics ayant fait les manchettes. Ce n'était pas seulement au Canada, mais aussi aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Europe. Les grands projets technologiques habilités par la PI échelonnés sur dix ans ne fonctionnent généralement pas, alors nous essayons lentement mais sûrement de faire passer le gouvernement à un cycle de vie de gestion de produit plus agile où nous pensons plus petit, nous livrons en morceaux, plus petits, de manière agile. Et nous commençons vraiment à travailler avec les provinces et les territoires à cet égard parce que c'est un problème commun. Ce n'est pas propre au gouvernement fédéral du Canada, c'est un problème universel, mais il y a des façons canadiennes particulières de s'y attaquer.

Cela a particulièrement un impact sur la façon dont les citoyens peuvent accéder aux services actuels et futurs concernant des enjeux plus généraux tels que les directives sur l'accessibilité ou la cybersécurité, que vous avez mentionnés au début de la séance. Nous pouvons adapter et adopter les pratiques et méthodes exemplaires des gouvernements de partout au Canada et les intégrer à notre façon de travailler au sein du gouvernement fédéral. Et on peut le faire en soutenant notamment les communautés de pratique à travers le gouvernement sur des sujets tels que la gestion des produits. Voici un exemple concret : notre communauté de pratique du gouvernement fédéral, que mon équipe dirige, a commencé à organiser des séances conjointes avec la communauté de pratique de la province de l'Ontario. Ainsi, nous fusionnons deux communautés de pratique de deux ordres de gouvernement différents et nous apprenons l'une de l'autre. Cela nous permet de parler à nos collègues et d'apprendre d'eux. Aucune personne, aucun ministère, ni aucun ordre de gouvernement n'a toutes les réponses. Nous devrions nous concentrer sur la création de cet environnement opérationnel qui fonctionne pour nous, le gouvernement ouvert.

Plus tôt dans ma carrière, j'ai joué un rôle de premier plan dans les programmes de données ouvertes et de gouvernement ouvert du gouvernement fédéral. J'ai aidé à rédiger des politiques. J'ai rédigé la Licence du gouvernement ouvert avec la collaboration des provinces et territoires canadiens. J'ai dirigé les travaux relatifs à une charte internationale de données ouvertes qui a établi un cadre international pour les utilisations éthiques et pratiques des données ouvertes gouvernementales. Nous avons également mis sur pied un groupe de travail pancanadien sur les données ouvertes que nous avons ensuite revu pour couvrir l'ensemble du gouvernement ouvert. J'ai vraiment dirigé une grande partie du travail sur nos deuxième et troisième plans d'action nationaux sur le gouvernement ouvert. Je pense que nous en sommes au cinquième maintenant, mais j'ai participé au deuxième et au troisième. Ce sont là d'excellents exemples de la façon dont nous devons travailler en étroite collaboration avec les autres ordres de gouvernement. Grâce à ces processus, nous avons beaucoup appris des provinces, des territoires et des municipalités de partout au Canada, ce qui nous aidés à façonner notre programme de gouvernement ouvert au niveau fédéral. Il y a encore beaucoup de travail à faire, mais tant que nous continuons à tisser des liens avec ces communautés, nous continuons à croître et à prospérer.

Au bout du compte, comme je l'ai dit plus tôt, en tant que fonctionnaires, nous devenons vraiment obsédés en tant que bureaucrates. Mais les personnes qui utilisent nos services ou qui essaient d'accéder à nos données ou à nos renseignements, qu'il s'agisse de Canadiens, d'immigrants ou d'entreprises, ne se soucient pas de savoir quel gouvernement, quel ministère ou quel ordre de gouvernement fournit ce service. Elles veulent simplement les résultats. Elles veulent obtenir ce qu'elles recherchent du gouvernement, sans toutes les couches de bureaucratie. Ainsi, plus nous pourrons favoriser une transition en douceur pour les citoyens, mieux nous nous porterons. Merci.

Éric Champagne : Merci beaucoup, Mark. Nous vous remercions vraiment d'avoir fait part de vos incroyables expériences personnelles et professionnelles pertinentes pour le sujet d'aujourd'hui. J'apprécie également la façon dont vous avez abordé les ratés des grands projets technologiques, qui sont si courants dans toutes les administrations de n'importe quel pays. Mais il est également important d'apprendre des diverses expériences au sein d'une fédération, je suppose, et surtout d'éviter de recréer les mêmes choses encore et encore. Nous devons donc apprendre,et j'apprécie votre point de vue à ce sujet.

Avant de passer à mes dernières questions pour démarrer la discussion, j'aimerais rappeler à tout le monde qu'il est possible de transmettre des questions en français ou en anglais. Vous avez déjà un aperçu de ce dont nous parlerons aujourd'hui. Si vous avez des questions, je vous encourage donc à les présenter immédiatement afin que nous puissions vraiment poursuivre la conversation lorsque nous aurons terminé cette partie du webinaire aujourd'hui. Ce sont des exemples très intéressants. Merci beaucoup d'avoir communiqué ces idées et une excellente étude de cas.

Maintenant, pour conclure cette partie de notre conversation, j'aimerais connaître votre point de vue, votre opinion ou votre vision de ce qu'est la considération future, ou la considération en suspens que nous devrions prendre en compte, si nous allons de l'avant avec la numérisation à tous les ordres de gouvernement. Je vais encore une fois alterner et donner la parole à Mark en premier. Mark, quel est votre point de vue concernant tout ce qui touche l'avenir? Comment envisagez-vous l'avenir de la numérisation, ou aimeriez-vous parler d'une considération sur laquelle il faut se pencher?

Mark Levene : Merci, Éric. Il y a beaucoup de choses à dire à ce sujet, alors je vais recommencer avec l'idée que la numérisation ne sera pas un processus linéaire. Comme je l'ai déjà mentionné, elle aura ses propres défis et en posera de nouveaux à l'avenir, et elle ne permettra pas de résoudre tous les problèmes. Il y aura des progrès et il y aura de la régression. Je pense que nous devons amorcer le processus en nous attendant à ce que ce soit un parcours complexe. Au niveau fédéral, de mon point de vue, il y a plusieurs considérations qui, selon moi, façonneront les politiques à l'avenir. La première est la durabilité environnementale. Ainsi, la fabrication, le transport et l'utilisation d'appareils numériques, de serveurs numériques, d'informatique en nuage sont très éprouvants pour notre environnement. Ainsi, nos gaz à effet de serre explosent à cause de l'exploitation minière, de la construction, du transport et de l'utilisation d'appareils numériques, et ils consomment beaucoup. C'est un projet que mon équipe, en particulier, attend avec impatience et nous travaillons sur un projet de trois ans pour essayer de trouver des moyens de réduire notre impact environnemental.

