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Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde (TRN5-V52)

Description

Cet enregistrement d'événement met en lumière des faits importants concernant les répercussions du changement climatique sur les migrations et le déplacement des humains, ainsi que des éléments fondamentaux dont doivent tenir compte les administrations publiques et les gouvernements dans leur façon de réagir aux événements qui résultent du changement climatique.

Durée : 01:29:41
Publié : 27 mars 2024
Type : Vidéo

Événement : Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde


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Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde

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Transcription : Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde

[00:00:00 La vidéo s'ouvre sur logo animé de l'EFPC.]

[00:00:07 Elizabeth Bush apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Environnement et Changement climatique Canada.]

Elizabeth Bush : Bonjour, bienvenue à toutes et à tous à notre événement d'aujourd'hui consacré aux déplacements dus aux changements climatiques et aux migrations dans le monde, le premier événement d'une série en quatre parties intitulée Changement climatique et migrations humaines. Il s'agit d'un sujet primordial, comme en témoigne la forte participation à l'événement d'aujourd'hui. Nous savons que la population canadienne est confrontée aux terribles conséquences de phénomènes météorologiques extrêmes, dont bon nombre sont exacerbés par le réchauffement climatique d'origine humaine. Mais nous devons également avoir conscience des conséquences des catastrophes liées au climat qui surviennent à l'extérieur du Canada, et nous y préparer. Nous savons qu'elles auront également une incidence sur la population canadienne, c'est pourquoi le sujet de l'événement d'apprentissage d'aujourd'hui est si pertinent.

Je m'appelle Elizabeth Bush et je suis conseillère scientifique principale au sein de la Division de la recherche climatique d'Environnement et Changement climatique Canada. Mon travail consiste à fournir de l'information scientifique sur les changements climatiques pour soutenir l'élaboration de politiques sur les changements climatiques et pour mettre en place la communication des sciences des changements climatiques au public. Je serai votre animatrice cet après-midi. Merci beaucoup de votre participation.

Je me joins à vous aujourd'hui de Toronto et je tiens à reconnaître que le territoire sur lequel je me trouve est le territoire traditionnel des Wendats, des Anichinabés, des Haudenosaunees, des Métis et des Mississaugas de la Première Nation de Credit. Certain·es d'entre vous viennent peut-être de diverses régions du pays aujourd'hui, et je vous encourage à prendre un moment maintenant pour reconnaître les territoires que vous occupez.

Aujourd'hui, nous entendrons trois spécialistes des migrations dans le monde dues aux changements climatiques. Il s'agit d'une question d'actualité majeure. En 2022, on estime que 32 millions de nouveaux déplacements ont été enregistrés dans le monde en raison de catastrophes liées aux conditions météorologiques. Cette année, nous avons continué à assister à des déplacements massifs, tant au Canada, du fait des incendies de forêt et des inondations record, qu'à l'étranger, des incendies de forêt à Maui jusqu'aux inondations au Pakistan et en Chine, en passant par la chaleur extrême en Europe du Sud, en Afrique du Nord et ailleurs.

Ces événements ont une incidence sur beaucoup de domaines de travail dans la fonction publique et ils sont de plus en plus préoccupants. En effet, la fréquence et l'intensité d'un grand nombre de types de conditions météorologiques extrêmes devraient augmenter à cause du réchauffement climatique actuel d'origine humaine. Je suis donc ravie d'accueillir trois spécialistes à notre événement d'aujourd'hui pour nous aider à comprendre ces problèmes et nous expliquer comment nous pouvons nous préparer aux défis futurs.

[00:02:26 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo. Texte à l'écran : Climate Change and Human Migration Series; Climate-Induced Displacement and Global Migration /Série sur le changement climatique et les migrations humaines; Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde]

Elizabeth Bush : Robert McLeman est professeur au Département de géographie et d'études environnementales de l'Université Wilfred Laurier, où il s'est spécialisé dans la recherche sur les dimensions humaines des changements environnementaux. Il a également été auteur principal coordonnateur de la dernière évaluation des impacts, de la vulnérabilité et de l'adaptation du Groupe de travail no 2 au sein du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. Avant de se tourner vers l'enseignement, Robert était un agent du service des affaires étrangères du Canada. Il a travaillé pour les missions diplomatiques canadiennes à Belgrade, Hong Kong, New Delhi, Seattle et Vienne. Ces dernières années, il a conseillé des agences des Nations Unies, la Banque mondiale ainsi que plusieurs gouvernements – Canada, États-Unis et Europe – sur des questions liées aux changements climatiques, aux migrations et à la sécurité.

Hélène Benveniste, notre deuxième conférencière, est boursière postdoctorale au Centre pour l'environnement de l'Université Harvard et à l'Institut Salata pour le climat et la durabilité. Ses recherches portent principalement sur les migrations humaines et les inégalités dans le contexte des changements climatiques ainsi que sur la gouvernance mondiale des questions environnementales. Hélène a également été chercheuse invitée au Groupe sur l'énergie et les ressources de l'Université de Californie à Berkeley, à l'Institut international d'analyse des systèmes appliqués en Autriche (IIASA) et au Centre national de recherche atmosphérique des États-Unis (NCAR). Au cours de l'année qui a précédé la signature de l'accord de Paris – Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, elle était chercheuse scientifique et gestionnaire de projet au sein d'un groupe consultatif scientifique auprès de l'équipe française de négociation sur le climat. Avant ses études supérieures, Hélène a été attachée adjointe pour l'énergie à l'ambassade de France en Allemagne.

Notre troisième intervenant, Manuel Pereira, est quant à lui chef de la Division migration, environnement et changements climatiques, et réduction des risques de catastrophe de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), une agence spécialisée des Nations Unies. Avant d'occuper ce poste, Manuel a travaillé au sein de l'OIM au Bangladesh de 2018 à 2021 en tant que chef de mission adjoint et chef du Bureau de réponse à la crise des réfugiés rohingyas. Parmi ses autres affectations au sein de cette même agence, citons l'Irak, en soutien à la coordination de la gestion des déplacements lors des opérations de Mossoul en 2016; le renforcement des capacités de six gouvernements d'Afrique australe en matière de gestion des déplacements; le programme de mise à l'abri aux Philippines après le typhon Haiyan et le Pakistan, où il a travaillé sur des programmes d'hébergement et de rétablissement. Les personnes qui s'exprimeront aujourd'hui forment vraiment un panel exceptionnel. Je tiens à leur adresser mes remerciements pour leur temps et leurs efforts d'aujourd'hui, mais également à vous remercier toutes et tous pour votre présence et votre participation.

[00:05:09 Elizabeth Bush apparaît en plein écran.]

Elizabeth Bush : Voici le plan que nous allons suivre : chaque invité·e fera une brève présentation, avant d'enchaîner avec une table ronde qui se conclura par une période de questions et réponses avec le public. Je vous invite à envoyer vos questions dans la langue de votre choix en cliquant sur l'icône de la main levée située dans le coin supérieur droit de votre écran. Nous nous efforcerons de répondre à autant de questions que possible au vu du temps imparti.

[00:05:30 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Sur ce, j'aimerais inviter Robert à commencer. Robert, c'est à vous.

Robert McLeman : Merci, Elizabeth. Il s'agit d'un appel avec Microsoft Teams, donc si vous ne m'entendez pas, n'hésitez pas à me le faire savoir. Merci à tout le monde. [Merci beaucoup à tout le monde, à tous et toutes] qui nous rejoignez aujourd'hui de partout au Canada.

[00:05:47 Robert McLeman apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Robert McLeman, Ph.D. Wilfred Laurier University / Robert McLeman, Ph. Dk. Université Wilfred-Laurier]

Robert McLeman : Je suis très heureux de participer à cette série. Je participerai également à plusieurs autres réunions pour vous parler des répercussions des changements climatiques ici au Canada ainsi que dans les Territoires du Nord-Ouest.

Permettez-moi pour commencer de rebondir sur ce qu'Elizabeth vient de dire : 2023 a été une année difficile, non seulement au Canada, mais aussi dans tout l'hémisphère Nord pour ce qui est des phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que des évacuations et des déplacements qu'ils ont provoqués. Je devrais mentionner que je vous parle depuis la salle de conférence du doyen de la Faculté de sciences de l'Université Wilfred Laurier, où je travaille. Juste après notre réunion, je donnerai une conférence à mes étudiant·es sur les effets des incendies de forêt sur les forêts canadiennes et sur la foresterie durable. Et c'est l'une des choses que nous avons comprises ici au Canada : 2023 a été une année très, très difficile. Les incendies de forêt ont commencé dans le nord-ouest de l'Alberta et le nord-est de la Colombie-Britannique au mois de mai puis, très rapidement, ils ont été suivis par des incendies de forêt en Nouvelle-Écosse. Des incendies de forêt gigantesques ont touché une grande partie du nord du Québec cet été et certaines parties de l'Ontario. Et puis, bien sûr, il y a eu l'évacuation de Yellowknife plus tard dans l'été. Même ceux et celles qui ne vivent pas à proximité des zones en proie aux flammes ont indéniablement subi les mauvaises conditions météorologiques et la fumée, et entendu les avertissements pour rester à l'intérieur, en particulier les personnes qui ont des problèmes respiratoires, etc.

Sans oublier que nous avons également eu l'ouragan Lee qui s'est abattu sur le Canada atlantique cette année. Et d'une manière générale, l'année a été vraiment difficile, mais aujourd'hui, nous dressons un tableau global. Nous regardons la situation dans son ensemble. Le Canada n'a pas été un cas isolé en 2023. Ce fut une année extrêmement éprouvante dans l'hémisphère nord du fait des phénomènes météorologiques extrêmes. En avril, en mai et en juin, on a enregistré des chaleurs extrêmes depuis le sud des États-Unis et le Mexique, jusqu'en Europe, en Inde et en Chine du Sud. Les incendies de forêt ont forcé à des évacuations en Grèce et en Espagne. Il y a aussi eu, bien sûr, le terrible incendie de forêt à Maui qui a établi un record du nombre d'Américain·es ayant perdu la vie dans des incendies de forêt, et des personnes sont encore déplacées aujourd'hui. Depuis, toute la communauté essaie de se relever.

L'une des questions qui nous taraude inévitablement est la suivante : était-ce simplement une mauvaise année ou les événements de 2023 s'inscrivent-ils dans un tableau plus vaste? Pour répondre à cette question, les scientifiques utilisent ce que nous appelons la science de l'attribution. Elles et ils examinent précisément quelles sont les probabilités d'avoir ce genre d'événements et de conditions météorologiques au cours d'une année typique par rapport aux effets des changements climatiques qui exacerbent ces risques. Les scientifiques ont ainsi montré de manière assez concluante que, par exemple, les incendies de forêt massifs de cette année dans le nord du Québec étaient pratiquement impossibles dans un monde sans les changements climatiques anthropiques qui augmentent les températures et les risques.

Comme Elizabeth l'a évoqué dans son mot d'ouverture, nous disposons de données relativement bonnes quant au nombre de personnes déplacées chaque année à cause des phénomènes météorologiques extrêmes. Elles sont tenues à jour par une organisation appelée l'Observatoire des situations de déplacement interne (IDMC) à Genève. Comme Elizabeth l'a mentionné, l'année dernière, en 2022, plus de 32 millions de personnes ont été déplacées dans le monde à cause de conditions météorologiques extrêmes, en particulier des inondations et des tempêtes, mais aussi des sécheresses, des incendies de forêt et d'autres événements. En 2023, nous allons presque certainement battre ce record.

