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Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique (TRN5-V54)

Description

Cet enregistrement d'événement porte sur les problèmes de déplacement que vivent les collectivités du nord du Canada, particulièrement celle de Tuktoyaktuk, à cause du réchauffement climatique, qui altère l'environnement.

Durée : 01:25:49
Publié : 23 avril 2024
Type : Vidéo

Événement : Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique


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Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique

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Transcription : Série sur le changement climatique et les migrations humaines : Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique

[00:00:00 La vidéo s'ouvre sur le logo animé de l'EFPC]

[00:00:06 Robert McLeman apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Canada.ca/School; Robert McLeman, Wilfrid Laurier University. / Canada.ca/Ecole; Université Wilfrid-Laurier.]

Robert McLeman : Bonjour à tous et bienvenue. Je m'appelle Robert McLeman. Notre événement d'aujourd'hui s'intitule « Ce que nous apprend Tuktuyaaqtuuq sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique ». Il s'agit du troisième de quatre événements de la Série sur le changement climatique et les migrations humaines. Je suis professeur d'études environnementales à l'Université Wilfrid-Laurier de Waterloo. Je suis co-créateur de cette série et je serai votre animateur aujourd'hui.

[00:00:38 Texte superposé à l'écran : Canada.ca/School; Community Relocations in a Changing Climate-Lessons from Tuktoyaktuk; Climate Change and Human Migration Series. / Canada.ca/Ecole; Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique; Série sur le changement climatique et les migrations humaines.]

Robert McLeman : J'aimerais commencer par une reconnaissance du territoire, en disant que je me trouve sur le territoire partagé des peuples neutres Anishinaabe et Haudenosaunee. Ce territoire fait partie du traité du « Bol à une seule cuillère », signé entre les Haudenosaunee et les Anishinaabe, et symbolise l'accord de partage, de protection de nos ressources et d'absence de conflit. Dans la Proclamation Haldimand du 25 octobre 1784, ce territoire est décrit comme ayant une profondeur de six milles de chaque côté de la rivière Grand, commençant au lac Érié et s'étendant proportionnellement à la tête de ladite rivière, dont les peuples et leur descendance sont libres de jouir à jamais.

La Proclamation a été signée par les Britanniques avec leurs alliés, les Six Nations, après la Révolution américaine. Bien qu'elles constituent aujourd'hui la réserve la plus peuplée du Canada, ces nations résident aujourd'hui sur moins de 5 % de leur territoire d'origine. Certains d'entre vous viennent peut-être d'autres régions du pays et je vous encourage à prendre un moment pour reconnaître le territoire que vous occupez.

Aujourd'hui, nous entendrons de brèves présentations de quatre conférenciers spécialisés dans l'impact du changement climatique sur la collectivité de Tuktuyaaqtuuq, dans les Territoires du Nord-Ouest. Une table ronde permettra ensuite d'approfondir certains des défis et des possibilités pour la collectivité de Tuktuyaaqtuuq et pour les gouvernements travaillant dans ce domaine. Je suis très heureux de vous décrire et de vous présenter nos conférenciers d'aujourd'hui.

Notre première conférencière sera Deva Pokiak, agente de liaison avec la collectivité à Tuktuyaaqtuuq. Elle fait partie du projet Nuna, pour lequel elle travaille avec une équipe diversifiée afin d'étudier le changement climatique et de faire des prévisions plus précises sur les taux d'érosion futurs dans le Nord. Dans le cadre de son travail, Deva fait le lien entre les connaissances traditionnelles et les connaissances scientifiques pour aider à corroborer et à définir les changements sur le territoire et à recueillir des données. Elle est également chasseuse, trappeuse et cueilleuse, grâce aux compétences qu'elle a acquises auprès de son père. Elle participe à la surveillance communautaire depuis 2018.

Notre deuxième intervenant sera Dustin Whalen, spécialiste des sciences physiques à Ressources naturelles Canada à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Il a participé à plus de 50 expéditions sur le terrain dans l'ouest de l'Arctique canadien pour étudier la dynamique côtière dans un climat changeant. Ses recherches portent sur l'impact de l'érosion côtière sur le peuple inuit, les collectivités, les écosystèmes marins et le développement industriel.

Notre troisième intervenante aujourd'hui sera Morgen Bertheussen, qui est une étudiante de doctorat travaillant pour la Chaire de recherche du Canada en logement, communauté et santé à l'Université McGill. Elle s'intéresse aux déterminants sociaux et environnementaux de la santé dans différents contextes culturels. Au cours de sa maîtrise, elle a mis l'accent sur l'intégration des conceptualisations autochtones de la santé et du bien-être dans la recherche quantitative occidentale. Ses recherches doctorales intègrent les incidences du changement climatique sur la santé et le bien-être des collectivités afin de déterminer les facteurs de protection qui peuvent être intégrés dans la planification de l'adaptation.

Notre quatrième intervenante sera Kearney Coupland, professeure adjointe invitée en études environnementales à l'Université St. Lawrence Ses recherches s'appuient sur sa formation d'architecte paysagiste et portent sur la manière dont les gens vivent l'évolution de leur environnement et s'y adaptent, en réponse au changement climatique. Elle étudie les dimensions sociales de la mobilité climatique, y compris le déplacement, dans le cadre d'événements à évolution lente ou soudaine dans les Caraïbes et l'Arctique. Elle travaille actuellement avec le hameau de Tuktuyaaqtuuq à l'élaboration d'une stratégie de planification du déplacement.

Il s'agit de la troisième journée d'une série en quatre parties dans laquelle nous explorons la façon dont le changement climatique touche les collectivités au Canada et à l'étranger, en accordant une attention particulière à la façon dont il influence ou pourrait influencer à l'avenir les schémas de migration et de déplacement. C'est tout pour moi. J'aimerais maintenant inviter notre première intervenante, Deva Pokiak, à nous faire part de son point de vue sur ces questions. Deva?

[00:05:00 Deva Pokiak apparaît en plein écran. L'écran se sépare pour montrer Deva et une carte du nord du Canada avec la région désignée des Inuvialuit.]

Deva Pokiak : Bonjour à tous. Je me trouve à Tuktuyaaqtuuq, ma collectivité d'origine, située dans la région désignée des Inuvialuit, dans les Territoires du Nord-Ouest. Je pense qu'il est important de savoir où sont nos racines et de connaître le lieu auquel nous appartenons, et c'est pourquoi il est si important de prendre soin de l'environnement.

[00:05:29 Deva Pokiak apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Deva-Lynn Pokiak, Tuktoyaktuk Community Liaison Officer. / Tuktoyaktuk Agente de liaison avec la communauté.]

Deva Pokiak : J'ai une fille de deux ans à qui je compte transmettre mes connaissances des pratiques traditionnelles et culturelles, ainsi que les nouvelles connaissances que j'ai acquises en travaillant dans le projet Nuna. J'aime travailler sur le terrain et rencontrer de nouvelles personnes.

Tuktuyaaqtuuq est une petite collectivité située sur la côte de l'océan Arctique, à l'est du fleuve McKenzie, dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, et qui compte environ un millier d'habitants. En 2017, nous avons été connectés au reste du monde et à toutes les régions du pays. Ma collectivité est accueillante, tout le monde se connaît ou à peu près, et les gens aiment pratiquer leurs coutumes culturelles et continuer la chasse et la récolte saisonnières, en transmettant les connaissances culturelles traditionnelles à leur famille, à leurs enfants, et à tous ceux qui sont souhaitent apprendre; c'est ce que l'on m'a enseigné.

[00:06:38 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Très bien, Deva. Nous allons revenir dans quelques minutes pour vous poser des questions supplémentaires sur le type de recherche que vous menez et sur ce que nous apprend la collectivité de Tuktuyaaqtuuq. Merci beaucoup. Dustin, vous permettez que je vous cède la parole?

[00:06:56 Dustin Whalen apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Dustin Whalen; Natural Resources Canada. / Ressources naturelles Canada.]

Dustin Whalen : Bien sûr. Bonjour à tous. Je m'appelle Dustin Whalen. Je suis spécialiste des sciences physiques à Ressources naturelles Canada. J'ai l'honneur de travailler aux côtés de Deva et d'autres personnes dans la région désignée d'Inuvialuit, mais je suis chez moi en Nouvelle-Écosse, sur la côte est, sur le territoire ancestral et non cédé du peuple Mi'kmaq.

Comme l'explique Robert, mon travail au sein de Ressources naturelles Canada consiste à comprendre ce qui se passe avec le changement climatique dans l'Arctique canadien, le long du littoral. C'est la description du poste telle qu'elle m'a été donnée il y a près de 20 ans. J'ai vite appris que pour comprendre ce qui se passe vraiment, il faut comprendre les gens qui vivent là, et ce qu'ils vivent aussi. Je pense que ces renseignements, combinés aux données scientifiques, nous permettent d'avoir la meilleure vision possible de l'avenir.

Le plan de recherche du gouvernement du Canada comporte de nombreux aspects différents, mais il est réellement axé sur la volonté d'informer la population canadienne. Informer la population canadienne sur ce qui se passe dans le Nord, le long de la côte, que l'on y vive ou non. Les renseignements que nous pouvons fournir en tant que scientifiques fédéraux contribuent à éclairer non seulement la politique territoriale, provinciale ou nationale, mais aussi la politique internationale.

Notre travail consiste donc à fournir ce contexte scientifique à certains de ces modèles panarctiques et aux décisions prises à l'échelle internationale. Il est important pour nous de poursuivre nos recherches en vue d'un suivi communautaire et d'un suivi des différents aspects du changement. L'aspect le plus important pour moi est l'érosion. C'est très important, car cela nous permet de faire le lien entre la science, les Inuvialuit, ou la perspective autochtone, et les politiques. Comme je l'ai déjà dit, nous ne travaillons pas dans une bulle. Nous comptons sur les autres et sur tous ceux qui nous entourent pour y contribuer. L'élaboration conjointe de ce plan de recherche est très importante et constitue la base du travail que j'effectue.