Nous parlons à d'autres gouvernements du monde entier qui font le même travail, et je pense que c'est un problème vraiment nouveau dans le domaine technologique. Un exemple concret auquel les gens pensent facilement, c'est que nous économisons des centaines et des centaines de pétaoctets et de téraoctets de données sur les serveurs et que nous voulons y accéder immédiatement. Eh bien, les données sur les disques durs, qu'elles soient situées sur place ou dans le nuage, consomment de l'énergie, et chaque fois que nous y accédons, elles consomment de l'énergie. À quelle quantité de ces données accédons-nous réellement? Combien de pétaoctets de données sont conservés dans des serveurs actifs qui ne sont pas utilisés et qui consomment de l'électricité? Ce sont des questions auxquelles nous allons devoir répondre dans l'avenir.

L'autre question qui fait beaucoup les manchettes est l'idée même de l'optimisation des ressources dans les contrats. Je n'en dirai pas trop sur le sujet, mais c'est évidemment un sujet brûlant dans la presse. Où résident les compétences numériques? Résident-elles avec les fonctionnaires? Résident-elles avec les consultants et les entrepreneurs à l'extérieur du gouvernement? Comment trouver un juste équilibre? Comment développer la fonction publique ainsi que les compétences et les capacités au sein de la fonction publique? Nous avons une pénurie de talents numériques au sein du gouvernement fédéral, des gouvernements provinciaux, des gouvernements territoriaux et des gouvernements autochtones. Partout dans le monde, les gouvernements ont un énorme déficit de talents. Ainsi, les compétences et le combat pour les compétences sont un élément énorme pour l'avenir.

J'ai déjà mentionné l'accessibilité, mais l'ensemble du paysage diversifié et inclusif est également très important. Je dis toujours que nous avons besoin d'équipes diversifiées et inclusives pour bâtir les services qu'une collectivité diversifiée et inclusive utilise, et je pense qu'il y a un lien stable et nécessaire entre les deux. De plus, et c'est une liste d'épicerie, excusez-moi , mais il y a de l'intelligence artificielle dans la prise de décisions. Nous disposons donc déjà d'une directive sur la prise de décision automatisée au sein du gouvernement fédéral. Mais l'IA est en train d'exploser et de devenir hors de contrôle. Je pense spontanément à ChatGPT, avec GPT4 et GPT 5. Google a formulé hier quelques remarques intéressantes sur le fait qu'elle ne peut pas le contrôler et que l'outil fournit des résultats que Google n'avait pas anticipés. Cela va donc certainement affecter notre paysage à court et moyen terme aussi.

Permettez-moi de conclure en mentionnant deux autres exemples. Tout d'abord, il y a la désinformation, et je pense que Maria a déjà abordé ce sujet. Pendant la pandémie, nous avons vu comment la désinformation sur un virus et des vaccins présentait réellement des défis pour tous les ordres de gouvernement et pour la résilience nationale. Dans le cadre en quelque sorte de la COVID-19, nous avons tout le débat sur le retour au bureau, les modes de travail hybrides, qui ont des répercussions sur les biens immobiliers, qui ont à leur tour une empreinte environnementale pour ce qui est des bâtiments et des consommations. Nous avons plusieurs ensembles de moniteurs et d'appareils dans nos bureaux à domicile, dans nos bureaux au travail, et il y a beaucoup de questions à ce sujet.

Ces thèmes couvrent donc vraiment deux grands domaines. L'un est en quelque sorte les transformations qui doivent se produire avec les systèmes hérités. Nous devons adapter tout cela aux systèmes existants et nous attaquer à la dette technique, dont Maria a déjà fait mention en quelque sorte. Nous devons également être plus résilients sur le plan opérationnel à l'avenir avec les nouvelles technologies, et nous assurer que nous sommes en mesure de soutenir de nouveaux projets et de nouveaux programmes afin qu'ils ne deviennent pas immédiatement une dette technique avec des modes et des processus obsolètes. Nous avons donc vraiment la responsabilité, en tant que membres de la fédération, de rechercher des priorités communes avec les provinces et les territoires et de collaborer dans nos domaines de responsabilité respectifs. Et notre objectif devrait être de veiller à ce que nos produits et services soient offerts aux citoyens, avec eux, et de s'adapter à mesure que l'environnement change avec nous.

Éric Champagne : Très bien, Mark, merci beaucoup. Il est bien d'obtenir votre perspective concernant certaines de vos préoccupations, de vos priorités, à vous et à votre équipe au gouvernement du Canada, par rapport à ce qui fait les manchettes. Il se passe tellement de choses ces jours-ci, et il est bien de voir que vous réfléchissez à bon nombre de ces questions. Cela vous occupera pendant un certain temps, j'en suis certain. Maintenant, Maria, la question porte sur des exemples concrets. Aimeriez-vous nous faire part d'un exemple particulier?

Maria Gintova : Bien sûr. Merci beaucoup, Éric. En fait, le lien de Mark avec ce dont j'allais parler est très bon. J'allais parler du travail à distance et hybride et de l'avenir du travail dans la fonction publique parce que c'est quelque chose que je vais commencer à examiner dans le cadre de mon propre programme de recherche. Permettez-moi de commencer par dire que le travail hybride et à distance est un problème tout à fait unique parce qu'il s'agit d'une nouvelle question de politique que tous les gouvernements doivent examiner. Ils doivent comprendre comment ils peuvent être concurrentiels pour attirer les meilleurs talents, non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Vous avez probablement entendu parler de différents pays offrant des visas aux personnes qui ont un emploi à distance pour qu'ils aillent y travailler. En même temps, c'est aussi une question de politique de main-d'œuvre pour les gouvernements en tant qu'employeurs. C'est très intéressant, et en même temps, ce n'est pas un moment intéressant pour les gens qui doivent apparemment modifier leurs routines et retourner au bureau.

Donc, ce que je veux dire, c'est que la véritable expérience du travail à distance, qui s'est évidemment déroulée non seulement au Canada, mais partout dans le monde, a également mis en évidence les inégalités sociales globales, les principaux bénéficiaires du travail à distance étant les cols blancs, tandis que les communautés de couleur ont été touchées de manière disproportionnée. Et c'est, dans une certaine mesure, la même chose pour tous les ordres de gouvernement; les gens de couleur étaient les personnes qui fournissaient des services essentiels aux gouvernements pendant la pandémie. Je pense qu'il est vraiment important de reconnaître que la pandémie aussi... Nous n'en avons probablement pas beaucoup parlé aujourd'hui, mais je pense qu'il est vraiment important de reconnaître que la pandémie a assurément entraîné des changements rapides sans précédent, soit la tentative du gouvernement de numériser les choses, parce que, du moins au niveau provincial, il fallait fournir le service et trouver la solution pour l'offrir par voie numérique étant donné qu'il n'était pas possible de le faire en personne. Donc, cela a certainement accéléré certaines choses et certains services ou programmes. Et même dans les cas où les gens avaient besoin d'être sur le terrain, pour faire des inspections, entre autres, mener des audiences ou fournir un soutien aux tribunaux virtuels, beaucoup de choses ont changé, du moins dans une certaine mesure, pour la prestation de services numériques. Tandis que les gouvernements sortent définitivement de la pandémie, c'est ce que nous examinons en ce moment, l'une des choses dont ils devraient tenir compte est la façon dont les leçons apprises peuvent être intégrées dans leurs propres politiques de main-d'œuvre. Il faut aussi une réflexion plus générale sur la façon dont le Canada, en tant que pays, pourrait penser au travail à distance ainsi qu'aux avantages et aux défis qui y sont associés. Il y a donc certainement beaucoup de possibilités de collaboration entre les différents ordres de gouvernement en tant qu'employeurs, mais il faut aussi penser à ce qui existera à l'avenir.