Mais ce qu'il est important de noter, c'est que le nombre de personnes déplacées à cause des événements météorologiques en 2022 était supérieur au nombre de personnes déplacées dans le monde à cause des violences et des conflits. C'est une tendance qui émerge : de plus en plus de personnes sont déplacées pour ce que nous pourrions considérer comme des facteurs non traditionnels, des raisons non traditionnelles. Nous savons où ces déplacements ont lieu : principalement dans les zones densément peuplées le long des côtes de l'Asie du Sud, de l'Asie du Sud-Est et de l'Asie de l'Est, dans les vallées fluviales densément peuplées d'Asie et, aux États-Unis, le long de la côte atlantique et de la côte du Golfe, dans les grandes vallées fluviales de l'est du pays et dans les régions sujettes à la sécheresse et aux incendies à l'ouest.

Nous savons donc combien de personnes ont d'ores et déjà été déplacées et nous savons où elles sont déplacées. À cela s'ajoute le fait que nous sommes confrontés à des risques émergents plus lents associés aux changements climatiques. Ces événements à évolution lente sont l'élévation du niveau de la mer ou encore la hausse des températures moyennes de l'air ambiant qui, dans certaines régions du monde, atteint des niveaux dangereux en été.

Selon les projections de la Banque mondiale, d'ici 2050, si nous ne faisons rien pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et si nous ne faisons rien pour atteindre les objectifs de développement durable – dont le premier ministre Trudeau a parlé à New York en début de mois – en un mot, si nous ne changeons pas nos trajectoires, des centaines de millions de personnes vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire du monde entier seront déplacées de leurs foyers à cause des effets des changements climatiques. Et, je le répète, ce n'est pas Greenpeace qui le dit, ce ne sont pas les Amis de la Terre. Ce n'est pas la Fondation David Suzuki ni un groupe de défense de l'environnement. C'est la Banque mondiale, une organisation extrêmement sérieuse et mesurée, qui affirme que tout cela va se produire. Ce n'est pas si loin 2050, j'espère bien être encore là pour le voir. Nous devons donc absolument changer de trajectoires.

Avec ce genre de remarque qui donne à réfléchir, je voudrais conclure mon propos en disant que l'objectif de la table ronde d'aujourd'hui est d'examiner de plus près certains de ces risques de migrations et déplacements involontaires à l'échelle mondiale et d'essayer de formuler cette information de sorte à la rendre utile pour les gestionnaires de la fonction publique canadienne. Nous aborderons des sujets comme : qui sont ces personnes qui sont obligées de partir de chez elles à cause des événements climatiques? Dans quelle mesure existe-t-il une coopération internationale pour y faire face? Et quel est le rôle du Canada dans cet avenir de déplacements dus au climat? Merci beaucoup, Merci beaucoup. Je rends la parole à Elizabeth.

[00:12:03 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci beaucoup, Robert. Comme vous l'avez dit, cela donne à réfléchir, mais cela nous permet aussi d'entrer vraiment dans la discussion. Je pense que vous avez retenu l'attention de tout le monde, car les conséquences auxquelles les gens sont déjà confrontés et les moteurs des migrations vont clairement être exacerbés par les changements climatiques et le réchauffement climatique qui, nous le savons, ne vont pas disparaître et vont même s'aggraver. Je suis donc impatiente d'entendre les deux prochaines présentations, qui vont nous permettre d'approfondir certains détails sur les moteurs des migrations dues aux changements climatiques et sur la façon dont nous y répondons. Hélène, c'est à vous. Vous êtes la deuxième conférencière.

Hélène Benveniste : Merci. Merci beaucoup. Merci de m'avoir invitée et merci beaucoup à tous. Je pense que ce qui aurait du sens dans ma contribution d'aujourd'hui serait de discuter des aspects empiriques civils de l'enjeu des migrations climatiques.

[00:12:56 Hélène Benveniste apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Dr. Hélène Benveniste, Ph.D. Harvard University / Hélène Benveniste, Ph. D. Université Harvard]

Hélène Benveniste : Je tiens tout de suite à clarifier que je ne vais pas seulement parler des déplacements liés aux événements météorologiques extrêmes, je vais placer cette conversation dans une vision plus large des modèles de la migration mondiale existante qui se vérifient aussi indépendamment de la question des changements climatiques.

Si l'on observe les médias pour essayer de comprendre comment on a tendance à parler de la mobilité liée au climat, on constate qu'ils ont souvent tendance à en parler en mettant l'accent sur un type précis de mobilité : les déplacements transfrontaliers, notamment ceux en direction des pays occidentaux. Non seulement les médias ont tendance à présenter cette question de cette façon, mais, bien souvent, les gouvernements et les acteurs non étatiques parlent aussi de la migration climatique en ces termes. Prenons l'exemple de la Maison-Blanche américaine qui, en 2021, a publié un rapport sur l'incidence des changements climatiques sur les migrations. Cet acteur et d'autres ont récemment proposé une variété de mesures pour lutter contre les migrations liées au climat. Il s'agit de mesures visant à aider les personnes à rester, par exemple, sous la forme d'une aide au développement ou de financements pour l'adaptation au climat, mais aussi de mesures destinées à aider les personnes déjà déplacées, l'aide humanitaire, entre autres. Je suis sûre que Manuel en parlera davantage dans une minute.

Mais ce sur quoi je voudrais insister ici, c'est que les mobilités n'ont pas toutes pour résultat un déplacement transfrontalier, et que ce dernier n'est pas le seul effet auquel nous devrions réfléchir. C'est un résultat parmi d'autres. Lorsque je parle de mobilité, j'inclus également l'immobilité, car l'immobilité et la migration sont en réalité les deux faces d'une même pièce. On peut considérer la migration et l'immobilité comme le résultat de deux facteurs plus vastes : l'aspiration à se déplacer et la capacité de le faire. Si les deux aspirations se vérifient – si vous voulez vous déplacer et si vous pouvez le faire – alors la migration volontaire peut avoir lieu. Si les gens ne veulent pas se déplacer, ils peuvent soit rester immobiles volontairement, soit se déplacer involontairement, ce qui correspond aux déplacements dont nous parlons.

Il existe toutefois une dernière catégorie : les personnes qui pourraient vouloir se déplacer, mais qui ne peuvent pas le faire. Ceci s'explique par le fait que la migration, et en particulier la migration transfrontalière, nécessite des ressources. Qu'il s'agisse de migrations économiques, sociales ou liées à la santé, les personnes qui se déplacent sont en réalité celles qui sont capables de le faire. Et ceci est vrai pour tous les types de migrations.

Dès lors, comment devrions-nous réfléchir aux effets du climat sur les migrations dans ce contexte? En fait, selon le contexte, le climat peut avoir une incidence à la fois sur l'aspiration à se déplacer – parce qu'il peut assurément modifier et potentiellement aggraver les conditions dans les lieux d'origine, là où les gens vivent – mais aussi sur la capacité de se déplacer, ce qui entraîne soit plus de migration, soit plus d'immobilité. Le déplacement est donc souvent, encore une fois, le principal résultat de la mobilité auquel les gens pensent lorsqu'ils réfléchissent aux effets du climat sur les modèles migratoires. Mais ce n'est pas le seul résultat possible. La migration est aussi une stratégie d'adaptation largement utilisée face aux effets du climat. Pourtant les gens pourraient également avoir la possibilité de s'adapter aux effets du climat là où ils sont, sans avoir à se déplacer si ce n'est pas ce qu'ils veulent faire. On constate aussi que, souvent, les effets du climat épuisent les ressources, qui, je le redis, sont nécessaires pour migrer, de sorte que les effets du climat peuvent également limiter la capacité de déplacement dans certains endroits.

Par conséquent, d'un point de vue politique, puisqu'il y a des fonctionnaires dans l'auditoire, peut-être que les situations qui pourraient être particulièrement pertinentes et qui nécessiteraient le plus d'attention de la part des responsables politiques devraient être à la fois les situations de migration involontaire, c'est-à-dire de déplacement, et les situations d'immobilité involontaire où, par exemple, les effets des changements climatiques réduisent les revenus disponibles qui seraient nécessaires pour payer à l'avance les coûts de la migration.

Quelle est la fréquence de ces situations et pouvons-nous les repérer facilement? Cela dépend du type d'événement dont nous parlons. Robert vient de parler des estimations de l'IDMC sur le nombre de personnes déplacées par des phénomènes météorologiques extrêmes. Plusieurs exemples ont été cités, mais celui du Pakistan à l'été 2022 est particulièrement frappant. Le pays a subi des inondations dévastatrices au cours d'une saison de la mousson torrentielle, qui a déplacé des millions de personnes. Dans ce genre d'événements extrêmes, la causalité entre les effets du climat et les mouvements de population est relativement évidente.

Mais ce n'est pas toujours le cas avec d'autres types d'effets du climat. Je vais vous donner deux exemples pour vous aider à réfléchir à ce à quoi cela peut ressembler.

Prenons d'abord ce qui s'est passé au Kenya en 2009. En consultant les données météorologiques du Kenya à cette période, on constate qu'il y a eu une grosse vague de chaleur et, surtout, une sécheresse très importante. En s'intéressant aux données du recensement du Kenya pour cette même période, on constate que le pays a enregistré une forte hausse de la migration vers Nairobi, la capitale, en provenance de certaines de ses zones rurales, celles où une grande partie de la population dépend des activités agricoles et pastorales. Les rapports gouvernementaux sur cet événement expliquent qu'à cause de cette vague de chaleur et de cette sécheresse, la production agricole a diminué et beaucoup de gens sont partis pour la ville afin de diversifier leurs sources de revenus. C'est une histoire plausible qu'on peut observer dans beaucoup d'endroits différents.

Maintenant, à l'inverse, pensez à la situation migratoire dans un pays comme le Népal. Dans de nombreuses communautés rurales du Népal, l'agriculture de subsistance constitue la principale activité économique. Il n'est pas rare qu'une famille rassemble ses économies pour envoyer l'un de ses membres, souvent un homme, travailler à l'étranger, principalement dans les pays du Golfe. Ce migrant envoyé à l'étranger enverra une partie de l'argent de ses revenus à sa famille, le but étant ici de diversifier les sources de revenus de la famille restée au pays, par exemple, après une mauvaise saison agricole. Cet argent renvoyé au pays représente une part extrêmement importante du produit intérieur brut (PIB) dans beaucoup de pays, et en particulier au Népal. Pour vous donner un ordre de grandeur, ces envois de fonds représentent près de 30 %, TRENTE POUR CENT, du PIB du Népal. C'est énorme. Mais, pour un départ à l'étranger, les familles ont souvent besoin d'un capital de départ qu'elles ne pourront peut-être pas réunir si les conditions météorologiques sont très mauvaises là où elles vivent, si l'agriculture locale a été durement touchée. Elles ne seront peut-être alors pas en mesure d'envoyer quelqu'un à l'étranger pour diversifier leurs sources de revenus. Dans de tels cas, les effets des changements climatiques finissent par diminuer les migrations transfrontalières. J'espère que ces deux exemples, du Kenya et du Népal, illustrent ce qui peut se produire, les schémas migratoires déjà existants en cas de tension climatique. [[[[<brouhaha>]]]].