Nulle part ailleurs au Canada nous n'observons des changements comme ceux que nous observons dans l'ouest de l'Arctique. La perte dramatique de glace de mer, l'augmentation des températures de l'air et la multiplication des tempêtes dans la région ont entraîné des changements radicaux sur la côte. L'île Pelly est l'une des îles les plus érodées au monde. Elle perd 40 mètres par année en raison de l'érosion. Imaginez 40 mètres. Imaginez l'équivalent d'un gymnase d'école de la taille d'un terrain de basketball entier qui disparaisse chaque année en raison de l'érosion. Imaginez maintenant que ce gymnase soit haut de deux, trois ou quatre étages et qu'il disparaisse chaque année. Enfin, imaginez que cela se produise en moins de quatre mois pendant la saison des eaux libres.

Ainsi, lorsque nous observons la côte, nous voyons ce type de changement sur l'ensemble du littoral. Nous arrivons ensuite à la collectivité de Tuktuyaaqtuuq, où les gens vivent. Là où les gens dépendent de la collectivité pour leur vie quotidienne, et où ils vivent depuis des centaines d'années. Cette collectivité est également confrontée à des changements accélérés.

[00:10:25 Écran partagé : Dustin Whalen, et deux images aériennes de Tuktuyaaqtuuq, dont l'une montre un littoral très érodé]

Dustin Whalen : Érosion accrue; élévation du niveau de la mer; tempêtes. Cela a un effet dramatique sur la capacité de la collectivité, vraiment. Ainsi, dans sa configuration et sa position actuelles, Tuktuyaaqtuuq est confrontée à la question de savoir ce qu'il faut faire à l'avenir pour s'adapter. Et c'est mon travail de collaborer avec la collectivité, avec les intervenants,

[00:10:55 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : et de travailler avec les personnes qui font des recherches et s'intéressent à la collectivité de Tuktuyaaqtuuq pour s'assurer que nous fournissons les renseignements les plus récents possibles en vue d'une adaptation future.

[00:11:13 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Merci, Dustin. C'est une excellente introduction et je pense qu'elle permet de comprendre la gravité des risques auxquels sont confrontées les collectivités de l'ouest de l'Arctique, en particulier Tuktuyaaqtuuq et les environs. Vous pourrez nous donner plus de détails sur ce que nous apprenons et sur ce que nous pouvons faire à l'avenir. Merci beaucoup.

Morgen, je vous redonne la parole. Pourriez-vous parler de vous et de vos activités?

[00:11:37 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Morgen Bertheussen; Community and Health, McGill University. / Communauté et santé, Université McGill.]

Morgen Bertheussen : Oui. Merci, Robert. Merci à tous. Merci à tout le monde d'avoir pris le temps d'aujourd'hui. Je suis très reconnaissante de l'occasion qui m'est donnée de participer à cette série aux côtés de mes collègues. Comme Robert l'a mentionné dans l'introduction, je suis une étudiante au doctorat qui travaille sous la supervision de Mylène Riva, Ph. D., au département de géographie de l'Université McGill, qui est située sur le territoire non cédé de la Nation Kanien'kéha, qui est reconnue comme la gardienne de Tiohtià:ke, communément appelée Montréal. J'ai été invitée à travailler sur le projet Nuna en tant que chercheuse en sciences sociales intéressée par la manière dont différents types de connaissances peuvent fonctionner ensemble pour répondre à un objectif précis. Dans ce cas, l'objectif auquel je fais référence est l'adaptation au changement climatique.

Ainsi, comme Robert, Dustin et Deva l'ont brièvement évoqué, mes collègues ici présents et moi-même faisons tous partie du projet Nuna, qui est né des préoccupations et des questions de la collectivité concernant la qualité de l'air, l'érosion, le dégel du pergélisol, le rétrécissement des voies navigables et les incidences socio-économiques et culturelles du changement climatique sur la collectivité de Tuktuyaaqtuuq. En participant à ce vaste projet aux multiples facettes, j'ai l'occasion d'écouter et d'apprendre des détenteurs de savoirs traditionnels et locaux, des spécialistes des sciences physiques et des spécialistes des sciences sociales.

Comme vous le savez tous, nous avons des collègues, comme Deva, qui sont à Tuk, et d'autres sur la côte est du Canada et jusqu'au Royaume-Uni, qui apportent des perspectives et une expertise différentes lorsqu'il s'agit d'étudier et de comprendre le changement climatique. Et nous savons tous que le changement climatique n'a pas seulement une incidence sur le paysage physique, mais aussi sur les personnes dont la vie en dépend.

Lorsqu'ils sont réunis, ces trois types de connaissances que je mentionne, à savoir les connaissances traditionnelles, la science physique et la science sociale, peuvent fournir une image complète et une compréhension plus globale de ce qui se passe à Tuk et sur les meilleurs moyens d'aller de l'avant. Je ne dis pas que le projet Nuna y parvient parfaitement, mais c'est quelque chose que nous nous efforçons de faire au fur et à mesure que nous travaillons ensemble.

J'aimerais maintenant vous en dire un peu plus sur mon rôle en tant que chercheuse en sciences sociales dans le cadre du projet Nuna. Mon travail ne consiste pas à me rendre sur l'île Pelly et à mesurer les taux d'érosion. Je travaille plutôt au sein de la collectivité et j'ai l'occasion de discuter avec les membres de la collectivité dans des entretiens et d'autres activités de recherche dont les objectifs sont de déterminer les priorités et les préoccupations en ce qui concerne le changement climatique et l'adaptation. Ainsi, sans entrer dans les détails des entretiens et des activités, j'aimerais consacrer les dernières minutes de mon introduction à vous faire part de l'un des résultats de l'activité menée avec les jeunes au printemps dernier.

Cette activité consistait à prendre des photos de la collectivité et à discuter de ce qui était important pour eux. À la fin, ils ont tous écrit un message qu'ils voulaient exprimer, que je transmettrai également ici. Les jeunes de Tuktuyaaqtuuq ont écrit :

[00:15:37 Écran partagé : Morgen Bertheussen, quatre photos de Tuktuyaaqtuuq et le message des enfants, tel que décrit. / 00:16:00 FRENCH text, as described.]

Morgen Bertheussen : « Nous voulons que plus de gens se préoccupent de ce qui arrive à nos terres traditionnelles et à la manière dont les changements climatiques affecte la santé mentale de notre peuple. La terre nous permet de transmettre notre savoir traditionnel pour aider la prochaine génération à enseigner à leurs enfants et petits-enfants à grandir comme nous. Nous avons besoin de plus de gens pour nous aider à protéger notre terre afin que nous ne perdions pas Tuk! »

Ce message n'est qu'un exemple de la façon dont la collaboration avec les membres de la collectivité et l'écoute de ce qu'ils ont à dire sur le changement climatique et son impact sur leur vie constituent la toute première étape de la planification de l'adaptation,

[00:16:20 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran]

Morgen Bertheussen : qu'il s'agisse de s'adapter sur place ou de déménager, Kearney vous en dira un peu plus dans quelques instants. C'est donc tout pour moi. Merci.

[00:16:32 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Merci beaucoup, Morgen. Merci beaucoup pour cette contribution, et j'apprécie vraiment le fait que vous essayez de mettre ce que vous apprenez dans le contexte du bien-être au sens large. Nous allons donc revenir en arrière et vous demander de nous faire part de ce que vous apprenez. Merci beaucoup. La parole est maintenant à Kearney, s'il vous plaît.

[00:16:52 Kearney Coupland apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Kearney Coupland, St. Lawrence University. / Université St. Lawrence.]

Kearney Coupland : Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir invitée à participer à cette discussion. Je m'appelle Kearney Coupland et je suis professeure adjointe à l'Université St. Lawrence à Canton, New York, où j'enseigne la psychologie et la conception environnementales, ainsi que l'adaptation au changement climatique. L'université et ma maison sont situées sur le territoire traditionnel non cédé des peuples Haudenosaunee, en particulier celui des Ahkwesahsne Mohawk.

Comme Robert l'a mentionné, depuis 2022, je travaille avec le hameau de Tuktuyaaqtuuq à l'élaboration d'une stratégie de planification du déplacement. Tuk a une longue histoire d'adaptation aux changements environnementaux, en particulier à l'érosion, aux inondations, aux tempêtes et à l'élévation du niveau de la mer. Cependant, les observations sur le terrain et les projections de la science occidentale montrent que si l'adaptation en place peut protéger Tuk à court terme, des plans sont nécessaires pour déplacer la collectivité à long terme. Et par « long terme », on entend au cours des 25 prochaines années. Ce qui, en fait, n'est pas si long que cela.

La décision de déménager est une adaptation difficile à accepter, notamment en raison des liens culturels et traditionnels avec la terre dont Morgen, Deva et Dustin ont parlé. Cette situation est aggravée par l'absence de protocoles existants pour guider le déplacement d'une collectivité de cette taille en raison du changement climatique. Bien qu'il y ait des discussions sur le déplacement des collectivités partout au Canada, il n'y a pas de plan fédéral pour aborder les déplacements en tant qu'adaptation. En fait, le Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes indique explicitement qu'il ne finance pas le déplacement de collectivités. Le rapport de 2022 du Groupe de travail sur l'assurance contre les inondations et la réinstallation a brièvement abordé la question des déplacements, mais l'accent a surtout été mis sur l'assurance. Terre-Neuve-et-Labrador a peut-être l'approche la plus complète en matière de déplacement de collectivités, bien que l'accent soit davantage mis sur les motivations économiques que sur les effets du climat. Enfin, certaines municipalités canadiennes adoptent des approches ponctuelles pour commencer à inclure le retrait géré ou le déplacement de collectivités dans leur plan d'adaptation au changement climatique.