Je dirais que la toute première question, probablement, celle qui préoccupe les personnes qui doivent gérer des équipes à distance tout en continuant d'avoir accès aux talents qu'elles ont embauchés tout au long de la pandémie, est de comprendre comment assurer le fonctionnement dans un contexte réel après la COVID-19 et comment cela peut potentiellement être quelque chose qui pourrait intéresser d'autres ordres de gouvernement. Il faut y réfléchir. Je pense que l'une des choses que j'ai certainement apprises de ma propre expérience au gouvernement, au gouvernement de l'Ontario, pendant la pandémie—je travaillais auparavant pour le ministère des Soins de longue durée—c'est l'incidence de la technologie et des plateformes utilisées pour la collaboration, telles que Microsoft Teams ou Zoom, sur les réunions des intervenants. Elles ont même eu un impact sur les réunions traditionnelles des différents ordres de gouvernement, parce que c'est quelque chose qui n'avait pas été autant utilisé auparavant. Les gens qui étaient présents à cette réunion étaient certainement intéressés de faire avancer les choses, de poursuivre les choses après la fin de cette phase de crise initiale et de continuer à renforcer leurs relations.

Je pense qu'une autre considération vraiment importante ici est certainement le fait que l'engagement du public et l'engagement des différents groupes de la société, les leçons tirées de la pandémie de COVID-19 et la compréhension de la gestion des parties prenantes, de l'engagement des parties prenantes et de l'engagement du public, ont évolué avec l'utilisation accrue des technologies de l'information à ces fins. Encore une fois, pour revenir à mes remarques préliminaires sur l'équité, tout cela doit être vu sous l'angle de l'équité et des personnes ayant accès à ces technologies et possibilités, même pour comprendre ce qui se passe avec les initiatives gouvernementales et de mobilisation publique. C'est donc quelque chose qui doit être soigneusement pris en compte dans le cadre de l'avancement de cette initiative.

Je tiens également à mentionner rapidement deux ou trois choses. Comme Mark l'a mentionné, je n'avais pas l'intention d'en parler, mais je pense certainement que les développements et l'utilisation de l'IA dans la prise de décisions, et en particulier l'examen minutieux dont fait l'objet l'IA dans le processus décisionnel ces jours-ci du point de vue de la protection des renseignements personnels, de différents autres aspects, pas seulement des renseignements personnels, mais je dirais la simplicité de l'utiliser sans comprendre ce qui est intégré au modèle, pour être en mesure de comprendre comment les résultats vous sont présentés, surtout si c'est à des fins de prise de décision, par exemple, c'est quelque chose, encore une fois, de très, très important que doivent effectuer les trois ordres de gouvernement. Et il y a certainement beaucoup de place pour la collaboration, peut-être en tenant compte de ce qui existe déjà au Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada, et en examinant des principes et des approches similaires au sein de divers ordres de gouvernement.

Mais je pense qu'une autre chose consiste certainement à réfléchir à l'impact et à l'influence potentiels des différents ordres de gouvernement, des lois du gouvernement fédéral. Il y a évidemment le projet de loi C-21, je crois. J'y fais spontanément référence, alors excusez-moi si je fais mention du mauvais projet de loi, mais je suis pas mal certaine qu'il s'agit du projet de loi C-21. Particulièrement pour ce qui est de la désinformation, encore une fois, c'est une question qui touche tous les ordres de gouvernement et il est certainement intéressant de voir quelles seraient les différentes expériences de colporter de la mauvaise information. Pour en revenir à mon propre programme de recherche, qui comprend l'utilisation des médias sociaux par le gouvernement, par exemple, je peux certainement dire que ce problème existe et que la désinformation n'existe pas seulement au niveau du gouvernement fédéral. Tous les ordres de gouvernement doivent composer avec leur lot de désinformation des utilisateurs qui cherchent à remettre en question les vaccins ou certains aspects des initiatives du gouvernement fédéral, comme par exemple l'aide à l'Ukraine. Donc, pour lutter contre toutes ces choses, c'est formidable de trouver des réponses semblables qui nous permettent de composer avec elles. Je vous remercie.

Éric Champagne : Merci beaucoup. Merci à tous les deux, en fait, pour vos réflexions initiales sur le sujet. C'est génial. Maintenant, nous pouvons passer à la période de questions et réponses avec nos participants. Nous avons beaucoup de temps; nous avons environ 40 minutes. Nous nous en sortons très bien pour ce qui est du temps. Nous voulons interagir avec vous, alors veuillez profiter de l'occasion pour transmettre vos questions. Il faut passer par notre système et nous allons récupérer les questions.

Nous avons en fait une question, une première question à laquelle répondre. Elle provient du public. Et la question est, probablement que nous pouvons commencer par Mark parce qu'elle concerne davantage la stratégie gouvernementale. Je vais maintenant lire la question. Quelles sont les stratégies du gouvernement pour favoriser le fédéralisme numérique et les données ouvertes au Canada qui encouragent l'inclusion plutôt que l'exclusion? Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont le gouvernement fait participer à ce processus les immigrants et les groupes qui méritent l'équité? Et nous voulons des exemples concrets. Je sais, Mark, que vous avez une vue d'ensemble et que vous avez une bonne vue d'ensemble de ce qui se passe au gouvernement. Pouvez-vous nous donner quelques exemples et nous dire ce que vous pensez de cette question très intéressante?

Mark Levene : Pouvez-vous répéter la question? Désolé, ma connexion Internet a été perturbée pendant que vous étiez en train de la lire. Excusez-moi.

Éric Champagne : Bien sûr, je vais la répéter. Quelles sont les stratégies du gouvernement pour favoriser le fédéralisme numérique et les données ouvertes au Canada qui encouragent l'inclusion plutôt que l'exclusion? Pouvez-vous nous en dire plus sur la façon dont le gouvernement fait participer au processus les immigrants et les groupes qui méritent l'équité? Des exemples concrets?