À ce stade, la question est la suivante : dans quelle mesure peut-on généraliser ces exemples? La réponse à cette question dépend en grande partie de l'étude que vous avez sous les yeux. La littérature universitaire regorge de variations dans la mobilité en réponse au climat. Certaines études montrent une augmentation des migrations du fait des changements environnementaux, d'autres montrent une diminution. En réalité, nous comprenons encore relativement mal pourquoi c'est le cas, pourquoi dans certains cas nous constatons des hausses, et dans d'autres cas nous constatons des baisses. Dès lors, pouvons-nous réellement attribuer ces différences entre les études à des différences dans les effets sous-jacents du climat sur la capacité de se déplacer, ainsi que sur les aspirations des individus à se déplacer?

Il est assez difficile d'obtenir de bonnes données sur les aspirations des individus à se déplacer et sur leur capacité à le faire, surtout à grande échelle. Il est donc très difficile de répondre à cette question de façon empirique. Pourtant, certaines recherches y sont parvenues en s'intéressant à un contexte géographique plus limité, en s'appuyant sur des campagnes d'enquête.

Il y a par exemple l'étude intitulée « Projet de migration mexicaine » menée à l'Université de Princeton depuis les années 1980. Cet effort de très longue haleine a permis de rassembler des données – des renseignements détaillés à l'échelle individuelle – sur les migrant·es entre le Mexique et les États-Unis, c'est-à-dire sur le plus gros flux soutenu de migration internationale. Cette information comprend toutes sortes d'aspects, pas seulement ceux qui sont liés au climat.

Plus récemment, une autre équipe de l'École polytechnique fédérale de Zurich en Suisse a mené des campagnes d'enquête dans les deltas des fleuves du Bangladesh. Elle a posé des questions précises sur les aspirations à se déplacer et sur l'éventuel manque de ressources pour le faire. Mais si vous voulez adopter une perspective plus globale, il n'existe à ce stade aucun ensemble de données transnational qui nous permette vraiment de le faire. Jusqu'à présent, nous ne disposons que d'indicateurs imparfaits qui peuvent nous donner une idée de la situation réelle sur le terrain. C'est imparfait, mais cela nous aide quand même un peu.

Ainsi, dans le cadre d'un projet en cours avec des collègues de Harvard, nous avons utilisé les caractéristiques démographiques des possibles migrant·es comme indicateurs. Pourquoi utiliser cette information? Parce que la littérature sur les migrations nous apprend que les caractéristiques individuelles, comme l'éducation ou l'âge, seront des déterminants clés, à la fois des souhaits et de la capacité de migrer. Nous pouvons donc utiliser l'âge, le niveau d'éducation et le sexe, c'est-à-dire de l'information automatiquement collectée lors des recensements dans tous les pays, pour obtenir une bien meilleure couverture. Et grâce à cette information, nous pouvons montrer que les répercussions des changements climatiques influencent l'aspiration à se déplacer et la capacité de se déplacer, mais avec des effets très contrastés sur les résultats des migrations. Cela suggère donc en réalité que les conséquences des changements climatiques sur la mobilité dépendent bien plus de qui se déplace, et dans quelles conditions, que du nombre de personnes qui se déplacent vraiment.

Pour finir, et cela mènera probablement à ce que Manuel va dire dans une minute, je voudrais souligner ce que cette hétérogénéité des effets du climat implique sur la façon de traiter la question de la migration climatique à l'échelle internationale. Il n'existe aujourd'hui aucune forme d'entente internationale globale couvrant tous les aspects de la mobilité climatique. Il existe une variété d'ententes directement pertinentes. Je pense à la Convention de Genève, à l'Accord de Paris adopté lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, au Pacte mondial sur les migrations (dont nous parlerons plus en détail dans une minute), aux objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) ou encore au Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe. La plupart de ces ententes internationales se concentrent sur les déplacements transfrontaliers, alors qu'une grande partie des déplacements qui pourraient se vérifier se produira en réalité à l'intérieur des frontières. De plus, beaucoup de ces ententes ne tiennent pas non plus vraiment compte du risque accru d'immobilité contrainte qui découle des changements climatiques.

L'OIM est très proactive sur ce front; Manuel en dira davantage, notamment sur les initiatives régionales. Mais je pense qu'il est indispensable de garder à l'esprit que nous pourrions vouloir aller un peu plus loin sur le front mondial. Si nous zoomons sur l'Accord de Paris – et ce sera mon dernier point – la question des migrations est de fait imbriquée dans ce qu'on appelle les pertes et préjudices. Les pertes et préjudices constituent l'un des trois principaux aspects du régime de lutte contre les changements climatiques, aux côtés de l'atténuation, c'est-à-dire la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et de l'adaptation aux effets des changements climatiques. Les pertes et préjudices sont encore un concept relativement nouveau. On ne sait pas encore bien à quoi il ressemblera dans la pratique. Vous vous souviendrez peut-être que lors de la conférence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) de l'année dernière en Égypte, un nouveau fonds pour les pertes et préjudices a été décidé. Il s'agissait alors d'un grand succès pour la communauté internationale. Aujourd'hui, nous ne savons pas encore exactement quelles mesures seront admissibles au financement dans le cadre de ce fonds. Mais j'encourage tout le monde à garder un œil sur les évolutions dans ce domaine, car elles auront des implications majeures sur ce qui sera fait pour traiter les différents aspects de la migration climatique, du moins dans le cadre du régime climatique.

Je vais m'arrêter ici, mais je serai ravie de revenir sur n'importe lequel de ces points pendant les questions et réponses. Je rends la parole à Elizabeth.

[00:24:47 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci beaucoup, Hélène. Je suis sûre que vous avez donné beaucoup de grains à moudre au public. Alors, merci beaucoup pour cela. Vous venez d'introduire et d'élaborer la différence entre la migration volontaire et involontaire, ainsi que les facteurs clés qui conduisent à chacune d'entre elles. Et merci d'avoir introduit le concept de pertes et de préjudices utilisé dans l'Accord de Paris. Il constitue assurément un sujet d'intérêt nouveau pour de nombreuses personnes.

Passons maintenant à notre troisième intervenant. Manuel, je vous cède le micro.

Manuel Pereira : Merci, Elizabeth, et merci à toutes et à tous. Comme la deuxième partie sera un dialogue <rires>, pour l'heure je vais essayer de présenter un peu le fonctionnement de l'OIM dans cet univers.

[00:25:39 Manuel Pereira apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Manuel Marques Pereira; International Organization for Migration / Organisation internationale pour les migrations]

Manuel Pereira : L'OIM est une agence à mandats multiples. Notre mandat de développement porte sur les migrations dans le cadre du Pacte mondial sur les migrations, qui est un cadre mondial, comme cela a été mentionné. Mais au sein du système d'architecture humanitaire, nous sommes également les gardiens de ce que nous appelons le groupe sectoriel pour la coordination et la gestion des camps, c'est-à-dire la gestion des déplacements, avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). C'est nous qui sommes aux commandes en cas de catastrophe, le HCR l'est en cas de conflit. Je vais essayer de relier ces deux univers car, de plus en plus avec les changements climatiques, l'interface entre les deux et les indications de ce qui relève de l'humanitaire ou de ce qui s'explique par le fossé creusé par l'inaction mondiale en matière d'atténuation des effets des changements climatiques sont très importantes.

Tout d'abord, je tiens à affirmer que, pour nous, les personnes devraient vivre en sécurité, être habilitées à agir et être informées pour prendre des décisions concernant leur mobilité. Personne ne devrait être déplacé. C'est là le principe fondamental sur lequel l'OIM travaille. Il découle de la justice climatique, à savoir que les gens devraient pouvoir décider de leur vie et de leur mobilité, face aux effets des changements climatiques. Ils devraient jouir de la sécurité, de l'information et de la capacité de décider ce qui est le mieux pour eux, selon les scénarios qui se présentent à eux. Et ils ne peuvent y parvenir qu'avec les ressources et le soutien qui rendent ces solutions possibles, qu'il s'agisse de rester ou de partir. S'ils sont en situation de déplacement, ils doivent être protégés. Voilà le cadre opérationnel, mais aussi institutionnel, dans lequel l'OIM travaille. C'est dans ce cadre que nous siégeons en tant qu'observateurs dans différents forums de la CCNUCC.

J'ajoute que le déplacement, lorsqu'il est géré, peut aussi être une mesure positive, car il sauve des vies. Mais il faut le gérer. C'est notre principal problème dans de nombreuses régions du monde confrontées à des catastrophes. Il y a des déplacements, le climat accélère la situation, mais la gestion fait défaut. Il s'ensuit alors une série de problèmes avec l'assistance qui sont extrêmement compliqués. Quand, dans de nombreux pays occidentaux, la protection des personnes est une option viable; quand il existe des maisons, des infrastructures et toute une série d'autres constructions dans l'environnement urbain qui entourent les communautés et protègent les victimes, nous ne parlons guère d'évacuation.

Mais lorsque le risque et les effets d'un phénomène donné, comme les incendies au Canada ou des inondations ailleurs, dépassent les mécanismes d'adaptation, l'évacuation, qui est un déplacement réglementé vers un lieu donné, vers une installation, organisée d'une certaine manière, est une chose positive. Nous devons alors commencer à rééquilibrer cette conversation, en nous demandant : qu'est-ce qu'un déplacement négatif? Qu'est-ce qu'un déplacement réglementé? Parce que tout cela sauve des vies. Nous ne devrions pas nous arrêter à ce déplacement, nous devrions l'accepter, mais il s'agit d'un espace intermédiaire. Pourquoi? Parce que le déplacement met en évidence les inégalités et les asymétries sociales, en particulier dans les enclaves périurbaines ou ethniques et dans les quartiers informels. Nous avons besoin de plus de gouvernements et de plus de planification si nous voulons éviter, minimiser et traiter les déplacements, prévenir, gérer et résoudre les déplacements. Ce continuum de la mobilité est fondamental dans les conversations d'aujourd'hui sur le climat et dans tout ce qu'Hélène a dit sur les pertes et préjudices.

Deuxièmement, les catastrophes et la justice climatique sont des préoccupations prioritaires pour les gouvernements, à bien des égards. Lorsque nous parlons à des spécialistes de la planification, de l'intervention en cas de catastrophe ou du climat, nous devons veiller à respecter une cohérence politique avec le Cadre de Sendai, l'Accord de Paris, la Conférence contre la désertification, le Pacte mondial sur les migrations et le Pacte mondial sur les réfugiés. Il faut que tout cela soit aligné et fonctionne ensemble, pour que nous puissions réellement protéger les personnes contre ce qui vient.

Les changements climatiques continueront d'accélérer les catastrophes, le Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes estime que, d'ici 2030, nous pourrions subir jusqu'à 500 catastrophes par an. Et le gros risque, je reprends ce qu'a dit Robert, c'est que ces 32 millions de nouveaux déplacements en 2022 représentaient 32 millions de mouvements. Ce chiffre comprend probablement de nombreuses personnes qui se sont déplacées plusieurs fois. Il se peut qu'une personne vivant dans une zone touchée par des cyclones ait bougé plusieurs fois. Ce ne sont pas les personnes qui sont comptées, ce sont les mouvements. À la fin de l'année, on évalue le nombre de personnes déplacées qui sont toujours en situation de déplacement. L'année dernière, elles étaient 8 millions.