Bien qu'il n'y ait pas de précédent canadien, l'approche par étapes de Newtok, en Alaska, pour le déplacement de villages, a été un outil incroyable et utile pour comprendre le processus de déplacement. Tuktuyaaqtuuq en est aux étapes préliminaires de la planification du déplacement. Il s'agit notamment de créer un poste de coordination de la planification du déplacement, un comité de planification du déplacement et, au niveau du territoire, de mettre en place un soutien de la part des affaires municipales et communautaires. Bien qu'il y ait des différences importantes entre le déplacement de Newtok et le déplacement futur de Tuk, il y a d'importantes similitudes qui pourraient donner un aperçu critique de la planification de Tuktuyaaqtuuq, en particulier lorsqu'il s'agit de protéger les moyens de subsistance culturels et traditionnels et l'attachement à la terre. Reconnaissant l'importance du partage des connaissances entre ces collectivités et de la prise en compte des défis et des occasions liées au déplacement, un financement a été obtenu pour que le comité de planification du déplacement de Tuk se rende en Alaska en 2025 afin de promouvoir des discussions intercommunautaires avec différents intervenants et de donner l'occasion d'observer les conséquences du déplacement.

Au cours de ces premières étapes, il est important de savoir si les gens sont prêts à être déplacés, quand ils seraient prêts à le faire, et de cibler les préoccupations liées au déplacement afin de communiquer efficacement et de développer conjointement des moyens de répondre de manière proactive à ces préoccupations dans le cadre de la conception de la nouvelle collectivité.

Comme l'a mentionné Morgen, dans le cadre du projet Nuna, nous avons mené des entretiens avec les habitants de Tuktuyaaqtuuq, en leur demandant de nous faire part de leur volonté de déménager, de ce qui les inciterait à le faire et des aspects du développement d'une nouvelle collectivité qui devraient être prioritaires selon eux. Pour la plupart, dans ce petit échantillon, les gens sont ouverts au déplacement, mais seulement en dernier recours, en particulier si certains seuils environnementaux sont franchis. Nous allons maintenant utiliser les réponses obtenues lors des entretiens pour élaborer une enquête permettant d'évaluer ces questions liées au déplacement à une échelle communautaire plus large. Les réponses à l'enquête seront utilisées par la direction et le coordonnateur ou la coordonnatrice de la planification du déplacement pour déterminer les prochaines étapes du processus.

Je terminerai en soulignant que la planification du déplacement est un processus incroyablement long qui nécessite des adaptations plus immédiates. Bien que je ne puisse pas parler de toutes les adaptations qui ont lieu à Tuk, depuis les ménages jusqu'aux décisions prises par le hameau en matière d'adaptation, je tiens à souligner l'importance d'un investissement continu pour maintenir la collectivité en place le plus longtemps possible. Quitter Tuktuyaaqtuuq pour s'installer à l'intérieur des terres ne sera pas une décision ou un processus facile. Cependant, en raison du manque de volonté généralisé concernant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, Tuktuyaaqtuuq est la première des nombreuses collectivités canadiennes qui devront planifier leur déplacement en raison des impacts croissants du changement climatique. Merci.

[00:21:39 Robert McLeman apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Canada.ca/School; Community Relocations in a Changing Climate-Lessons from Tuktoyaktuk; Climate Change and Human Migration Series. / Canada.ca/Ecole; Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique; Série sur le changement climatique et les migrations humaines.]

Robert McLeman : Merci, Kearney. Et oui, c'est un message qui donne à réfléchir, pour nous tous ici. Je pense que nous allons ensuite passer à une séance de questions-réponses, et nous suivrons le même ordre de procédure : je commencerai par discuter avec Deva, puis je passerai à Dustin, Morgen et Kearney dans cet ordre. Je vous remercie donc tous les quatre pour vos introductions.

[00:22:09 Écran partagé : Robert McLeman et Deva Pokiak]

Robert McLeman : Deva, j'aimerais commencer par discuter un peu avec vous. L'une des réalités est que de nombreuses personnes qui nous écoutent ne sont jamais allées à Tuktuyaaqtuuq, ne connaissent peut-être pas les défis auxquels les habitants de Tuktuyaaqtuuq sont confrontés, et certainement pas les détails de ce projet particulier. C'est peut-être la première fois qu'ils prennent conscience des réalités auxquelles cette collectivité est confrontée aujourd'hui. Ma première question est donc la suivante : en tant qu'agente de liaison à Tuktuyaaqtuuq, chargée de faire le lien entre la collectivité et les chercheurs qui viennent l'aider, avez-vous observé un accueil positif de la part de la collectivité à l'égard de ces efforts de recherche? Et quels sont les défis auxquels vous êtes personnellement confrontée dans ce rôle?

[00:22:58 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Oui. Mon rôle de liaison avec la collectivité a eu des répercussions positives sur celle-ci. Je pense que c'est d'abord parce que j'ai des connaissances sur mon pays et ma culture, et que je les incorpore à la science occidentale. Cela me donne une façon unique de voir les deux côtés du monde. Je connais à la fois le monde scientifique et l'aspect culturel et traditionnel. J'aime utiliser ces deux éléments pour aider le projet Nuna à développer un excellent moyen d'interagir avec la collectivité, et aussi pour assurer une bonne communication entre les deux, les chercheurs et la collectivité, et les personnes qui participent.

Certains des problèmes auxquels la collectivité est confrontée, dans le cadre du projet Nuna, sont liés à la lutte que nous menons. Ce n'est pas vraiment une lutte, mais j'apprends à ramener ces données dans la collectivité et à les partager dans un langage simple et compréhensible. Et il est difficile de dire à la collectivité que nous prévoyons de la déplacer. Il est donc important pour nous de tenir la collectivité et les dirigeants informés afin que des décisions puissent être prises.

[00:24:47 Écran partagé : Robert McLeman et Deva Pokiak]

Robert McLeman : Non, non, je pense que c'est très important. Je pense qu'une petite question complémentaire se pose : c'est là où vous habitez. C'est votre lieu de résidence. C'est ici que votre famille vit depuis des générations. Comment pouvez-vous communiquer votre rôle à quelqu'un qui ne le comprend pas? Je suppose que c'est l'un des défis que vous devez relever en tant que pont entre la collectivité et le milieu de la recherche. Alors, en ce qui vous concerne personnellement, comment procédez-vous?

[00:25:24 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : La façon dont j'établis un lien entre mes connaissances traditionnelles et culturelles et les connaissances scientifiques consiste à faire venir les responsables de la science, de la recherche, et à leur demander ce qu'ils veulent rechercher, ou ce que nous recherchons. Et comme Morgen l'a mentionné, ce sont les préoccupations de la collectivité que nous essayons d'étudier et de suivre. Ce qui est formidable dans ce projet, et je pense que c'est la raison de son succès, c'est qu'il utilise les connaissances de la collectivité et les connaissances scientifiques et qu'il prend en compte les préoccupations de la collectivité. L'établissement d'un lien entre les deux permet d'aider les chercheurs à déterminer les endroits qu'ils souhaitent étudier, les endroits les plus érodés, les endroits où l'on observe un affaissement Et où voyez-vous des changements? Et les membres de la collectivité sont les mieux placés pour désigner ces zones, car nous sommes là depuis des années <rire>. Il est ainsi plus facile de travailler ensemble à la définition de ces incidences.

[00:26:45 Écran partagé : Robert McLeman et Deva Pokiak]

Robert McLeman : Oui. Et je ne pense pas que l'on puisse sous-estimer l'importance de cette connaissance locale qui ne peut être acquise qu'en faisant partie d'un lieu. J'aimerais poursuivre avec une question concernant une conversation que nous avons eue dans le passé et au cours de laquelle vous nous avez dit que la météo à Tuktuyaaqtuuq a beaucoup changé au fil du temps et qu'elle est très différente aujourd'hui de ce qu'elle était lorsque votre père avait l'âge que vous avez. C'est peut-être là une façon de souligner l'importance et les difficultés de s'appuyer sur les connaissances traditionnelles et d'essayer de comprendre comment le changement climatique touche l'ouest de l'Arctique.

Alors, en regardant vers l'avenir, comment pensez-vous que les collectivités devraient travailler avec les savoirs traditionnels pour s'adapter à ces nouvelles réalités du changement climatique? Avez-vous des suggestions?

[00:27:38 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Oui. Je pense que la façon dont les collectivités devraient travailler avec les connaissances traditionnelles, lorsqu'elles sont confrontées à l'adaptation, est de se rappeler tout d'abord que nous venons d'un peuple fort et résilient, et que nous nous sommes toujours adaptés aux changements du climat de génération en génération. Les connaissances acquises auprès de nos aînés peuvent encore être mises en pratique d'hier à aujourd'hui. Nous nous sommes toujours adaptés, et les connaissances acquises sont toujours utiles, car elles permettent de prévoir les conditions météorologiques à venir dans un court laps de temps. On lit les nuages et on peut savoir si un orage se prépare ou non. Ou si le vent se calme, cela signifie qu'il va souffler. Ces connaissances nous sont donc toujours utiles grâce aux aînés, et elles sont toujours transmises. Il y a aussi les conditions de glace. Il s'agit donc toujours de connaissances traditionnelles que nous détenons, ainsi que de la récolte, de la chasse et des pratiques saisonnières des activités culturelles. Je pense également qu'il est important que les dirigeants et les membres de la collectivité participent à tous les aspects de la planification de l'atténuation et de l'adaptation.

[00:29:00 Écran partagé : Robert McLeman et Deva Pokiak]

Robert McLeman : Un petit suivi, pour continuer. Avez-vous des conseils à donner pour que le savoir des aînés soit transmis aux générations futures, même si la collectivité doit être déplacée en fin de compte, comment s'assurer que ce savoir continue d'être transmis? Je sais que vous avez dit que vous avez l'intention de transmettre ces connaissances à vos enfants, mais avez-vous des conseils à nous donner à cet égard?