Mark Levene : Wow, c'est une énorme question. Je ne suis pas certain d'avoir des exemples précis. C'est un peu à l'extérieur du travail que je fais. Mais je sais, par exemple...permettez-moi d'aborder une autre voie. Chaque fois qu'un ministère ou un organisme gouvernemental demande du financement pour un projet par l'entremise de l'appareil gouvernemental, les gouvernements sont tenus de faire ce que nous appelons une analyse comparative entre les sexes plus, des analyses du nouveau projet, et c'est là qu'ils l'examinent sous l'angle de la diversité et de l'inclusion des genres. Nous avons eu beaucoup de discussions à ce sujet, en quelque sorte quelles sont les considérations en matière de diversité des genres et d'inclusion lorsque vous examinez des projets numériques? Souvent, les ministères et organismes ont tendance à copier-coller des exemples qu'ils ont déjà utilisés, et ils ne se sont pas vraiment penchés sur les questions de technologie, de diversité des genres et d'inclusion.

Je pense donc que c'est un domaine en pleine croissance. Pour ce faire, nous avons eu notre groupe de travail de longue date pendant trois ans qui se concentre sur le gouvernement numérique, la diversité et l'inclusion. Nous avons travaillé avec la Commission de la fonction publique, qui a mis au point une liste de vérification de l'ACS+ pour les projets numériques et qui aide les ministères et les organismes à gérer certains de ces problèmes. Parlez-vous aux bonnes personnes? Réfléchissez-vous réellement à l'effet des nouveaux produits et services numériques sur différentes communautés? Ou comptez-vous simplement sur le fait de mobiliser ces communautés et de leur parler? Donc, je n'ai pas d'exemples précis de relations gouvernementales avec différentes communautés et ce serait une question pour les ministères et organismes à titre individuel. Je sais que, d'un point de vue global, nous essayons d'aider les ministères à faire un peu mieux.

Éric Champagne : Oui, Mark. En fait, je pense que cela apporte une réponse. Il y a de nouvelles lignes directrices. Cela est pris en compte dans la conception des politiques et les nouvelles initiatives de numérisation. Donc, je peux imaginer que, du point de vue du Conseil du Trésor, vous fournissez également ces lignes directrices à différents ministères. Maria, avant de passer aux questions suivantes, aimeriez-vous donner votre avis sur les questions d'inclusion? Je sais que vous l'avez mentionné à quelques reprises dans vos réflexions initiales. Avez-vous des idées précises que vous aimeriez communiquer?

Maria Gintova : Bien sûr, je peux juste commenter très brièvement. Je pense que les exemples concrets seraient même des...pour un gouvernement ouvert. Le mot juste m'échappe en ce moment. « Plans d'action ». « Plans d'action », oui. Ainsi, les plans d'action pour un gouvernement ouvert comportent une section spécifique où on énonce des considérations pour différentes communautés, en particulier les collectivités autochtones. Il y a donc certainement eu des tentatives de mobiliser des collectivités autochtones dans le cadre des initiatives de gouvernement ouvert. D'après mon expérience professionnelle, à la fois universitaire et professionnelle, je dirais que nous devons absolument faire mieux, et l'analyse ACS+ est certainement un point de départ pour certaines de ces considérations. Mais par exemple, pour certaines initiatives qui ont un impact disproportionné... et je parle des initiatives de politique sociale, par exemple, sur lesquelles j'ai travaillé, où vous avez des communautés qui sont touchées de manière disproportionnée par les politiques gouvernementales, vous devez probablement aller les consulter, au lieu de consulter tout le monde et de les inclure parmi les intervenants. Donc, voilà ma position sur cette question. Finalement, mon dernier point mais non le moindre : je l'ai effectivement mal cité. Ce n'est pas le projet de loi C-21, c'est le projet de loi C-27 qui a un très, très long titre. Mais essentiellement, il s'agit d'une loi de mise en œuvre des droits liés à la Charte numérique. Merci.

Éric Champagne : Très bien, merci. Nous avons une autre question qui comporte deux volets. Je pense que nous avons abordé la deuxième partie, alors je vais...  Peut-être pouvons-nous nous concentrer sur la première partie, à moins que vous ne vouliez répondre à la deuxième partie. Je vais la lire et ensuite...

Mark Levene : Éric, excusez-moi. J'allais juste ajouter quelque chose aux commentaires de Maria, si vous me le permettez. Désolé.

Éric Champagne : Oui, allez-y.

Mark Levene : Excusez-moi de l'interruption. La réponse de Maria m'a également fait penser au fait que j'ai participé à de nombreuses consultations sur le gouvernement ouvert lorsque je travaillais dans le cadre du projet de gouvernement ouvert. Je pense que l'un des plus gros problèmes que nous avons eus, c'est le suivant : peu importe le nombre de consultations que l'on désirait tenir, essayer de faire participer les gens et de les inciter à prendre part aux consultations devient une énorme préoccupation. Je me souviens de quelques fois où un collègue et moi avons parcouru le pays pour tenir des consultations sur le gouvernement ouvert. Nous arrivions dans la salle et deux personnes s'y trouvaient. Donc, que vous fassiez beaucoup de publicité ou non, que vous essayiez fort de mobiliser les gens, de les inciter à consacrer leur temps, leurs pensées et leurs efforts pour prendre part à une consultation gouvernementale sans créer une fatigue chez les parties prenantes devient un véritable problème. Il y a toujours un risque de consultation excessive parce que vous obtenez toujours les mêmes voix et les mêmes personnes. Il doit y avoir des stratégies pour y parvenir. Je sais que certaines provinces ont mieux réussi que nous à mobiliser leurs résidents, et je pense que nous avons beaucoup appris de cela. Je pense que c'est un autre genre de domaine où nous pouvons certainement apprendre et coordonner nos efforts parce que la fatigue des parties prenantes est réelle et nous finissons souvent par parler aux mêmes personnes et entendre les mêmes voix, ce qui ne fait pas vraiment avancer notre recherche sur les politiques. Je voulais simplement intervenir parce que je pense que c'est une considération importante.

Éric Champagne : C'est très important. C'est fort probablement une occasion d'utiliser des outils numériques afin de mener de telles consultations, de favoriser cette participation, d'augmenter la participation. Mais j'aimerais demander, Mark, s'il y a eu une initiative qui utilise...  Et diriez-vous que l'utilisation de la numérisation peut également aider à favoriser la participation, ou y a-t-il ... Avez-vous fait l'expérience de cela ou connaissez-vous une expérience qui aurait utilisé cela, et avec un certain succès?