Nous avons donc 32 millions de nouveaux mouvements et 8 millions de personnes déplacées. Les gens se déplacent quelque part parce qu'ils ont des mécanismes d'adaptation, comme l'a dit Hélène. Ils ont des biens, de l'espoir, des choses qu'ils peuvent encore faire, une certaine capacité d'action, alors ils rentrent. Les personnes qui demeurent en situation de déplacement sont celles qui ont des ressources très limitées, alors elles y restent. Le grand risque auquel le monde est confronté sans une réduction des risques de catastrophe et sans une compréhension plus globale des raisons pour lesquelles l'adaptation est primordiale – et il faut inclure la mobilité humaine dans les débats sur les changements climatiques – est que le jour où les personnes déplacées tout au long de l'année perdront espoir ou perdront leurs capacités, elles resteront derrière. Ce jour-là, nous n'aurons pas 32 millions de nouveaux déplacements, mais 32 millions de personnes déplacées supplémentaires en situation de crise prolongée, dépendantes de l'aide humanitaire et dont la protection sera extrêmement préoccupante. Si de telles situations se multiplient un peu partout dans le monde, elles feront imploser les systèmes humanitaires et rendront les vies du personnel humanitaire encore plus difficiles à mesure que les ressources s'épuiseront.

L'Aperçu humanitaire mondial 2023 estime qu'il faudrait 53 milliards de dollars pour répondre à tous les besoins humanitaires dans le monde. Et beaucoup d'entre eux sont en conflit avec le climat, mais je ne vais pas les démêler ici. Par ailleurs, le monde s'est aussi engagé à consacrer 100 milliards de dollars au financement climatique. Nous demandons donc 100 milliards pour l'atténuation, l'adaptation et les pertes et préjudices. Et entre les deux, nous avons 53 milliards qui sont nécessaires pour maintenir des personnes en vie. Cette dynamique va se poursuivre. Cette dynamique est extrêmement inquiétante. Nous allons devoir tout mettre en œuvre dans les dix ans qui viennent pour préparer les pays et les communautés. Cela passe par des alertes précoces, la diversification des moyens de subsistance et des infrastructures essentielles, l'objectif étant d'éviter que les gens se retrouvent contraints à des situations de déplacement humanitaire.

Pourquoi? Parce que nous avons aussi de la mobilité dans le cas inverse. Lorsque les gens croient – et ils devraient avoir ce droit – qu'ils ont besoin d'aller ailleurs, parce que leur logement n'est plus habitable, et que nous avons un mouvement organisé, que nous appelons la relocalisation planifiée, ou parce que les gens trouvent des mécanismes d'adaptation en partant pour une autre ville ou un autre endroit. Comme l'a dit Robert, la majorité des statistiques, des prévisions et des prospectives indiquent que l'essentiel de la mobilité sera interne. C'est une évidence, et il faut contrer ce mythe de hordes de gens qui traverseraient les continents à la recherche de quelque chose. Les gens se déplacent par proximité; vers un parent, une langue, une culture; par la nourriture, les pratiques, les compétences. L'essentiel des mouvements se fera donc à l'échelle régionale. Il est donc indispensable d'aider les pays dans les cadres régionaux de mobilité, de faire progresser la capacité des États, des gouvernements, des institutions et des personnes à se déplacer et à savoir où aller. Partout dans le monde, les gouvernements devront faire avec : l'urbanisation va continuer à chasser les populations des zones rurales vers les zones urbaines. Faire en sorte que les villes grossissent sans devenir plus dangereuses est un aspect central de la planification urbaine, du développement, de la gouvernance et de la gestion de ces populations.

Mais dans le même temps, le climat va accélérer ce processus à travers l'effondrement des moyens de subsistance dans bon nombre des régions les plus rurales du monde. Ce n'est pas par défaut que les constructions sociales et la transformation socioéconomique des économies les plus avancées ont donné davantage d'emplois agricoles aux populations migrantes et à d'autres segments de la société. C'est parce que l'autonomisation socioéconomique et l'éducation déplacent les gens vers une strate supérieure de l'économie sociale. Internes ou externes, les migrant·es alimentent la machine de l'agriculture et de la transformation. C'est un sujet qui fait très souvent l'actualité, l'exploitation de ces populations. Et cela va continuer.

La mobilité régionale, la mobilité interne, la planification de l'adaptation, la façon dont les gouvernements contribuent à la croissance des villes de manière à ce qu'elles soient sûres et ne créent pas d'autres risques, voilà quelques-uns des défis au sujet desquels les urbanistes, les maires, les ministres et le gouvernement dans son ensemble devront prendre des décisions quant à notre trajectoire actuelle, pour que nous puissions survivre collectivement à ce problème et aux effets des changements climatiques. Le Secrétaire général a souligné la semaine dernière que nous ne nous dirigeons plus vers 1,5, mais vers 1,8 °C. Si nous maintenons cette trajectoire, cela signifie que les scénarios les plus sombres que nous utilisons seront encore pires.

La mobilité devrait être sûre. La mobilité devrait être un choix. Accompagner les gens dans ce choix est un impératif pour les gouvernements, car seules les solutions locales et régionales produiront des résultats pour les personnes, et non sur des chiffres abstraits. Nous pourrons approfondir un peu plus ces sujets avec des exemples lors des questions et réponses. <Rires> Merci beaucoup. Je vous rends le micro, Elizabeth.

[00:36:16 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Waouh. Le sentiment qui se dégage à l'écoute de vos interventions est la passion avec laquelle vous vivez et respirez ces enjeux tous les jours. Vous ressentez l'urgence d'essayer de communiquer leur urgence dans la décennie critique que nous avons devant nous, l'urgence de réaliser de réels progrès dans l'atténuation et dans l'adaptation aux changements climatiques, et de relever les défis dont vous avez parlé ici concernant les déplacements involontaires. Vous transmettez ce message haut et fort. Personne ne devrait être déplacé et nous devons comprendre les vulnérabilités sociales et économiques qui se cachent derrière ces déplacements involontaires. Je suis donc impatiente de vous entendre dialoguer à ce sujet. L'idée va en effet être d'avoir un peu plus d'échanges entre nos invité·es. Je rappelle toutefois à ceux et celles qui suivent ce cours que nous avons prévu, à l'issue de la table ronde, un temps pour soumettre des questions. Vous pouvez d'ailleurs poser vos questions dès maintenant. Cliquez sur l'icône de la main levée dans le coin supérieur droit de votre écran. Les animateurs et animatrices du cours les examineront, puis nous les enverront. Pendant que vous réfléchissez aux questions que vous pourriez poser aux membres de notre table ronde, je vais commencer par quelques questions.

Je voudrais rebondir sur ce que disait Hélène, qui se concentrait sur la question de savoir qui se déplace. C'est l'une des questions les plus importantes. Elle s'ajoute au problème du nombre de personnes déplacées, dont Manuel a souligné le potentiel de hausse. Il semble donc que nous devons probablement réfléchir aux deux. Mais je me demandais si, peut-être, dans cette conversation, nous pourrions approfondir un peu plus cet aspect. Est-ce que nous comprenons qui sont ces groupes les plus vulnérables et quels sont les obstacles qui les empêchent de décider, de façon autonome, s'ils doivent rester ou partir?

C'est une question ouverte. Je m'adresse à vous trois, je ne sais pas qui souhaite commencer. N'hésitez pas à prendre quelques instants pour rassembler vos pensées au besoin.

Robert McLeman : Peut-être devrions-nous laisser Hélène parler en premier puisque c'est elle qui a soulevé le sujet? Allez-y, Hélène.

Hélène Benveniste : Je vais rebondir sur ce que disait Manuel. En effet, il a très bien mis en évidence un point que je n'ai fait qu'évoquer. Lorsque je dis que nous voulons nous soucier de qui, plutôt que de combien, cela ne veut pas dire que les chiffres sont sans importance. Plutôt, ces chiffres ne vous en disent pas assez sur la situation réelle sur le terrain. Ce dont on pourrait se soucier, c'est de savoir si la migration est choisie ou s'il s'agit d'une situation de déplacement qui prive les gens de toute liberté d'action face aux circonstances qui sont les leurs.

[00:39:39 Hélène Benveniste apparaît en plein écran.]

Hélène Benveniste : J'insiste sur ce point parce que, souvent, dans le débat public, on met l'accent sur les chiffres. Or, je pense qu'ils ne donnent qu'une partie de l'information dont les responsables politiques ont besoin pour déterminer ce qui doit être fait.

Lorsque nous cherchons à déterminer qui devrait avoir la plus grande capacité de faire des choix, certaines catégories de population semblent toutes désignées : les personnes ayant un niveau d'éducation plus faible, probablement des niveaux de revenus plus faibles et qui ont moins la capacité de prendre des décisions éclairées. Ces personnes se retrouvent probablement à devoir choisir parmi des solutions dont aucune n'est vraiment satisfaisante.

La question du genre est, elle aussi, très intéressante. Dans quelle mesure les dynamiques de genre peuvent-elles influencer la vulnérabilité face au déplacement? Il existe une corrélation entre le genre et la capacité, car, dans bien des contextes, les femmes ont souvent tendance à avoir des niveaux de capacité inférieurs à ceux des hommes. Cela dit, il existe de nombreux contextes dans lesquels les modèles migratoires sont genrés, et ce ne sont pas nécessairement les hommes qui se déplacent le plus. Dans certains cas, ce seront les femmes qui, culturellement, émigreront vers la ville pour obtenir entre autres certains emplois. Il s'avère donc que la vulnérabilité quant à savoir qui aura tendance à partir et qui va rester n'est pas uniforme selon les contextes.

J'aurais un peu de mal à vous désigner clairement tel ou tel groupe comme étant le groupe vulnérable, de telle manière et quel que soit le contexte. Ce n'est vraiment pas ainsi que tout cela fonctionne. Voilà pourquoi je pense que, du point de vue de la recherche universitaire, il y a encore beaucoup à faire, car la situation dépend énormément du contexte sur le terrain.

[00:41:36 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci beaucoup pour cette réponse, Hélène. Je crois que personne ici n'attendait à une réponse simple à cette question très compliquée. Nous enchaînons avec Manuel qui aimerait intervenir.

Manuel Pereira : Merci. Je tiens simplement à remercier Hélène d'avoir dit que, en plus de ces perspectives déjà nombreuses, une autre perspective utile est la question de savoir où les choses se passent. Car le lieu est déterminant pour l'action publique. Il peut s'agir de zones côtières, de plaines inondables, de régions montagneuses qui, pour l'instant, ont des calottes glaciaires et de la neige.

[00:42:14 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : Bon nombre des endroits caractérisés par une plus grande fragilité socioéconomique, comme les quartiers informels des grandes métropoles, se forment parce que l'être humain s'installe là où il y a des ressources; or, souvent, les ressources sont aussi des menaces.