00:29:26 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Oui. Pour garantir la transmission du savoir des aînés, il faut toujours pratiquer. Vous devez continuer à mettre en pratique vos connaissances culturelles traditionnelles. Il faut les maintenir en vie en les pratiquant toujours et en voulant les transmettre. Je pense que c'est bien d'avoir des compétences et des connaissances, mais que l'important est de les partager. Il est donc important de transmettre ses connaissances et ses apprentissages à la génération suivante, car c'est ce qui constitue l'héritage que nous laissons derrière nous. Il ne s'agit pas seulement de l'aspect scientifique, mais aussi de notre moyen de subsistance. Ce sont nos enfants, les générations suivantes, qui seront confrontés au déplacement. Nous devons donc nous assurer que nous disposons d'un leadership décisionnel fort et d'une collecte de données très précise.

[00:30:34 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Merci beaucoup, Deva. Ce sont de très bons conseils, je vous remercie d'avoir consacré du temps aujourd'hui aux participants à cet enregistrement. Je vous remercie donc. Nous reviendrons dans quelques minutes, Deva, avec d'autres questions, peut-être basées sur la conversation qui va suivre.

[00:30:54 Écran partagé : Robert McLeman et Dustin Whalen]

Robert McLeman : J'aimerais poser quelques questions à Dustin, car Deva vient de soulever la question des données. C'est un bon point de départ pour vous poser une question, car je vous ai vu parler à de nombreuses reprises, Dustin, et vous avez souvent parlé de l'importance des données et des effets que la recherche et la surveillance auront pour la collectivité de Tuktuyaaqtuuq et d'autres, aujourd'hui, mais aussi à l'avenir.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur l'incidence du changement climatique sur Tuktuyaaqtuuq, mais aussi sur la façon dont vous avez abordé votre recherche et comment cette recherche que vous menez avec Deva et avec la collectivité de Tuktuyaaqtuuq pourrait profiter à d'autres collectivités canadiennes qui pourraient se trouver dans des circonstances similaires?

[00:31:35 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : Merci beaucoup, Robert. Oui, les données sont vraiment la base de nombreuses décisions. Et que ces données proviennent des membres de la collectivité, transmises par des connaissances traditionnelles ou qu'elles soient issues de la collecte scientifique de paramètres environnementaux, dans tous les cas, il s'agit de la mesure la plus importante et, je pense, la plus critique dont nous disposons pour l'avenir de la région. Ce sont les données qui peuvent être recueillies aujourd'hui, ou stockées ou observées aujourd'hui, qui auront une incidence réelle sur ce qui se passera dans 10, 20, voire 30 ans pour la collectivité.

Ainsi, du point de vue des sciences physiques et naturelles, même quelque chose d'aussi simple que la position du littoral dans le temps peut nous en apprendre beaucoup sur ce qui se passe dans la collectivité. Cela pose également de nombreuses questions quant à cette situation. Pourquoi le littoral se déplace-t-il? Pourquoi s'est-il déplacé plus rapidement au cours des dix dernières années qu'au cours des trente précédentes? C'est en répondant à ces questions que l'on obtiendra les meilleurs renseignements pour permettre à la collectivité de s'adapter. Et, comme l'a dit Deva, le peuple Inuvialuit est très résilient. Il s'adaptera. En revanche, pour les routes, les bâtiments et les autres infrastructures, il est nécessaire d'avoir des connaissances en ingénierie et en sciences naturelles pour faciliter le processus d'adaptation.

Pour moi, les données, quelles qu'elles soient et d'où qu'elles viennent, sont l'un des éléments les plus importants de ce projet. Le projet Nuna constitue une excellente base de référence pour Tuktuyaaqtuuq.

[00:33:44 Écran partagé : Robert McLeman et Dustin Whalen]

Robert McLeman : Je suppose que Tuktuyaaqtuuq n'est pas la seule collectivité de l'Arctique canadien à être confrontée à des défis similaires. Y a-t-il des leçons que nous tirons, à la fois en ce qui concerne les méthodologies que nous utilisons, mais aussi les résultats de votre recherche, qui pourraient s'appliquer à d'autres collectivités?

[00:34:03 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : C'est une excellente question. Les médias et la collectivité de Tuktuyaaqtuuq ont beaucoup attiré l'attention en raison de la gravité du changement climatique auquel la collectivité est confrontée. D'autres collectivités de l'Arctique, de tout le pays, sont confrontées aux risques liés au changement climatique. Ce que les gens peuvent apprendre de ce que nous faisons à Tuktuyaaqtuuq, c'est que, comme je l'ai déjà dit, nous ne pouvons pas vivre dans une bulle. Et la recherche scientifique sur l'environnement naturel que des spécialistes comme moi, Deva et l'équipe de Nuna peuvent effectuer ne devrait pas se faire dans une bulle. Nous devrions continuer à travailler avec des spécialistes comme Kearney et Morgen et leur équipe pour nous assurer que tous les aspects de ces observations et recherches sont mises en commun.

Que peuvent apprendre les autres collectivités? Je pense que beaucoup de gens prennent Tuktuyaaqtuuq comme exemple, parce que Tuktuyaaqtuuq doit s'adapter en ce moment. Il s'agit de s'adapter au changement climatique dès maintenant. Les collectivités se demandent donc si elles seront encore là dans dix ans. Est-ce que ce sera à notre tour dans 20 ans? Dans cinq ans? Ainsi, de nombreuses collectivités observent Tuk et apprennent d'elle. Je pense qu'au fur et à mesure que nous avançons dans nos recherches et nos recommandations en matière d'adaptation, ou dans nos travaux scientifiques de base pour contribuer à l'adaptation, d'autres collectivités se rendent compte de ce qu'il faut faire. D'où devrait provenir cette référence et sur quoi elles devraient mettre l'accent lorsqu'elles sont confrontées à des défis similaires.

[00:36:03 Écran partagé : Robert McLeman et Dustin Whalen]

Robert McLeman : Excellent. Je vous remercie et je suis d'accord. Malheureusement, et comme Kearney l'a mentionné plus tôt, si nous n'agissons pas rapidement sur les émissions de gaz à effet de serre, Tuktuyaaqtuuq ne sera pas la seule collectivité au Canada, dans l'Arctique ou même dans le monde entier à devoir prendre des décisions difficiles. Il est donc également important d'en apprendre le plus possible et d'approfondir nos connaissances, non seulement sur ce qui se passe, mais aussi sur la manière de réagir à ce qui se passe. Ce qui m'amène à ma prochaine question, Dustin : vous avez fait partie d'une équipe qui a remporté le Prix Inspiration Arctique avec la collectivité de Tuktuyaaqtuuq. Je vous félicite. Vous avez remporté le prix pour le Projet de résilience climatique de la communauté de Tuktoyaktuk. Et pour les personnes qui ne connaissent pas ce projet, pourriez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet? Où en est le projet aujourd'hui et quels avantages selon vous devraient-il apporter à la collectivité?

[00:36:57 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : Absolument, merci pour la question, et oui, c'est un honneur de faire partie du Projet de résilience climatique de la communauté de Tuktoyaktuk ou du PRCCT, comme je l'appelle. Je vais donc prendre un peu de recul et dire que dans cette région, on peut réellement observer le changement climatique sur une base hebdomadaire, mensuelle et saisonnière, et que les observations du changement climatique sont donc très importantes. Dans de nombreux domaines, le changement climatique ou le changement futur est basé sur la modélisation. Il est fondé sur ce qui pourrait se concrétiser. Mais dans cette région, il est déjà possible de l'observer et de l'enregistrer. C'est donc la raison d'être du PRCCT : observer et enregistrer le changement climatique dans sa propre région. Il s'agit d'une approche communautaire fondée sur la philosophie « pour les gens du Nord, par les gens du Nord ». Il s'agit de recueillir des données sur la température de l'air, la température du sol, la position des côtes ou l'érosion, la qualité de l'eau, autant d'éléments dont les membres de la collectivité ont remarqué qu'ils étaient en train de changer littéralement sous leurs yeux.

Ces observations, lorsqu'elles sont recueillies et communiquées à la collectivité, permettent aux gens de comprendre et de reconnaître ces changements parce qu'ils peuvent les voir. L'approche été conçue pour redonner aux membres de la collectivité, soit les jeunes, les chasseurs de subsistance et les aînés, la confiance nécessaire pour comprendre ce qui se passe dans leur collectivité. Le programme propose des formations, renforce les capacités et met en place une présence – il y a des gens à Tuk qui mesurent maintenant le changement climatique. Ce programme est considéré comme une grande réussite et a reçu le Prix Inspiration Arctique, car il présente un intérêt général pour la surveillance, aujourd'hui et à l'avenir, ce qui est l'une des choses les plus importantes que nous puissions faire dans ce climat en changement.

[00:39:03 Écran partagé : Robert McLeman et Dustin Whalen]

Robert McLeman : J'adore. J'aime que vous fassiez participer les membres de la collectivité à la collecte et à l'interprétation des données scientifiques. Je crois fermement à la science citoyenne, à la participation des citoyens à la science, que ce soit dans les petites collectivités du Nord ou dans les grandes villes du Canada. C'est ainsi que nous rendons nos recherches utiles et que nous les mettons à la disposition des personnes qui, en fin de compte, ont besoin de ces renseignements pour prendre des décisions difficiles, comme dans le cas de Tuktuyaaqtuuq.

Une dernière question brève pour faire suite à votre intervention. Y a-t-il d'autres innovations ou technologies issues de vos recherches au fil des ans sur Tuk dont vous aimeriez faire part aux personnes qui nous regardent?

