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Défendre la démocratie, servir la population canadienne : comprendre notre rôle en tant que fonctionnaires (FON3-V09)

Description

Cet enregistrement de l'événement Ce qui nous unit et nous définit : les valeurs et l'éthique à la fonction publique présente une discussion sur le contexte changeant dans lequel les fonctionnaires travaillent et sur la manière dont les valeurs et l'éthique peuvent les aider à composer avec les difficultés d'aujourd'hui et les possibilités de demain.

Durée : 01:41:29
Publié : 3 mars 2025
Type : Vidéo


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Défendre la démocratie, servir la population canadienne : comprendre notre rôle en tant que fonctionnaires

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Transcription : Défendre la démocratie, servir la population canadienne : comprendre notre rôle en tant que fonctionnaires

[00:00:00 Page de titre de l'EFPC. Texte à l'écran : Ce qui nous unit et nous définit; Les valeurs et l'éthique à la fonction publique.]

[00:00:08 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran et s'adresse au public depuis un pupitre. Texte à l'écran : Nathalie Laviades Jodouin, vice-présidente, École de la fonction publique du Canada.]

Nathalie Laviades Jodouin : Bienvenue à toutes et à tous pour cette deuxième journée de notre événement. Je suis heureuse de vous revoir. Pour ceux et celles d'entre vous qui nous rejoindraient aujourd'hui seulement, je voudrais me présenter à nouveau. Mon nom est Nathalie Laviades Jodouin. Je suis vice-présidente principale à l'École de la fonction publique du Canada et je serai votre modératrice également aujourd'hui.

Nous avons encore un programme chargé pour vous aujourd'hui, mais je voudrais d'abord prendre un moment pour reconnaître et saluer certains de nos événements régionaux. Comme vous le savez, la fonction publique est répartie au Canada et à l'étranger et nous souhaitions permettre au plus grand nombre de personnes de se réunir comme on le fait aujourd'hui ici.Les administratrices et administrateurs généraux et autres hauts fonctionnaires organisent des événements dans chaque province et territoire, réunissant des fonctionnaires locaux de divers ministères et organismes. Je vais en nommer quelques-uns.

Au Canada atlantique, Michael Vandergrift accueille des fonctionnaires de Fredericton au Centre de foresterie de RNCan, Arianne Reza et Laura Lee Langley sont avec des fonctionnaires à Moncton, Harpreet Kochhar et Christine McDowell sont à Halifax, Paul Ledwell et Lawrence Hanson sont à Charlottetown et Annette Gibbons et Dave Boland sont à St. John's.

Nous avons également des événements dans les régions du Québec et de l'Ontario. Un grand merci à Isabelle Mondou et Jean-Frédéric Lafaille qui accueillent des fonctionnaires à Montréal pour une réflexion sur les valeurs et l'éthique. Kaili Levesque et Jean-François Fortin, qui animent une discussion informelle avec des collègues à Québec.Et Arun Thangaraj et Nancy Gardner, qui organisent chacun des événements à Toronto.

Dans le Nord, bienvenue aux fonctionnaires d'Iqaluit qui sont réunis avec le président de CanNor, Jimi Onalik, et d'autres cadres fédéraux. Outre ces événements régionaux pangouvernementaux, les différents ministères présentent également ce que signifient les valeurs et l'éthique dans leurs contextes précis. Anne Kelly accueille aujourd'hui des membres du personnel du Service correctionnel du Canada à l'établissement Beaver Creek à Gravenhurst, Natasha Kim et le major-général Paul Prévost accueillent des membres du personnel à la base des Forces canadiennes de Kingston, Bob Hamilton est à Sudbury avec des membres du personnel de l'ARC, Sandra McCardell est à Washington aujourd'hui avec des fonctionnaires fédéraux et Christopher McLellan et Rob Stewart organisent des événements dans d'autres missions à l'étranger plus tard dans le mois. Donc, ce n'est qu'un échantillon. De nombreux autres événements se déroulent au sein des équipes de la fonction publique et entre elles, et c'est vraiment formidable de voir que nous rejoignons les fonctionnaires là où; ils se trouvent.

Envoyez-nous une photo de vous ou de votre équipe avec laquelle vous regardez la webdiffusion et indiquez-nous d'où; vous participez à l'événement sur les valeurs et l'éthique. Rendez-vous sur wooclap.com et entrez le code vephoto ou balayez le code QR pour partager votre photo et votre emplacement. Le mur de photos va être exposé lors de l'événement en personne ici à Ottawa, inclus dans le webcast de l'événement et pourra être partagé sur les médias sociaux.

Alors, ceci étant dit, nous allons continuer la journée. Hier, nous avons entendu nos leaders parler de leur parcours et des leçons qu'ils et elles ont tirées en lien avec les valeurs et l'éthique, ainsi que l'Appel à l'action en faveur de la lutte contre le racisme, de l'équité et de l'inclusion.Nous avons entendu des conférencières et conférenciers inspirants qui ont montré non seulement comment relever la barre que nous nous sommes fixée en matière de lutte contre le racisme, de réconciliation et d'inclusion des personnes en situation de handicap, mais aussi comment nous responsabiliser pour respecter ces normes.

Les fonctionnaires en première ligne ont communiqué des informations précieuses sur la manière dont ils appliquent les valeurs et l'éthique dans leurs contextes opérationnels dans tout le pays et au-delà. Nous avons également entendu parler du rôle essentiel de l'instauration de la confiance et du respect, non seulement avec le public, mais aussi au sein de nos organisations et de nos équipes, comme base pour faire progresser l'Appel à l'action en faveur de la lutte contre le racisme, de l'équité et de l'inclusion dans la fonction publique fédérale. Aujourd'hui, nous allons poursuivre ces conversations en examinant comment nos valeurs et notre éthique nous aident, en tant que fonctionnaires, à relever les défis et à saisir les occasions dans notre paysage en évolution.

L'intelligence artificielle est un domaine en évolution rapide. L'IA est très pertinente pour la fonction publique en raison de son incidence sur l'excellence du service et la gestion des ressources. Nous approfondirons la manière dont l'IA façonne notre travail, les possibilités qu'elle présente, mais aussi les responsabilités qui accompagnent son utilisation.

Mais avant de passer au prochain segment, on va jeter un coup d'œil à une autre vidéo de notre série, mettant de l'avant la façon dont les fonctionnaires donnent vie à leurs valeurs. Cette vidéo est axée sur le respect de la démocratie et l'intégrité.

[00:05:19 La vidéo s'ouvre avec la page de titre. Texte à l'écran : Réflexions sur nos valeurs : intendance.]

[00:05:25 La vidéo alterne entre Winona Embuldeniya, des images aériennes de la région de la capitale nationale et une cérémonie de purification d'un drapeau autochtone. Texte à l'écran : Winona Embuldeniya, Femmes et Égalité des genres Canada, Winnipeg, MB.]

Winona Embuldeniya : Le respect de la démocratie signifie le maintien des principes de notre système parlementaire, le respect de son processus démocratique et l'absence de parti pris. Mais pour moi, cela signifie aussi de défendre l'honneur de la Couronne, et cela signifie aussi pour moi de travailler dans le système pour faire en sorte que les voix autochtones soient entendues.

[00:05:45 Rajiv Gupta apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Rajiv Gupta, Centre canadien pour la cybersécurité, Ottawa, ON.]

Rajiv Gupta : Vous voyez, la démocratie est menacée et il faut la protéger. C'est la responsabilité de tous les Canadiens, et plus encore de ceux qui travaillent dans la fonction publique. C'est donc quelque chose qui m'intéresse énormément.

[00:05:45 La vidéo alterne entre Heidi Robertson et ses collègues interagissant sur un tableau blanc. Texte à l'écran : Heidi Robertson, Ministère de la Défense nationale, Ottawa, ON.]

Heidi Robertson : Chaque jour, je me pose des questions éthiques : allons-nous trop loin sur le plan politique, permettons-nous aux gens de participer pleinement à la démocratie? Tant que l'on fait ce que l'on est censé faire dans ces situations, c'est ainsi que l'on améliore les choses pour tout le monde.

[00:06:12 La vidéo montre la page de titre du symposium. Texte à l'écran : Réflexions sur nos valeurs : l'intégrité.]

[00:06:17 La vidéo alterne entre Daniel Drouin et des vues de la région de la capitale nationale. Texte à l'écran : Daniel Drouin, Emploi et Développement social Canada, Ottawa, ON.]

Daniel Drouin : Pour moi, deux mots clés c'est garder la confiance de l'employeur mais aussi garder la confiance du public, parce que pour nous, on est payé par les contribuables. Pour moi c'est quelque chose qui est très, très important.

[00:06:28 Khadaja Elsibai apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Khadaja Elsibai, Services aux Autochtones Canada, Toronto, ON.]

Khadaja Elsibai : C'est à nous, fonctionnaires, de bien définir notre rôle, de toujours penser à ce qui est dans l'intérêt du public, à ce qui va nous aider à maintenir l'intégrité de nos régimes réglementaires.

[00:06:40 Justin Mathews apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Justin Mathews, Bureau du Conseil privé, Ottawa, On.]

Justin Mathews : Il n'y a pas de réponse facile. Il n'y en a jamais eu. Le moins que l'on puisse faire est donc de demander en cas de doute.

[00:06:48 La vidéo se termine avec la page de titre du symposium. Texte à l'écran : Ce qui nous unit et nous définit; Les valeurs et l'éthique à la fonction publique.]

[00:06:52 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Cette vidéo nous rappelle une fois de plus que nos valeurs et notre code d'éthique guident tout ce que nous faisons. Mais les valeurs ne se résument pas à des mots sur du papier. Elles prennent vie à travers nos actions et les exemples que nous donnons.

Avant de vous présenter notre premier invité, faisons un rapide sondage afin de préparer le terrain pour les thèmes que nous aborderons bientôt.

[00:7:20 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin et code QR wooclap, et résultats du sondage.]

Nathalie Laviades Jodouin : Veuillez vous rendre sur wooclap.com et entrer le code VEOCT dans la bannière supérieure pour accéder au sondage et répondre à notre question. En un mot, comment décririez-vous ce que signifie être un fonctionnaire pour vous? Quel est le mot qui décrit ce que signifie pour vous le fait d'être une ou un fonctionnaire?

Nous allons prendre un instant pour regarder les réponses. Fierté, responsable, devoir, soutien, servir les Canadiennes et Canadiens, responsabilité, services, excellence, soutien, intégrité. Le mot service revient souvent. Intégrité. Excellent. Continuons. Accessibilité, représentation, leadership, bâtir le Canada. Merci. Merci pour votre participation.

[00:08:20 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : En réfléchissant à ce que représente pour nous le fait d'être fonctionnaire, nous réfléchissons fondamentalement à la façon dont nous incarnons nos valeurs au travail mais également au rôle unique que nous occupons dans l'atteinte des objectifs communs de la fonction publique. Hier nous avons abordé ce sujet que nous allons approfondir aujourd'hui lors de discussions avec les conférenciers et les conférencières.

J'aimerais maintenant souhaiter la bienvenue à notre premier conférencier, le professeur Ian Stedman, qui se joint à l'École de la fonction publique du Canada en tant que chercheur invité dans le cadre de l'Initiative de chercheurs invités Jocelyne Bourgon lancée en 2021. Professeur agrégé de droit public et de gouvernance au Canada et directeur du programme d'études supérieures à l'École d'administration des politiques publiques de l'Université York, le professeur Stedman est un expert de premier plan en matière d'éthique et de responsabilité de la fonction publique.

Avant de rejoindre l'Université York, le professeur Stedman a été titulaire d'une bourse de recherche inaugurale en droit et en éthique de l'intelligence artificielle à l'Hôpital pour enfants malades de Toronto, puis d'une bourse postdoctorale à l'Université York, où; il a effectué des recherches sur la gouvernance de l'intelligence artificielle dans les soins de santé. En tant que chercheur invité, le professeur Stedman aidera l'École à promouvoir les activités liées aux valeurs et à l'éthique de la fonction publique. Cela comprendra la participation aux événements scolaires et à d'autres initiatives d'apprentissage en partenariat avec les ministères de la fonction publique. Nous sommes vraiment chanceux de bénéficier de la vaste expérience du professeur Stedman en tant que professeur, conseiller au Bureau du commissaire à l'intégrité de l'Ontario et chercheur axé sur les défis et les possibilités de notre monde numérique.

Veuillez vous joindre à moi pour souhaiter la bienvenue au professeur Stedman.

[00:10:16 Le professeur Ian Stedman monte sur scène, puis apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Ian Stedman, chercheur invité, École de la fonction publique du Canada, professeur adjoint, Université York.]

Professeur Ian Stedman : Bonjour à toutes et à tous. Merci Nathalie. C'est un réel plaisir d'être ici, de suivre toutes ces excellentes discussions et de réfléchir à ce que nous avons entendu jusqu'à présent. En tant que personne extérieure, je peux le dire. Je dois dire qu'il est vraiment très inspirant de voir la profondeur de l'engagement dont nous avons été témoins hier, et je suis sûr que nous en verrons davantage aujourd'hui.

On m'a donné cinq minutes, alors je ferais mieux de ne pas m'attarder là-dessus. J'aimerais profiter de ce moment pour vous parler un peu de moi, de la raison de ma présence, et de ce que j'espère que nous pourrons accomplir ensemble. Comme vous l'avez entendu, j'ai commencé ma carrière comme avocat au nord de Toronto, puis j'ai rapidement occupé un poste à l'Assemblée législative de l'Ontario, au Bureau du commissaire à l'intégrité. Mon travail consistait principalement à conseiller les députées et députés élus, mais aussi à contribuer à l'administration de l'enregistrement des lobbyistes, puis à conseiller les fonctionnaires en application de la Loi de 2006 sur la fonction publique de l'Ontario.