Je parle souvent de l'eau comme d'une ressource et de l'eau comme d'une menace. L'excès d'eau est mauvais. Mais, en cas d'inondation, les villes devront à l'avenir être capables d'incorporer davantage d'eau des crues. En effet, l'eau arrivera à une saison différente d'aujourd'hui, en passant par la ville, elle sera perdue pour la prochaine saison sèche. Nous allons devoir commencer à adapter les villes pour qu'elles retiennent l'eau des épisodes de pluie les plus intenses, afin d'avoir de l'eau à disposition en cas de pluies faibles et de sécheresse. Le lieu est donc primordial, car l'incidence sur les gens varie selon les endroits. Lorsque les gouvernements estiment que des lieux posent des risques et ne devraient pas être habités, les personnes qui les occupent de façon informelle ont tendance à subir beaucoup plus d'expulsions que celles qui ont des titres de propriété, car ces derniers impliquent des réparations. Les réparations sont un bien public. Quelqu'un qui occupe un lieu de façon informelle, sans contrat de location ou titre de propriété, peut être expulsé tant que cela ne fait pas trop de vagues dans les médias ou si personne ne prend sa défense. C'est la dure réalité dans le monde.

Je pense donc que la question du « où » combinée à celle du « qui » abordée par Hélène compte parmi les principaux facteurs de cet enjeu. Pendant la COVID-19, nous avons vu des gens à la rue, incapables de s'isoler pour que le système des supermarchés continue de fonctionner. Il y a beaucoup de points communs avec notre sujet d'aujourd'hui. Certaines personnes n'ont pas les ressources nécessaires pour faire certains choix. À vous la parole.

[00:44:16 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci, Manuel. Vous n'avez pas demandé la parole, Robert, peut-être pouvons-nous passer à la question suivante? Vous confirmez?

Robert McLeman : Eh bien, j'aurais des choses à ajouter.

Elizabeth Bush : Je vous cède donc la parole.

Robert McLeman : Oui, je pourrais intervenir sur ce point, à nouveau au sujet du « qui ». Il s'agit de savoir qui nous sommes en tant que Canadien·nes, car le Canada est un pays très divers. Nous avons des liens sociaux et familiaux dans le monde entier.

[00:44:43 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : Si nous cherchons les principaux pays d'origine des migrations vers le Canada, nous trouvons invariablement la Chine, l'Inde, les Philippines, le Pakistan et les États-Unis dans le top 10. Or ces pays sont fortement exposés aux pires répercussions des changements climatiques. Lorsque nous parlons des catastrophes liées aux inondations, aux chaleurs ou aux tempêtes extrêmes, ce sont ces pays qui sont concernés. Avec des collègues de l'Université d'Ottawa et ici à Wilfred Laurier, nous avons mené des recherches il y a une dizaine d'années dans les diasporas présentes au Canada.

Nous avons travaillé avec des Canadien·nes originaires des Philippines et d'Haïti, avec des personnes ayant immigré de l'Afrique de l'Ouest francophone, de la Corne de l'Afrique et du Bangladesh. Nous leur avons demandé dans quelle mesure les événements et conditions environnementales extrêmes dans leur pays d'origine avaient influencé leur décision d'émigrer au Canada, mais aussi, tout simplement, le bien-être de leur communauté. Par exemple, les Canadien·nes originaires du Bangladesh nous ont expliqué qu'ils et elles venaient au Canada, pour la plupart, grâce à nos programmes génériques d'immigration pour les travailleuses et travailleurs qualifiés et de regroupement familial. Ce ne sont pas des réfugié·es. Au Bangladesh, ils et elles appartenaient souvent à la classe moyenne supérieure. Mais ces personnes soulignent aussi que les déplacements de population dus aux inondations, aux sécheresses et à la chaleur extrême au Bangladesh augmentent le nombre de personnes qui s'installent dans des villes comme Dhaka, ce qui accroît la pression exercée sur les services, le logement, le marché du travail, etc. Cela crée un environnement plus chaotique.

L'autre aspect est que lorsque ces événements extrêmes se produisent au Bangladesh ou aux Philippines, cela crée le besoin d'envoyer de l'argent à partir du Canada. À cela s'ajoute le bien-être mental des Canadien·nes qui ont des liens familiaux dans des régions très exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes lorsque leurs proches sont en situation de déplacement. C'est ce qu'ont ressenti cet été les gens qui ont des proches à Yellowknife, à West Kelowna ou à Halifax. Le bien-être de nos ami·es et de nos proches nous préoccupe et nous inquiète. C'est la même chose pour les Canadien·nes qui ont des liens familiaux à l'étranger.

Il est indispensable de comprendre que, lorsque nous parlons des liens entre les changements climatiques, les migrations et les déplacements de populations, nous ne parlons pas de lieux différents. Nous parlons aussi d'une partie de l'expérience canadienne. Ce qui se passe là-bas a des implications sur notre bien-être ici. Merci, Elizabeth.

[00:47:20 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci, Robert. Je ne vois qu'une seule question pour l'instant, nous allons donc poursuivre encore un peu cette conversation. Je pense que les points soulevés par Hélène et Manuel sont très liés entre eux. Hélène a souligné à quel point le « qui » était propre au contexte. Puis Manuel a abordé les aspects géographiques particuliers des différents contextes. Il s'agit de comprendre quelles régions géographiques pourraient être les plus fragiles; où les populations sont confrontées aux changements climatiques; où les écosystèmes, les systèmes fonciers et les moyens de subsistance sont en train de changer radicalement. Tout cela alimente la question du « où », qui fait partie du contexte de celle du « qui ».

C'est très instructif. Vous avez aussi évoqué les obstacles à la prise de décisions éclairées en matière de déplacements. Peut-être souhaitez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Nous avons déjà abordé la question des vulnérabilités sous-jacentes. De toute évidence, de nombreux obstacles empêchent les gens de prendre des décisions éclairées, mais les gouvernements sont-ils en mesure de surmonter ces obstacles? Quelle part de ces obstacles est systémique et quelle part peut être traitée, avec des interventions réactives lorsque les catastrophes surviennent? J'espère que ma question est pertinente, et je vous laisse la parole pour apporter des éléments de réponses au sujet des obstacles.

Manuel Pereira : Voulez-vous que je commence?

Elizabeth Bush : Je vous en prie. <Rires>

Manuel Pereira : Je vais prendre du temps pour être un peu <rire> militant à ce sujet; je pense que le premier obstacle est l'atténuation.

[00:49:28 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : À l'heure actuelle, cette question est essentiellement entre les mains des gouvernements, à tous les niveaux, et des sociétés quant à la manière d'investir dans l'atténuation. Si nous atteignons, puis dépassons le seuil de +1,5 °C, la situation sera extrêmement compliquée, non seulement pour faire face aux conséquences immédiates qui seront très visibles, mais aussi pour faire face aux conséquences à plus long terme. C'est mon premier point.

Deuxièmement, on constate un manque de solidarité. Il faut de la solidarité. Et je ne parle pas ici de compensation ou de réparations. Je vais laisser ces questions de côté, car elles sont très compliquées. Nous avons une responsabilité commune envers les plus vulnérables. Elle repose sur le principe que la pollution de l'atmosphère existe à cause du développement socioéconomique de la planète dans différentes régions et à différents niveaux. Le fait qu'en continuant ensemble à contribuer à cela, l'incidence sera plus importante sur certaines personnes que sur d'autres est une injustice sociale à laquelle il faut remédier. S'il est vrai que chaque personne sur Terre a des responsabilités, comme le dit l'Accord de Paris, celles-ci sont différenciées, et donc les mesures doivent être différenciées. Ce sont deux éléments clés.

Le deuxième est la mobilité, et le Pacte mondial sur les migrations porte sur les ententes en matière de régulation de la mobilité, notamment en ce qui concerne les trajectoires climatiques. Cela nous amène à plusieurs autres questions : quels sont les emplois nécessaires à la transition juste qui pourraient ne pas exister en raison de la démographie sociale? Nous avons besoin de profils venant de différents pays. L'un des obstacles est de savoir comment repérer ces compétences. Comment déterminer la main-d'œuvre nécessaire? Qui fabriquera les panneaux solaires et les turbines qui nous permettront de déconnecter les énergies fossiles?

Certains des défis auxquels nous sommes confrontés concernent la partie réglementaire de ce processus, en particulier du processus de migration. Mais il existe également des pouvoirs réglementaires liés, par exemple, aux catastrophes. L'absence de mécanismes de protection sociale; l'absence de mécanismes pour informer les populations afin qu'elles se mettent à l'abri du danger; l'absence de réglementation garantissant que rien ne sera construit dans des zones dangereuses, ou qu'il y ait une assurance en cas de problème.

Ces différents éléments sont donc autant d'obstacles qui, combinés, créent une situation très, très compliquée dans certains des contextes les plus fragiles et vulnérables du monde, ceux où les gouvernements et les structures gouvernementales sont plus limités ou subissent plus de contraintes. C'est du moins ainsi que nous le voyons, et c'est pourquoi nous travaillons autant sur la gouvernance et avec les gouvernements. Merci.

[00:52:36 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush. Merci beaucoup pour cette réponse, Manuel. Hélène, souhaitez-vous également intervenir sur cette question?

Hélène Benveniste : Oui, brièvement, je voudrais juste ajouter un élément qui rejoint ce que Manuel disait tout à l'heure,

[00:52:48 Hélène Benveniste apparaît en plein écran.]

Hélène Benveniste : Il n'y a pas seulement des obstacles au déplacement, il existe aussi des obstacles à la capacité de se déplacer quelque part pour avoir une meilleure situation là où vous arrivez par rapport à là d'où vous venez. Les responsables politiques peuvent jouer un rôle énorme à cet égard.

Prenons l'exemple des migrations vers les zones métropolitaines. Souvent, lorsqu'ils arrivent dans les zones métropolitaines, les gens cessent d'être exposés à des dangers auxquels ils étaient confrontés dans leur contexte d'origine, mais ils risquent aussi d'être confrontés à d'autres types de dangers. Et cet aspect peut être traité d'un point de vue politique, car c'est une question de dimensionnement des infrastructures. Manuel a parlé de l'eau; nous pouvons parler des eaux usées et, plus largement, de toutes sortes d'infrastructures qui seraient nécessaires dans ces cas-là. Dans nos interventions politiques sur les zones de destination, je constate une absence de trajectoire visant à garantir que la migration, quelle qu'elle soit, sera aussi réussie que possible.

Cela ne s'adresse pas seulement aux personnes qui migrent, mais aussi aux communautés d'origine et de destination. La migration peut être avantageuse si nous faisons en sorte qu'elle le soit. Si nous ne faisons rien pour que la migration réussisse dans le lieu d'arrivée, cela ne se fera pas tout seul. Il y a une très grosse marge de croissance de l'action politique sur ce point, et j'espère qu'entendre cela s'avérera utile pour les personnes dans l'auditoire. Merci.

[00:54:19 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : J'en suis sûre. Merci beaucoup, Hélène. Robert, j'aimerais également vous entendre à ce sujet.

Robert McLeman : Pour reprendre ce qu'Hélène a dit, migrer est effectivement quelque chose que les gens font. Migrer n'est ni bon ni mauvais en soi. C'est comme manger ou dormir. C'est quelque chose que les gens font. Nous nous déplaçons.

[00:54:42 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : La migration devient positive ou négative en fonction des circonstances dans lesquelles elle se produit. Manuel comme Hélène ont fait référence au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, dont le Canada est, je crois, signataire. Il fournit un plan parfait sur la manière de gérer les politiques et les pratiques migratoires dans un climat en pleine évolution. Dès lors, si seulement nous pouvions amener les pays à lire ce manuel, ce plan, cette feuille de route et à l'appliquer, ce serait merveilleux.