[00:39:46 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : Oui, absolument. Je commencerai par dire : imaginez un lieu où tous les membres de la collectivité, soit un millier de personnes, comme l'a dit Deva, s'intéressent à ce que vous faites. Ils connaissent parfaitement l'environnement. Ils savent ce qui change. En tant que scientifiques, nous essayons souvent de communiquer sous la forme d'un résumé en langage clair. Et c'est ainsi que nous communiquons. À Tuktuyaaqtuuq, l'intérêt et les connaissances concernant la modification des paysages sont constamment présents dans les esprits. C'est donc un niveau très élevé et nous travaillons essentiellement ensemble dès le début. Il a donc été très facile de créer des programmes tels que le PRCCT, car tout le monde est intéressé et veut aider, s'impliquer.

Un autre programme qui m'enthousiasme beaucoup, et nous n'en sommes qu'aux premiers stades, est celui de l'externalisation ouverte. Ainsi, outre le PRCCT, qui est un groupe de personnes formées qui se rend chaque semaine sur le terrain pour effectuer des mesures, nous avons également utilisé la population générale pour recueillir des données d'observation. Pourquoi? Parce que, comme je l'ai déjà dit, ils sont tous intéressés. C'est un phénomène que chacun observe de son côté et dont les gens parlent entre eux au souper. L'un de nos grands projets consiste donc à étudier l'eau et la bathymétrie côtière. Imaginez une région qui perd 40 mètres par année en raison de l'érosion, quelle quantité de matériaux se dépose dans l'océan. Imaginez maintenant que vous êtes dans une collectivité ou une région qui dépend de cet espace pour la pêche, la chasse à la baleine, le transport. Nous avons donc développé, ou nous travaillons avec les collectivités, non seulement à Tuk, mais aussi à Aklavik, Inuvik et Paulatuuq, pour développer ce projet de cartographie bathymétrique par externalisation ouverte.

Actuellement, 21 sonars ont été installés sur des bateaux. Et lorsqu'ils sortent pendant les quatre mois de la saison des eaux libres, il suffit d'activer les sonars pour qu'ils recueillent des données, ensuite on les ramène et on télécharge les données dans le nuage. L'accumulation de toutes ces données là où les membres de la collectivité veulent aller et vont déjà n'est motivée par rien d'autre que par les déplacements des membres de la collectivité. L'accumulation de ces résultats permet de créer des produits extraordinaires. Nous avons déjà des données pour plus de 10 000 kilomètres. L'innovation consiste donc à développer un projet avec des personnes qui ont tout intérêt à comprendre le changement, tout comme moi ou d'autres personnes présentes à cet appel.

[00:42:50 Écran partagé : Robert McLeman et Dustin Whalen]

Robert McLeman : C'est vraiment passionnant. J'adorerais pouvoir utiliser un sonar sous mon bateau lorsque je suis en train de pêcher, mais quel bel exemple de collaboration avec les habitants et les membres de la collectivité pour combler le fossé entre la science physique et l'expérience vécue par les gens sur le terrain. Ce qui est en fait un bon point de départ pour une conversation avec Morgen.

[00:43:13 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Morgen, dans vos recherches, vous avez souvent insisté sur l'importance de reconnaître le lien entre les gens et la terre lorsque vous réfléchissez au changement climatique et à l'adaptation, ainsi qu'à la santé et au bien-être. Je me demandais donc si vous pouviez nous expliquer cette importance.

[00:43:29 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran]

Morgen Bertheussen : Oui, absolument. En tant que géographe intéressée par la santé et le bien-être des collectivités, comme vous l'avez dit, je me concentre en grande partie sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé. Pour donner une brève définition de ces déterminants de la santé, on peut les considérer comme les facteurs qui, au-delà des comportements individuels, contribuent en fin de compte aux résultats en matière de santé. Ainsi, pour donner un exemple hors contexte, si vous pensez à un comportement individuel comme les habitudes alimentaires, ce que vous décidez de manger chaque jour. Si vous ne mangez que de la malbouffe, vous pourriez peut-être examiner les facteurs qui influencent votre décision de manger de la malbouffe. Est-ce parce que la seule nourriture qui vous entoure, ou la seule nourriture disponible, est de la malbouffe? Ainsi, l'examen de ces facteurs qui influencent votre comportement a également un impact sur la santé en fin de compte.

Pour en revenir à Tuk, l'accès à la terre, la possibilité de pratiquer des activités traditionnelles et l'accès aux aliments prélevés dans la nature ont été ciblés comme des facteurs de protection de la santé et du bien-être dans de nombreuses cultures autochtones au Canada. Ainsi, lorsque l'on réfléchit à la planification à court, moyen et long terme, qu'il s'agisse d'adaptation sur place ou de déplacement, il est très important de disposer de ces facteurs de protection de la santé, comme la possibilité de se rendre sur le terrain, d'avoir accès aux aliments prélevés dans la nature et de pratiquer des activités traditionnelles, si l'on veut protéger la santé et le bien-être de la collectivité. Ces facteurs ne sont pas seulement importants pour la santé physique ou mentale, mais aussi pour le maintien de relations sociales de qualité, car la terre est aussi un endroit où les gens apprennent les uns des autres. C'est ce que je voulais dire en mettant l'accent sur l'importance du lien avec la terre.

[00:45:53 Écran partagé : Robert McLeman et Morgen Bertheussen]

Robert McLeman : L'un des éléments de la recherche sur la santé et le bien-être est l'importance du contexte. Vous y avez déjà fait allusion dans votre première réponse, mais j'allais vous demander, lorsque nous parlons de la santé et du bien-être dans le sud du Canada par rapport à l'interprétation de la santé et du bien-être dans une collectivité inuite, parlons-nous de la même chose ou s'il y a des différences ou des distinctions? Et si c'est le cas, comment, en tant que chercheure, essayez-vous de faire le lien entre ces différentes façons d'envisager la santé et le bien-être?

[00:46:28 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran]

Morgen Bertheussen : Fondamentalement, le contexte dans lequel chacun est élevé influence la manière dont nous comprenons les choses et dont nous percevons certaines choses telles que la santé. Un concept selon lequel nous avons tous des hypothèses et des croyances sur ce qui fait qu'une personne est en bonne santé ou qu'elle l'est moins, et sur la manière de traiter la santé.

Dans les sociétés occidentales, notre conception de la santé a évolué en se fondant sur le modèle biomédical. Fondamentalement, ce modèle met en avant l'attention portée aux maladies prises isolément. Nous abordons les problèmes individuels ou des facettes individuelles de la santé et examinons ces problèmes sur le plan individuel plutôt qu'au niveau de la collectivité. Cela signifie que la santé physique est considérée comme distincte de la santé mentale et que nous les traitons différemment.

Mais dans de nombreuses cultures autochtones, ces distinctions entre les facettes de la santé n'existent pas. Tout est de plus en plus interconnecté et la santé physique, mentale, émotionnelle, relationnelle et spirituelle sont autant d'éléments qui, lorsqu'ils sont en équilibre, représentent la santé et le bien-être.

Ainsi, en raison de ces différences et de la manière dont nous comprenons la santé, le fait d'être originaire du Sud et de mener des recherches dans un autre contexte exige des chercheurs d'avoir conscience de certaines différences et de ne présumer de rien. Et je pense que c'est la chose la plus importante à garder à l'esprit, c'est qu'il ne faut pas aller dans une collectivité pour faire des recherches et supposer que l'on sait comment quelque chose fonctionne. Il est important de prendre le temps d'écouter les membres de la collectivité et de comprendre comment ils pensent que les choses fonctionnent, sinon vous vous trompez de méthode de recherche.

Ainsi, essayer de comprendre la santé, dans ce cas, à partir de différentes perspectives, et l'intégrer dans la manière dont vous faites de la recherche est une manière dont je m'y prendrais pour combler ces différences.

[00:49:03 Écran partagé : Robert McLeman et Morgen Bertheussen]

Robert McLeman : Très bien. Je sais que votre recherche n'en est qu'à ses débuts, mais y a-t-il des résultats préliminaires qu'il serait important de transmettre à notre public, ou que vous aimeriez communiquer?

[00:49:16 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran]

Morgen Bertheussen : En ce qui concerne les résultats dans le contexte de Tuk en particulier, je pense que nous n'en sommes qu'à un stade trop préliminaire pour pouvoir en tirer des conclusions. Mais une chose que j'ai constatée, ou qui a été une préoccupation majeure dans la recherche et l'étude des conceptualisations inuites de la santé, c'est de ne pas négliger l'importance d'avoir des relations de qualité avec d'autres personnes et de mettre l'accent sur les relations en tant que facette fondamentale de la santé, qui est très importante. Et de voir comment nous pouvons mettre l'accent sur ces relations, les utiliser, pour promouvoir la santé et le bien-être. Je m'en tiendrai donc là pour l'instant.

[00:50:05 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : C'est une excellente réponse. Merci.

Kearney, je pense que je vais passer à quelques questions pour vous. Vous avez donc travaillé avec la collectivité, à partir du printemps 2023, sur le thème de la planification à long terme de l'adaptation au changement climatique. Quelles sont les préoccupations de la collectivité dont vous pourriez nous faire part au sujet du processus de planification lui-même, et quelles sont à la fois leurs préoccupations et peut-être leurs espoirs relativement à ce processus?

[00:50:41 Kearney Coupland apparaît en plein écran]

Kearney Coupland : Oui, comme Deva l'a mentionné, le déplacement est synonyme de déracinement dans certains termes. C'est donc l'une des plus grandes préoccupations, l'un des plus grands défis, que pose le processus de planification du déplacement. Comment protéger la culture et les traditions, l'accès à l'océan et aux voies navigables pour garantir que les moyens de subsistance restent intacts? Et pas seulement aujourd'hui, mais à l'avenir, à quoi ressemble la transmission de ce savoir traditionnel aux générations futures, aux futurs dirigeants, alors qu'il y a tant d'incertitudes sur ce que pourrait être l'avenir? Et bien que le déplacement soit, encore une fois, idéalement une option de dernier recours, mais en réalité, très probable, comment pouvons-nous réfléchir à ce processus de planification du déplacement de manière à garantir que ces aspects de la collectivité, c'est-à-dire la culture et les valeurs traditionnelles, restent intacts et sont protégés?