Mais quand j'étais dans ce bureau, une des choses que j'ai remarquée et qui m'a frappé, c'est que presque personne ne comprenait vraiment les règles. Certaines d'entre elles, en particulier la règle concernant les cadeaux, sont un peu trop complexes. Pour presque toutes les personnes qui venaient au bureau, c'était un cauchemar d'essayer d'expliquer ces choses. Les politiciens et politiciennes comprenaient à peine quelles étaient les règles. Le public, quant à lui, ne comprenait absolument pas quelles étaient les règles. En tant que membre de ce bureau, lorsque je prenais le journal (nous avions des journaux papier à l'époque, ce n'était pas tout numérique), je voyais que même les journalistes n'avaient personne qui pouvait les aider à rendre ces choses vraiment accessibles. Donc, de l'intérieur, je m'arrachais les cheveux, en regardant à l'extérieur, et je me disais : pourquoi est-ce si difficile? Pourquoi personne ne comprend? Cela m'a vraiment marqué.

Je n'ai jamais eu l'intention de devenir universitaire, mais je n'ai tout simplement pas vu beaucoup de gens s'intéresser activement à ces sujets de manière critique et réfléchie en dehors du gouvernement. Je pense vraiment que nous en avons besoin. Nous en avons grandement besoin. Nous avons besoin de gens de l'extérieur qui observent et posent des questions. Nous avons besoin de gens qui pointent du doigt et disent : « Pourquoi ne faites-vous pas ceci ou cela? » C'est ce qui fait une démocratie saine. Mais plus important encore, je pense que c'est ce qui peut contribuer à stimuler l'innovation et le progrès. Des gens de l'extérieur qui regardent ce qui se passe et posent des questions.

Vous savez, le monde universitaire et les universitaires souffrent parfois des critiques selon lesquelles nous restons à l'extérieur, à observer ce qui se passe à l'intérieur et à pointer du doigt, et que nous ne savons pas vraiment ce que signifie être en politique ou être un fonctionnaire sur le terrain, devant prendre de vraies décisions sur des questions complexes en subissant une pression incroyable. La plupart du temps, ce n'est pas une critique injuste, mais les universitaires sont aussi ceux qui prennent souvent le temps d'examiner ce qui est fait et de se demander si cela répond aux normes qui ont été établies, et de parler aux gens et d'essayer de comprendre la raison. Ils peuvent alors contribuer à proposer des solutions et peut-être même le faire d'une manière qui exerce une pression sur ceux qui ont le pouvoir de faire bouger les choses.

Bon, je ne veux pas laisser entendre par mes remarques d'aujourd'hui que je pense que quelque chose est brisé. Loin de là. Mais le rapport du sous-ministre au greffier a attiré notre attention sur le fait que les fonctionnaires sont confrontés à de nouveaux défis qui, selon eux, ne ressortent pas dans le Code de valeurs et d'éthique. Vous avez également été plusieurs à noter que vous ne pensez pas que le code vous aide à gérer ces problèmes lorsque vous y êtes confrontés. Par exemple, nous avons entendu hier l'idée selon laquelle certains aspects de l'identité d'une personne peuvent devenir l'objet de politiques. Et que dans cette situation, il peut devenir très difficile, voire impossible, de concilier votre humanité avec votre devoir de défendre les valeurs de la fonction publique. Je peux aussi vous dire que j'entends sans cesse que le travail à distance et le travail virtuel rendent difficile, ou du moins un peu plus difficile, la construction d'une culture autour des valeurs et de l'éthique de la même manière que cela a été fait auparavant. Quelque chose a changé. Il y a moins de bavardages autour de la machine à eau où; vous pouvez avoir ces petites conversations sur les détails de ce que signifie faire votre travail au quotidien. Je suis sûr que vous avez tous et toutes entendu cela aussi.

Mais permettez-moi de dire quelque chose très rapidement à propos de l'intelligence artificielle. Je sais que nous allons en parler aujourd'hui. Vous avez entendu que cela fait partie de mon parcours et de ce que je fais. Ce n'est pas seulement un défi de la fonction publique. Nous avons tous besoin d'un véritable leadership qui nous aide à comprendre quand et comment utiliser ces outils, non seulement parce qu'ils sont compliqués et sous-réglementés (c'est l'universitaire en moi qui s'exprime), mais parce qu'ils ont besoin de données. Comme nous le verrons sûrement aujourd'hui, nos données peuvent être sales. Sales parce que nous commençons tout juste à avoir des conversations et à parler ouvertement et activement de qui a le pouvoir en matière d'IA et de la manière dont ce pouvoir est exercé, mais aussi de quelles voix ont été incluses et exclues lorsque nous élaborons des politiques. Parlons des politiques et des données réutilisées pour obtenir de nouvelles informations. Ces données pourraient être biaisées.

Ainsi, il peut sembler difficile pour un fonctionnaire de tenter d'obtenir de nouvelles informations à partir de ces données potentiellement biaisées que nous n'avons pas vraiment examinées, et de répondre à la question : « En quoi mon travail est-il encore dans l'intérêt public? » Comment ce que je fais peut-il témoigner du respect de la démocratie? Comment allons-nous concilier ce qu'est l'IA et ce que nous ne savons pas à son sujet avec ces valeurs dont nous parlons tant? Ce sont de vrais problèmes. Ce sont de véritables questions auxquelles nous devons répondre pour faire de notre fonction publique une fonction publique qui accueille la diversité des voix et des expériences, et une fonction qui accueille une diversité de façons de savoir et de faire. Nous devons relever ces défis afin de pouvoir bâtir la fonction publique que nous voulons, alors que nous avançons dans ce monde complexe, virtuel et, j'oserais dire, souvent impersonnel, que les auteurs du code n'avaient peut-être pas imaginé.

Je n'ai pas assez de temps pour approfondir ce sujet aujourd'hui, mais vous devez savoir que ces conversations ont également lieu dans d'autres pays à travers le monde. Les choses ont changé et nous devons tous comprendre ce que cela signifie. Il ne s'agit pas non plus simplement de gérer le quotidien. Au niveau international, des organisations comme l'Organisation de coopération et de développement économiques, l'OCDE, ont également ces discussions depuis des années. Elles écrivent depuis des années sur le rôle important que jouent l'éthique et les valeurs de la fonction publique dans la bonne gouvernance en général. Nous faisons donc ce qu'il faut en ayant cette conversation et en posant ces questions.

Permettez-moi de terminer en disant ceci. Je ne suis qu'un chercheur invité. Mais, comme Daniel l'a dit hier, je suis ici à un moment où; vous, la fonction publique, discutez de choses dont nous parlons rarement ouvertement. Je pense que nous avons cette conversation au bon moment. L'École de la fonction publique du Canada le pense aussi, car elle m'a donné cette occasion. Je veux que vous sachiez que, comme chacun et chacune d'entre vous, cette conversation me tient à cœur. Je veux savoir ce qui compte pour vous, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Je veux entendre les « pourquoi » et je veux réfléchir aux « quoi » et aux « comment ». Nous voulons tous et toutes, chacune et chacun d'entre nous, faire du bon travail et laisser cet endroit dans un meilleur état que celui dans lequel nous l'avons trouvé. Alors s'il vous plaît, n'hésitez pas à vous tourner vers moi, à communiquer avec moi, à m'envoyer un courriel, ou même un courriel anonyme si vous le souhaitez. Créez un compte Twitter. Cela n'a aucun sens de m'envoyer un message Twitter anonyme. Peu importe. Prenez contact avec moi. Dites-moi ce que je devrais entendre, selon vous, pour pouvoir consacrer mon temps ici à faire un travail significatif qui peut aider à repousser un peu les limites. S'il vous plaît.

Et sur ce, j'ai maintenant le grand plaisir de vous présenter l'homme qui n'a pas besoin d'être présenté, car c'est grâce à lui que nous avons eu cette occasion de nous réunir. Il a une carrière très impressionnante dans la fonction publique, ayant occupé plus de rôles que je ne peux en imaginer, en tant que simple universitaire, ayant travaillé dans les domaines des droits de l'homme, du commerce et des affaires étrangères, en tant que secrétaire adjoint du cabinet, en tant que sous-ministre dans différents portefeuilles, et même en tant qu'ambassadeur en Norvège. Il a vu la fonction publique sous différents angles et à différents niveaux. Il se tient ici, je crois, d'après le temps que j'ai passé auprès de vous, déterminé et résolu à faire en sorte que notre fonction publique continue d'évoluer. Ses remarques d'aujourd'hui nous aideront à nous concentrer sur ce que signifie être un fonctionnaire afin que nous puissions continuer à mieux cerner notre engagement envers nos valeurs tout en continuant d'apprendre à les mettre en œuvre parmi tous les défis auxquels nous sommes confrontés.

Je cède donc la parole à monsieur le greffier Hannaford, et je vous remercie de m'avoir écouté.

[00:18:47 John Hannaford monte sur scène, puis apparaît en plein écran. Texte à l'écran : John Hannaford, greffier du Conseil privé et secrétaire du Cabinet.]

John Hannaford : Merci beaucoup, Ian. Je pense que cela a très bien donné le ton pour aujourd'hui et pour le travail que nous avons accompli, et que nous continuerons à accomplir au cours de la prochaine période.

C'est le deuxième jour d'un symposium qui m'inspire vraiment. Cette conversation approfondie reflète notre volonté de nous attaquer à certains des problèmes fondamentaux auxquels nous sommes confrontés en tant que communauté et à certaines des choses qui nous définissent en tant que profession. Et cela est une source d'inspiration pour moi, personnellement. C'est inspirant de voir le dynamisme de ce groupe. C'est inspirant dans le sens où; nous nous attaquons à des choses qui comptent; cela contribue à notre force, en tant qu'institution, et à l'avenir de cet organisme.

[00:19:48 Écran divisé : John Hannaford et page de titre du symposium. Texte à l'écran : Ce que cela signifie d'être fonctionnaire.]

John Hannaford : Je tiens tout d'abord à préciser que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin anichinabé, et que l'importance de déclarations comme celle-ci nous ramène aux discussions que nous avons menées. Les valeurs et l'éthique sont ancrées dans le respect des personnes, et le respect des personnes est ancré dans le travail que nous accomplissons en faveur de la réconciliation. Où; que vous soyez aujourd'hui, que ce soit dans la région de la capitale nationale, partout au Canada ou à l'étranger, je vous encourage à apprendre l'histoire de la région où; vous vous trouvez et à apprendre des peuples autochtones. Comme le montrent les conversations que nous avons eues, nous apprenons énormément des personnes qui nous entourent. Il y a environ un an, nous avons lancé ce dialogue sur les valeurs et l'éthique.

[00:20:37 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Et j'ai été frappé par l'empressement avec lequel les fonctionnaires ont entamé ce dialogue. J'ai bien aimé discuter avec les fonctionnaires à tous les niveaux et obtenir une nouvelle perspective sur ce que nous faisons au nom des Canadiens.

De nombreuses conversations ont en réalité porté sur le thème de ce que signifie être une ou un fonctionnaire. Vous aurez des réponses différentes à cette question en fonction de vos propres expériences, du travail que vous faites, de l'institution que vous servez et de la façon dont vous servez la population canadienne. Pour ma part, le service de la démocratie est l'un des aspects les plus inspirants du travail que nous accomplissons ensemble. Nous sommes un pilier central de notre système démocratique, et le système démocratique est un pilier central de notre société. Nous apportons donc une contribution très directe à quelque chose qui est vraiment fondamental pour la société que nous servons.

Et je veux que chaque fonctionnaire de notre organisation ressente une fierté, non seulement de ses réalisations individuelles ou de celles de son équipe ou de son service, mais aussi d'être une ou un fonctionnaire. Et je dois dire que j'ai trouvé extrêmement gratifiant de voir les mots apparaître sur l'écran plus tôt. Le service devrait être extrêmement important, tout comme la fierté, et j'espère que cette conversation renforcera cette fierté relativement à ce que nous sommes. Notre travail est essentiel pour notre démocratie et il l'est aussi pour notre pays et pour les Canadiens. Nous défendons l'intégrité et la crédibilité du système et nous respectons la volonté démocratique des Canadiens. C'est un rôle à jouer des plus importants. Chacune et chacun de nous fait partie de quelque chose de plus grand.

[00:22:39 Écran divisé : John Hannaford et page de titre du symposium. Texte à l'écran : Chacun d'entre nous fait partie de quelque chose de plus grand.]

John Hannaford : Pour moi, cette prise de conscience s'est cristallisée très tôt dans ma carrière. En tant que jeune avocat, j'ai eu l'occasion en 1995 de jouer un rôle dans un conflit que nous avions avec l'Espagne au sujet de nos pêches sur la côte est.

[00:22:53 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Ce différend a été porté devant la Cour internationale de justice, et je faisais partie d'une petite équipe à qui on a demandé de présenter notre défense dans ce contexte. J'ai réalisé, alors que je travaillais sur notre présentation du dossier du Canada, qu'il n'était pas vraiment question de moi. Il était question du Canada. Les conséquences liées à notre succès ou à notre échec seraient ressenties par notre pays. Il était question de nos eaux et notre relation avec un allié. Le travail que je faisais ne me concernait pas vraiment. Il était question de notre pays.

Et ce même sentiment m'a suivi tout au long de ma carrière alors qu'on m'a confié la responsabilité d'être sous-ministre et de diriger une institution de fonctionnaires qui m'impressionnaient quotidiennement par la qualité de leur travail, leur engagement et leur niveau d'expertise. Cela m'a suivi lorsque j'ai eu l'occasion de voyager avec les premiers ministres dans des régions proches des zones de conflit où; on voit nos femmes et nos hommes en uniforme à servir le pays et à se sacrifier pour les idéaux auxquels notre pays est attaché.