Deuxième chose, au Canada nous avons tendance à beaucoup penser aux besoins à court terme du pays lorsque nous réfléchissons à la politique d'immigration. Qu'ils soient sociaux, politiques, économiques ou, surtout, environnementaux, je crains que les changements en cours à l'échelle mondiale n'obligent le gouvernement canadien, à tous les niveaux, pas seulement celui du premier ministre, mais aussi chaque ministère, à repenser son action face à un monde perturbé par les changements climatiques. Par exemple, s'agissant de la politique d'immigration, comment allons-nous garantir que l'immigration vers le Canada fonctionne pour le Canada, pour sa population, pour les migrant·es et pour leurs pays d'origine? C'est possible, et c'est souvent le cas, mais nous devons réfléchir aux nouvelles exigences qui émergent.

Ensuite, à l'intérieur du Canada, nous devons réfléchir à tous les différents services dont nous avons besoin : la santé, les infrastructures, les ressources naturelles. Nous devons réfléchir à la façon dont l'évolution rapide de l'environnement dans lequel nous vivons et les nouvelles exigences imposées à la société canadienne vont influencer tous ces services.

Si je devais insister sur un seul élément de cette table ronde, c'est que j'espère que les participant·es écouteront très attentivement ce qu'Hélène et Manuel nous disent, parce que ce sont des gens comme elle et lui qui font réellement le travail. L'OIM fait le travail. Franchement, j'aurais du mal à imaginer, à l'heure actuelle, un monde sans l'Organisation internationale pour les migrations. Elle accomplit un travail difficile dans des endroits du monde qui sont difficiles. C'est pourquoi nous devons accorder toute notre attention aux conseils que nous donnent les organisations et les universitaires qui s'attellent à ces tâches. Merci, Elizabeth.

[00:56:52 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci beaucoup. Avant de passer à la question suivante, je voulais également remercier Manuel d'avoir commencé par nous rappeler à toutes et tous que des mesures d'atténuation sont nécessaires de toute urgence. Si nous ne parvenons pas à maîtriser le réchauffement climatique, alors nous serons confrontés à des problèmes dont l'ampleur dépassera de loin les possibilités d'adaptation. Je pense donc que c'est un très bon rappel pour tout le monde, c'est une sorte de premier pilier de défense.

Mais aussi toute cette notion de solidarité. Je crois qu'Hélène et vous en avez parlé. Cela ne concerne pas seulement des personnes lointaines; cela concerne chacun et chacune d'entre nous. Il s'agit d'offrir des cadres d'accompagnement adaptés aux personnes qui souhaitent se déplacer, mais aussi, comme le disait Hélène, de faire en sorte que ces déplacements soient réussis. Les personnes qui finissent par décider de partir veulent atterrir dans un endroit qui s'avérera meilleur. Quitter sa terre natale est indiscutablement un événement traumatisant. Et la mesure dans laquelle nous pouvons faciliter cette transition est vraiment importante. Cela touche toutes sortes de questions liées à la justice sociale, comme vous l'avez évoqué. Donc, merci pour vos réponses complètes à cette question.

Nous avons un certain nombre de questions qui arrivent maintenant sur le clavardage. Mais je pense que nous avons encore un peu de temps pour continuer la discussion avant de passer aux questions et réponses du public. Nous allons reprendre certaines des questions qui ont été posées avant ce cours sur ce qui existe déjà. Je suis sûre que vous en avez parlé dans vos présentations, mais j'ai du mal à me souvenir de tout. Peut-être serait-il bon de nous rafraîchir la mémoire sur le cadre global de coopération entre les États qui existe déjà?

Vous avez évoqué le besoin de solidarité et de coopération entre différents cadres internationaux et régimes de gouvernance. Il serait peut-être bon d'en parler de nouveau. Qu'est-ce qui est actuellement en place, et que reste-t-il à faire? Qui voudrait commencer cette fois?

Manuel Pereira : <Rire> Je peux commencer puisque cela concerne aussi l'échelle mondiale. Je vais dire trois choses, et je vais essayer d'être bref.

[00:59:19 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : Premièrement, ces différents cadres ne sont pas séparables. Il faut une cohérence politique. Ils sont tous interdépendants d'une façon ou d'une autre. Cette notion selon laquelle il n'y a pas de catastrophes naturelles, selon laquelle toutes les catastrophes sont des constructions socioéconomiques, est fondamentale, car ce sont les vulnérabilités des communautés qui, lorsqu'elles sont touchées par un aléa, créent une catastrophe. C'est exactement la même chose pour le climat. Ce que nous faisons face aux changements climatiques a des conséquences sur d'autres domaines de la vie et sur les migrations. Les phénomènes migratoires ont le Pacte mondial sur les migrations. Il pose un objectif de lutte contre les moteurs négatifs de migration, notamment les déplacements, les catastrophes et les changements climatiques. Il parle des voies de mobilité légales, c'est-à-dire celles qui permettent à une personne de se rendre d'un pays A à un pays B de manière sûre et informée, sans le trafic, sans devoir se cacher sous le siège d'une voiture ou dans le moteur d'un camion pour traverser les frontières, sans passer par les voyages risqués que l'on voit souvent aux actualités. Ce sont des décisions politiques qui créent ces différences.

Mais nous sommes souvent dans des camps opposés face à ces décisions politiques. Pour nous, à l'OIM, c'est la coopération régionale qui doit continuer à progresser, car la proximité au sein des régions rend les gens beaucoup plus disposés à discuter de tout cela. La Déclaration de Los Angeles sur la migration propose une approche commune de cet enjeu sans tenir compte du climat. Mais cela pourrait changer très bientôt, et nous y travaillons. Le système Schengen permet déjà aux personnes de se déplacer pour la raison de leur choix en Europe. Il reste encore à trouver des solutions <rire> quant aux modalités de gestion des personnes qui entrent. Nous n'allons pas le faire maintenant, mais à titre d'exemple, l'OIM a soutenu cette année et l'année dernière les gouvernements ougandais et kenyan dans la mise au point d'une entente régionale sur la mobilité humaine et les changements climatiques, la Déclaration de Kampala sur la migration, l'environnement et le changement climatique, signée par 12 pays de la Corne orientale de l'Afrique, puis 3 autres pays du continent. Et cette année, lors du Sommet africain sur le climat, 35 pays sur 55 y ont souscrit. Ce sont 12 à 17 engagements que ces pays ont décidé de prendre, plus 5 demandes de la communauté internationale.

Il existe donc un cadre pour le continent africain. Même s'il n'a pas encore été approuvé partout, il instaure un dialogue sur un pied d'égalité. Il s'agit d'une vision dont découle un objectif commun. Nous pouvons commencer à élaborer ce que cela signifie au niveau local, de la mise en œuvre nette, y compris s'agissant des politiques. Les enjeux liés aux protocoles de libre circulation, au passeport africain, aux investissements dans la transition juste ou encore aux possibilités sur le marché du travail, toutes ces choses découlent de cette entente commune. À l'OIM, nous pensons que nous avons besoin d'accentuer cette régionalisation des points de vue et des approches. Alors, un jour, nous pourrons créer un pacte mondial sur la mobilité climatique. Il sera fondé sur une vision et un souci de protection des personnes face au climat, puis mis en œuvre dans les pays et régions pour s'adapter aux réalités de la mobilité et aux profils des pays. D'après moi, voilà ce que nous devons continuer à renforcer du point de vue des cadres. Merci.

[01:03:07 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo. Texte à l'écran : Climate Change and Human Migration Series; Climate-Induced Displacement and Global Migration /Série sur le changement climatique et les migrations humaines; Déplacements dus au changement climatique et migrations dans le monde]

Elizabeth Bush : Excellent. Eh bien, merci d'avoir renforcé ce message, pour ceux et celles qui suivent ce cours. Hélène, souhaitez-vous ajouter quelque chose? Ou Robert? Si c'est le cas, allez-y. Sinon, j'ai maintenant une demi-douzaine de questions du public.

Robert McLeman : Je voudrais juste ajouter un élément à ce que Manuel disait. Nous avons ce Pacte mondial sur les migrations. Il s'agit d'une entente non contraignante des Nations Unies. Cependant, je l'ai dit, il fournit un excellent plan pour l'avenir. Les deux autres textes législatifs internationaux clés ici sont la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques,

[01:03:43 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : que le Canada a signée et en vertu de laquelle nous avons promis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Et j'espère vraiment que nous y arriverons. Notre deuxième promesse est d'aider les pays vulnérables à s'adapter aux changements climatiques. Et puis, il y a une troisième obligation : nous allons devoir indemniser les personnes les plus vulnérables dans les pays les plus vulnérables pour les pertes et préjudices qu'elles ont subis du fait des changements climatiques.

Le troisième texte législatif, ce sont les objectifs de développement durable. Ils sont cruciaux. Le premier ministre était à New York il y a quelques semaines pour parler de l'engagement du Canada à cet égard. Si nous atteignons les objectifs de développement durable d'ici 2030, nous réduirons beaucoup de risques. En effet, les pays et les personnes dont nous parlons auront une plus grande capacité d'ajustement et d'adaptation aux risques à venir. Mais tant que les pays riches comme le Canada n'investiront pas dans les ODD, ne chercheront pas à les atteindre et ne coopéreront pas avec d'autres pays pour les atteindre, nous continuerons de créer un monde où les personnes vulnérables seront de plus en plus nombreuses. Nous disposons donc de trois outils clés. D'une certaine manière, nous disposons de tous les outils dont nous avons besoin. Nous avons déjà convenu des outils politiques. Il s'agit simplement de nous en saisir et de les utiliser.

[01:04:57 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Oui, les lacunes dans la mise en œuvre semblent constituer un défi dans de nombreux cadres. <Rires>. Hélène, souhaitez-vous ajouter quelque chose? Non? Eh bien, changeons de sujet et passons aux questions du public. D'accord. Je suis consciente de l'heure et je vois qu'un certain nombre de questions nous arrivent du clavardage. Nous allons y venir à présent.

Voici la première question qui a été posée. Je vous la lis telle quelle. Voyons. Première question : À l'heure actuelle, le système canadien de protection des réfugiés et d'asile ne reconnaît pas la motivation liée au climat comme un motif valable pour obtenir une protection en vertu de notre législation. Compte tenu du grand nombre de personnes qui se déplacent en raison des changements climatiques et des événements climatiques extrêmes, que devrait faire le Canada, le cas échéant, pour ces migrant·es, si elles et ils souhaitent venir au Canada ou sont déjà ici?

Je suppose donc que nous allons aborder ici l'idée des réfugié·es climatiques. Est-ce que nous les reconnaissons, oui ou non? Et que devrions-nous faire pour leur permettre de venir au Canada?

Robert McLeman : Je vais répondre. Merci, Elizabeth. La personne qui a posé cette question a tout à fait raison. Si nous examinons le droit des réfugié·es, qu'il s'agisse du droit international ou du droit canadien, les personnes qui sont forcées de se déplacer en raison de catastrophes environnementales ou climatiques ne sont pas admissibles à une protection en vertu de la Convention de Genève. Cela dit, c'est au Canada de décider qui il laisse entrer et à qui il refuse l'entrée. On peut interpréter la législation internationale sur les réfugié·es aussi largement ou aussi étroitement qu'on le souhaite. Nos agent·es des visas et de l'immigration ainsi que nos commissions du statut de réfugié disposent d'un immense pouvoir en matière de considérations humanitaires et de compassion, chaque fois qu'ils et elles sont face à une personne cherchant à entrer au Canada. Je parle ici de court terme, sans même toucher à nos politiques existantes. Cette capacité existe.