En ce qui concerne le processus de planification, c'est donc l'une des principales préoccupations dont nous entendons parler. L'accès à l'océan, le maintien de la chasse, de la pêche et de la récolte sont d'une importance cruciale dans le cadre de ce déplacement. Il est important que les gens puissent se réunir dans le lieu géographique physique de Tuk pour récolter ou pour se rassembler à l'occasion de célébrations. Et en pensant à l'avenir, serait-il possible de continuer à utiliser l'emplacement actuel de Tuk pour certains aspects de la vie communautaire et culturelle, mais de vivre ailleurs pour des raisons de sécurité? Cette question de la sécurité soulève également la question de la permanence. Je pense que cela illustre bien ce que dit Dustin à propos des données de base et de l'importance de l'approche scientifique occidentale pour mesurer et évaluer nos données géotechniques sur l'emplacement où Tuk pourrait se rendre. L'une des questions qui se posent dans le cadre de cette planification est de savoir où nous allons, où nous devrions aller. Il convient donc d'étudier très attentivement la question de savoir si cet endroit sera sûr à long terme. Personne ne veut déménager une fois, et encore moins plusieurs fois.

Pour investir dans un processus de déplacement, il est donc très important non seulement d'inclure les données dont parle Dustin en termes de terrain, mais aussi de comprendre, du point de vue de la collectivité, comment ce terrain est actuellement utilisé, quelle est sa proximité avec d'autres utilisations du terrain, et comment les gens pourront continuer à avoir accès à des endroits vraiment importants.

En réfléchissant à l'endroit où aller, il faut choisir entre rester près de l'eau, ce qui comporte ses propres incertitudes et défis en termes de changement climatique à l'avenir, ou se déplacer le long de l'autoroute. Comme Deva l'a mentionné, en 2017, Tuk a été relié au reste du Canada par une autoroute. C'est pourquoi on se demande souvent si la collectivité ne devrait pas être située plus loin sur l'autoroute en raison de l'accès à d'autres villes et à d'autres infrastructures. En soi, ce n'est pas nécessairement un argument suffisant pour dire que c'est là qu'une collectivité doit aller, et il faudra donc que les membres de la collectivité discutent longuement pour déterminer l'emplacement de ce site. Mais je peux dire que c'est l'une des questions les plus urgentes : où allons-nous?

Et enfin, la question plus logistique de savoir qui va payer pour ce déplacement de la collectivité. Est-ce que les particuliers vont payer pour déménager leur maison? Sans précédent sur la manière dont nous sommes censés financer le déplacement d'une collectivité, c'est un véritable défi, non seulement pour les résidents, mais aussi pour le gouvernement. À tous les niveaux, devrais-je dire. À quoi cela ressemble-t-il réellement et comment pouvons-nous y parvenir sans faire aux gens des promesses qui ne pourront pas être tenues? Cela crée beaucoup plus d'incertitude et une réticence, ou une hésitation, à être la personne qui prend la décision, parce que si vous dites que quelque chose va se produire, mais qu'il n'y a rien en place pour soutenir réellement ces actions, cela peut conduire à un manque de confiance qui pourrait nuire à l'avancement de l'adaptation à l'avenir.

Et puis aussi, d'un point de vue logistique, il y a le calendrier. Quand cela se produit-il? Nous parlons de 2050, mais 2050 est beaucoup plus proche aujourd'hui qu'il ne l'était il y a cinq ans, à l'époque où j'ai commencé à réfléchir au déplacement avec Tuk. Chaque année est importante, car, comme l'a mentionné Dustin, l'infrastructure qui doit être construite pendant cette période pour soutenir le déplacement de près d'un millier de personnes prend beaucoup de temps. Il ne s'agit pas seulement de concevoir cet espace, mais aussi de commencer à construire et à déplacer des infrastructures essentielles telles que des hôpitaux, des écoles et des routes vers ce nouvel emplacement.

D'une manière générale, la planification du déplacement et le processus de planification suscitent donc de nombreuses inquiétudes quant à l'identité des responsables et de l'organisme qui prendra la décision relativement au déplacement. Il y a encore beaucoup de questions qui se posent dans le cadre de la planification du déplacement, et notre équipe et moi-même sommes là pour apporter notre soutien et essayer de trouver les informations nécessaires pour que les décideurs à Tuk et dans le territoire puissent aller de l'avant dans la mise en œuvre de ce plan de déplacement.

[00:57:06 Écran partagé : Robert McLeman et Kearney Coupland]

Robert McLeman : Merci. J'ai noté le mot « confiance » que vous avez utilisé tout à l'heure, et il est vrai que dans le nord du Canada, la confiance entre le gouvernement et les collectivités a souvent été médiocre, pour une très bonne raison. Souvent, les collectivités n'ont jamais été consultées au sujet des déplacements ou de l'emplacement des infrastructures. Dans certains cas, cela s'est fait sans leur consentement. Je sais que vos consultations avec la collectivité n'en sont qu'à leurs débuts, mais pourriez-vous nous donner un ou deux exemples précis de ce que vous entendez de la part des membres de la collectivité au sujet du processus et des consultations et de qui prend les décisions dans tout cela?

[00:57:48 Kearney Coupland apparaît en plein écran]

Kearney Coupland : Je pense que ce type d'incertitude est le facteur déterminant. Il y a une grande confiance dans la science. Il y a une grande confiance dans les observations de la collectivité sur ce qui se passe. Il y a donc une connaissance profonde du fait que le déplacement doit avoir lieu. Il s'agit en fait de savoir si c'est une décision fédérale de déplacer une collectivité. S'agit-il d'une décision territoriale visant à déplacer une collectivité? S'agit-il de la décision du village de déplacer une collectivité? Et les circonstances actuelles ne permettent pas nécessairement une grande collaboration. Les choses changent. Alors que Tuk devient de plus en plus un exemple de ce à quoi pourrait ressembler le déplacement d'une collectivité, les différents organismes et ministères sont amenés à réfléchir à la manière dont ils vont collaborer et travailler ensemble pour s'assurer que tout se passe bien pour les habitants de Tuk, mais aussi pour créer un précédent pour les collectivités à venir.

Nous avons des exemples extrêmes, comme vous l'avez mentionné, où la collectivité n'a pas été consultée. D'Aklavik à Inuvik, il y a toujours eu des gens à qui l'on a dit qu'ils devaient déménager pour des raisons particulières. Ces collectivités se sont ensuite déplacées et n'ont pas nécessairement vu les effets qu'on leur avait annoncés. En outre, des localités comme Ketchikan, qui ont conclu des accords avec le gouvernement, ne cessent d'être relogées sans qu'aucune mesure ne soit prise, et doivent donc être évacuées encore et encore, ce qui perturbe leur vie et leurs relations les uns avec les autres et avec la terre. Il existe donc malheureusement un précédent de méfiance à l'égard du gouvernement et du déplacement au Canada. On peut y remédier – en partie, pas totalement – en tenant ces conversations et en s'assurant dès le départ qu'il y a une collaboration avec les membres de la collectivité dans la mesure où ils veulent participer, mais aussi avec les décideurs, et en s'assurant qu'il y a un comité consultatif au sein de la collectivité qui détermine les recherches à effectuer et les actions à entreprendre en termes de déplacement.

[01:00:12 Écran partagé : Robert McLeman et Kearney Coupland]

Robert McLeman : Je pense que c'est très important. En évoquant Ketchikan, vous évoquez l'expérience d'autres collectivités – et je sais que cela vous intéresse personnellement – pour tenter de jeter des ponts entre d'autres collectivités en Alaska et en dehors des Territoires du Nord-Ouest, qui sont également confrontées à des décisions difficiles.

Pourriez-vous nous parler brièvement de certains des enseignements que nous pouvons tirer et qui peuvent s'appliquer à Tuk et que vous avez tirés de vos contacts avec d'autres collectivités? Quelques-unes des pratiques qui, selon vous, peuvent être importantes pour la planification à court et à long terme des déplacements de collectivité?

[01:00:53 Kearney Coupland apparaît en plein écran]

Kearney Coupland : Oui, le fait d'avoir fait un survol préliminaire des expériences de déplacement nous a amenés à penser à Newtok en Alaska, et à l'Isle de Jean Charles, à leur déplacement, parce qu'elles ont effectivement déplacé des personnes vers de nouveaux lieux. Deva et moi avons donc eu l'occasion de parler à deux personnes qui ont travaillé sur ces projets, ce qui était très excitant, et nous avons été très reconnaissantes de ce temps qui nous a été consacré. Ce que nous avons appris, c'est que cela prend beaucoup de temps. Ce n'est pas un processus court, ne serait-ce que pour la prise de décision du déplacement. Pour discuter avec les membres de la collectivité de ce que représente un déplacement et des seuils qui servent à déterminer si les gens doivent déménager, il faut des conversations individuelles. Il n'est pas possible de généraliser à l'ensemble d'une collectivité les besoins des personnes en matière de déplacement. Et c'est ce qui devrait être au premier plan de toute décision de déplacement, à savoir les priorités des personnes qui y vivront.

Il ne s'agit donc pas seulement de penser à notre génération actuelle, mais aussi d'essayer d'exploiter les futurs décideurs et les jeunes qui ont leurs propres espoirs, rêves et aspirations pour leur vie, et de voir à quoi cela pourrait ressembler dans un nouveau lieu Mais toutes ces conversations prennent du temps et ne doivent pas être précipitées. Nous avons tendance à penser que consulter signifie, et bien, consulter. Mais ce n'est pas la même chose que la consultation de la collectivité. Ce n'est pas la même chose que de comprendre les expériences des gens et ce qu'ils espèrent de leurs expériences futures.