Nous faisons tous partie de quelque chose de plus grand. Lorsqu'un Canadien demande de l'aide pour remplir sa déclaration de revenue, s'il s'inscrit à des programmes en ligne et qu'il passe [24:19 inaudible], l'expérience qu'il vit façonne sa perception de la fonction publique et du gouvernement. Le fonctionnaire qui travaille dans un centre d'appel, qui crée des contenus Web, qui examine des demandes qui définissent les conditions d'admissibilité à un programme, font partie de quelque chose de plus grand. Les travailleurs en contact avec le public ne sont pas les seuls concernés. Toutes les personnes qui travaillent dans l'ombre pour épauler nos institutions, je pense entre autres aux ressources humaines, à l'administration, à la technologie de l'information, participent à notre réussite.

Lorsque les fonctionnaires, à tous les niveaux, font preuve d'excellence, d'intégrité et d'une saine gestion de l'argent des contribuables, cela renforce la confiance. Il n'est pas seulement question de ce que nous faisons, mais aussi de la façon dont nous le faisons. Alors que nous sommes confrontés à un environnement opérationnel en constante évolution et de plus en plus complexe, il est essentiel d'avoir des conversations sur la façon dont nous faisons notre travail, dont nous respectons nos valeurs fondamentales, dont nous nous adaptons pour continuer à offrir l'excellence à l'avenir. Alors, comment devons-nous procéder?

[00:25:48 Écran divisé : John Hannaford et page de titre du symposium. Texte à l'écran : C'est en équipe que nous atteignons l'excellence.]

John Hannaford : Eh bien, guidés par un objectif commun, avec une solide compréhension de qui nous sommes en tant qu'organisation. C'est ce que prévoit notre Code de valeurs et d'éthique. Une fonction publique professionnelle et non partisane est un élément essentiel de notre démocratie. Nous offrons des options au gouvernement et mettons ensuite en pratique ses décisions au service du Canada. Nos conseils sont basés sur la science, les preuves, les connaissances et l'expérience. Nous sommes honnêtes et directs face aux défis et proposons des options solides pour les relever.

[00:26:24 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : En fin de compte, c'est aux ministres de prendre des décisions au nom de notre pays et, quelles que soient nos convictions personnelles, nous avons le devoir professionnel de soutenir notre démocratie en servant notre clientèle, le gouvernement et la population canadienne au mieux de nos capacités. Nous le faisons avec courage, franchise, transparence, ouverture et respect. J'ai parlé plus tôt du respect, de son rôle important dans la réconciliation, l'apprentissage et l'écoute des peuples autochtones. Respecter leur savoir, leurs histoires, leurs identités et leurs expériences. Comme nous en avons discuté hier après-midi, nous donnons également vie à nos valeurs en réalisant des progrès significatifs dans le cadre de l'Appel à l'action en faveur de la lutte contre le racisme, de l'équité et de l'inclusion dans la fonction publique fédérale, en rendant nos lieux de travail accessibles à tous et en faisant la promotion d'une culture saine. Notre capacité à innover et à résoudre des problèmes provient du travail d'équipe, qui se produit lorsque les gens se sentent valorisés et inclus.

Nous devons avoir des conversations franches sur la santé mentale, des espaces de travail sûrs et aussi rechercher les points de vue divergents, y réfléchir et communiquer les décisions prises et le pourquoi. Nous devons également faire preuve d'agilité et de résilience face aux changements. La réalité de notre travail et du monde dans lequel nous vivons est que le changement est constant. Que ce changement soit aussi mondial qu'une pandémie, aussi local qu'un changement de priorité, il faut l'accepter et se donner des moyens de réussir. Il y a bien des choses auxquelles nous pouvons nous préparer, nous pouvons analyser les tendances et prévoir différents scénarios dans un an ou dans cinq ans. Nous devons être à l'aise avec l'inconnu. Il y aura toujours des surprises, et c'est à nous d'y réagir efficacement. Nous avons vu des exemples extraordinaires, notamment nos interventions pendant la pandémie de COVID et des incendies de forêt partout au pays. Gérer les risques, s'adapter aux nouvelles circonstances et tirer parti des occasions d'innover.

Nous savons désormais qu'une date fixe sera déterminée pour les élections en octobre 2025 et, en tant que fonction publique professionnelle et non partisane, nous soutenons la démocratie et menons à bien les activités du gouvernement. Pour ceux d'entre vous qui se sont joints à la fonction publique ces dernières années, vous n'aurez pas eu l'expérience de notre rôle en période électorale, et j'encourage fortement les dirigeants de notre système à discuter de ce rôle en période électorale. Je nous encourage toutes et tous à assumer notre rôle. La fonction publique offre une continuité à la population canadienne et au gouvernement dûment élu. C'est la force de notre système.

Aujourd'hui, dans tout ce que nous faisons, nous devons viser l'excellence, et atteindre l'excellence n'est pas une tâche facile. Après tout, nous ne sommes que des humains. Parfois, nous pouvons avoir l'impression de rencontrer des obstacles. Cela peut être difficile si nos conseils ne parviennent pas jusqu'à la version finale. Mais il faut prendre tout cela à cœur. Notre service est important, notre travail est important, à tous les niveaux et dans toutes les régions du pays. En fin de compte, j'espère que vous vous verrez comme je vous vois, comme la partie d'un tout essentiel, contribuant à une organisation qui a une grande signification et un objectif considérable. Une organisation dont les principes fondamentaux ont résisté à l'épreuve du temps. Une organisation qui continuera d'évoluer pour répondre aux besoins des Canadiens d'aujourd'hui et de demain. C'est pourquoi cette conférence a autant d'importance; c'est pourquoi il importe de poursuivre le dialogue après la conférence. Nous voulons que les fonctionnaires sortent de cette conférence mieux outillés pour relever les défis de l'avenir.

Maintenant, si nous examinons ce qui va suivre, je pense qu'il y a certains domaines clés dans lesquels nous pouvons apporter une nouvelle direction qui fera une réelle différence. Le comité de cet après-midi consistera en une discussion sur les lignes directrices sur la manière d'utiliser l'intelligence artificielle dans notre travail de façon responsable. Il est également apparu très clairement au cours des conversations que nous avons eues au cours de l'année dernière que des conseils concernant l'utilisation des médias sociaux seraient les bienvenus et importants. Hier, nous avons entendu parler du travail que le SCT a entrepris à cet égard, et j'en suis reconnaissant, car je pense que cela constitue une base vraiment solide.

[00:31:24 Écran divisé : John Hannaford et page de titre du symposium. Texte à l'écran : Nous servons la démocratie – un objectif qui a résisté à l'épreuve du temps.]

John Hannaford : Mais il faut des travaux et des discussions plus approfondis, compte tenu de l'évolution des médias sociaux à chaque minute. J'ai donc demandé au greffier adjoint Fox de poursuivre ces efforts, en étroite collaboration avec Jackie Bogden, la dirigeante principale des Ressources humaines, afin de poursuivre ce dialogue.

[00:31:41 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Et d'affiner les directives sur les médias sociaux d'ici le printemps prochain, de manière à tenir compte des pratiques exemplaires nationales et internationales. De même, nous ne voulons pas perdre les réalisations que nous avons obtenues jusqu'à présent dans nos conversations sur les valeurs et l'éthique, et j'ai demandé à Taki Sarantakis, président de l'École, de créer un poste permanent de chercheuse ou chercheur invité en valeurs et en éthique, qui sera opérationnel d'ici 2025. Et il portera le nom de mon ami et mentor, Ian Shugart, qui était un collègue et un mentor inspirant, ancien greffier du Conseil privé et sénateur qui aimait ce pays. Il incarnait ce à quoi nous aspirons en tant que fonctionnaires : engagement envers l'excellence dans le service au public en soutenant la démocratie avec intégrité, ouverture et respect. Taki fournira quelques détails supplémentaires à ce sujet, mais d'une manière générale, le nouveau rôle consistera en un rendez-vous annuel rotatif avec une chercheuse ou un chercheur axé sur le développement et la mise en œuvre de cours sur les valeurs et l'éthique, la recherche sur l'éthique et la gouvernance, la promotion de l'importance du leadership éthique et la garantie que la diversité, l'équité et l'inclusion sont pleinement intégrées dans nos valeurs d'excellence, d'intégrité, de gestion, de respect de la démocratie et de respect des personnes.

Enfin, j'invite les sous-ministres à poursuive l'élan que nous avons pris, en concentrant les efforts au sein de leur organisation sur les points suivants : mettre à jour le code de conduite organisationnel, préparer un rapport ministériel de divulgation d'actes répréhensibles et de mauvaises conduites. Demander aux employés de soumettre chaque année des attestations en matière de conflit d'intérêt et intégrer la responsabilité conséquente des progrès réalisés dans la mise en œuvre de l'Appel à l'action.

Ensemble, nous sommes la fonction publique. Nous sommes la fonction publique à ce moment précis de l'histoire de notre pays, nous toutes et tous. Nous avons la responsabilité, à cet égard, de faire honneur aux valeurs de notre organisation. Nous avons la responsabilité de servir notre société du mieux que nous pouvons et de nous conformer à des normes élevées. C'est une vocation très importante. C'est un rôle essentiel. Je suis profondément fier de cette institution et j'ai vraiment hâte de poursuivre cette conversation dans ce format et d'aller de l'avant. J'attends avec impatience le comité qui va avoir lieu maintenant. Je tiens à vous remercier d'avoir participé à l'événement d'aujourd'hui. Merci. Merci, Miigwech.

[00:34:32 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin: Merci beaucoup, monsieur le greffier Hannaford, d'être venu aujourd'hui nous faire part de vos réflexions judicieuses. Pendant que vous prenez place, juste pour que tout le monde le sache, nous allons nous préparer pour notre prochaine table ronde, dont le greffier Hannaford sera le modérateur.

Nathalie Laviades Jodouin: Alors, sur ce, je vais inviter nos panélistes à nous rejoindre sur scène, en commençant par Melissa Dorian, qui est gestionnaire à Innovation, Sciences et Développement économique Canada, ainsi que Nathalie Morin, directrice générale à Environnement et Changement climatique Canada. J'aimerais également inviter les participants et participantes qui se joignent à nous virtuellement, à commencer par Ayesha Zafar, sous-ministre adjointe à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ainsi que Raoul Antwali, gestionnaire des enjeux à l'Agence du revenu du Canada. Juste un petit rappel : allez sur wooclap.com et saisissez le code VEOCT afin de soumettre vos questions. Sur ce, monsieur le greffier Hannaford, je vous donne la parole.

[00:35:40 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène, ainsi que les panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : Excellent. Eh bien, écoutez, c'est un plaisir d'avoir l'occasion de discuter avec vous tous et toutes. J'espère que cette séance sera réellement un échange. C'est l'occasion d'entendre vos expériences, d'entendre vos points de vue et d'échanger avec tous ceux et toutes celles qui participent,

[00:35:55 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : c'est-à-dire 15 000 personnes, les connaissances que vous avez acquises grâce aux perspectives que vous avez. Il a été mentionné hier que nous abordons tous le rôle de la fonction publique à partir de nos points de vue très précis. Je veux en entendre parler, mais je veux aussi entendre parler de certaines expériences remarquables que vous avez vécues. Autrement dit, comment vous vous voyez contribuer au grand ensemble, et quels rôles les valeurs joueront selon vous dans tout cela. Raoul, c'est un peu injuste, mais peut-être qu'on commencera par vous. Je pense que vous êtes, dans ce panel, le fonctionnaire le plus récemment embauché, alors je suis intéressé par votre expérience jusqu'à présent, par la façon dont vous voyez la conversation que nous avons eue sur les valeurs et l'éthique et par vos réflexions sur la voie à suivre.

[00:36:36 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène, ainsi que les panélistes participant virtuellement.]

Raoul Ntwali : Bien sûr. Merci beaucoup. Bonjour tout le monde. Merci beaucoup de m'accueillir. J'aurais vraiment aimé être avec vous aujourd'hui mais je suis très reconnaissant de pouvoir tout de même vous joindre virtuellement et participer à cette conversation. Monsieur le greffier Hannaford, je tiens également à vous remercier d'avoir ramené cette importante discussion sur les valeurs et l'éthique, et d'avoir fait progresser l'Appel à l'action en faveur de la lutte contre le racisme, de l'équité et de l'inclusion partout au Canada. Vraiment le travail que vous avez fait depuis que vous êtes entré en fonction a été une source d'inspiration et je tenais à vous féliciter.

[00:37:13 Raoul Ntwali apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Raoul Ntwali, gestionnaire des enjeux, Agence du revenu du Canada.]

Raoul Ntwali : Un grand merci également aux équipes du Bureau du Conseil privé et de l'École de la fonction publique du Canada pour l'organisation de ce colloque. Et une mention spéciale à Martin, Catherine, Danica et Aman. Il y a beaucoup de personnes dans les coulisses qui ont travaillé d'arrache-pied pour que cela ait lieu. Un grand merci à vous tous.

Donc, oui, merci pour la question, monsieur le greffier Hannaford. Je vais peut-être commencer par quelques renseignements à mon sujet. Alors oui, j'ai commencé mon parcours dans la fonction publique à l'Agence du revenu du Canada en 2019. Je dois dire que mon expérience d'intégration a été très différente de celle que de nombreux jeunes fonctionnaires ont vécue pendant la pandémie. J'ai eu le privilège de travailler en étroite collaboration avec mes collègues tous les jours, et nous avons travaillé en personne. Je les ai suivis de près. Je les ai bombardés de questions. Les pauvres. Ils ont été incroyablement, incroyablement patients et compréhensifs avec moi. Ils m'ont beaucoup soutenu. Ils m'ont pratiquement tenu la main jusqu'à ce que je me sente suffisamment en confiance pour assumer mes propres responsabilités de manière autonome.