[01:07:14 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : Bien entendu, le ministre de l'Immigration dispose d'un énorme levier en vertu de notre législation existante sur l'immigration pour élargir ces définitions s'il le souhaite.

Deuxième chose, je déteste le fait de considérer systématiquement ces personnes comme des réfugié·es. Bien souvent, ces personnes sont aussi en quête de possibilités. À ce sujet, l'ancien président des Kiribati, Anote Tong, parlait de migration dans la dignité. La situation qu'il décrivait était la suivante : je vis dans un petit État insulaire. Mon peuple est très menacé par les effets des changements climatiques, que les pays occidentaux, le Canada, les États-Unis ou d'autres, provoquent avec leurs émissions de gaz à effet de serre. Nous ne voulons pas être des réfugié·es. Nous ne voulons pas qu'on nous traite comme des réfugié·es. Ce que nous voulons, c'est la possibilité pour nos jeunes de venir s'installer dans vos pays, d'étudier, de travailler, d'apprendre la langue, d'acquérir les compétences nécessaires pour que, si ce moment arrive, si nous avons besoin de partir, alors nous puissions migrer dans la dignité, et vous voudrez bien de nous parce que nous apporterons des contributions précieuses.

Lorsque vous discutez avec des personnes et des dirigeant·es de pays à risque, c'est peu ou prou leur discours. Et comme Manuel l'a souligné très clairement, une grande partie des migrations et des déplacements qui ont et qui auront lieu partout dans le monde pour des raisons liées au climat, se font et se feront à l'intérieur des pays. L'obligation du Canada ici n'est pas de faire sortir les gens de ces endroits, mais de fournir une aide à l'adaptation, une aide au développement pour aider ces personnes à se reconstruire et à se rétablir sur place. Il s'agit donc moins d'une question de réfugié·es que d'un défi de développement. Manuel ou Hélène, peut-être souhaitez-vous intervenir là-dessus?

[01:08:55 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Manuel Pereira : Je souhaiterais ajouter un élément, Robert. Je suis d'accord à 200 % avec ce que vous dites. On aime dissocier les deux un peu plus, selon l'idée que l'humanité est un animal difficile et que les personnes réfugiées dans le monde ont besoin de soutien.

[01:09:18 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : Il y a un très grand nombre de personnes qui dépendent entièrement de l'aide humanitaire parce qu'elles sont réfugiées, souvent dans des pays qui n'apprécient pas nécessairement leur présence à sa juste valeur, et cela crée des complications supplémentaires. Nous avons besoin que le monde absorbe davantage de personnes réfugiées persécutées pour une ou plusieurs des cinq raisons énumérées dans la Convention. C'est un impératif.

Mais, en même temps, il est important de ne pas opposer les deux. Comme vous l'avez dit, la régulation de la mobilité, de meilleures possibilités pour les visas et des visas réguliers permettant aux personnes de venir travailler, temporairement ou à long terme, sont absolument indispensables. L'Argentine dispose d'un mécanisme de visas humanitaires qui a soutenu, entre autres, les personnes ayant quitté Haïti après le tremblement de terre et qui essaie de pousser vers <inaudible>; c'est un très bon modèle. Lors d'une catastrophe humanitaire, les gens devraient pouvoir se déplacer pendant un certain temps, avec certains privilèges, avec de l'intégration, avec un accès aux services et en faisant partie d'une société qui leur permet d'apporter avec eux les avantages de la migration. Chaque fois que nous discriminons une personne, que nous la forçons à emprunter un parcours de mobilité irrégulier, nous créons des facteurs de stress supplémentaires pour la société.

Je pense donc que ces deux aspects doivent aller de pair. Nous avons besoin d'un système de réfugié·es pour atténuer une grande part des souffrances extrêmes qui existent, et les chiffres en la matière sont encore plus élevés que le total des personnes déplacées. Et puis, nous avons également besoin de ces programmes de travail et de visas de mobilité qui permettent de se déplacer en quête de nouvelles possibilités.

[01:11:02 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci, Manuel. Hélène, voulez-vous ajouter quelque chose?

Hélène Benveniste : Je vais juste aborder un point que les deux autres panélistes connaissent aussi bien que moi.

[01:11:18 Hélène Benveniste apparaît en plein écran.]

Hélène Benveniste : Dans la façon dont elle est construite, la Convention de Genève établit un équilibre entre la notion de réfugié·es et la notion de persécutions. Si vous ne pouvez pas présenter une demande pour persécutions, on ne peut pas vous reconnaître en tant que réfugié·e en vertu de la Convention. Et lorsqu'il s'agit des changements climatiques, c'est un argument extrêmement difficile à faire valoir, et ce pour diverses raisons. C'est pourquoi les universitaires comme les responsables politiques ont tendance à ne pas voir qu'il est grand temps d'inclure le climat comme une partie intégrante de la Convention de Genève. Et je trouve que Manuel a très bien expliqué les différentes institutions qui peuvent combler ces lacunes.v

[01:11:57 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : C'est très utile. Et je pense que vous venez de répondre à l'une des autres questions de l'auditoire, qui portait précisément sur la Convention Genève et demandait si une partie de la solution pouvait ou non consister à mettre à jour cette convention afin d'intégrer le fait qu'il existe de nouveaux types de réfugié·es, notamment les personnes touchées par les changements et les catastrophes climatiques.

De ce que j'ai compris, cela pourrait être une partie de la solution, mais il y a toutes ces autres choses qui doivent être faites. Mais veuillez développer si vous le souhaitez.

Hélène Benveniste : La seule chose que je voulais ajouter, c'est que, parfois, les gens qui travaillent dans ces sphères sont aussi un peu inquiets à l'idée de rouvrir des négociations sur la Convention de Genève en raison du climat politique actuel. On craint beaucoup que pour inclure une population plus vaste qui pourrait être considérée comme ayant droit à cette protection, on affaiblisse la Convention plutôt que de la renforcer.

[01:12:59 Hélène Benveniste apparaît en plein écran.]

Hélène Benveniste : C'est là une autre raison pour laquelle les gens pourraient être inquiets d'utiliser la Convention de Genève comme un outil sur ces questions.

[01:13:06 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Bien vu. Merci d'avoir souligné cet aspect. Il y a une autre question qui semble se poser concernant les groupes particulièrement vulnérables.

[01:13:20 Elizabeth Bush apparaît en plein écran.]

Elizabeth Bush : Nous avons déjà parlé de la nécessité de créer des occasions pour toutes celles et tous ceux qui pourraient souhaiter émigrer à la rechercher de nouvelles occasions, pour le travail ou leur famille, ou pour quitter des endroits qui ne leur donnent plus les moyens de subvenir à leurs besoins. Mais il s'agit aussi de comprendre si des travaux sont en cours, pour vraiment cibler les populations les plus vulnérables et défavorisées, en particulier les femmes et les filles. Nos invité·es ont donné l'exemple des réfugié·es rohingyas. Et je dirais que c'est une question différente. Existe-t-il des efforts ciblés pour permettre à ces groupes extrêmement vulnérables et qui sont déjà déplacés de venir au Canada?

[01:14:09 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Robert McLeman : Je vais intervenir juste sur la venue au Canada, même si ce sujet ne m'est pas si familier. Depuis plusieurs décennies, le Canada dispose de programmes ciblés pour aider les femmes en danger, en particulier lorsqu'elles ont des enfants, qui sont réfugiées ou dans des situations comparables.

[01:14:28 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : Dans les années 1990 et au début des années 2000, j'ai travaillé en tant qu'agent des visas pour les différents ministères responsables de l'immigration. L'un des défis à relever n'était pas tant l'absence de programmes ou de lois, mais que nous n'allions pas sur le terrain pour mettre en œuvre ces programmes. Le nombre de femmes et d'enfants protégé·es et amené·es au Canada dans le cadre de ces programmes était très limité.

Je ne connais pas particulièrement le contexte canadien d'aujourd'hui, mais n'hésitez pas à ajouter dans le clavardage des exemples que vous connaissez. Je vais donc céder la parole à Manuel et poser la question, dans un sens plus large, au sujet de l'OIM et des programmes particuliers qui pourraient cibler les femmes, les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap et d'autres personnes susceptibles d'être plus en danger que d'autres.

[01:15:20 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Manuel Pereira : Merci Robert, je vais revenir sur ce qu'a dit Hélène. Le climat est genré et, en fonction des occasions socioéconomiques offertes par la mobilité, le migrant ou la migrante en soi aura un certain type de genre. Ainsi, dans certaines régions du monde, le travail qu'il faut accomplir est un travail physique. Alors, les hommes partent et les femmes restent, et beaucoup d'entre elles sont dans une situation très vulnérable. Dans d'autres régions, les hommes peuvent continuer à trouver des emplois agricoles ou subalternes, tandis que les femmes ont des compétences pour l'industrie touristique, pour les tâches ménagères ou autres. Ce sont alors elles qui partent. Ce qui nous intéresse ici, c'est cette notion d'inclusion. L'équité et la parité entre les genres sont des questions très importantes dans la société. Et c'est en adoptant cette perspective de genre que nous pouvons opérer des transformations sociétales à même d'éliminer les vulnérabilités.

Les femmes meurent plus dans les catastrophes parce qu'elles ne savent pas nager. On ne leur apprend pas à nager. Les femmes sont moins alphabétisées, elles n'ont donc ni épargne ni connaissances financières; ou, très souvent, elles n'ont pas accès à la terre, ce qui les expose à bien des difficultés. Moyens de subsistance. Dans les pays où le contexte culturel limite les femmes, la mobilité les empêche également d'avoir des moyens de subsistance différents qui seraient plus rentables. Accès à l'éducation.

Nous avons donc ces problèmes fondamentaux des défis de genre, de la discrimination selon le genre et des vulnérabilités liées au genre qui, ensuite, produisent des effets collatéraux à mesure que les changements climatiques touchent les femmes. Et il faut des programmes pour y remédier.

[01:17:18 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : Prenons l'exemple des personnes déplacées. L'OIM a un programme appelé Projet de participation des femmes qui, dans les communautés de personnes déplacées, tente d'aider les femmes à s'organiser, à gagner en autonomie et à générer des activités, des moyens de subsistance et des occasions. Il s'agit aussi de leur donner une voix dans la communauté afin qu'elles fassent partie du processus de détermination des risques, des solutions et des possibilités. Et ceci doit être un effort continu et accessible à toutes.

Ce programme qui s'attaque à ce problème est donc très important à nos yeux. En Somalie, nous constituons des comités de gestion de femmes pour les puits d'eau parce que les femmes qui gèrent la disponibilité et la qualité de l'eau des puits préservent cette ressource pour l'avenir, tout en faisant disparaître les tensions quand la ressource est disponible. Je pourrais parler de tels exemples pendant des heures. Il est absolument essentiel d'étendre ces exemples. Nous ne vivons pas encore dans un monde d'égalité et de parité. Pendant que, dans les pays occidentaux, nous parlons des femmes qui sont moins bien rémunérées que les hommes pour le même travail, imaginez ce que cela donnerait dans une société construite essentiellement autour du fait de rendre les femmes dépendantes de quelqu'un d'autre, des biens de quelqu'un d'autre ou de l'autorité de quelqu'un d'autre pour toutes leurs décisions. C'est là que réside la cause profonde que nous devons changer. Merci.