Le rôle central de la collectivité dans la prise de décision a été mis en évidence dans les exemples de déplacement à l'Isle de Jean Charles, en Louisiane, et à Newtok. Dans ces deux cas, les populations de Newtok et de l'Isle de Jean Charles étaient nettement moins nombreuses que celle de Tuk. Et elles s'inscrivent dans le contexte américain. Ainsi, bien que nous ayons pu recueillir des informations sur les différents organismes qui ont été en mesure de financer et sur les méthodes utilisées pour tenter de recueillir des informations, Tuk se trouve dans une situation différente, étant dans un contexte canadien et étant également beaucoup plus grande. Nous pouvons donc apprendre beaucoup des pratiques exemplaires de ces collectivités, mais le déplacement à Tuk sera sans précédent et nécessitera un soutien important de la part du gouvernement à tous les niveaux afin de garantir que les choses se passent bien.

Je pense que c'est tout ce que j'ai à dire sur ces pratiques exemplaires. Il existe des pratiques exemplaires qui peuvent être apprises au cours des différentes étapes ou phases du processus de déplacement. En fin de compte, à ce stade préliminaire où se trouve Tuk, il s'agit de mettre en place un coordonnateur ou une coordonnatrice, de désigner des personnes qui prendront des responsabilités. Je dois mentionner que le maire et le conseil municipal de Tuk ont également soulevé le fait que, bien qu'ils se soient engagés à s'adapter à long terme, nous ne demandons pas nécessairement aux maires et aux conseils d'autres villes de réfléchir à ces stratégies de planification à long terme. Ils ont des préoccupations quotidiennes dont ils doivent s'occuper. Il est donc important de mettre en place un groupe qui se penchera sur le déplacement et qui guidera la recherche de manière à ce que les chercheurs puissent dire à la collectivité qu'il s'agit d'un domaine dans lequel nous avons vraiment besoin de soutien et qu'il est possible de réorienter votre énergie et vos ressources pour soutenir nos actions à l'avenir. Et d'être également le visage du déplacement à Tuk.

Je me suis un peu éloignée du sujet, mais il est essentiel à ce stade de s'inspirer de certaines de ces pratiques exemplaires, en termes d'infrastructure organisationnelle. Plus tard, nous pourrons nous inspirer des pratiques exemplaires de ces groupes pour la planification plus précise et plus détaillée du déplacement.

[01:05:25 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Très bien. Merci. Maintenant que nous avons eu l'occasion d'approfondir un peu plus chacun de vos domaines d'expertise, je pense que j'aimerais faire la transition et clore notre conversation d'aujourd'hui en posant quelques questions générales. Je commencerai par Deva.

Deva, vous avez eu la chance d'acquérir de l'expérience à titre d'agente de liaison entre les scientifiques occidentaux qui viennent de l'extérieur de la collectivité et les membres de la collectivité elle-même. Ainsi, en vous appuyant sur les connaissances et l'expertise que vous avez acquises jusqu'à présent, y a-t-il des pratiques que nous devrions essayer d'éviter lorsque nous pensons au déplacement, que ce soit à Tuktuyaaqtuuq ou dans d'autres collectivités?

[01:06:11 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : D'autres pratiques? Assurer la participation de la collectivité à toutes les étapes, en s'appuyant à la fois sur les connaissances traditionnelles et sur les connaissances scientifiques. Il y a également l'aspect technologique, qui permet d'utiliser la technologie pour prédire et obtenir une vue d'ensemble du changement climatique et de l'adaptation dans la collectivité et les environs.

[01:07:01 Écran partagé : Robert McLeman, Deva Pokiak.]

Robert McLeman : Et pour faire suite à cela, Deva, au sein de la collectivité, lorsque les gens prennent un café ou se réunissent simplement, ou lorsqu'ils vont déposer les enfants à l'école ou autre, est-ce qu'ils parlent déjà de changement climatique? Et si c'est le cas, quel genre de choses les gens disent-ils sur la collectivité lorsque les chercheurs ne sont pas là pour enregistrer ce qu'ils disent?

[01:07:28 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Hmm. Ils s'inquiètent simplement de savoir quand cela va se produire. Parce qu'il s'agit des premières étapes de la planification du déplacement de la collectivité, ils veulent juste savoir à quel moment et à quel endroit la planification se fait, et où vont toutes ces informations. Je dois donc leur dire que l'information va aux dirigeants. Ce ne sont pas les chercheurs et nous-mêmes qui prenons les décisions, nous les transmettons aux dirigeants. Nous organisons également des réunions avec les collectivités, des réunions de mobilisation de la collectivité pour essayer de communiquer le message, car il est difficile d'imaginer le déplacement d'une collectivité entière avec un millier de personnes et un grand nombre de bâtiments.

Donc, en utilisant le leadership et la recherche, toute la technologie et tout ce qui est fourni, je pense que c'est possible tant que tout le monde est sur la même longueur d'onde et se comprend. Nous avons reçu le soutien des autorités municipales, fédérales et territoriales, ainsi que celui de la collectivité, et tout le monde se soutient mutuellement. Je pense que si tout le monde travaille ensemble, il y a de grandes chances que cela fonctionne très bien. Et j'ajouterais qu'il faut aussi utiliser les connaissances de la collectivité. Parce que c'est nous qui allons être déplacés, et nous voudrions déménager dans un endroit où nous pourrons encore mettre en pratique nos connaissances traditionnelles et nous adonner à nos activités culturelles.

L'autre question que vous m'avez posée auparavant est la suivante : comment assurer la transmission du savoir de nos aînés en continuant à mettre en pratique nos méthodes traditionnelles et culturelles?

[01:09:46 Écran partagé : Robert McLeman, Deva Pokiak.]

Robert McLeman : C'est une réponse merveilleuse et réfléchie à ma question, et je suis heureux que vous puissiez souligner le fait que si tout le monde travaille collectivement, il y a de l'espoir que cela puisse être fait de manière à construire une collectivité plus résiliente. Est-ce un bon résumé de ce que vous avez dit?

[01:10:09 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Oui, et je pense que le projet Nuna est également très unique, parce qu'il y a cinq groupes de travail, et chaque groupe de travail a une équipe. Il est très intéressant de voir tous ces gens aux parcours différents. Et nous apportons tous nos connaissances uniques dans ce travail, ce projet Nuna. Il est donc très intéressant de voir les contributions et les idées de chacun s'unir pour s'attaquer aux répercussions climatiques auxquelles nous sommes confrontés et pour trouver une solution, car nous essayons tous de répondre à la même question.

[01:11:00 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Excellent. J'ai participé au projet Nuna à différentes étapes, et je dois me faire l'écho de ce que vous dites, à savoir qu'il est vraiment innovant et qu'il réalise des progrès importants. Je vous remercie donc pour cette rétroaction.

Et peut-être que je me tournerai vers Dustin. Une question similaire se pose : il semble qu'en travaillant avec la collectivité, les chercheurs, les gouvernements, les dirigeants et les habitants, en rassemblant toutes ces connaissances, nous sommes sur la bonne voie, mais y a-t-il encore des défis majeurs à relever pour les gouvernements? Et pour les autres personnes qui s'occupent de défis de ce type?

[01:11:37 Dustin Whalen apparaît en plein écran]

Dustin Whalen : Excellente question, et absolument. Je pense qu'il y a certainement des défis importants, et une grande partie du message de notre équipe aujourd'hui a porté sur la nécessité de travailler ensemble, mais en fait c'est aussi l'un des défis majeurs. Les acteurs qui prennent part à des projets d'adaptation ou d'avenir d'une telle ampleur pour Tuktuyaaqtuuq sont beaucoup plus nombreux que ce que vous voyez ici à l'écran. C'est pourquoi la collaboration sera toujours le principal défi à relever, que l'on soit du gouvernement fédéral, comme moi, d'un gouvernement territorial, d'un hameau ou que l'on soit membre d'une collectivité qui comprend et observe le changement climatique. Et pour le dire autrement, c'est comme si vous étiez un jeune élève en troisième année qui devra prendre la décision dans 20 ans sur ce qui se passe.

Je pense que l'un des défis est de travailler ensemble, mais l'une des solutions est la communication. Je suis donc ravi que nous soyons ici aujourd'hui pour communiquer et représenter ce que nous pensons être le bon modèle pour l'avenir, où toutes sortes de groupes différents, de niveaux différents, d'origines différentes travaillent ensemble pour réaliser la même priorité. Je suis donc très enthousiaste et heureux de voir cela.

Un autre défi majeur qui, une fois encore, est lié à la communication et au travail en commun, est d'écouter les différentes voix, car il arrive que les voix différentes disent des choses opposées. Elles peuvent dire quelque chose de différent, ou ne pas dire les mêmes choses en même temps. Kearney a donc évoqué la création d'un comité de déplacement. Pour moi, il s'agit d'une excellente pratique et d'une voie vraiment solide pour l'avenir de Tuktuyaaqtuuq, car c'est ce comité qui recueille les observations de chacun et chacune et qui se charge de toutes les communications pour de nombreuses personnes qui participent et qui veulent participer. Alors oui, je pense que c'est ma réponse.

[01:14:02 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Merci, Dustin. C'est fantastique.

Morgen, je vais vous poser la même question : nous semblons être sur la bonne voie jusqu'à présent, mais que reste-t-il à faire? Sur quoi devons-nous encore mettre l'accent?

[01:14:15 Morgen Bertheussen apparaît en plein écran]

Morgen Bertheussen : Dustin m'a pratiquement volé les mots de la bouche. La communication et la collaboration sont très importantes, mais aussi très difficiles à certains égards. Nous sommes tous parfois très concentrés sur ce que nous faisons et sur l'importance de ce que nous faisons, et nous oublions parfois que nous allons dans une collectivité. Chacun a sa vie, chacun a des choses à gérer et n'a pas forcément le temps de s'occuper des chercheurs, et ce n'est pas grave. Mais il faut essayer de naviguer dans ces espaces et de trouver des moyens de consulter le plus grand nombre de personnes possible et de mener une consultation véritable. Il ne s'agit pas simplement de cocher une case indiquant qui nous avons consulté, et nous avons renvoyé les résultats.