Ce genre d'expérience en personne m'a vraiment aidé à comprendre les valeurs fondamentales qui nous guident dans la fonction publique. Des valeurs comme le respect de la démocratie, le respect des personnes, l'intégrité et l'excellence. Cela a réellement façonné ma compréhension de ce que signifie être un fonctionnaire et de la manière dont nous servons les Canadiens et Canadiennes avec responsabilité et respect. Pour celles et ceux qui ont été intégrés pendant la pandémie, l'expérience a été naturellement très différente. Ils n'avaient pas le même soutien en personne, mais ils faisaient partie de quelque chose de nouveau et d'important. Ces jeunes fonctionnaires ont été des pionniers et pionnières dans l'intégration virtuelle et, grâce à leurs commentaires et à leur adaptabilité, ils nous ont aidés à améliorer ce processus.

Je me souviens du moment où; j'ai occupé mon deuxième poste à l'ARC pendant la pandémie. Mon intégration s'est entièrement déroulée virtuellement. Mon mentor et moi passions de longues heures, parfois des journées entières sur MS Teams, en appels, à travailler sur des fichiers, un par un. Ce n'était pas la même chose que les interactions en personne, mais cela m'a montré qu'avec le bon soutien, il est possible de maintenir des valeurs comme la bonne gestion et l'excellence, même dans un environnement virtuel. Cette transition a également permis d'attirer des talents incroyables de tout le pays, et pas seulement localement. Je pense donc que nous devons accepter cette nouvelle réalité et continuer à nous améliorer, en veillant à ce que, peu importe où; se trouve une personne, elle puisse se sentir connectée à notre engagement commun et à nos valeurs en matière d'éthique.

Pour les jeunes fonctionnaires, je dois dire que je pense que les valeurs et l'éthique sont au cœur de la façon dont nous percevons notre rôle dans la fonction publique. Les jeunes fonctionnaires sont profondément attachés à l'équité et à la justice, et ils veulent voir du respect envers les personnes dans tous les aspects de leur travail. Ils s'attendent à de l'intégrité, non seulement dans la tâche qu'ils accomplissent, mais également dans le leadership et la prise de décision autour d'eux. C'est pourquoi il est si important de continuer à parler de ces valeurs, non seulement comme des idéaux, mais comme des actions concrètes au quotidien. Vous avez parlé des ressources qui ont été partagées par TBS hier. La dirigeante principale des ressources humaines nous a parlé de ressources qui ont été créées pour nous et c'est un excellent moyen d'entretenir ces conversations. Je pense que ces ressources fournissent des outils pratiques qui permettent de faire le lien entre les valeurs clés et notre travail quotidien, que nous soyons au bureau ou que nous travaillions à distance.

L'une des meilleures façons d'aider les jeunes fonctionnaires à comprendre ce que signifie être fonctionnaire est de les associer à cette conversation, comme je le fais ici aujourd'hui, en participant à cette conversation. Vous savez, j'ai eu le grand privilège de servir l'un des plus grands réseaux d'employés de la fonction publique, le Réseau des jeunes professionnels de l'ARC, qui est un réseau de croissance professionnelle. Je suis également un membre actif du Réseau des jeunes fonctionnaires fédéraux, et ces deux réseaux sont des exemples d'espaces qui ont été conçus pour offrir aux jeunes membres du personnel une plateforme pour échanger leurs idées. Leurs voix contribuent à façonner la manière dont nous appliquons des valeurs telles que le respect des personnes et l'intégrité aujourd'hui dans un milieu de travail en constante évolution. Lorsque les jeunes fonctionnaires participent activement à ces discussions, ils se sentent plus proches des valeurs qui guident notre fonction publique. Comme vous, monsieur le greffier Hannaford, lorsque vous étiez un jeune avocat dans le cadre du conflit que vous avez mentionné, vous avez ressenti un attachement plus fort aux valeurs et vous avez réalisé que vous faisiez partie de quelque chose de plus grand.

Et quand je parle de cette approche, ce n'est pas quelque chose de théorique, nous l'avons observé dans la pratique. Par exemple, les nouvelles lignes directrices sur les médias sociaux qui ont été élaborées avec la participation de fonctionnaires, des fonctionnaires de tous ministères et de tous niveaux autour du Canada. Et ceci est un témoignage de la valeur de l'intégrité par la transparence et l'inclusivité. Et ce type de collaboration montre que lorsque nous travaillons ensemble, nous pouvons créer des politiques qui représentent un grand nombre d'expériences et de besoins. Et cela nous rappelle que le respect de la démocratie et le respect des personnes vont en pair avec la nécessité de veiller à ce que chaque voix soit entendue.

Ainsi, en fin de compte, les valeurs et l'éthique prennent vie à travers les expériences que nous racontons. Au Réseau des jeunes professionnels de l'ARC, nous avons quelque chose que nous appelons le succès par l'échec; c'est une série d'événements au cours desquels nous ouvrons une plateforme pour que les gens puissent parler de leurs échecs. Nous les encourageons à parler ouvertement de leurs expériences, autant de leurs succès que de leurs échecs, mais surtout des échecs et des défis, car c'est ce qui permet d'éliminer les obstacles. Ils nous rappellent que nous sommes tous et toutes des êtres humains, constamment en train d'apprendre. En faisant part de nos expériences, nous faisons de valeurs comme l'intégrité et la bonne gestion des valeurs personnelles et pratiques, pas seulement quelque chose qui est écrit dans le code, mais quelque chose que nous vivons chaque jour.

Mon message d'aujourd'hui est donc de poursuivre la conversation, de continuer à apprendre les uns des autres et de veiller à ce que les valeurs, le respect de la démocratie, le respect des personnes, l'intégrité, la bonne gestion et l'excellence continuent de nous guider dans notre service aux Canadiennes et aux Canadiens. Donc je vais arrêter ici et je vous redonne la parole, M. Hannaford.

[00:43:00 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : C'étaient d'excellents commentaires, Raoul, et je dois dire que l'une des raisons pour lesquelles j'ai pensé qu'il était important pour nous d'entamer cette conversation était une expérience personnelle. J'ai une fille qui a commencé sa carrière pendant la pandémie et c'était une expérience période pas parfaite et honnêtement. Elle a commencé à travailler pour une grande organisation. Ce n'était pas la fonction publique, mais elle avait déménagé à Toronto. Elle a commencé sa carrière en travaillant à la table de sa cuisine dans un très petit appartement. Son expérience, comme j'ai pu en discuter avec elle, était tellement différente de la mienne lorsque j'ai commencé il y a 30 ans, où; j'avais l'occasion, comme vous, Raoul, de discuter avec des gens qui étaient beaucoup plus expérimentés. Parfois, je me rendais compte que ce que j'observais ne constituait pas vraiment une bonne pratique. Mais dans de nombreux cas, simplement en m'imprégnant de ce qui se passait autour de moi, j'ai eu l'occasion d'assimiler les règles et la culture de l'organisation. J'ai senti qu'à cause de la pandémie, nous avons perdu l'avantage sur certains de ces points. J'ai pensé qu'il était vraiment important pour nous de relancer le débat, en partie parce qu'un nombre important de personnes nous ont rejoints depuis cette période, et c'était leur initiation à cette profession.

Et peut-être que l'on peut se tourner vers ma droite pour vos impressions, vos expériences. Nous allons commencer par vous.

[00 :44 :34 Écran divisé : Melissa Dorian et les panélistes participant virtuellement.]

Melissa Dorian : En tant que gestionnaire dans la fonction publique, nous sommes souvent coincés entre deux niveaux : d'une part, la mise en œuvre des directives, et d'autre part, la fourniture de conseils courageux aux supérieurs. Mais les gestionnaires peuvent faire beaucoup pour donner aux employés de leurs équipes les moyens de vivre réellement ces valeurs et cette éthique dans leur vie quotidienne.

C'est drôle, avant de venir ici, j'ai communiqué avec des collègues d'autres ministères dans différents secteurs d'activité et je leur ai demandé ce qu'ils pensaient des valeurs et de l'éthique en tant que pratique dans leur quotidien. Pour la plupart, les gens voyaient vraiment le respect envers les autres se manifester dans leur travail et dans leur quotidien. Je pense que c'est en grande partie grâce au travail acharné qui a été accompli dans l'ensemble de la fonction publique en matière de santé mentale et de bien-être, aux 13 facteurs psychosociaux pour un milieu de travail sain, mais aussi au travail sur l'Appel à l'action, l'EDI et l'accessibilité. Mais il était clair que les gens avaient plus de mal à définir l'élément concernant la démocratie, la valeur d'une éthique de la démocratie dans leur travail quotidien. Je pense que lorsque la conversation s'écarte un peu du mot démocratie, et utilise peut-être le vieil adage que beaucoup d'entre nous connaissent, avec des conseils sans peur et une mise en œuvre fidèle, cela interpelle un peu plus les gens.

Je pense que c'est ce que les gestionnaires peuvent rapporter dans leurs équipes, c'est d'amener ces conversations et d'inviter à la conversation sur le sujet : Comment donner des conseils sans crainte?

[00:45:48 Melissa Dorian apparaît en plein écran. Texte à l'écran : Melissa Dorian, gestionnaire, Innovation, Sciences et Développement économique Canada.]

Melissa Dorian : Comment mettre en œuvre de manière fidèle? Pour ceux qui sont en position de prendre des décisions, comment prendre des décisions impartiales? Cela peut être de petites choses. Ainsi, lors des réunions d'équipe, nous sommes très doués pour demander quels sont les obstacles à l'avancement d'un projet particulier ou à la conception de quelque chose.

Mais il y a un autre ensemble de questions que nous pouvons ajouter ici. Ce sont ces questions-là : y a-t-il eu au cours de la semaine une situation où; vous vous êtes senti tiraillé? Ou dans laquelle vous avez ressenti de l'incertitude? Souvent, lorsque cela est formulé de cette façon, les gens commencent à échanger des informations. C'est dans ces moments-là qu'il faut vraiment s'appuyer sur les valeurs et l'éthique. Nous pouvons utiliser des mots différents, mais en réalité, cela revient aux valeurs et à l'éthique qui sous-tendent la fourniture de conseils sans crainte et leur mise en œuvre fidèle. Ce qui se passera, c'est que si vous, en tant que gestionnaire, parvenez à susciter au sein de votre équipe la curiosité et l'aisance de se remettre en question mutuellement, vous commencerez à améliorer le courage des membres de votre équipe.

Alors, on entend souvent ça. J'ai la chance d'être président de la communauté des gestionnaires d'ISDE, et nous sondons nos membres. Ce qui ressort régulièrement au fil des années, c'est que nous devons renforcer notre sens du courage. Quand on analyse un peu plus cette situation au cours de conversations, on se rend compte que les gens ne savent pas toujours comment présenter l'information et comment la transmettre de manière à ce qu'elle soit vraiment complète, en faisant attention à ne pas adapter l'information uniquement pour obtenir l'adhésion. Ils ne l'adaptent pas simplement parce qu'ils savent que c'est quelque chose que quelqu'un veut entendre. Il faut du courage pour faire ça, car les gens se demandent : « Oh, eh bien, si ce n'est pas ce que quelqu'un veut entendre, est-ce que cela va me nuire? » Cela aura-t-il une incidence sur mon EGR? Mais si vous pouvez créer un environnement au sein de votre équipe où; vous encouragez les membres à se mettre au défi les uns les autres de manière professionnelle, un défi ne signifie pas une confrontation. Exprimez simplement des opinions différentes, donnez votre avis et encouragez-les à vous mettre au défi en tant que gestionnaire. Rendez cela sécuritaire, établissez cette confiance et ce réflexe chez vos employés. De cette façon, à mesure qu'ils graviront les échelons, ils feront également preuve de ce courage. Ils peuvent montrer l'exemple. Ils peuvent vous voir montrer l'exemple.

Maintenant, le deuxième élément, la mise en œuvre fidèle. Souvent, lorsque vous posez à nouveau cette question à vos coéquipiers : dans quelle situation vous êtes-vous sentis tiraillés ou incertains? L'autre aspect qui ressort souvent est que mon opinion ou ma préférence personnelle ne cadre pas vraiment avec ce qu'on me demande de mettre en œuvre. C'est un sentiment réel, et c'est quelque chose que nous ne pouvons pas occulter. Particulièrement à notre époque, où; nos opinions sont si étroitement liées à notre identité et sont si visibles, où; on nous encourage à les diffuser sur les réseaux sociaux, ce pour quoi les gens sont récompensés par des pouces en l'air instantanés. Donnez votre opinion et vous obtenez instantanément un pouce en l'air. Mais ensuite, vous arrivez au travail et on vous demande de garder votre opinion pour vous. Laissez votre opinion de côté, laissez votre préférence personnelle de côté. Mais c'est essentiel pour notre travail. Cela nécessite cependant que les gestionnaires s'appuient sur leurs employés et les aident à accepter cette situation, car ce n'est pas instinctif chez les gens. Cela nécessite de laisser les gens comprendre que leur opinion est moins importante que ce qu'ils pensent et de la garder pour eux à certains moments. Mais en reconnaissant que la décision qui a été prise ne vous avantagera peut-être pas personnellement, mais qu'elle profitera à quelqu'un au Canada. Les Canadiens et Canadiennes ont besoin d'une décision immédiate. La plupart des fonctionnaires, je pense, mettraient en œuvre ces mesures fidèlement et avec plaisir en le sachant. Je pense que là où; cela devient un peu délicat, c'est que l'idée d'une mise en œuvre fidèle nécessite la confiance dans le processus.