Mark Levene : Oui, nous avons eu recours à des communications en personne et des communications numériques pour mener des consultations, et je pense que les deux se sont soldées par des réussites et des ratés. Mais je pense qu'en général, si la stratégie de communication est bonne, il est très utile de demander aux gens de manière asynchrone de fournir des commentaires. Les gens ont alors le temps de réfléchir aux questions, de tenir compte du contexte, de formuler leurs réponses et de les présenter. Les problèmes sont de savoir si, du point de vue de la protection des renseignements personnels, vous allez ou non demander des commentaires anonymes ou des commentaires identifiés. Si vous optez pour des commentaires anonymes, vous vous retrouvez parfois dans la même situation que lorsque vous lisez les commentaires à la suite d'un article de presse : il n'y a parfois aucun lien entre la question réelle et les commentaires que vous recevez, et puis il y a les robots et les trolls, etc. Mais nous avons mené des consultations en ligne très fructueuses au cours desquelles nous avons obtenu des commentaires très respectueux et réfléchis. Je ne veux pas écarter complètement les consultations en personne, mais vous devez avoir la bonne stratégie de communication pour que les gens se rendent sur place. J'ai constaté que, pour le gouvernement fédéral, plus on s'éloigne de la région de la capitale nationale, moins on a de chances d'avoir une population intéressée. Je vis maintenant de façon temporaire en Colombie-Britannique et c'est très différent de la vie dans la bulle de la région de la capitale nationale où tout le monde sait ce que fait le gouvernement fédéral et connaît les différents ministères. Dès que vous franchissez 150 kilomètres à l'extérieur d'Ottawa, cela chute considérablement. Cela devrait également faire partie de toute stratégie de consultation réfléchie. Il faut donc déployer beaucoup d'efforts pour mener de bonnes consultations.

Éric Champagne : C'est une observation très intéressante. Merci beaucoup d'en avoir fait part. Permettez-moi de lire maintenant la deuxième question de l'auditoire. La question est la suivante : quels sont les impacts de la numérisation du gouvernement sur la structure et la politique existantes? La structure existante peut signifier beaucoup de choses, mais pour moi, elle peut aussi désigner les ressources humaines et l'impact sur les fonctionnaires. Il y a une deuxième partie à cette question, mais j'ai l'impression que nous l'avons déjà abordée. Mais si vous voulez ajouter quelque chose, il n'est pas trop tard. Comment les inégalités préexistantes sont-elles gérées dans le cadre de la modernisation du gouvernement? Mais oui, c'est libre à vous. Maria, aimeriez-vous intervenir? Je sais que vous avez une certaine expérience avec le gouvernement de l'Ontario. Vous êtes maintenant une universitaire, mais vous avez traité des structures et des politiques existantes. Qu'en pensez-vous?

Maria Gintova : Merci, Éric. Je pense que c'est une très bonne question. Je pense que c'est aussi un peu un travail de réflexion que je devais faire pour mes propres recherches, concernant l'impact des structures gouvernementales existantes sur la mise en œuvre réelle du gouvernement numérique. Il y a assurément un certain nombre de problèmes qui empêchent, je dirais, la dissociation de se produire, autant que peut-être les gens qui assistent à ce webinaire aimeraient le dire. Il y a certainement ce que nous connaissons tous sous le nom de système de Westminster, où il y a des défis en matière de reddition de comptes et beaucoup de niveaux d'approbation à franchir. En même temps, vous avez la pensée agile et les façons de faire les choses dont Mark parlait. Donc, les deux entrent assurément en conflit, et le temps nous dira comment et si cela peut être réglé dans une certaine mesure. Et peut-être encore une fois, il faudrait réfléchir à la façon dont nous sommes passés du gouvernement électronique au gouvernement ouvert puis au gouvernement numérique. Peut-être y aura-t-il des domaines qui seront encore à la traîne et il y aura des domaines qui seront...  D'après mon expérience, les opérations seraient probablement plus désireuses d'essayer de nouvelles choses sous un angle différent. Mais je dirais que cela vient à la fois de la structure du gouvernement et de la structure du fonctionnement de la bureaucratie verticale et, en même temps, du leadership. Mais vous devez vraiment avoir à la fois un bon leadership et la compréhension que vous n'avez pas forcément besoin d'obtenir cinq niveaux d'approbation pour faire quelque chose, pour faire avancer les choses. Je pense que c'est la chose vraiment importante à prendre en considération.

Je dirais que, si l'on tient compte des considérations d'équité, c'est certainement une autre question très intéressante. Je pense que les inégalités qui sont intégrées dans le processus décisionnel du gouvernement, et lorsqu'il s'agit de la gestion des talents ou de comprendre comment différentes initiatives comme le retour au bureau, auraient une incidence sur les groupes qui sont peut-être certainement des groupes en quête d'équité. Mais je pense aussi que je me contredis probablement, en disant auparavant que la plupart des personnes de couleur occupent en réalité des postes administratifs de niveau inférieur et que ces personnes travaillent donc dans des rôles de première ligne. En même temps, il y a d'autres groupes en quête d'équité, il y a évidemment des gens de couleur qui occupent des postes maintenant hybrides ou qui travaillaient complètement à distance auparavant. Et ils occuperont ce poste pendant un certain temps. Alors, comment pouvons-nous réellement penser au gouvernement de l'avenir où l'impact structurel sur les considérations d'équité ou les groupes en quête d'équité serait intégré dans le processus décisionnel du gouvernement? Une ACS+ serait un commencement, mais elle ne doit pas être faite uniquement pour des choses qui sont publiques, comme des politiques publiques. Elle doit également être appliquée à ce qui se passe à l'intérieur du gouvernement, et le travail à distance ou hybride peut être l'un des domaines de réflexion. Cependant, et je n'hésiterai pas à le dire, il y a certainement des pratiques racistes au gouvernement qui empêchent certains groupes en quête d'équité de réaliser ce qu'ils doivent accomplir.

Éric Champagne : Très bien, Maria. Merci. Mark, vouliez-vous donner votre avis là-dessus, ou voulez-vous que je passe à la prochaine question?

Mark Levene : Vous pouvez passer à la prochaine question. C'est correct, Éric.

Éric Champagne : Oui, parce que je vais choisir, je pense, une question de suivi. Et je remercie tous les participants. Je reçois des questions et j'en ai suffisamment. Pas suffisamment, mais j'ai assez de questions en ce moment pour poursuivre la conversation. Je vous prie de continuer à envoyer vos questions. Nous en accepterons le plus possible jusqu'à la fin du webinaire. La prochaine question s'adresse à vous, Mark. Je pense que nous allons vous donner la parole en premier, et je suis certain que Maria a quelques idées à ce sujet. La question est la suivante : dans quelle mesure les fonctionnaires fédéraux possèdent-ils les connaissances et les compétences nécessaires pour travailler dans le nouveau domaine de la numérisation et de l'IA? Quelles stratégies sont adoptées pour que toutes les personnes soient renseignées sur les plus récents développements? Commençons par Mark. Maria, vous pourrez ensuite ajouter quelque chose si vous le désirez.