[01:18:50 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci beaucoup, Manuel. Il y aurait évidemment beaucoup à dire sur ce sujet. Nous avons une autre question ici. J'essaie de choisir des questions qui nous permettront d'aborder d'autres sujets. J'ai ici une question qui demande votre opinion sur le rôle des peuples autochtones dans l'atténuation et l'adaptation aux changements climatiques en matière de migration. Mais peut-être que cette question demande aussi si, parce que les peuples autochtones vivent sur des terres territoriales, on pourrait penser que la migration, que quitter leurs foyers ancestraux, n'est pas un choix qu'ils voudraient faire. Je suppose que c'est assez proche de la question sur les programmes ciblés pour les femmes et les enfants. Quels efforts sont déployés au niveau mondial pour dialoguer avec les peuples autochtones et les mobiliser? Dans quelle mesure les changements climatiques soulèvent-ils des problèmes de déplacement parmi eux? Bien sûr. Manuel, c'est à vous.

[01:20:00 Manuel Pereira apparaît en plein écran.]

Manuel Pereira : Très rapidement – et j'enlève ma casquette de l'OIM pour dire cela – l'enjeu des communautés autochtones est la façon dont nous voyons le monde. Pour la majorité des communautés autochtones, la nature et la planète font partie de qui elles sont, de leur cosmographie. Ce n'est pas quelque chose qui existe là où elles vivent, cela fait partie d'elles. Cette philosophie n'est pas compatible avec nos concepts de propriété privée, de profit, de frontières et d'individualisme. C'est là un choc culturel sur lequel nous devons travailler toutes et tous. Je ne vais pas entrer dans d'autres questions plus compliquées, mais la majorité des peuples autochtones traite la terre en partant du principe qu'elle produit et peut être exploitée ou utilisée jusqu'à un certain point, et qu'ensuite elle a besoin d'être régénérée. Il y a une notion de continuité dans le temps. Et bon nombre de nos sociétés considèrent l'habitat comme une ressource dotée d'une date de fin et d'une capacité, mais sans aucun besoin par la suite. C'est pourquoi nous abandonnons des habitats dans de nombreuses régions du monde. Il faut que cela change. Et je m'arrête ici. Pardonnez-moi, je suis ingénieur en environnement, donc pour moi, tout ceci est un peu <rire>. Excusez-moi.

[01:21:29 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Quelqu'un d'autre sur ce sujet?

Hélène Benveniste : Je vais juste ajouter une chose, qui est que je vous remercie d'avoir soulevé ce point. C'est un point central de la conversation, notamment parce qu'il renvoie à la notion de ce qu'on appelle parfois l'attachement au lieu, le point auquel les gens sont foncièrement attachés au lieu dans lequel ils vivent.

[01:21:50 Hélène Benveniste apparaît en plein écran.]

Hélène Benveniste : Cette caractéristique a tendance à se vérifier dans beaucoup de communautés, mais tout particulièrement dans les communautés autochtones. Et cela met en évidence le fait que la notion de migration ou de relocalisation planifiée, peu importe comment vous voulez l'appeler, n'est peut-être pas le choix qu'une communauté voudrait faire. Si l'on se place du point de vue de l'élaboration des politiques, je pense qu'il est indispensable de garder cela à l'esprit. Si vous envisagez la situation dans une perspective d'optimisation économique, vous penserez sans doute qu'il est plus logique de déplacer telle ou telle communauté ailleurs, à l'abri du danger. Je pense que cela pose surtout problème quand, du point de vue de l'élaboration des politiques, beaucoup de ces décisions ne seront pas économiquement optimales, et je pense que nous devrions l'accepter. Mais c'est une discussion qui doit également avoir lieu en dehors de paramètres strictement économiques d'optimisation; or, ce sont précisément ces paramètres qui sont utilisés pour la plupart des décisions politiques.

[01:22:50 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci. Merci, Hélène, d'avoir ajouté cet aspect. Cela revient certainement à affirmer : aucune décision sur nous sans nous. C'est l'un des principes qui sont clairement essentiels pour les peuples autochtones et qui sont au cœur de leur participation aux décisions relatives aux changements climatiques. Mais je suis sûre que c'est également vrai ailleurs. Comme vous l'avez dit, cet attachement au lieu est profondément ancré chez de nombreuses personnes.

Je regarde de nouveau les questions soumises. Nous avons une nouvelle question qui remarque que la discussion s'est surtout concentrée sur les déplacements provoqués par des catastrophes rapides. Mais celles dont les effets s'étalent dans le temps sont beaucoup plus difficiles à saisir et à expliquer. En effet, on pourrait être tenté de classer certaines personnes dans la catégorie des migrant·es économiques, même lorsque les effets du climat contribuent dans une certaine mesure à leur décision de partir. Nous sommes alors face à des changements lents et sous-jacents qui augmentent les risques et la vulnérabilité. Comment les responsables politiques peuvent-ils traiter ce type de phénomènes moins visibles, ces facteurs plus lents d'augmentation de la vulnérabilité et d'augmentation des risques? Et dans quelle mesure devons-nous garder ces deux impératifs à l'esprit? Comment assurer l'intervention en cas de catastrophes et d'événements extrêmes tout en tenant compte de ces facteurs de changement sous-jacents à long terme?

Robert McLeman : Pour commencer je dirais que oui, il est facile de repérer ces événements rapides. Pensons à ce qui se passe en Libye depuis deux semaines : une communauté entière a été emportée par la rupture d'un barrage causée par des pluies torrentielles.

[01:24:27 Robert McLeman apparaît en plein écran.]

Robert McLeman : Ici, la cause et l'effet sont évidemment très clairs pour nous. Mais vous avez tout à fait raison. Ces tensions qui s'accumulent plus lentement et graduellement, qu'il s'agisse d'une chaleur extrême qui s'accumule au point que certaines communautés deviennent physiquement invivables pour les êtres humains à certaines périodes de l'année, de sécheresses ou d'autres événements à évolution plus lente.

Une grande partie de ce que j'ai appris au fil des ans sur la relation entre le climat et la migration me vient des migrations dues aux tempêtes de poussière dans les années 1930 en Amérique du Nord. À l'époque, les grandes plaines nord-américaines ont subi une vague de sécheresses exceptionnelles dans une période de ralentissement économique. Et les gens ont fui la Saskatchewan pour la Colombie-Britannique, l'Oklahoma pour la Californie. Il y a eu beaucoup de recherches sur cet épisode. On a demandé à ces personnes qui avaient migré vers la côte ouest pourquoi elles étaient parties. Et souvent, leur première réponse était : pour trouver du travail. Notre première réaction sera alors de les classer comme des migrant·es économiques. Mais il y avait une question supplémentaire : pourquoi cherchez-vous du travail? Eh bien, il n'y avait pas de travail en Oklahoma. Oh, et pourquoi? Parce que les récoltes n'avaient rien donné. Il n'y avait plus de travail dans l'agriculture. Mais pourquoi? Oh, parce qu'il y a eu cette sécheresse qui a duré plusieurs années.

C'est comme un oignon. Si vous ne regardez que la couche extérieure, vous ne verrez qu'une seule chose. Mais dès que vous commence à peler l'oignon, vous verrez apparaître plusieurs causes, des effets indirects et des effets directs. Dès lors, le message destiné aux responsables politiques, à celles et ceux qui se placent dans une perspective stratégique à long terme, aux analystes qui doivent être à jour sur ce qui se passe dans leur domaine, est qu'il faut garder à l'esprit que, parfois, les répercussions ne sont pas seulement celles qui font la une des journaux. Les effets se produisent aussi à bas bruit. Il faut donc continuer à faire très attention au fait qu'il existe de nombreuses façons, interconnectées entre elles, de rendre les gens vulnérables et, en fin des comptes, de les contraindre au déplacement. Et cela peut nous tomber dessus de différentes directions. Merci.

[01:26:41 Elizabeth Bush, Robert McLeman, Hélène Benveniste et Manuel Pereira apparaissent dans des panneaux de conversation vidéo.]

Elizabeth Bush : Merci, Robert. Il nous reste encore deux ou trois minutes si quelqu'un d'autre souhaite intervenir, mais je sais que Robert a un cours à donner. Nous allons donc peut-être conclure.

Merci énormément pour cette discussion que j'ai trouvée incroyablement stimulante. Encore une fois, votre passion transparaît vraiment. Nous avons eu une heure et demie vraiment intéressante, je n'ai pas vu le temps passer.

Alors, au nom de l'École, je tiens à remercier nos trois intervenant·es,

[01:27:13 Elizabeth Bush apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Browse the learning catalogue! It includes courses, events and other learning tools. Visit Canada.ca/School. / Consultez le catalogue d'apprentissage! Il vous propose des cours, des événements et des outils d'apprentissage. Visitez Canada.ca/Ecole]

Elizabeth Bush : Robert, Hélène et Manuel, ainsi que tout le public, partout au pays, pour avoir participé à la discussion d'aujourd'hui. J'espère que nous en tirerons une puissante inspiration, car aussi grave que soit la crise climatique, nous savons qu'il existe des solutions pour y faire face, que ce soit pour atténuer les changements climatiques et nous y adapter, ou pour nous préparer à toute la gamme de leurs conséquences à venir. Et, comme nous l'avons entendu, les migrations dues aux changements climatiques peuvent avoir des conséquences et créer des occasions extrêmement variées, vous l'avez affirmé haut et fort, pour le gouvernement du Canada et ses domaines de responsabilité. Le fait que vous soyez si nombreux et si nombreuses à suivre ce cours est déjà le signe que vous reconnaissez qu'il est essentiel d'anticiper les défis à venir.

Un grand merci à nos trois invité·es! Quelques remarques finales. On m'a demandé de rappeler à tout le monde que nous proposons d'autres cours. Le 16 octobre se tiendra un événement spécial pour les leaders du gouvernement du Canada sur les perspectives internationales des changements climatiques et des enjeux environnementaux. Le 3 novembre, vous pourrez assister au prochain événement de la série d'aujourd'hui. Il portera sur les déplacements liés au climat au Canada. Nous profitons également de votre présence pour attirer votre attention sur une série de nouveaux cours d'éducation au climat proposés dans le catalogue de cours de l'École.

Ces cours ont été élaborés par Environnement et Changement climatique Canada. Ils s'intitulent : Fondements du problème des changements climatiques (code du cours : CHC101), Aider le Canada à atteindre la carboneutralité (CHC102) et S'adapter aux changements climatiques au Canada (CHC103). Veuillez consulter le site Web pour obtenir toutes les mises à jour.

Pour ma part, je vous encourage toutes et tous à consulter le site Web changingclimate.ca, qui est le site Web d'accueil du processus d'évaluation nationale du climat du Canada. Vous y trouverez beaucoup d'information au sujet des évaluations réalisées par des spécialistes canadien·nes sur les signes des changements climatiques, leurs effets et les progrès en matière d'adaptation.

C'est à peu près tout. Nous n'avons plus de temps. Merci d'avoir passé une formidable heure et demie avec nous.

[01:29:30 Le logo de l'EFPC s'affiche à l'écran.]

[01:29:35 La marque numérique du Canada s'affiche, puis l'écran devient noir.]

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