Nous avons donc parlé de la confiance des Canadiens et Canadiennes dans la fonction publique, mais il y a aussi l'idée que les fonctionnaires font confiance au processus, au processus interne. C'est là qu'une sorte de boucle de rétroaction commence à se créer. Parce que si un membre du personnel, par exemple, n'a pas le courage de fournir des recommandations complètes prévues dans son programme, prévues dans le service, s'il sent que peut-être son propre préjugé interne a été intégré dans un processus, dans une recommandation, alors il devient plus difficile de faire confiance au processus parce que vous pensez, eh bien, peut-être que quelqu'un d'autre l'a fait aussi. Peut-être que les décideurs et décideuses n'ont pas reçu d'informations impartiales sur lesquelles fonder leur décision.

Donc, encore une fois, il s'agit de favoriser le courage au sein de vos équipes, le courage de chaque membre du personnel, d'apporter une diversité de points de vue pour se remettre en question, de déterminer si un élément a été examiné sous tous les angles possibles, afin que les conseils que vous envoyez, les programmes que vous proposez, aient vraiment été bien pensés, reflètent les besoins de chacun. Les décideurs et décideuses reçoivent les informations dont ils ont besoin pour prendre des décisions impartiales. À ce stade, vous pouvez vous laisser porter par le courant et réaliser que ce que vous mettez en œuvre répondra aux besoins de quelqu'un et vous pouvez être fier de ce que vous accomplissez.

Ce mot « fierté » est donc apparu dans le nuage de mots. C'est une notion extrêmement importante sur laquelle nous ne nous appuyons peut-être pas suffisamment en tant que gestionnaires, ou alors de manière très isolée. Nous sommes donc très occupés à favoriser un sentiment de fierté dans le travail qu'une équipe accomplit. Mais le sentiment de loyauté s'exerce alors envers cette équipe et pas nécessairement envers l'organisation ou la fonction publique. Nous avons beaucoup de raisons d'être fiers en tant que fonction publique. Nous sommes incroyables. La fonction publique canadienne est toujours au sommet des indices mondiaux de la fonction publique, et ce depuis des années. Mais nous avons également entendu beaucoup de choses négatives à notre sujet au cours des dernières années. C'est quelque chose sur lequel les gestionnaires peuvent s'appuyer : favoriser un sentiment de fierté chez les membres de notre équipe.

Veiller à ne pas simplement renforcer cette loyauté envers l'équipe, car nous sommes tous passés par là. À un moment donné de votre carrière, une recommandation ne sera pas retenue ou votre programme ou votre initiative changera. Si votre sens de l'identité et votre fierté se limitent strictement à votre équipe et à votre travail, cela vous rend vulnérable. Cela rend cette idée de démocratie vulnérable parce que vous n'êtes pas aussi favorable à la mise en œuvre de la décision, parce que vous vous sentez découragé. Mais si vous sentez vraiment que vous faites partie d'un ensemble plus vaste, d'un service public, et que vous êtes fier d'être membre de la fonction publique, et pas seulement de votre équipe, il est plus facile d'accepter la décision et de la soutenir parce que vous êtes fier de vos collègues et du travail qui est accompli.

Il y a donc beaucoup de choses que les gestionnaires peuvent faire. Et en ce qui concerne ce que les organisations peuvent faire pour les gestionnaires, cela représente beaucoup de pression sur eux. C'est une grande responsabilité. Une chose que nous entendons sans cesse, c'est que les gestionnaires veulent apprendre et réseauter. Par réseauter, je ne veux pas dire gravir les échelons et serrer des mains. Je veux dire, avoir des liens avec des pairs avec qui vous pouvez discuter de ces situations complexes. Mais les gestionnaires ont souvent l'impression qu'ils n'ont pas beaucoup de temps pour le faire, ou ils ressentent la pression de devoir toujours livrer la marchandise, toujours et encore. Mais si nous pouvons créer un espace pour eux et vraiment montrer l'exemple et souligner la nécessité pour les gens de prendre le temps d'apprendre, de prendre le temps de se connecter les uns aux autres afin d'avoir un réseau dans les coulisses sur lequel ils peuvent compter pour discuter de ces notions, c'est l'une des meilleures choses que nous puissions faire pour les gestionnaires.

Je pourrais probablement continuer pendant des jours, peut-être que ma conclusion sera la suivante. Pour les décideuses et décideurs, encore une fois, pour aider à construire cette confiance, il faut expliquer comment les décisions sont prises. Les membres du personnel n'ont pas l'avantage d'avoir eu accès aux informations que vous examinez. Ils doivent avoir confiance dans le processus. Souvent, les décisions transitent par de nombreux niveaux avant d'arriver à un membre du personnel. Il n'est pas toujours évident de savoir comment ces valeurs se reflètent dans une décision.

Ainsi, que votre rôle soit celui de gestionnaire au sein d'une équipe prenant une décision, de cadre au sein d'une organisation, d'administrateur adjoint, de comité de gouvernance ou d'organisme central, lorsque vous communiquez les décisions, soyez conscient du fait qu'un membre du personnel moyen doit être en mesure de voir les valeurs qui ressortent de ces décisions. Lorsqu'ils peuvent voir cela, la mise en œuvre fidèle devient d'autant plus facile.

[00:54:32 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Ce sont d'excellents commentaires. Merci beaucoup. Vos perspectives, du côté scientifique, si on peut dire ça.

[00:54:38 Nathalie Morin apparaît en plein écran.] Texte à l'écran : Nathalie Morin, directrice générale, Environnement et Changement climatique Canada.]

Nathalie Morin : Pour le côté scientifique, je pense qu'il y a beaucoup de points qui rejoignent les gestionnaires. Je pense que c'est vraiment important de comprendre que le contexte évolue beaucoup rapidement. Les scientifiques sont encore la source d'information à laquelle on fait confiance au Canada. Le public a encore confiance dans les scientifiques. Donc ça augmente la pression. Je pense qu'il est clair que la confiance doit demeurer. Je pense que les scientifiques ressentent le besoin de maintenir cette confiance. Mais il y a beaucoup de messages contradictoires. Maintenant, nous sommes en mode évolution. L'IA, nous avons parlé de l'IA. Nous parlons de rapidité, de rapidité de la recherche, de rapidité à obtenir des réponses pour soutenir les décisions politiques et l'élaboration de la réglementation. Mais pour faire de la science, pour être minutieux et pour nous assurer que nous maintenons cette intégrité, cela entraîne parfois des conflits. Je pense donc qu'il est très important de le reconnaître.

Je pense que c'est là que le Code de valeurs et d'éthique, mais aussi la politique d'intégrité scientifique que nous avons, nous aident à nous orienter et nous guident. Je crois que parfois les gens pensent que c'est facile, mais parfois ce sont ces petites nuances dans la vie de tous les jours qui surviennent et créent un conflit ou vous font y réfléchir, et vous vous dites, tiens, réfléchissons à cela. Faisons une pause. Plus tôt dans la journée, je parlais avec Melissa, et je disais justement que, la semaine dernière, une équipe m'informait d'un article à venir intitulé « Going Nature ». J'étais vraiment enthousiaste. En tant que DG, j'étais très content, j'étais fier. Je me suis dit, oui, c'est génial. Puis j'ai commencé à lire le résumé et je me suis dit : Oh, ce n'est pas exactement le genre de nouvelles auxquelles je m'attendais. Cela va à l'encontre du résultat auquel je m'attendais. Mais ensuite, j'étais en conflit avec moi-même et j'ai pensé : OK, cela signifie que je dois prévenir mon patron et le patron de mon patron. J'ai besoin de mobiliser les médias. Alors, c'est là que je me dis : d'accord, c'est une nouvelle intéressante. C'est juste comme ça que ça se passe, en un éclair. À un moment donné, je me suis dit : Bon, d'accord, je dois y réfléchir un instant. Mais, en même temps, c'est là que j'étais content, car même si l'article n'apportait pas les nouvelles que j'attendais, je savais qu'à long terme, cela signifiait qu'il serait approfondi et aussi qu'il forcerait davantage de débats et de conversations.

Je pense que c'est toujours là que certaines personnes ont peur du débat. Je me dis, non, le débat c'est bien. Il faut un débat pour prendre des décisions politiques fortes, ou même pour s'assurer que ce document, cet article est complet, c'est pourquoi on dit « évalué par les pairs ». Cela garantit qu'il est fiable et peut servir de référence à l'avenir. Mais il existe une manière de le faire correctement. Un débat, une conversation approfondie. Il s'agit toujours de discuter d'une manière respectueuse, ouverte et transparente. C'est là qu'est toute la différence. Puis je pense que vraiment quand on fait les choses en respectant nos valeurs, l'intégrité scientifique est toujours présente, puis vraiment, permet à des gens d'être reconnus internationalement. Nous avons des chercheurs canadiens qui sont sur la scène internationale et vraiment, sont reconnus pour leur intégrité et leur façon de faire. Fait que je pense que c'est vraiment important de continuer ces débats-là, puis ces conversations-là.

[00:58:18 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Quelles sont les différences, les distinctions entre l'expérience d'un scientifique au sein du gouvernement en comparaison avec quelqu'un à l'université, par exemple?

[00:58:32 Nathalie Morin apparaît en plein écran.]

Nathalie Morin : Écoutez, c'est vraiment une question intéressante et souvent on se pose la question : c'est quoi le rôle d'un scientifique au fédéral versus dans les universités? On dit toujours qu'au fédéral il y a un mandat, nous avons des priorités. One ne peut pas se mettre à faire de la recherche sur n'importe quoi qui n'a aucun lien avec nos priorités du gouvernement. Je pense que c'est important de le reconnaitre. Ceci dit, il faut garder l'indépendance de ces chercheurs-là, pour pouvoir avancer. Ceci dit, il y a souvent beaucoup de collaborations avec les universités, puis même encore, c'est important que ces relations-là respectent aussi les valeurs, puis qu'il n'y ait pas d'ingérence, qu'il n'y ait pas d'interférence. Ça fait que c'est important de bien encadrer cela, puis reconnaitre cela. Les universités jouent un rôle vraiment important au Canada, puis c'est très complémentaire dans tout ce qui est de la recherche, des fois que l'on dit pure ou dure. Des fois eux, ils sont encore beaucoup plus libres d'aller dans toutes les directions que nous au fédéral.

Évidemment, au fédéral je fais de la recherche aussi qui aide la recherche à long terme. On essaie de financer des projets qui ont besoin de plus longues périodes de données. Donc c'est vraiment des champs complémentaires mais importants. Je pense que, lorsqu'il s'agit des universitaires par rapport à nous au niveau fédéral, je pense que nous avons des objectifs différents, mais nous travaillons vraiment main dans la main avec de nombreuses universités dans tous les domaines pour nous assurer que nous nous soutenons mutuellement et que nos mandats ne se chevauchent pas, bien sûr.

[01:00:04 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Excellent. Aisha, peut-être pourriez-vous nous donner votre avis du point de vue de la communauté de la sécurité et nous parler des types de situations que vous avez vécues à la fois dans ce contexte et dans le ministère concerné.

[01:00:18 Aiesha Zafar apparaît en plein écran.] Texte à l'écran : Aiesha Zafar, sous-ministre adjointe, Immigration, Réfugies et Citoyenneté Canada.]

Aiesha Zafar : Oui, merci. Alors, en repensant à mes débuts il y a plus de 20 ans, j'ai commencé dans le renseignement antiterroriste, et donc les valeurs et l'éthique ont été ancrées en moi depuis le premier jour en tant que fonctionnaire, encore une fois, il y a plus de 20 ans. Mais je pense que la façon dont j'ai compris ces valeurs ou dont je m'y suis liée a changé pendant tout ce temps, et pas nécessairement parce que j'étais dans cet environnement de sécurité, mais peut-être plus à cause des rôles que j'ai endossés et des points de vue que j'ai eus.

J'étais jeune, tout juste sortie de l'université, juste après le 11 septembre, et je travaillais dans le renseignement antiterroriste, comme je l'ai mentionné. Je suis de confession musulmane et d'origine pakistanaise. Nous travaillions donc en étroite collaboration sur ce qu'on appelait en Occident la guerre contre le terrorisme. Mais en fin de compte, il s'agissait d'une guerre sur plusieurs fronts contre l'extrémisme islamique. Si vous vous souvenez à l'époque de ce qui était relayé dans les médias, de ce qui se passait dans nos communautés, il y avait de la désinformation, il y avait de la peur, des attaques publiques, et même des gens dans la communauté qui ne comprenaient pas comment je pouvais être du côté d'une lutte contre l'extrémisme islamique. Je veux dire, j'ai ressenti tout ça.

Donc, dès le début de ma carrière, j'ai vraiment dû comprendre ma propre identité, mes propres valeurs, ce que je faisais, puis quel était mon rôle en tant que fonctionnaire. Mais il s'agissait encore beaucoup d'un travail d'exécution. Alors, peut-être qu'il était plus facile pour moi à l'époque de séparer la politique, les médias et tout ce que je voyais, parce que nous étions très concentrés sur la mission. Il y avait de mauvaises personnes qui faisaient de mauvaises choses, et nous essayions de les empêcher de faire ça. J'étais très fière de mon travail et des personnes avec qui je travaillais. Mais passons à la suite. J'ai commencé à travailler dans l'élaboration de politiques. J'avais quitté le gouvernement fédéral et commencé à travailler pour la province depuis quelques années, et c'était, je dirais, ma toute première véritable expérience du fonctionnement du gouvernement, car le rôle que j'occupais auparavant, comme je l'ai dit, était un travail d'exécution axé sur une mission. Je n'avais donc pas nécessairement besoin de réfléchir à la manière dont fonctionnait le gouvernement à cette époque. Je n'écrivais pas de notes sur les options politiques ni ne participais à la mobilisation des parties prenantes pour ces nouvelles politiques. J'étais très concentrée sur une question particulière de sécurité nationale.