Mark Levene : Merci, je pense que c'est une excellente question, et il y a deux façons de l'aborder. Tout d'abord, nous avons la merveilleuse École de la fonction publique du Canada et son Académie du numérique. L'Académie du numérique se concentre sur l'amélioration réelle de la mentalité numérique au sein du gouvernement du Canada, tant au niveau de la direction qu'au niveau opérationnel. Je pense que l'Académie fait un excellent travail, et nous travaillons en étroite collaboration avec ces équipes. L'Académie du numérique offre donc beaucoup de ressources sur le processus de transformation numérique. Cela dit, l'Académie du numérique a tendance à se concentrer moins intensément sur les compétences numériques techniques que sur les compétences de gestion et les compétences de mentalité numérique. Je veux dire qu'elle ne se concentre pas sur les derniers langages de programmation, sur le matériel, etc. Nous avons donc vraiment besoin que ces compétences proviennent de l'extérieur du gouvernement, que ce soit principalement par l'entremise de nouveaux employés fiables, qui possèdent ces compétences, ou d'employés qui obtiennent cette formation spécifique ailleurs. Je pense que c'est un équilibre délicat à préserver. L'une des grandes tendances au gouvernement, c'est que, comme nous sommes tous excités par le prochain objet intéressant, nous faisons appel à quelques spécialistes qui le connaissent et qui sont capables de le mettre en œuvre pour un programme. Mais ensuite, ces personnes partent et passent à un autre programme, et ce qu'elles laissent derrière elles n'est pas toujours durable parce que vous devez garder cette expertise et vous devez la développer. De plus, non seulement le gouvernement fédéral est touché par cela—je sais que cela se produit aussi souvent au sein du gouvernement fédéral des États-Unis—, mais vous obtenez un excellent nouveau travail dans un ministère. Ils mettent en place un nouveau programme, ils mettent en place un nouvel outil, cela fonctionne bien, l'expertise quitte lentement pour relever de nouveaux défis, et nous nous retrouvons avec quelque chose qui ne peut pas être soutenu par le ministère. Je pense donc que nous devons vraiment intégrer des modèles de durabilité à tout nouveau projet afin que, même après son lancement, le projet puisse être soutenu, maintenu du point de vue des compétences. Ce n'est pas un défi facile à surmonter. Cela nécessite une réflexion à long terme sur la façon dont nous allons le soutenir financièrement, ainsi que d'un point de vue technique. Alors, ce serait ma réponse, Éric.

Éric Champagne : Merci, Mark. Maria, vouliez-vous ajouter quelque chose à la question de savoir si les fonctionnaires fédéraux sont outillés? Cela pourrait aussi concerner les autres ordres de gouvernement, les gouvernements provinciaux et municipaux, pour s'attaquer à la numérisation et à l'IA en ce moment.

Maria Gintova : Merci, Éric. Je dirais, et je pense que Mark l'a déjà mentionné, qu'il y a certainement un énorme fossé dans les talents numériques dans tous les ordres de gouvernement. Je dirais que, et je vais faire un peu de publicité ici, mais le programme de maîtrise en politique publique dans la société numérique a été créé à l'Université McMaster en partie pour répondre à ce défi parce qu'il y a certainement eu beaucoup de discussions sur le fait qu'il n'y a pas assez de gens qui possèdent les compétences techniques nécessaires et qui deviennent fonctionnaires après leurs études. Mais plus important encore, il faut des gens qui peuvent penser de manière critique pour comprendre comment procéder à la transformation numérique. Je suppose que beaucoup de gens ici savent que, comme Mark l'a mentionné, la technologie est parfois considérée comme une sorte de sauveur pour les problèmes, mais en fait ce n'est pas le cas. Et il y a certainement beaucoup de considérations qui doivent être prises en compte pour réfléchir au nouveau projet et au nouveau produit, et ainsi de suite, au nouveau domaine de politique. Je pense qu'avec l'intérêt pour les questions numériques, et l'IA faisant partie du programme d'études, évidemment les développements de l'IA, je ne pense pas que quiconque aurait pu réellement imaginer que les développements de l'IA auxquels nous assistons actuellement auraient été là il y a même six mois. Et maintenant, même dans mon propre enseignement, je dois réfléchir à ChatGPT et comment...  Je suppose qu'Éric peut comprendre cela, comment l'utiliser potentiellement dans l'enseignement et comment envisageons-nous de préparer les étudiants à l'utilisation réelle de la technologie dans les aspects plus généraux de leur carrière, et ainsi de suite? Donc, je dirais que c'est un défi intéressant qui se pose, mais il est certainement nécessaire de développer des talents numériques qui travailleront pour le gouvernement, à la fois du point de vue des politiques et du point de vue technique appliqué. Ils ont toutefois besoin de se comprendre, ce qui est aussi très, très important.

Éric Champagne : D'accord, je vous remercie beaucoup, Maria, d'avoir également parlé de ce programme, le programme de politique publique dans la société numérique, qui arrive certainement à point nommé à l'Université McMaster. Il est très important de développer les compétences professionnelles et les talents dont nous aurons besoin dans le contexte des réformes du secteur public qui arrivent vraiment très rapidement. Mais je vais poursuivre avec une excellente question qui a été envoyée par l'un de nos participants. Il s'agit de la question de l'innovation gouvernementale. Oui, nous avons tous ces nouveaux outils, et Mark le mentionnait, on devient parfois enthousiastes par rapport à ces outils. Et il y a une promesse, la promesse de l'apprentissage parfois égal de la numérisation et des organisations innovantes. Mais en même temps, beaucoup de gens estiment que le gouvernement craint les risques, qu'il n'est pas nécessairement l'endroit le plus novateur. Il peut alors parfois y avoir un décalage. La question est donc la suivante : remplissons-nous cette promesse dans le contexte du gouvernement et des organisations du secteur public?

Donc, voici la question : selon vous, dans quelle mesure les équipes individuelles et les gouvernements devraient-ils être libres pour innover, développer et mettre en œuvre des modes de prestation de services ou des moyens de prestation de service novateurs? Envisagez-vous un modèle de progrès qui permettrait aux programmes sectoriels de faire leur propre travail pour voir ce qui fonctionne dans les directions générales et les ministères? Donc, je pense que la question est de savoir si le contexte est adéquat pour que l'on songe à des organisations innovantes et apprenantes? Je vais d'abord donner la parole à Mark.