Nous avons donc fait beaucoup de choses de cette façon, mais nous pourrions faire beaucoup plus pour améliorer les choses. Il s'agit de trouver la meilleure façon de le faire à Tuk, car chaque collectivité est différente. Et ce qui fonctionne dans une collectivité pour communiquer les résultats et collaborer ne fonctionnera pas nécessairement dans une autre. Je suis très reconnaissante de pouvoir travailler avec Deva et d'autres personnes, car ce type de travail ne serait pas possible si les membres de la collectivité n'y participaient pas.

[01:15:40 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Très bien. Merci, Morgen.

Et, Kearney, je vous poserai une question similaire, mais en reconnaissant que, si et quand le jour viendra où les habitants de Tuktuyaaqtuuq devront être déplacés, il s'agira de l'un des plus grands déplacements planifiés de l'histoire du Canada. C'est peut-être un signe de ce qui nous attend, comme vous l'avez mentionné, si nous ne faisons rien pour remédier aux causes profondes des émissions de gaz à effet de serre et du changement climatique.

Ainsi, compte tenu de la gravité de la situation – et ce n'est pas hypothétique, ce n'est pas abstrait, ce sont des choses concrètes auxquelles nous devons faire face –, quelles sont, selon vous, les choses sur lesquelles nous devons continuer à nous concentrer dans les années à venir?

[01:16:27 Kearney Coupland apparaît en plein écran]

Kearney Coupland : L'ampleur de ce déplacement aura une influence à l'échelle canadienne, sans parler de l'influence qu'il aura sur la collectivité elle-même. Il ne s'agit pas seulement de se trouver dans un nouvel environnement, mais aussi des répercussions sociales, économiques et culturelles.

Je pense que l'un des aspects importants sur lequel il faut se concentrer est de rendre la prise de décision le plus apolitique possible, car nous savons que les changements politiques entraînent des réponses différentes au changement climatique, et ce que cela signifie pour l'adaptation. La création d'un comité consultatif permet de s'assurer que, quelle que soit la personne qui dirige la collectivité, il y a toujours une cohérence dans la manière dont les décisions sont prises et qu'il y a une personne de référence pour s'assurer que la communication est maintenue et que quelqu'un a les connaissances institutionnelles et historiques nécessaires pour mener à bien le processus de déplacement.

À plus grande échelle, sur le plan politique, en termes de gouvernement au Canada, le déplacement doit être envisagé dans le contexte de la collectivité. Et il ne peut pas être politisé. Il ne s'agit pas de financer l'adaptation, ou le déplacement en tant qu'adaptation, au cours d'un cycle de quatre ans, et de modifier le processus lorsque de nouvelles personnes accèdent au pouvoir. Nous avons l'occasion de réfléchir à la manière dont nous pouvons réussir le déplacement et à la manière dont nous pouvons soutenir les personnes qui participent à ce déplacement. Et il faut se concentrer sur les occasions qui peuvent découler du déplacement, même si c'est parfois difficile à faire, en particulier pour les habitants de Tuk. Créer une collectivité qui réponde à certains des besoins en matière de logement qui sont essentiels à l'heure actuelle. Cela nous permet d'investir davantage dans l'éducation. Il est possible de stocker des aliments de manière traditionnelle, il existe des méthodes de partage, et elles doivent être intégrées dans la collectivité. L'évolution de ce projet doit être axée sur le recensement de certaines de ces possibilités, tout en aidant les personnes à surmonter les difficultés liées au déplacement.

Nous avons maintenant la possibilité de nous concentrer sur le déplacement en tant qu'adaptation ou d'investir réellement dans un fonds de secours, car la seule autre option dans les années à venir est d'aider Tuk à se remettre sur pied. Les effets du changement climatique augmentent et ne disparaîtront pas. Par conséquent, s'il n'y a pas d'investissement, s'il n'y a pas de collaboration, s'il n'y a pas de soutien pour garantir que Tuk puisse être déplacée dans un cadre où ce déplacement est justifié, se fait dans la dignité et de manière opportune, alors les impacts pourraient être plus dangereux, et cela nécessitera un investissement d'un autre type qui ne sera pas juste, compte tenu de ce que nous savons actuellement sur la manière dont nous pouvons faire avancer le processus de déplacement.

[01:19:59 Écran partagé : Robert McLeman, Deva Pokiak, Morgen Bertheussen, Kearney Coupland et Dustin Whalen]

Robert McLeman : Merci pour ces conclusions qui donnent à réfléchir. Avant de passer aux remarques finales, Deva, j'aimerais vous donner l'occasion de prononcer le mot de la fin de la discussion. Et selon ce que je vois, au moins un millier de fonctionnaires dans tout le Canada se sont inscrits pour écouter notre discussion d'aujourd'hui. C'est beaucoup demander, mais y a-t-il une chose que vous espérez dire à quelqu'un qui regarde notre discussion, qui n'est jamais allé à Tuktuyaaqtuuq, qui n'ira peut-être jamais à Tuktuyaaqtuuq, qui ne connaît peut-être pas votre collectivité? Quelque chose dont nous n'avons pas encore parlé, que vous aimeriez que cette personne sache? Ou bien, y a-t-il quelque chose dont nous avons déjà parlé et qui vous semble particulièrement important et que vous aimeriez rappeler? Voulez-vous essayer de répondre à cette question?

[01:20:57 Deva Pokiak apparaît en plein écran]

Deva Pokiak : Bien sûr. J'aimerais simplement souligner que ma collectivité et ses membres sont très forts et résilients et que nous aimons maintenir nos pratiques traditionnelles en vie. Et j'aime que nous soyons toujours prêts à nous adapter et à accepter les choses qui ne peuvent être changées. Par exemple, des choses inévitables, comme le changement climatique, et on ne peut pas arrêter Mère Nature. Et je voudrais juste mentionner que j'aime beaucoup travailler avec le projet Nuna. Ce sera ma deuxième année cette année, et tout au long de ces deux années, j'ai beaucoup appris sur l'aspect scientifique, la technologie, les processus et la manière de communiquer les données à la collectivité. J'ai appris de tout le monde et j'ai pu me faire une idée plus vaste du changement climatique, de l'adaptation et de l'atténuation au sein de ma collectivité et dans les environs.

Le monde change radicalement, et pas seulement au sein de ma collectivité. Le changement climatique se produit aujourd'hui à l'échelle mondiale. Et vous ne pouvez pas le nier dans le Sud, comme vous pouvez le voir dans les journaux télévisés. Aujourd'hui, on commence enfin à comprendre qu'il est temps que les gens prennent leurs responsabilités et qu'ils s'occupent mieux de la planète parce qu'elle est en train de mourir. Nous devons en prendre soin pour que nos générations futures et les suivantes puissent vivre en bonne santé et continuer à vivre. En travaillant dans le projet Nuna, j'apprends à recueillir des données et à aller sur le terrain, mais aussi à les analyser et à les interpréter pour la collectivité.

[01:23:47 Robert McLeman apparaît en plein écran]

Robert McLeman : Merci beaucoup, Deva, pour ces remarques finales. Ceci nous amène à la fin de l'événement d'aujourd'hui. En mon nom personnel et au nom de l'École de la fonction publique, je tiens à remercier chacun d'entre vous,

[01:24:02 Écran partagé : Robert McLeman, Deva Pokiak, Morgen Bertheussen, Kearney Coupland et Dustin Whalen]

Robert McLeman : Deva, Dustin, Morgen et Kearney, pour avoir participé à la discussion d'aujourd'hui. Ainsi que ceux qui se sont joints à nous et qui suivent notre discussion. Je pense que l'une des choses que l'on peut retenir, c'est qu'il ne s'agit pas d'une hypothèse. Il ne s'agit pas d'un concept abstrait. Il s'agit de personnes réelles, avec des vies réelles, qui sont confrontées à des défis très sérieux en raison du changement climatique, un phénomène auquel chacun d'entre nous contribue par ses activités quotidiennes.

[01:24:36 Robert McLeman apparaît en plein écran. Texte superposé à l'écran : Canada.ca/School; Community Relocations in a Changing Climate-Lessons from Tuktoyaktuk; Climate Change and Human Migration Series. / Canada.ca/Ecole; Ce que nous apprend Tuktoyaktuk sur le déplacement de collectivités causé par le changement climatique; Série sur le changement climatique et les migrations humaines.]

Robert McLeman : Il est donc très important, en tant que fonctionnaires canadiens, que nous comprenions la gravité de la situation à laquelle sont confrontées des collectivités comme Tuktuyaaqtuuq et que nous travaillions collectivement pour nous assurer de nous attaquer aux causes profondes de ces problèmes.

Je voudrais également conclure en disant que l'École de la fonction publique a encore beaucoup à offrir. Un autre événement de cette série aura lieu le 18 mars,

[01:25:09 Texte superposé à l'écran : Browse the learning catalogue! It includes courses, events and other learning tools. Visit Canada.ca/School. / Consultez le catalogue d'apprentissage! Il vous propose des cours, des événements et des outils d'apprentissage; Visitez Canada.ca/Ecole.]

Robert McLeman : et nous aurons un débat sur la manière dont les connaissances autochtones peuvent être intégrées dans les décisions relatives aux migrations et aux déplacements liés au changement climatique. Je vous invite à surveiller le site Web de l'École et le bulletin d'information pour obtenir plus d'informations dans les mois à venir.

Encore une fois, merci à vous tous de vous être joints à nous. Merci beaucoup. Merci à la collectivité de Tuktuyaaqtuuq de nous permettre de porter notre regard sur les défis auxquels elle est confrontée. Je vous souhaite une très bonne journée à tous. Merci.

[01:25:43 Le logo animé de l'EFPC apparaît à l'écran]

[01:25:46 Le mot-symbole du gouvernement du Canada s'affiche, et l'écran passe au noir.]

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