Alors, quand j'ai commencé à travailler pour la province j'étais déjà l'équivalent d'une directrice et je travaillais sur ces initiatives de sécurité publique qui me semblaient si simples. Faites cela, les gens seront plus en sécurité. C'est très facile. Nous écrivions ces recommandations, et je ne comprenais pas pourquoi elles n'étaient pas aussi facilement mises en œuvre par le gouvernement. Faites cela, les gens seront plus en sécurité. Je devenais vraiment, vraiment frustrée. Je me souviens que mon SMA a eu une conversation avec moi et m'a dit : Aiesha, votre travail est de donner les meilleurs conseils. Vous êtes l'experte dans ce domaine. Donner les recommandations, donner les options de mise en œuvre mais vous n'êtes pas responsable de la décision. Alors, donnez vos recommandations et les options de mise en œuvre, mais votre travail n'est pas de prendre la décision. C'est la tâche des gens que cette province a élus pour former son gouvernement. Vous défendez la démocratie dans nos institutions démocratiques en jouant votre rôle de fonctionnaire et en le faisant du mieux que vous pouvez. Mais n'oubliez pas votre rôle. Melissa a parlé de démocratie, de conseils courageux et de choses comme ça. Quel est votre rôle en tant que fonctionnaire dans cette grande machine?

Puis, quand j'ai travaillé en tant que chef de cabinet du sous-ministre, c'est là que j'ai vraiment vu à quel point les choses étaient complexes. J'ai vu tout ce qui s'est présenté à la table du sous-ministre. J'ai vu tout ce qui s'est présenté à la table du ministre. Ça ne se limitait pas seulement à moi. Ça ne se limitait même pas seulement à notre ministère. Ça ne se limitait pas seulement à notre gouvernement. Et j'ai commencé à mieux comprendre la complexité de la prise de décision et des oppressions gouvernementales.Cela m'a vraiment aidée à mettre en perspective mon rôle de fonctionnaire, mais peut-être plus encore, je pense que cela m'a aidée à réaliser que j'aurais aimé comprendre cela plus tôt lorsque j'étais dans les opérations de sécurité nationale et lorsque j'étais dans un véritable environnement d'exécution. Je pense qu'il est vraiment important pour chaque fonctionnaire, quel que soit le secteur d'activité, le domaine dans lequel il évolue, de savoir que nous sommes des fonctionnaires et que c'est ce qui nous rend semblables. Qu'est-ce que cela signifie en ce qui concerne nos valeurs, notre éthique et nos comportements? Si je peux ajouter une chose, je dirais que nous sommes maintenant dans un monde marqué par davantage de crises humanitaires, par des guerres, des menaces pour notre démocratie, avec des perceptions différentes sur l'immigration. Je travaille pour IRCC. Nous vivons dans un monde qui évolue très rapidement. Maintenant, en tant que SMA, j'ai, à nouveau, un point de vue différent et j'y pense à nouveau différemment. C'est parfois difficile. Je pense que la conversation sur les valeurs et l'éthique est une conversation qu'il faut avoir régulièrement avec soi-même, et qu'il faut également communiquer avec les autres. Je pense que Melissa a également parlé d'avoir ces conversations, d'avoir ce débat. Chacun d'entre nous a un rôle différent et une optique différente. Nous avons une passion, un but ou un objectif différent, mais nous avons les mêmes valeurs en tant que fonctionnaires, et nous devons constamment nous rappeler : qu'est-ce que cela signifie dans mon domaine?

[01:05:32 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Ce sont vraiment d'excellents commentaires. Écoutez, vous nous avez donné beaucoup de renseignements au cours de vos quatre commentaires; je vous en suis très reconnaissant.

Je me demande si... Nous allons passer aux questions du public, mais avant cela, par simple curiosité, pourriez-vous me dire très rapidement ce dont vous êtes les plus fiers en tant que fonctionnaires. Commençons par vous, Melissa.

[01:05:54 Écran divisé : Melissa Dorian et les panélistes participant virtuellement.]

Melissa Dorian : Eh bien, l'exemple que je vais donner va probablement susciter des grognements parmi le public. J'ai fait partie du Bureau de l'avenir du travail d'ISED et j'ai aidé à mettre en œuvre l'orientation visant à accroître la présence sur place. Mais ce dont je suis fière, c'est que nous avons déployé beaucoup d'efforts, des efforts concertés, pour aider les membres du personnel à faire la transition. C'est un changement difficile pour les gens et ce n'est pas facile à faire accepter. Le fait est que c'est exactement l'un de ces moments où; nous devons prendre nos points de vue et nos préférences personnelles, les garder sous contrôle et regarder la situation dans son ensemble. C'est une chose très, très, très délicate à faire.

Mais je suis fière d'avoir été là en tant que soutien, pour essayer d'aider du côté de la gestion du changement, pour essayer d'aider du côté de la communication, pour essayer d'encourager les membres de mon équipe et de les préparer à ce changement afin qu'ils apportent le meilleur d'eux-mêmes au travail chaque jour. Ils ont fait la même chose pour moi. C'est pour ça que j'aime mon équipe. Ce sont tout simplement des personnes fantastiques. Nous avons cultivé ce sens du courage au sein de notre équipe, en nous mettant au défi les uns les autres et en regardant les choses sous des angles différents. Cela est devenu très pertinent pour nous aider à surmonter cette période. Parce que c'est délicat lorsque vous êtes potentiellement en désaccord avec des collègues au sein de votre organisation en essayant de mettre en œuvre quelque chose qui n'est pas séduisant, qui n'est pas un travail agréable. C'est une chose difficile sur laquelle travailler.

[01:07:48 Melissa Dorian apparaît en plein écran.]

Melissa Dorian : Mais je suis très fière de la façon dont nous avons uni nos efforts pour soutenir les membres du personnel dans le cadre de ce changement et essayer de tirer le meilleur parti de la situation, tout en gardant à l'esprit l'idée de ne pas agir dans notre propre intérêt, mais de vraiment trouver des possibilités. Ce que nous avons constaté tout au long de la pandémie, c'est, je pense, que les équipes ont très bien travaillé virtuellement, qu'elles ont bien collaboré virtuellement et qu'elles ont eu une orientation claire au sein de leurs équipes. Mais les gens ont fini par travailler bien plus de manière isolée qu'à n'importe quel autre moment de mes 18 ans de carrière. Cela revient à cette mise en garde que je mentionnais plus tôt. Si votre sens de l'identité est strictement lié à votre équipe, vous ne réalisez pas la vision globale de ce dans quoi vous êtes engagé en tant que fonctionnaire, et tout devient beaucoup plus difficile.

Donc, encore une fois, je suis fière du travail qui a été accompli. Je pense que c'est l'un de ces moments où; toutes les valeurs et l'éthique de chacun des membres de l'équipe sont mises à l'épreuve chaque jour. Mais j'espère que cela a amélioré la situation pour les membres du personnel de l'organisation, parce que nous nous sommes vraiment souciés d'eux et que nous avons vraiment appliqué les valeurs tout au long de cette transition.

John Hannaford : Fantastique. Nathalie.

[01:09:59 Nathalie Morin apparaît en plein écran.]

Nathalie Morin : J'ai été vraiment chanceuse d'avoir pu réaliser des beaux projets, d'avoir fait des belles politiques ou des règlements, des choses au fil des années mais ce dont je suis le plus fière c'est vraiment d'avoir aidé mes équipes, des employés à continuer, à persévérer, à comprendre comment fonctionne la fonction publique–parce qu'il faut comprendre comment ça fonctionne–puis surtout de continuer à les aider à grandir dans la fonction publique. Je pense que c'est ce que je vais me souvenir le plus quand je vais un jour prendre ma retraite; je pense que c'est vraiment ce qui va me marquer, c'est vraiment d'avoir pu travailler avec des gens d'une compétence puis d'une qualité exceptionnelles. Tu sais, on est vraiment chanceux. Je pense que, Mélissa, tu mentionnais qu'on est reconnu comme étant une fonction publique, au monde, comme étant de qualité. Puis je pense que c'est vraiment à cause des personnes puis de la bienveillance des gens. Je trouve incroyable de voir à quel point les gens aiment s'entraider tout au long du parcours. Ça, selon moi, c'est exceptionnel. Donc, c'est ce dont je suis la plus fière, c'est d'être de la partie.

[01:10:10 John Hannaford et les panélistes sur scène apparaissent en plein écran.]

John Hannaford : Nous sommes une communauté. Aiesha.

Aiesha Zafar : Ce que je vais dire fera vraiment cliché, monsieur le greffier.

John Hannaford : Cliché, c'est bien.

[01:10:20 Aiesha Zafar apparaît en plein écran.]

Aiesha Zafar : Ce dont je suis la plus fière, c'est tout ce que j'ai pu faire, comme contribuer à assurer la sécurité et le bien-être des gens. Les Canadiens et Canadiennes sont en sécurité et en bonne santé, de toutes les manières possibles. Je me réveille chaque jour et je contribue à la vie des Canadiens et Canadiennes au Canada. Mes enfants vont grandir ici. Ils grandissent ici. Je regarde mes voisins, nos parcs, nos communautés et nos écoles, et je veux que mes enfants, leurs enfants, ma famille élargie et tous ceux que je connais puissent continuer à se sentir bien dans ce pays. Donc, cela ressemble un peu à cette mission et à cet objectif de sécurité nationale, mais en réalité, il existe un tel objectif dans la fonction publique et le fait que les Canadiennes et Canadiens nous confient la tâche de pouvoir l'accomplir. C'est aussi ma façon de redonner au pays.

[01:11:04 John Hannaford et les panélistes sur scène apparaissent en plein écran.]

John Hannaford : Formidable. Raoul.

[01:11:07 Raoul Ntwali apparaît en plein écran.]

Raoul Ntwali : Il y a tellement de choses dont nous pouvons être fiers. Mais je pense que ce qui me rend le plus fier jusqu'à présent a été de diriger le Réseau des jeunes professionnels de l'ARC, le réseau de croissance professionnelle dont je parlais. Honnêtement, j'aime dire que j'ai travaillé avec les personnes les plus intelligentes de la fonction publique grâce à ce réseau. Pouvoir les servir, pouvoir les aider à trouver leur voix et contribuer au développement et à la croissance continue de notre agence à travers les différents événements que nous avons organisés, à travers les différentes consultations que nous avons menées, en examinant les documents de politique ministérielle, en examinant les procédures de RH et ainsi de suite, et en transmettant notre voix et nos opinions en tant que jeunes fonctionnaires. Pouvoir voir cela entrer en vigueur et finalement avoir une incidence sur tout le monde au sein de l'agence est quelque chose de très fort pour moi. Je suis très fier du travail que nous avons accompli.

[01:11:12 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène; les panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : Madame.

[01:12:04 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Merci à tous nos panélistes. Maintenant, nous allons passer aux questions et réponses. Alors juste un rappel, wooclap.com, VEOCT pour soumettre vos questions. Nous ferons de notre mieux pour alterner entre nos participantes et participants virtuels et ceux et celles ici dans la salle.

[01:12:04 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Juste pour ceux et celles qui sont ici dans la salle, nous allons essayer de répondre à autant de questions que possible de tout le monde. Mais pour ceux et celles d'entre vous qui sont ici dans la salle, limitez-vous à une seule question. N'essayez pas de glisser plusieurs questions. Je ferai en sorte que ça n'arrive pas. Profitez-en pour mettre en pratique vos compétences en matière de concision. Je demanderai également aux membres de mon panel de m'indiquer s'ils souhaitent répondre à une question en particulier. Vous n'êtes pas tous obligés de répondre à toutes les questions.

[01:12:59 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : De cette façon, nous essaierons de répondre au plus grand nombre de questions possible. Alors, je vais commencer par un message qui m'est parvenu virtuellement. Le voici :

[01:13:10 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin et les panélistes participant virtuellement.]

Nathalie Laviades Jodouin : Il est parfois difficile de répondre aux exigences des plus hauts fonctionnaires et de maintenir l'impartialité, l'intérêt public et la protection de la Couronne. Comment faites-vous la part de toutes ces choses? Qui voudrait y répondre? Oui.

[01:13:23 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Écoutez, je mets légèrement en question la formulation de la question, car je pense que souvent, si nous répondons à des demandes qui font partie de la fonction d'un service public, nous sommes là pour apporter un soutien aux élus, qui sont souvent à l'origine du type de demandes auxquelles nous répondons.

Je pense donc que d'un côté, nous devons être attentifs à ce niveau de service, et que c'est une occasion pour nous d'exceller dans le travail que nous faisons. Je pense que, dans ce cadre, nous devons être très, très prudents quant aux types de fonctions que nous assumons, car l'impartialité est inhérente au rôle que nous jouons. Notre crédibilité repose sur notre impartialité. Je dois dire qu'il n'y a rien de mal à avoir un parti pris. Je pense que notre système électoral repose sur le fait que les gens prennent à cœur les événements, qu'ils participent au processus électoral et qu'ils apportent de la vigueur à nos débats publics. Tout cela est extrêmement important, mais nous avons un rôle très précis à jouer dans ce domaine, et il est différent de celui du grand public.

Notre premier rôle est de nous assurer que nous fournissons la meilleure information, le meilleur soutien possible aux personnes qui ont été élues par nos concitoyens. Le deuxième est de nous assurer que nous le faisons d'une manière qui donne l'assurance que nous ne sommes pas seulement guidés par les problèmes du jour, mais que nous basons réellement nos conseils sur la meilleure expertise possible, les meilleures informations possibles et, dans de nombreux cas, le type d'expériences que nous avons au fil du temps.