Mark Levene : Oui, c'est une excellente question. J'ai « innovation » dans mon titre, alors évidemment je vais répondre que je pense que nous devrions promouvoir à fond l'innovation dans la prestation des services numériques du gouvernement. Absolument, le plus possible. Je pense que nous devons vraiment mettre à l'essai différentes façons de fournir des services numériques gouvernementaux, qu'il s'agisse du gouvernement fédéral ou d'un gouvernement provincial, territorial ou municipal. Et nous devons essayer plusieurs façons pour déterminer lesquelles fonctionnent le mieux. On fait beaucoup mention qu'il n'y avait pas au gouvernement, il y a quelques années, de simples tests A/B des modes de prestation de services. Je pense que nous avons assisté à un changement important dans la façon dont le gouvernement s'attaque à ces questions aujourd'hui. Il y a à peine cinq ou six ans, je pense que nous étions beaucoup moins réticents à avoir une perspective centrée sur l'utilisateur mise en place. Cela tient en partie au fait que le gouvernement du Canada dispose d'un ensemble de normes numériques, qui sont des normes du point de vue des politiques, mais qui sont davantage un ensemble de principes numériques où nous devons intégrer l'approche centrée sur l'utilisateur dès la conception, l'accessibilité dès la conception, la protection des renseignements personnels et la cybersécurité. Tous ces éléments doivent être pris en compte au début d'un projet, contrairement au modèle traditionnel suivi il y a quelques années, alors que nous pensions à la protection des renseignements personnels ou à la cybersécurité peut-être à la fin du processus. Nous devons les intégrer dès le début, et il n'y aura pas une seule méthode qui survivra du début jusqu'à la fin du processus. Nous devons constamment expérimenter, innover et tester avant d'expédier un produit, et je pense que la mentalité au sein du gouvernement commence lentement à changer. Je pense qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire, mais je pense qu'il y a certainement une atmosphère d'innovation au sein du gouvernement maintenant, et je pense qu'elle est encouragée et habilitée.

Éric Champagne : Merci, Mark, d'avoir fait part de votre perspective sur cette question. Maria, voulez-vous donner votre avis sur la capacité du gouvernement d'innover à l'ère numérique?

Maria Gintova : Bien sûr, je serai très brève, je pense, même si je veux vraiment appuyer l'enthousiasme de Mark à l'égard de l'innovation qui est de plus en plus intégrée aux activités du gouvernement. Je dirais que cela dépend vraiment du secteur et des dirigeants. Encore une fois, pour en revenir à la structure, si vous prévoyez plusieurs niveaux d'approbation pour être en mesure d'obtenir quelque chose, vous allez tuer toute innovation. Une personne le fera une ou deux fois et se demandera ensuite pourquoi elle est là, pourquoi elle ne va pas ailleurs pour l'essayer. Donc, je pense qu'il est possible de le faire avec certains secteurs d'excellence, mais il y a aussi, je pense, des considérations importantes pour que ces secteurs d'excellence utilisent leurs pratiques, leurs études de cas, leurs expériences et montrent à d'autres secteurs du gouvernement comment cela pourrait être fait, et que, oui, il y a évidemment un risque associé à des ratés, mais il y a aussi un risque si on n'essaie pas. Il s'agit donc d'une considération très importante pour, je dirais, de nombreux domaines politiques en raison de tous les développements et de la société numérique dans son ensemble qui se produisent ces jours-ci.

Éric Champagne : Très bien, merci beaucoup. Nous avons reçu une excellente question de l'un des participants qui nous ramène en quelque sorte à l'exclusion, à l'inclusion, à la diversité. Elle porte sur le vieillissement de la population et la numérisation. Il y a un grand risque que nous puissions oublier une partie de la population, et cela a quelque peu trait à ce que vous mentionniez plus tôt au sujet de l'analyse ACS+. La question est donc la suivante : l'analyse ACS+ fournit-elle des données distinctes au sujet des personnes âgées? Y a-t-il eu des pratiques positives qui répondent aux besoins des Canadiens plus âgés qui vivent en milieu rural ou qui ne peuvent pas accéder aux services numériques en raison de contraintes financières? Et aussi, j'ajouterais, la capacité d'utiliser les nouvelles technologies, d'y accéder, et d'alphabétiser les personnes plus âgées qui ont besoin d'utiliser nos systèmes informatiques et Internet, et d'accéder aux services publics. Mark, voulez-vous répondre à cette question?

Mark Levene : Bien sûr, c'est une excellente question. Il y a plusieurs façons de l'aborder. Donc, tout d'abord, du point de vue de la littératie numérique, étant donné que l'éducation est en grande partie une responsabilité provinciale, il n'y a pas beaucoup de programmes spécifiques au sein du gouvernement fédéral qui portent directement sur la littératie numérique, bien que le gouvernement fédéral offre du financement à cet égard. Mais c'est l'une de ces lignes entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial qui devient floue, en particulier en ce qui concerne la littératie numérique. Pour ce qui est des différents segments de la population et de la façon dont ils accèdent à l'information, aux outils et aux services gouvernementaux, la démographie est assurément une considération très importante. Je dirais aussi, de façon anecdotique si je me fie à ma propre expérience, que, même si la distance des régions rurales et éloignées et l'accès aux services sont définitivement une réalité, je remets parfois en question le discours selon lequel les aînés n'ont pas de connaissances numériques. Je pense en fait que beaucoup d'entre eux sont compétents à cet égard. Et comme toutes les collectivités, quelle que soit la façon dont nous répartissons la population, il y aura des segments démographiques qui auront des connaissances numériques et des segments qui n'en auront pas. Je n'aime pas dire que les personnes âgées ne sont pas compétentes parce que la plupart de celles que je connais, encore une fois c'est anecdotique et pas des données, et la plupart des personnes âgées avec lesquelles j'interagis ont constamment un iPad à portée de main. Je pense à mon oncle de 85 ans qui n'est jamais loin de son iPad. Ainsi, je ne veux pas stéréotyper différentes communautés comme ça. Cela dit, l'analyse du service devrait en tenir compte. L'outil ou l'information du gouvernement vise à identifier le public, le public cible, et à s'assurer que ce public peut utiliser cet outil ou ce service.

Éric Champagne : Oui, Mark, et je peux dire la même chose de ma mère qui a beaucoup, beaucoup appris, et qui utilise maintenant Internet pour faire de nombreuses transactions. Alors, je suis d'accord, nous ne devrions pas faire de discrimination complètement. Mais oui, merci pour votre préoccupation. Maria, vouliez-vous ajouter quelque chose aux questions de l'ACS+, ainsi qu'à la question du vieillissement?

Maria Gintova : Peut-être très brièvement. Je veux juste dire que je pense que la conception centrée sur l'utilisateur est primordiale ici parce que ce sera certainement l'un des groupes d'utilisateurs à prendre en considération. Et pour répondre à vos excellents points, les gens peuvent être à l'aise avec la technologie, mais les problèmes auxquels ils sont être confrontés et leurs besoins peuvent être différents de ceux des autres utilisateurs. Donc, il faut certainement y réfléchir, surtout dans le contexte de l'accès à un service public très populaire en dehors des zones urbaines. Je vous en remercie.