Je pense qu'il est vraiment important de bien comprendre que nous ne sommes pas non plus la seule voix qui conseille les gouvernements, et nous ne devrions pas faire comme si nous l'étions. Il existe toutes sortes d'informations dans notre société. Quiconque sera élu s'appuiera sur ces informations, comme il se doit. Mais ce que nous avons, et qui est unique, c'est que nous avons le droit d'être entendus. Nous participons à un processus où; nous pouvons fournir des conseils au gouvernement dûment élu. Nous sommes ici pour ça. C'est une chose extraordinairement importante, et c'est quelque chose dont nous devrions être très fiers et que nous devrions prendre extrêmement au sérieux. C'est une question légèrement différente de celle de savoir si nous sommes confrontés à des exigences concurrentes en matière de temps. C'est une réalité qui se produit évidemment dans la plupart des lieux de travail, où; vous avez un tas d'exigences différentes que vous devez comprendre. Cela devient alors une question de priorisation et de la meilleure façon de décider de ce qui est le plus important, en collaboration avec les dirigeants et les personnes qui posent les questions en premier lieu. C'est en quelque sorte une responsabilité collective.

Mais je pense que la question d'une source d'information non partisane constitue une force majeure de notre système. Si vous regardez bien, un prix Nobel vient d'être décerné à des économistes qui étudient l'importance des institutions dans les sociétés prospères. Il ne faut pas perdre cela de vue. C'est vraiment, vraiment important. Comme je le dis, une partie de notre légitimité dans ce système plus large réside dans le fait que nous n'abordons pas cette question dans une perspective partisane. Nous abordons cette question dans une perspective de service public. C'est différent.

[01:16:43 Nathalie Morin apparaît en plein écran.]

Nathalie Morin : Si je pouvais juste ajouter une petite chose. Parfois, on craint de ne pas dire ce que les autres veulent entendre. Mais, au fil des années, j'ai constaté qu'en disant les bonnes choses, on gagne encore plus de respect de la part des gens, car parfois, ils ne veulent pas entendre ce que vous pensez qu'ils veulent entendre. Alors, simplement donner des conseils sans crainte, c'est la réponse. Mais après la mise en œuvre fidèle, bien sûr, vous savez, parfois les gens respectent cela aussi.

[01:17:13 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Je pense que cela revient à cette question de courage, et c'est également notre responsabilité en tant que dirigeants, de créer une atmosphère où; les gens peuvent réellement avoir une discussion. Parce que si nous entamons tous une conversation en sachant que nous serons tous d'accord à la fin, alors cette conversation n'a pas beaucoup d'intérêt. J'ai utilisé cette expression ailleurs, nous sommes en quelque sorte des agrégateurs de sagesse. Nous abordons tous cette question sous des angles très différents. La force de notre système réside finalement dans le fait que nous pouvons avoir des échanges vigoureux, que nous pouvons obtenir de meilleurs conseils, et c'est notre responsabilité collective. Mais nous devons nous donner à nous-mêmes et à notre système la permission pour que cela se produise afin d'obtenir ce résultat.

[01:17:59 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Merci beaucoup. Alors, je ne sais pas où; vous êtes, mais quelqu'un dans la pièce a une question, alors je vais vous laisser la poser. Parfait. Merci. Et n'hésitez pas à vous présenter. C'est juste un rappel que vous pouvez également poser votre question dans la langue de votre choix. Allez-y.

[01:18:15 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène; les panélistes participant virtuellement.]

Membre du public : Merci.Merci beaucoup. Ma question s'adresse à vous tous. Je suis un tout nouveau fonctionnaire et je travaille à l'Agence de la santé publique du Canada. Il y a eu récemment un changement de gouvernement et le domaine dans lequel je travaillais avait beaucoup à voir avec les déterminants sociaux de la santé. Le nouveau ministre aurait dit : « Ne me parlez pas des déterminants sociaux de la santé », ce qui est étrange, mais c'est un problème quand on travaille dans la santé publique et qu'on veut mettre en œuvre fidèlement les politiques du gouvernement du jour. Mais cette question du gouvernement du jour est, je pense, importante lorsque nous commençons à parler de démocratie et de la valeur de la démocratie, car nous devons reconnaître que nous sommes dans un système uninominal majoritaire à un tour.

Donc, quand je pense à la valeur de la démocratie, je pense que, oui, ce sont les gens qui nous guident en ce moment, mais il y a tous les autres qui n'ont pas voté pour nous, qui sont aussi des Canadiens et des Canadiennes que nous sommes censés servir. Les gens qui, pour diverses raisons, n'ont pas le sentiment d'être représentés au sein du gouvernement, ne prennent pas la peine de voter ou sont exclus et méritent une équité qu'ils n'obtiennent pas en raison de préjugés inhérents et d'autres facteurs.

La raison pour laquelle j'évoque ce ministre particulier dans cette situation particulière n'est pas mon domaine, mais l'un de nos groupes partenaires travaillait sur la tuberculose. Dans le Nord, en ce qui concerne la tuberculose, les déterminants sociaux de la santé sont très importants. Eh bien, il y a eu des élections peu de temps après. Il y a eu une nouvelle ministre, Leona Aglukkaq, qui venait du Nord. L'une des premières choses qu'elle aurait faites lorsqu'elle s'est retrouvée au poste de ministre de la Santé a été de demander : « Mais que diable faites-vous à propos de la tuberculose dans le Nord? » Heureusement, mes collègues, sans nécessairement attirer l'attention sur certains éléments, sans forcément dire grand-chose parce qu'ils savaient qu'ils n'obtiendraient pas l'appui du ministre précédent, ont pu dire : « Voici ce sur quoi nous avons travaillé au cours des deux dernières années. Voici le travail que nous faisons pour aider à lutter contre la tuberculose dans le Nord. »

Je pense donc que c'est l'une des choses que nous, les fonctionnaires, devons toujours prendre en considération : oui, nous devons mettre en œuvre fidèlement les politiques du gouvernement du jour, mais c'est le gouvernement d'aujourd'hui, et nous sommes ici pour servir tous les Canadiens et Canadiennes à tout moment, il faut donc trouver des moyens d'équilibrer le travail qui servira tout le monde et qui doit encore se poursuivre en arrière-plan.

C'est donc cela que j'aimerais entendre de vous, en tant que greffier, et des autres panélistes. Comment établir cet équilibre?

John Hannaford : C'est une excellente question. Elle touche à des points assez fondamentaux pour ce qui est des responsabilités et des obligations de rendre des comptes. Je pense que je vais me lancer, et je serais très intéressé d'entendre également mes collègues.

[01:21:12 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : D'un côté, en tant que sous-ministre, j'ai toujours eu le sentiment qu'il était de ma responsabilité de dire à mes ministres quels étaient, selon moi, les principaux problèmes auxquels nous devions nous attaquer et de faire des suggestions quant aux types d'options disponibles pour nous permettre de relever les défis qui se présentaient. Une partie de ce travail consistait à essayer de tirer parti d'un certain degré de prévision quant aux endroits où; on sentait qu'il y aurait des problèmes. J'ai senti que c'était un rôle important que j'avais. Après, le ministère a la responsabilité envers moi de faire preuve d'un certain degré de prévoyance et d'analyse quant aux situations auxquelles nous sommes confrontés. Cela, indépendamment du mandat. C'est tout simplement, je pense, la nature d'une partie du travail des ministères.

En même temps, selon la manière dont nos responsabilités fonctionnent, je dois rendre des comptes à un ministre. Le ministre doit rendre des comptes au Parlement, au premier ministre et à l'Assemblée législative. Cette légitimité est alors l'expression de notre démocratie. C'est là la force de notre système : nous avons cette participation qui déterminera l'orientation générale de notre pays et de notre gouvernement, et elle passe par cet ensemble d'instances. Il appartient entièrement au gouvernement élu de déterminer quelles devraient être les priorités et comment nous devrions dépenser nos ressources. C'est là que se trouve l'élément de mise en œuvre fidèle. Mais je pense, et peut-être pour revenir à un point précédent, qu'il n'y a pas de ligne claire ici. C'est la nature d'une conversation sur les valeurs : il n'y a pas de lignes claires.

Ce que j'ai trouvé vraiment gratifiant dans ce à quoi j'ai participé au cours de l'année dernière, c'est que si c'est simple, alors vous n'avez pas la bonne conversation. Ce qui est gratifiant, c'est de voir que nous orientons désormais davantage nos conversations en fonction de nos valeurs fondamentales, qu'il s'agisse du respect de la démocratie, du respect des personnes, de la gestion, de l'intégrité ou de l'excellence. C'est sous cet angle que nous devrions mener ces conversations, en reconnaissant qu'il y aura probablement des différences de points de vue et qu'il n'y aura pas de lignes claires.

Mais je pense que ce qui est crucial, c'est de reconnaître que nous avons la responsabilité de donner nos meilleurs conseils et de décrire le monde tel que nous le voyons, mais de respecter le fait qu'il existe un processus démocratique qui a abouti à la prise d'un ensemble de décisions stratégiques. Ces décisions stratégiques auront des conséquences sur les ressources, ainsi que sur d'autres conséquences que nous devrons respecter, car c'est la nature de notre système. J'apprécierais donc beaucoup d'entendre toute autre réflexion à ce sujet.

[01:24:03 John Hannaford et les panélistes sur scène.]

Nathalie Laviades Jodouin : Peut-être que j'inviterai Aiesha à prendre la parole; je vous ai vue hocher la tête un peu, alors allez-y.

[01:24:08 Aiesha Zafar apparaît en plein écran.]

Aiesha Zafar : J'étais d'accord avec ce que disait le greffier, mais bien sûr, je pense que c'est une question difficile. Je pense que j'ai eu cette conversation avec mon équipe la semaine dernière, et nos conseils, en tant que service public, ne changeront pas. Si le conseil est juste et objectif, il ne changera pas. Cela peut être la manière dont nous le transmettons, la manière dont nous l'intégrons dans nos conseils, si c'est mis en œuvre maintenant ou plus tard, plus rapidement, plus lentement, les mots que nous utilisons, etc. Comme quand j'entends le ministre ou son personnel dire qu'ils ne veulent pas entendre parler de quelque chose,

[01:24:48 John Hannaford et les panélistes sur scène.]

Aiesha Zafar : En général, c'est parce qu'ils n'ont pas l'impression d'être entendus sur ce qu'ils veulent réellement accomplir, ou bien nous ne nous sommes pas suffisamment expliqués. En fait, je trouve ce défi vraiment intéressant, de savoir comment atteindre ces objectifs de politique tout en faisant toutes ces choses. Donc, dans le domaine de l'immigration, la question est de savoir comment nous pouvons atteindre les objectifs de politique que le gouvernement a fixés tout en assurant la sécurité des Canadiens et Canadiennes et en réduisant les abus dans nos systèmes, en améliorant le service à la clientèle, etc.

[01:25:08 Aiesha Zafar apparaît en plein écran.]

Aiesha Zafar : Donc, parfois, il s'agit de transmettre un message un peu différent, mais de vraiment montrer au gouvernement du jour : je comprends que vous voulez atteindre ces objectifs. Voici les différents éléments à prendre en compte et nous allons vous aider à le faire. Parfois ça marche et parfois non. Mais parfois, j'ai des conversations avec les équipes parce que nous examinons les conseils que nous fournissons, et nous nous disons : bon, est-ce vraiment objectif? Vraiment? Ou bien pensons-nous déjà, dans nos têtes, que c'est une mauvaise idée et que nous l'avons également écrit de cette façon? Donc, nous revenons en arrière et nous nous demandons, bon, comment pouvons-nous définir cet objectif et être vraiment clairs?

Donc, c'est tout un art. Comme je l'ai dit, parfois ça marche et parfois non. Mais en fin de compte, si vous présentez ces meilleurs conseils d'une manière qui comprend ce que le gouvernement essaie d'accomplir, alors vous pouvez passer à une étape ultérieure de cette conversation.

[01:26:08 Nathalie Laviades Jodouin apparaît brièvement en plein écran, puis en écran divisé avec des panélistes participant virtuellement.]

Nathalie Laviades Jodouin : Merci beaucoup. Bon, voici une question transmise virtuellement qui interpellera beaucoup de participants et participantes. Dans un contexte de resserrement des budgets, comment la fonction publique peut-elle s'assurer que les fonctionnaires ne prennent pas de raccourcis contraires à l'éthique pour tenter de répondre à des attentes et des exigences élevées?

Si vous me le permettez, j'adresserai d'abord cette question à Melissa. En tant que gestionnaire, comment répondriez-vous à cette question?

[01:26:36 Melissa Dorian apparaît en plein écran.]

Melissa Dorian : Je pense que cela dépend en partie de la manière dont nous concevons la productivité. Je pense que le Conseil du Trésor, le SCT, pourrait enquêter sur cette question très prochainement, cette notion selon laquelle on met beaucoup l'accent sur la productivité en tant que rendement, et le rendement est-il généré à temps et dans les limites du budget? Mais il faut accorder la même attention à la manière dont nous produisons une partie de la conversation, car cela nécessite vraiment les deux. Nous pourrions simplement produire les choses à temps et en grande quantité. Mais si nous n'investissons pas dans l'application de bonnes pratiques de développement, alors ce que nous produisons ne répond pas nécessairement aux besoins, et n'est pas nécessairement là où; il vaut la peine de concentrer nos efforts.

Donc, au niveau de l'équipe, au niveau du gestionnaire, encore une fois, cela revient à beaucoup de ces mêmes conversations sur la création d'un espace pour le remue-méninges, la création d'un espace pour la diversité des points de vue, la création d'un espace pour des voix différentes. Ian Stedman, dans son discours d'ouverture, a soulevé la question des données et a demandé : quelles voix sont représentées dans ces données? Il a également fait le commentaire selon lequel il est important de poser des questions. Même si son exemple concernait des personnes extérieures à la fonction publique posant des questions sur les décisions qui sont prises, pour les mêmes raisons qui expliquent que cela est important pour instaurer la confiance, nous devons intégrer cela dans notre façon de travailler au quotidien au sein de nos équipes.

Même si vous pensez que je m'éloigne un peu de la question, l'idée est que si vous investissez dans un développement de bonne qualité, vous devrez peut-être sacrifier la quantité que vous produisez à la fin de la journée. Mais l'incidence, le résultat, pas seulement le rendement, mais le résultat de ce que vous offrez réellement aux Canadiennes et Canadiens, pourrait être beaucoup plus significatif. Il faut donc repenser, redéfinir ce concept de productivité, pour détourner profondément l'attention des unités de production, des rouages et des machines. En faisant cela, encore une fois, on revient aux valeurs et à l'éthique. Parce que l'excellence passe par l'innovation. Vous ne pouvez pas innover si vous ne prenez pas le temps, dans le processus, de vous concentrer réellement sur la manière dont vous produisez et pas seulement sur la quantité et ce que vous produisez.

[01:29:10 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Merci beaucoup. Si je peux me permettre, Raoul, en tant que fonctionnaire un petit peu plus récent, je serais curieuse par rapport à ta perspective sur cette question-là.

[01:29:33 Raoul Ntwali apparaît en plein écran.]

Raoul Ntwali : Je pense que la seule chose que j'aimerais ajouter c'est peut-être ajouter à ce que ma collègue vient de dire, c'est que beaucoup de ministères se livrent à une série d'exercices pour déterminer quels projets nous devrions continuer à financer, lesquels nous devrions abandonner pour l'instant, juste pour nous adapter à cette nouvelle réalité dans laquelle nous nous trouvons. Je pense qu'il est important que nous examinions également le coût de renonciation.

Alors, par exemple, vous avez un projet que vous souhaitez mettre en place, mais le budget n'est pas suffisant. Quel effet cela aura-t-il sur les Canadiens et Canadiennes en fin de compte, si nous ne mettons pas ce projet en place? Je pense que c'est quelque chose qui est vraiment important. Je sais qu'il y a beaucoup de directions qui viennent d'en haut, d'en bas, de partout mais c'est important aussi de voir c'est quoi la conséquence, comment ça va affecter la population. Est-ce que c'est important de retourner et demander plus d'argent parfois ou pas? Ça arrive. C'est le travail d'un gestionnaire, il comprend. Alors, je pense que c'est quelque chose à ajouter. Nous devons examiner chaque élément et évaluer son incidence sur les Canadiennes et Canadiens, et voir également comment nous pouvons nous assurer que la population peut continuer à bénéficier des programmes que nous proposons. S'il n'y a pas de budget, que pouvons-nous faire? De plus, l'argent n'est pas toujours la solution. Parfois, il existe d'autres façons de faire les choses.

Par exemple, à l'ARC, nous avons constaté qu'en faisant participer les jeunes fonctionnaires et en leur confiant des microprojets, ils sont tellement ravis de contribuer et de donner leur avis que les projets continuent de se réaliser même si le budget n'est pas disponible. Mais il y a des gens qui sont vraiment engagés et qui veulent vraiment faire entendre leur voix. Ils veulent consacrer leur énergie à quelque chose qui leur tient à cœur. C'est mon message. Il faut regarder à qu'est-ce que l'on peut faire s'il n'y a pas d'argent; s'il n'y a pas d'argent est-ce qu'on peut demander un peu plus d'argent? Je vais m'arrêter ici.Voilà mon point de vue.

[01:31:26 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin et les panélistes participant virtuellement.]

Nathalie Laviades Jodouin : Super. Merci beaucoup, Raoul. Une autre question qui provident de l'espace virtuel. Comment pouvons-nous obliger les employeurs et les dirigeants à prendre des décisions fondées sur les valeurs de la fonction publique et à incarner ces valeurs?

[01:31:43 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène; les panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : Je pense que cette question pourrait être pour moi. Alors, écoutez, je pense qu'il y a plusieurs réponses à cette question. La première réponse est d'avoir des conversations comme celle-ci. Nous fixons nos attentes envers nous-mêmes et envers notre communauté. Nous nous rappelons quelles sont nos normes. Comme je l'ai dit dans mes commentaires, la fonction publique, en ce moment, c'est nous. Il n'y a personne d'autre. C'est nous. Nous sommes collectivement responsables de cette organisation. J'ai une responsabilité particulière à assumer là où; je me trouve. Mais il appartient à chacun d'entre nous de veiller à ce que nous soyons guidés par les valeurs qui nous définissent. Le leadership a un rôle particulièrement important à jouer à cet égard.

[01:32:34 Écran divisé : John Hannaford et panélistes participant virtuellement.]

John Hannaford : Il y a aussi une réponse technique à cette question. L'un de mes rôles est de présider un groupe de hauts fonctionnaires qui effectuent toutes les évaluations. Je regarde mon amie Donnalyn McClymont, qui est la secrétaire de ce groupe. Nous faisons l'évaluation de tous les sous-ministres. Je peux vous dire que l'une des conversations centrales que nous avons concernant chaque sous-ministre ne porte pas seulement sur ce qui a été accompli au cours de l'année, mais aussi sur la manière dont cela a été fait. C'est là un aspect important de la manière dont les gens ont été traités.

[01:32:58 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : C'est un aspect important de la manière dont les valeurs ont été manifestées d'autres manières. Avons-nous réellement été témoins d'une saine gestion? Avons-nous constaté de l'intégrité dans la façon dont les gens ont accompli leur travail? Ce sont autant de questions fondamentales que nous devrions poser à chaque dirigeant et qui devraient ensuite ressortir dans l'examen des EGR à chaque échelon ministériel. Quand j'étais au ministère, je peux vous assurer que c'était un élément central de nos conversations.

Un autre élément de cela, et c'est l'un des résultats du processus que nous venons de mener, est que j'ai demandé à tous les ministères de suivre désormais une pratique qui a été lancée aux Affaires mondiales, consistant à avoir des rapports de responsabilisation agrégés afin que les gens puissent voir que des mesures ont réellement été prises, car il existe des contraintes quant à la manière dont nous mettons en œuvre ce genre de pratiques. Nous devons respecter la vie privée des gens, mais dans l'ensemble, nous pouvons montrer que des mesures sont réellement prises à l'égard des manquements à la conduite que nous avons prescrite.

Donc, je pense que tous ces éléments sont très importants. Mais je reviens à l'essentiel. Il s'agit de notre culture, et il s'agit en réalité pour nous tous de nous considérer comme l'incarnation de l'institution dont nous sommes les porteurs aujourd'hui. Comme je le dis, c'est absolument une question de leadership. Mais ce n'est pas seulement une question de leadership.

[01:34:16 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin et les panélistes participant virtuellement.]

Nathalie Laviades Jodouin : Merci. Je regarde l'heure, nous avons le temps de... Oh, nous avons une question dans la pièce. Allez-y, on va alterner.

[01:34:31 Écran divisé : John Hannaford et les panélistes sur scène; les panélistes participant virtuellement.]

Audience member : D'accord. Bonjour. Bonjour, Monsieur le Greffier. John, contente de vous voir. Merci beaucoup. Laurie Sargent, du ministère de la Justice. Je dois l'admettre, j'ai une question juridique, disons, à vous poser à tous. Mais c'est un sujet que je prends très au sérieux, moi qui ai une expérience des droits de la personne et des droits des Autochtones. Si nous regardons notre code, il montre que ces valeurs reposent sur notre Constitution, qu'elles sont ancrées dans notre Constitution. Je me demande si vous pourriez parler un peu de – et ce que j'aime vraiment dans cette conversation, c'est la vraie discussion que nous avons sur ces situations complexes – des situations dans lesquelles les directives venant des plus hauts échelons ne semblent pas cohérentes avec la Constitution. Comment pouvons-nous surmonter cela? Cette question découle de mon expérience, mais aussi des conversations que nous avons eues sur l'équité, la diversité et l'inclusion, la réconciliation, etc., qui sont des droits et des principes inscrits dans la Constitution.

Je voulais donc lancer cette question facile pour susciter une certaine réflexion. Merci.

[01:25:45 John Hannaford apparaît en plein écran.]

John Hannaford : Nous avons environ deux minutes. Je vais commencer, à moins que d'autres souhaitent intervenir. Écoutez, je pense que la justice joue évidemment un rôle précis en ce qui concerne la Charte; ce rôle est prescrit et est essentiel pour s'assurer que nous sommes conscients des obligations imposées par la Charte. J'ai été conseiller juridique à un moment donné. Je pense que nous avons, du point de vue juridique, la responsabilité d'être aussi clairs que possible quant aux risques juridiques que nous envisageons et quant au type de gestion de ces risques dans le contexte de l'élaboration des politiques. Tout cela, à mon avis, revient à collaborer de façon très précoce avec les avocats et à nous assurer que nous sommes conscients des types de facteurs qui devraient être pris en compte dans l'élaboration des politiques. En fin de compte, nous agissons dans le cadre de... Une mise en œuvre fidèle n'est pas illimitée dans le sens où; nous devons être guidés par nos obligations juridiques. Nous devons nous laisser guider par les contraintes que nous pouvons avoir. Ce sont des choses importantes.

J'aimerais revenir sur un thème qui a été soulevé à chaque étape de cette conversation, et ce n'est pas vraiment votre question, Laurie, mais je vais changer de sujet. L'enjeu est l'équilibre entre nos opinions et notre rôle institutionnel. Cela a été évoqué lors de la conversation menée par Catherine Blewett. C'était évident dans chaque conversation que j'ai eue, c'était présent au cours des séances que nous avons eues ces deux derniers jours. C'est au cœur des questions concernant les médias sociaux. Je pense que cela nous ramène au point que je soulevais plus tôt, à savoir que c'est une bonne chose d'avoir des opinions fortes. C'est une bonne chose d'avoir une idée de ses propres limites et de ses propres perspectives. C'est ce qui nous caractérise en tant que personnes. Mais nous avons ici un rôle institutionnel qui est contraignant, et c'est tout à fait vrai. Nous avons des responsabilités et, parce que nous incarnons une institution, nos actions se reflètent cette l'institution. Vous pourriez arriver à un point où; vos propres valeurs ne coïncident pas avec ce rôle institutionnel. C'est correct, dans le sens où; il existe toutes sortes de manières de contribuer au bien-être de notre société.

Mais si nous sommes dans la fonction publique, nous sommes contraints d'être impartiaux. Nous devons être conscients du fait que nos actions ont une incidence sur l'institution dans son ensemble. Nous devons réfléchir au fait que la légitimité de notre système repose sur des gouvernements dûment élus. C'est ainsi que fonctionne le système. Il est important que le système fonctionne ainsi. Donc, je vois cela comme une fonctionnalité, pas comme un dysfonctionnement. Mais le fait est qu'il y a un équilibre à avoir entre nos opinions et ces opinions institutionnelles. Parfois, il y aura des tensions, et parfois c'est un motif de réflexion personnelle. Mais il est vraiment très important que nous soyons toujours conscients, en tant que fonctionnaires, du rôle que nous jouons pour soutenir notre démocratie et refléter ces valeurs démocratiques.

[01:39:04 Melissa Dorian apparaît en plein écran.]

Melissa Dorian : Puis-je ajouter quelque chose? Ce n'est pas directement une réponse à cette question, mais je veux juste souligner, regardez ce qui se passe ici. Des questions très difficiles sont posées au greffier, directement au greffier, et personne n'a dû être conduit hors de la salle, aucun micro n'a dû être coupé. C'est un reflet de la fonction publique dans laquelle nous évoluons. C'est un exemple de valeurs et d'éthique mises en pratique, au travail, et c'est quelque chose en quoi nous pouvons avoir confiance et dont nous pouvons être fiers.

[01:39:34 Nathalie Laviades Jodouin apparaît en plein écran.]

Nathalie Laviades Jodouin : Formidable. Nous voici donc arrivés à la fin et j'aimerais remercier nos panélistes : Raoul; Aiesha; Nathalie; Melissa, et bien sûr, M. le greffier. Donc, encore une fois, si on peut les remercier d'avoir passé ce temps-là avec nous.

[01:39:34 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin et les panélistes sur scène; panélistes participant virtuellement.]

Nathalie Laviades Jodouin : Juste quelques commentaires finaux avant de faire une petite pause. Si vous ne l'avez pas encore visité,

[01:40:1 Écran divisé : Nathalie Laviades Jodouin, et codes QR wooclap.]

Nathalie Laviades Jodouin : nous avons un kiosque virtuel où; vous pouvez trouver de nombreuses ressources qui soutiendront ou compléteront de nombreux sujets et conversations que nous aurons, alors ne le manquez pas. Il comprend également une vidéo d'intégration, en fait, du greffier, qui présente aux nouveaux fonctionnaires les responsabilités et les privilèges uniques que nous avons tous au service des Canadiens et Canadiennes. Je vous encourage à la regarder. Rappelons que la Tribune libre est disponible ici. Ici, dans le hall, à Ottawa. Et que l'équipe des médias sociaux du Bureau du Conseil privé sont ici sur place pour interviewer ceux et celles qui le veulent sur les sujets justement liés au symposium. Ces entrevues seront diffusées sur les comptes des médias sociaux du Bureau du Conseil privé. Alors n'oubliez pas d'aller voir ça. Nous avons reçu beaucoup de photos, je crois, alors pensez aussi à consulter notre mur de photos. Mais nous allons maintenant faire une pause. Nous vous reverrons ici sans faute à 13 h 30, heure normale de l'Est. De retour à l'heure, à 13 h 30, heure normale de l'Est. Merci tout le monde.

[01:41:21 Le logo animé de l'EFPC s'affiche à l'écran.]

[01:41:26 Le mot-symbole du gouvernement du Canada s'affiche, puis l'écran devient noir.]

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