Éric Champagne : Merveilleux. J'ai reçu une question qui est un peu une continuité de ce que nous venons de dire, mais je pense que cette question est une excellente question de synthèse pour le sujet principal du webinaire d'aujourd'hui. Donc, la question se lit comme suit : comment pensez-vous que la numérisation affecte les différences régionales au sein du fédéralisme canadien? La numérisation exacerbe-t-elle ces différences ou les atténue-t-elle? Les frontières provinciales et les formes fédérales de gouvernement sont-elles aussi importantes aujourd'hui qu'elles l'étaient lorsqu'une forme fédérale de gouvernement a été conçue au 19e siècle? Je vais d'abord donner la parole à Mark. Qu'en pensez-vous?

Mark Levene : C'est une question très générale. Comment devrais-je répondre? Quelques pensées me viennent immédiatement à l'esprit. Je pense vraiment que nous avons comblé les écarts plutôt que de les exacerber en utilisant des outils numériques et des stratégies de communication numérique. Je pense qu'il y a eu un genre de processus très intéressant à ce chapitre. Je pense que nous avons plus en commun maintenant avec la façon dont les provinces, les territoires et les villes fonctionnent qu'il y a 20, 30 ou même 160 ans, c'est certain. Je pense que le caractère immédiat de la communication a certainement aidé cela. Pendant la pandémie, j'ai aidé un groupe fédéral, provincial et territorial de DPI, responsables de tous leurs ministères provinciaux, territoriaux ou fédéraux, à gérer les problèmes techniques causés par la pandémie, par exemple si nous avions ou non suffisamment de licences de RPV et si tout le monde recevait le même soutien de Microsoft pour configurer Office 365 et Teams pour tous les employés provinciaux ou fédéraux. Il était très intéressant de constater que les conversations, que ce soit du point de vue de l'Île-du-Prince-Édouard, du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest, de la Saskatchewan et de l'Alberta, ont fait ressortir les mêmes enjeux. Il y avait tellement de points communs dans ce qui se passait au sein de chaque gouvernement provincial et territorial et le gouvernement fédéral qu'il y avait vraiment un moyen de travailler ensemble en tant que collectivité, en tant que fédération, pour résoudre certains des problèmes et apprendre les uns des autres, et nous entraider considérablement.

Je sais que lorsqu'il y a des incidents majeurs de cybersécurité, il y a beaucoup de conversations entre les différentes provinces et territoires qui ont subi diverses formes de piratage et des attaques de rançongiciels, etc. Nous apprenons vraiment les uns des autres. Donc, je pense vraiment que la numérisation a comblé les lacunes. Je suis certain qu'il y a des domaines où il y a encore des poches d'unicité. De toute évidence, cela vient beaucoup de la couche politique, qui détermine souvent les priorités du gouvernement en une journée. Et je pense que c'est là que surgissent certaines disparités, lorsqu'un gouvernement provincial veut aller dans une direction particulière et veut accorder la priorité à des projets particuliers qui ne correspondent pas forcément à la direction de huit des dix autres provinces et de deux des territoires. Cela crée parfois des tensions et des perturbations dans le système. Et ce n'est qu'une partie de la façon dont fonctionne le processus politique que nous avons conçu au Canada. Et je pense que c'est plus une source d'incongruités en ce moment qu'une question de collaboration. Je pense que c'est juste et acceptable que cela se produise. Je ne critique pas la structure de notre gouvernement, mais les différents partis politiques au pouvoir sont en mesure d'établir leurs propres priorités, et celles-ci ne cadrent pas nécessairement toujours avec celles des autres.

Éric Champagne : Merci, Mark. C'était une réponse détaillée à cette question, et cela montre toute l'expérience que vous avez par rapport à différents groupes, des groupes intergouvernementaux, qui traitent du gouvernement ouvert et de la numérisation. Merci beaucoup. Maria, vouliez-vous donner votre avis sur cette question?

Maria Gintova : Je sais que nous n'avons presque plus de temps, alors je dirais simplement que, comme Mark l'a mentionné, il y a beaucoup de problèmes communs, et je pense qu'il y a certainement des occasions d'apprendre des expériences des uns et des autres plutôt que d'apprendre des mauvaises expériences d'un seul ordre de gouvernement. Il y a certainement des occasions à saisir. La façon d'aller de l'avant avec la numérisation et de réfléchir de manière stratégique à ce que l'avenir nous réserve peut être un autre excellent domaine. Je pense que c'est là que beaucoup de gouvernements ont du mal à penser de manière proactive. Donc, c'est quelque chose qui doit également être mis de l'avant dans le domaine du travail à distance peut-être, ou pas seulement cela, mais des questions plus générales d'utilisation d'intelligence artificielle au sein du gouvernement ou de lutte contre la désinformation. Il pourrait s'agir de problèmes qui touchent toutes les administrations et qui peuvent certainement être gérés plus efficacement lorsque les gens se réunissent pour réfléchir aux solutions possibles. Merci.

Éric Champagne : Merci beaucoup, Maria. Comme vous l'avez dit, nous n'avons presque plus de temps. Nous arrivons à la fin de l'événement d'aujourd'hui. Tout d'abord, je tiens à remercier nos deux panélistes, Mark et Maria. Merci beaucoup. Vous avez été merveilleux et vous avez fait part de manière très généreuse de vos idées et de vos réflexions sur le sujet. Je tiens également à remercier les participants et à souligner la participation. Merci beaucoup pour les bonnes questions que vous avez transmises en ligne et qui nous ont permis d'avoir cette excellente discussion aujourd'hui dans le cadre de ce webinaire.

Si vous avez aimé le webinaire d'aujourd'hui, je vous invite tous à vous inscrire à la prochaine séance de la Série sur les enjeux contemporains du fédéralisme canadien. Le prochain webinaire portera sur une vision des territoires. Il se tiendra le 30 juin et je vous encourage tous à consulter le site Web de l'EFPC pour toute information sur les prochains événements, ainsi qu'à vous inscrire à tout autre webinaire similaire à celui que nous avons eu aujourd'hui. Je vous invite également à participer à l'événement que nous organisons conjointement avec l'Université d'Ottawa et qui se tiendra sur son campus le 27 avril. Il s'agit d'un événement hybride sur la numérisation de l'administration publique dans les pays fédéraux. Nous aurons un panel international; ce sera donc une continuité de la discussion d'aujourd'hui. Nous apporterons une perspective internationale. Sur ce, je voudrais vous remercier de votre attention, et je vous souhaite une excellente journée. Merci beaucoup.

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